Je me souviens ....la voiture des maquisards

Je me suis longtemps amusé avec mon frère à jouer aux maquisards,nous avions équipé une poucette à deux places et imitions avec nos Stens en bois, peintes en noir ( c’était le jouet à la mode en 1944/1945) la voiture des maquisards.
Nous habitions en face du garde champêtre et souvent les gens du maquis dont certains étaient de notre village venaient le voir.
Nous étions très intéressés par ces voitures, pour la plus part des tractions avant citroën. Un jour ou les allemands devaient emprunter la nationale 75 une traction noire s ‘est arrêtée chez notre voisin un court instant, elle partait pour aller faire le coup de feu au col du Banchet .Sur les portières avant côté étaient peintes en blanc les insignes des FFI : la croix de lorraine. Le haillon arrière qui contenait la roue de secours comme toutes les tractions Citroën,était ouvert à l’horizontal les sièges arrières avaient été enlevé. Deux FFI étaient couchés à plat ventre sur le plancher et servaient un fusil mitrailleur reposant sur le haillon :c’était l’ « automitrailleuse » des maquisards .J’ai gardé toute ma vie cette vision insolite faite de débrouillardise, c’est le souvenir le plus vivace que j’ai de cette période. Chaque fois que je lis ou j’entends le mot maquis cette image m’apparaît immédiatement,elle est gravée en ma mémoire comme sur un disque dur.
Ce même jour par mesure de précaution on nous avait demandé de quitter , le village les allemands pouvant y venir et faire des représailles,la Nationale 75 ne passant qu’à 3km du village.( souvent lorsque le maquis attaquait une patrouille il y avait des représailles sur la population jugée responsable de l’aide aux « terroristes »)
On nous avaient demandé de laisser les portes ouvertes ,les allemands soit disant brûlaient les maisons où ils ne pouvaient pas entrer.
Nous avons pris la petite carriole aux roues en fer, qui nous servait pour aller à notre terrain où nous cultivions quelques légumes,mis dedans des vêtements,un peu de nourriture ,pris avec nous nos deux chèvres,notre chien ‘’Loulou’’ et nous sommes partie dans les bois avec les autres voisins. Lapins, volaille et cochon ne pouvant pas faire partie de l’exédition restérent……..pour garder la maison !!!
Ma Mère avait caché un peu d’argent dans différents endroits en particulier dans une statue de St Antoine qu’elle avait dans sa chambre, elle oublia cette cachette et retrouva cet argent plus de 5ans après lorsqu’il n’avait plus cours,alors qu’il lui aurait tant servi dans les moments difficiles des restrictions.
Le convoi Allemand ayant passé sans s’arrêter,l’alerte fut levée par un maquisard qui vint nous prévenir dans le bois où nous nous étions groupés pour passer la nuit.
La nuit se passa bien au chaud dans nos maisons ce qui ne fut pas plus mal pour les gosses que nous étions ……


La traction avant citroën équipée d'un gazogène

Encore merci Roco, ces petites annecdotes sont très sympa....
Tu connais le nom du maquis à côté de chez toi? Tu habitis où à cette époque?
merci

Jolie histoire, même si je la trouve très "image d'Epinal" p24
Tu as une date pour cet évènement?

les souvenirs d'enfance ne peuvent être que des récits "images d'épinal" il faudrait trouver des anciens maquisards je n'en connais plus ils sont tous mort eux pourraient racconter des faits "sanglants" qui ne seraient pas image d'épinal!!!!
je vous enverrais encore deux posts de mes souvenirs vous les jugerez comme vous voudrez l'essentiel étant de participer à l'ouverture cette rubrique peu chargée pour le moment!!!
Il y aura bien des récits plus intéressants qui arriveront ....du moins je l'espère

Pas de problèmes
Nous sommes d'accord p24
Ce qui n'en rend pas moins vos souvenirs d'enfance des plus intéressant car il y a pas grand monde sur ce forum dont les souvenirs d'enfance ou autre, soient en rapport avec cette période de l'histoire p24

J'habitais à l'époque dans une région de l'Isère qu'on nomme" les terres froides" région très boisée située entre la Tour du pin ,le Grand-lemps ,la Côte St andré.
Les maquis de la région étaient chapeautés par le maquis principal et très structuré des "Chambarans". Je dis les maquis car ils en existaient beaucoup de petits, des"sixaines" qui faisaient de leur côté de la résistance en aidant à différentes taches,(récupération de parachutage,cache d'armes ou d'hommes recherchés par la milice) les équipes qui faisaient les coups de mains. Il y avait les maquis de Chabons,la Tour du Pin ,la Côte St André , Bourgoin etc.....
Plus tard lorsque les alliés débarquérent et remontérent la vallée du Rhône repoussant les allemands il y eu dans notre région de nombreux combats de maquisards du coin.Ils harcelaient tout au long de la Nationale 75, les allemands qui remontaient sur Lyon.
Plus tard lorsque tout était pratiquement terminé que les combats étaient rares apparu "les maquisards de la dernière heure" ceux là n'avaient pas combattu mais ils n'étaient pas "avares" pour raconter leurs "faits d'armes".
La plus part de ceux là prirent une part active au moment de l'épuration ...il est vrai que là il n'y avait pas de grands risques pour ces "hommes courageux"
Ces "maquis voyoux" souvent sous la menace de leurs armes se faisaient donner dans les fermes des tas de denrées soit disant réquisitionnées pour le maquis, qu'ils revendaient au "marché noir" qui battait son plein à cette époque ou il manquait de tout.
Certaines personnes se sont beaucoup enrichis ,pendant que d'autres c'était notre cas "titraient le iable par la queue"

Le maquis de Chabons . On remarque sur le camion un homme chargeant de bois la cuve du camion au gazogène

Monument des morts du maquis de chambarans

Bonjour Roco,

C'est passionnant ces récits, merci beaucoup !

Plus tard lorsque tout était pratiquement terminé que les combats étaient rares apparu "les maquisards de la dernière heure" ceux là n'avaient pas combattu mais ils n'étaient pas "avares" pour raconter leurs "faits d'armes".
La plus part de ceux là prirent une part active au moment de l'épuration ...il est vrai que là il n'y avait pas de grands risques pour ces "hommes courageux"
Ces "maquis voyoux" souvent sous la menace de leurs armes se faisaient donner dans les fermes des tas de denrées soit disant réquisitionnées pour le maquis, qu'ils revendaient au "marché noir" qui battait son plein à cette époque ou il manquait de tout.
Certaines personnes se sont beaucoup enrichis ,pendant que d'autres c'était notre cas "titraient le iable par la queue"

Oui, nous sommes bien d'accord, c'est peu glorieux...

Ivy