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La Radio française pendant la Guerre

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Message  david885 2/6/2009, 02:09

Quand la guerre éclate en 1939, la Radio est le moyen de communication qui allie le mieux modernité et accessibilité. En effet, celle-ci est beaucoup plus rapide et interactive que les journaux de la presse écrite, et la télévision ne fait alors que commencer sérieusement ses émissions (si l'on parle de la France). Avant de tenter d'expliquer le fonctionnement de la radio pendant l'Occupation, il faut comprendre son évolution dans les années précédentes La Radio française pendant la Guerre Clin_doi

En France, la première station officielle de radio emet pour la première fois le 6 février 1922, en présence de Sacha Guitry et de sa femme Yvonne Printemps. La station, dirigée par le Ministère des P.T.T., s'appelle Le Poste de la Tour Eiffel, ses ondes étant émises depuis la Tour à travers le pays. Les programmes ne sont alors que la lecture du bulletin météo du jour, et de temps en temps, un concert de musique classique. La France est alors le 3ème pays d'Europe a se doter d'un service de radiophonie, avec l'Angleterre (la BBC est inaugurée aussi en 1922) et le Radiožurnál en Tchécoslovaquie. En novembre 1922 est inaugurée la station de radio privée Radiola qui dessinera le paysage audiovisuel français encore en vigeur aujourd'hui, avec un service public contrôlé par l'Etat, et des groupes privés.

Dans les années 1930, la radio se démocratise. On compte 5 millions de poste en 1939 (soit 19 millions d'auditeurs sur 40 millions de Français), soit près d'un Français sur deux! Alors qu'on ne compte qu'une centaine de poste de télévision (20.000 rien qu'à Londres).

En 1939, les programmes, radiophoniques sont assez proches d'aujourd'hui: on emet presque toute la journée, jusque très tard dans la nuit (contre une demi-heure par jour en 1922).Mais que pouvait écouter un Français en 1939? D'abord, les postes d'Etats, ce qu'on appelle aujourd'hui le service public. On appelait ça la "Radiodiffusion Nationale", et elle était placée sous le contrôle direct du Ministère des PTT. En faisaient partie:

Le Poste de la Tour Eiffel (206m): Plus vieille station de radio française, elle emet depuis 17 ans. Elle est d'ailleurs très peu écouté, et presque à l'abandon. En effet, elle n'emet qu'en Ondes Moyennes (mauvaise reception pour l'auditeur), et n'ayant pas beaucoup de moyen, ses programmes sont très austères, beaucoup de causerie et peu de musique.

Radio-Paris (1648m): C'est la station la plus populaire de la Radiodiffusion Nationale. Elle emet sur Grandes Ondes. En fait, Radio-Paris a une histoire particulière: elle est née en 1922, sous le nom de Radiola et elle était donc la première station privée française... elle changea de nom en 1924, et devant le succès de la station, l'Etat la nationalise en décembre 1933. Ses programmes sont variés et populaires: une information riche bâtie sur des reportages sérieux venant de l'Agence Havas, beaucoup de théâtre radiophonique, de la musique, aussi bien classique avec de grands orchestres, que de variétés (Jo Bouillon et son Orchestre feront la joie des auditeurs de Radio-Paris la nuit en 1938/39), mais cependant, c'est une station sérieuse, avec très peu de jeu, d'émission publique ou de comédies. Elle émet depuis l'emetteur d'Allouis, terminé en 1938, et qui après la guerre servira aux émission de France-Inter.

Paris-PTT (431m7): Dernière station de la Radiodiffusion Nationale. Elle est inaugurée en 1923, et est peu écoutée. Elle diffuse pourtant le Radio-Journal de France depuis 1927, le Journal le plus moderne de l'époque: plusieurs speakers, des chroniques sur tous les sujets, des chansonniers pour commenter l'actualité en direct, et surtout, l'interactivité avec les auditeurs, qui peuvent téléphoner en direct à la station. D'ailleurs, ce Journal est diffusé en direct sur toutes les stations régionales de l'époque. En effet, la RN avait tout un raiseau de station régionale, comme Lyon-la-Doua, Radio Strasbourg ou Marseille PTT. Ce réseau est un peu l'équivalent du réseau France-Bleu d'aujourd'hui.

Poste-Colonial Paris-Mondial (15 fréquences différentes): Cette station est un cas à part. Elle emet en direction de tous les territoires français répartis partout dans le monde (la France est alors le 2ème empire mondial, derrière l'Angleterre), afin de "répendre la culture française en 20 langues différentes".

Radio-PTT-Vision: Créée en 1935, elle émet qu'une heure par jour, le midi et le soir, du télécinéma et des causeries.

La Radiodiffusion Nationale a alors un peu la même réputation que le service public aujourd'hui: des programmes sérieux, et pour tous les goûts. Radio-Paris étant sa station vedette. Maintenant, présentation des radios privées, très developpées en 1939. Elles sont d'ailleurs financées pour beaucoup par la publicité qu'elle diffuse, alors que la RN n'a pas le droit d'emettre de la publicité.

Le Poste Parisien (312m8): Inaugurée en 1924, elle appartient au journal "Le Petit Parisien". On croit souvent que la radio a fait une forte concurence à la presse écrite dans les années 1930, précipitant sa chute; c'est en partie faux, la plupart des stations privées appartenant à de grands quotidiens nationaux, et leurs journaux parlés étant fait en collaboration avec les journaux papiers. C'est une grand station populaire, diffusant des jeux, des émissions publiques et du théâtre. La station aura même son orchestre "Le Jazz du Poste Parisien", qui enregistrera quelques disques. On peut y entendre "Le Courrier du Coeur" ou encore "La Course au Trésor". Les jeux en direct sont assurés par le célèbre Jean Nohain, le soir dès 21h.25.

Radio-Cité (280m9): C'est sans conteste LA station la plus écoutée en France. Elle émet depuis 1935 sous le nom de Radio-Cité, après son rachat par Marcel Bleustein (le fondateur de Publicis). Auparavant, il s'agissait de Radio-LL, fondée en 1926, et au bord de la faillite en 1935. En 1939, Radio-Cité était très proche du style des radios américaines. C'est ce qui fit son succès. On peut y entendre le "Crochet Radiophonique", qui revelera des vedettes comme Lucienne Delyle ou André Claveau, "La Fammile Duraton", "Le Music-Hall des Jeunes" ou encore "La Minute du Bon Sens". On pouvait entendre Saint-Granier, Pierre Dac ou Pierre Crenesse lors de ces emissions. Les spectacles de cabarets et de dancing sont retransmis en direct sur les ondes grâce aux micros de Radio-Cité. Ce n'est pas seulement une station divertissante, mais également une station d'information: en 1938, elle fera le scoop de faire vivre en direct aux millions d'auditeurs français, l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne. Le reporter de Radio-Cité était au téléphone depuis son hôtel autrichien, décrivant minute par minute les évenements, avec les bruits de botte allemande en fond sonore. Radio-Cité sera aussi la première à devancer la presse écrite à partir de juin 1937, en annoncant en direct la composition du nouveau Gouvernement Chautemps.


Radio Ile-de-France (222m): Troisième poste privée, en audience. Remplace Radio-Vitus à partir de 1934. On peut y entendre 15 minutes de musique, classées par genre, et coupé par de la publicité. Il y a aussi beaucoup d'opérette en direct des théâtres parisiens et de music-hall. Mais comme son nom l'indique, on ne pouvait la capter que dans la région parisienne.

Radio-37 (360m6): Station des jeunes, Radio-37 est inaugurée en... 1937! Le 5 septembre pour être précis, et par Maurice Chevalier. Malheureusement, cette station n'a pas le temps d'être aussi populaire que ces concurrentes. Le programme phare de la station est "Le Bar des vedettes". D'ailleurs, de grandes vedettes de la chanson ont signé des contracts d'excusivité avec la station, comme Misstinguett qui aura son émission les soirs à 20h.30. On peut aussi y entendre les informations de "Paris-Soir", et les rubriques du magazine "Marie-Claire". D'autres émissions: Le Grand Prix des Midinettes, Le Cinéma vous parle, Les Vedettes chez elles, etc.

Pour finir, il y avait aussi beaucoup de station privée régionale, qui concurrencaient les stations d'Etat régionales, par exemple à Lyon, Marseille, Strasbourg... On pouvait également entendre Radio-Luxembourg, qui émettait vraiment depuis le Luxembourg La Radio française pendant la Guerre 248453 et toutes les stations étrangères en Grandes Ondes, comme la BBC, Radio-Stuttgart, et même Radio-Moscou.

Mais la guerre approchant, en août 1939, le Gouvernement décide de retirer l'administration de la RN au Ministère des PTT, pour la placer direcement au Président du Conseil, qui est alors Edouard Daladier. De même, la censure est instaurée le 27 aout 1939.

Pour illustrer cette partie, voici un enregistrement d'une dizaine de minutes. D'abord, les indicatifs des principales radios nationales. Puis des extraits des émissions de 1936 à 1939 (aussi bien de variété que de politique et d'informations), et enfin, en dernier extrait, le début d'un message diffusé dans le monde entier le 26 août 1939...


La suite: La Radio française pendant la Drôle de Guerre (Septembre 1939/Mai 1940)

Sources:
http://100ansderadio.free.fr
Radio-Liberté
Les quotidiens de l'époque
Les Trésors de la Radio (Marianne Mélodie)
Archives Radio-France / Ina


Dernière édition par david885 le 23/9/2009, 23:55, édité 1 fois
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Message  david885 3/6/2009, 19:15

La Drôle de Guerre (septembre 1939-juin 1940)

Quand la guerre éclate le 3 septembre 1939, l'administration de la Radiodiffusion Nationale (RN), c'est à dire le service public, est placé sous le contrôle direct du Président du Conseil. La censure, quant à elle, sévit depuis le 27 août sur toutes les stations de radio, aussi bien publiques que privées.

Le 30 aout 1939, lors de la dernière soirée radiophonique avant la guerre (l'Allemagne envahit la Pologne le lendemain). C'est Samy Simon au micro. Il commente en direct depuis la Suisse le festival de Lucerne, retransmis en simultané sur plus de 300 stations dans le monde. Le festival s’achève. L’ultime concert doit réunir Toscanini au pupitre et Horowitz au piano. Samy Simon raconte : " Le latin et le slave, l’aryen et l’hébreu s’associent pour faire entendre un message d’amour. Toscanini – Horowitz, normalement, c’est un événement. Aujourd’hui, c’est un signe et, par delà les conflits de race, la violence et la haine, un appel à la vie… ". C'était le dernier message avant le début de la Seconde Guerre Mondiale.

Dès septembre 1939, l'Allemagne émet des radios pirates en français à destination des civils et des militaires en France. On appelle cela des "radios-noires", et elles servent à démoraliser le pays. Ce qu'elles feront assez bien d'ailleurs. Il s'agit des stations Radio-Humanité, soit-disant une radio du PCF, destinée à mobiliser les ouvriers contre la guerre, et de La Voix de la Paix, une station "pacifiste" contre le gouvernement français doit-disant va-t-en-guerre. La France fera de même avec les stations Deutcher Freiheitssender et Österreischischer Freheitssender à destination du Reich, sans cependant connaître le même "succès" que les radios-noires allemandes.



Le 21 septembre 1939, le Luxembourg, dans un esprit de neutralité (le Duché n'est alors pas entré dans la guerre), décide de suspendre les émissions de Radio-Luxembourg, qui ne reprendront qu'après la Libération. C'est dans ce contexte de censure et de propagande que la France passe dans l'année 1940. La propagande allemande est sans conteste le grand vainqueur de cette guerre des ondes. En effet, elle parle directement au Français lamba, alors que la propagande française est beaucoup plus intellectuelle.

Cependant, mis à part la censure et la propagande lors des informations et des communiqués de l'Etat-Major, les programmes radios restent très proches de ceux de l'avant-guerre, avec beaucoup de variétés, de jeux, de musique... Seules, de temps en temps, des alertes bombardement interrompent les programmes.



L'arrivée de Paul Reynaud à la Présidence du Conseil change la donne. Le 1er avril 1940, la RN est de nouveau réorganisée. Elle ne dépent plus de la Présidence du Conseil, mais directement du Ministère de l'Information.

Le 10 mai 1940, les armées allemandes attaquent le Bénélux resté neutre. En 2 jours, le Luxembourg est occupé. C'est à ce moment que la direction de Radio-Luxembourg est installé à Paris. L'emetteur de Radio-Luxembourg servira pendant la guerre a transmettre à l'Ouest les émissions de la radio allemande. Quelques jours plus tard, c'est au tour de la direction de Radio Belgique de quitté Bruxelles à destination de Lille. Toutes les radios françaises reçoivent alors l'ordre du Gouvernement de se saborder au cas où les Allemands arriveraient près de leurs studios. La première station à se saborder est Radio-Lille, le 18 mai 1940. Deux jours plus tard, en pleine attaque allemande sur la France, toutes les émissions artistiques, de variétés ou de divertissement sont interdites sur toutes les ondes françaises. Seules restent les émissions d'informations dans toutes les langues, les déclarations du Gouvernement et les communiqués de l'armée. En même temps à lieu l'Exode; c'est pour cela que la RN inaugure une nouvelle émission, intitulée A la recherche des enfants perdus, destinée à regrouper les familles dispersées par les bombardements et par l'Exode.

Le 10 juin 1940, alors que les Allemands sont de plus en plus près de Paris, la RN évacue son personnel à Bordeaux. Les radios continuent cependant d'emettre dans toute la France, sauf les stations sabordées dans le Nord du pays. Le 13 juin, les stations privées Radio-37, Radio-Ile-de-France et Radio-Cité cessent d'emettre définitivement. Les deux premières se sabordent. La station d'Etat Radio-Paris continue ses émission car son enorme émetteur ne se trouve pas à Paris mais à Allouis dans le centre. Le lendemain Paris est occupé. Le 15, c'est au tour de Radio-Strasbourg de se taire définitivement. C'est depuis les studios de Radio-Bordeaux-Lafayette que le maréchal Pétain annoncera sur toutes les stations encore en marche la demande d'armistice le 17 juin.



Après ce disours, Radio-Paris, le Poste-Colonial Paris-Mondial, et toutes les stations d'Etat dans les régions cesseront leurs émissions. C'est dans ce contexte de presque silence totale sur les ondes françaises que le Général de Gaulle fera son discours sur la BBC depuis Londres le 18 juin. Discours qui sera très peu entendu. A partir de ce moment, il y aura 2 radio françaises: la Radiodiffusion Nationale (RN), radio officielle du Gouvernement français, et donc du futur Régime de Vichy, et la Radiodiffusion Nationale Française (RNF), radio de la France Libre, qui organisera les programmes français de la BBC. En effet, la BBC donnera un quart d'heure (une demi-heure à partir de jullet 1940) d'émission chaque soir à la RNF. Ainsi, tous les soirs de 20h.30 à 20h.45, on pourra entendre l'émission "Ici la France", en plus des bulletins d'informations en français tout au long de la journée. (A noter que la BBC donnera un quart d'heure d'émission à tous les pays en exil à Londres, comme la Pologne ou les Pays-Bas). En France, la RN a encore changé de fonctionnement: elle est de nouveau sous le contrôle du Président du Conseil.

Comme prévu dans l'Armistice signée par Pétain, le 25 juin 1940, à 0h.30, toutes les stations françaises se taisent: il n'y a plus d'émissions du tout. C'est également ce jour que les radios-noires allemandes à destination de la France cessent d'emettre, n'ayant plus d'interet.

Pendant 10 jours, les Français ne peuvent plus écouter la radio, elle reste muette. C'est le 5 juillet 1940 que les émissions reprennent. Cependant, cela n'a plus rien à voir avec l'éventail de stations disponibles avant la guerre. Il n'y a plus que 2 stations en France: la Radio Nationale, installée au Casino de Vichy, et dirigée par le nouveau Régime; et Radio-Paris, qui n'a en fait rien du tout en commun avec la station publique d'avant guerre, si ce n'est le nom. En effet, la nouvelle Radio-Paris est en fait une radio allemande, dirigée par les Allemands, mais emettant en français. Elle s'installe dans les anciens studios du Poste Parisien sur les Champs-Elysées. En effet, les radios privées n'ont plus le droit d'emettre. De même, les radios locales se contentent de relayer la Radio Nationale et Radio-Paris. La publicité sur les ondes est interdites. Les programmes cessent dès la tombée de la nuit, entre 19h. et 21h., alors qu'avant la guerre la plupart des stations continuaient d'emettre après minuit.

Voilà comment se trouve les ondes françaises au début de l'Occupation. La suite bientôt. beret
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Message  david885 7/6/2009, 00:32

L'Occupation (juillet 1940 - été 1944)

5 juillet 1940: après dix longs jours de silence, la France a à nouveau le droit d'avoir une radio. La Radio Nationale émet depuis le Casino de Vichy. Les radios locales privées de la zone libre se contentent de relayer des émissions de la Radio Nationale. Dans la zone occupée, Radio-Paris est créée par les Allemands. Elle est relayée par les stations locales qui n'ont pas été sabotées. Ce sont les deux seules radios émettant sur le territoire français. Cependant, les Français peuvent écouter librement la BBC, et donc les émissions de la France-Libre: ce n'est pas interdit. C'est le 28 octobre seulement qu'une loi interdit la réception sur la voie publique ou dans les lieux ouverts au public des radios anti-nationales et de la BBC

Tout au long de l'été 1940, les Allemands s'efforcent de remettre en état de marche les émetteurs sabotés lors de la débâcle de juin 1940. C'est ainsi que, de Bordeaux à Allouis, toute la France occupée est de nouveau capable de recevoir les émissions de la Radio-Paris allemande. L'occupant remettent également en service la station Poste-Colonial Paris-Mondial, sous le nouveau nom de Radio-Paris Mondial, chargée de propager à travers le monde la propagande allemande en français. Le 1er novembre 1940, afin de monter l'opinion française contre l'Angleterre, les Allemands autorisent Radio-Rennes-Bretagne à émettre quelques émissions en breton, les nationalistes bretons étant plus proches des Allemands que des Anglais. En plus, cela affaiblit encore un peu plus la France.

Pendant ce temps, la Radiodiffusion Nationale Française (RNF) organise ses programmes en français sur la BBC. Ainsi, Robert Schumann présente "Honneur et Patrie" tous les jours à partir du 18 juillet, et c'est le 6 septembre 1940 qu'on entend pour la première fois l'émission la plus célèbre de la RNF: "Les Français parlent aux Français". Suite au ralliement de l'AEF à la France Libre à la fin août 1940, la RNF peut émettre sa première émission sur sa propre station de radio le 11 septembre 1940, depuis Radio-Brazzaville. Mais on ne peut pas recevoir cette station sur le territoire métropolitain.


En 1941, les Allemands continuent d'étendre la portée de leur propagande. Après avoir remis en marche tous les émetteurs de la France occupée pour que les Français puissent recevoir Radio-Paris, ils permettent désormais le relais des stations de radio allemande dans toute la France. Ainsi, on pourra capter Radio-Stuttgart et Radio-Berlin jusque Bordeaux! De même, sur Radio-Paris viendront s'exprimer désormais des journalistes allemands, comme le Docteur Friedrich qui aura droit à son émission hebdomadaire le dimanche. C'est en avril 1941 qu'est lancé le magazine hebdomadaire Les Ondes, pour avoir les programmes de Radio-Paris, et des reportages sur les vedettes parlant au micro. Dans la zone libre, c'est le magazine Radio Nationale qui donne les programmes de la Radio de Vichy.

La Radio française pendant la Guerre Img0001laz


Voici un exemple: les programmes radio du 22 juin 1941, jour de l'attaque de l'URSS par l'Allemagne. On pourra voir l'influence allemande sur les programmes: aussi bien dans la musique classique (Festival Wagner et quart-d'heure Schubert) que dans la musique légère (Succès allemands à 20h.15)

La Radio française pendant la Guerre Img0002lid


C'est également au printemps 1941 que les radios privées de la zone libres sont ré-autorisées à émettre. Cependant, elles restent surtout un relais principal de la Radio Nationale (Vichy), entrecoupé par des émissions locales. C'est autorisation est surtout dûe au fait que Pierre Laval possède la radio privée de Lyon. Le 20 juillet 1941, Vichy a de nouveau l'autorisation de posseder une station de radio à destination des Colonies: ce sera La Voix de la France.

Pendant l'été 1940, une nouvelle interdiction frappe les Juifs français: ils n'ont plus le droit de posséder un poste récepteur de radio.

En septembre 1941, les Allemands autorise de nouveau Vichy à avoir un liaison PTT avec Paris et la zone occupée. Ce qui veut dire que désormais, les émissions de la Radio Nationale peuvent être réalisées depuis Paris et non plus depuis le Casino de Vichy. A l'automne 1941, La Radiodiffusion Nationale obtient un monopole d'Etat, qui sera en vigueur jusqu'en 1981. Cependant, les petites radios privées locales existant déjà conservent le droit d'émettre quelques heures par jour. A noter, à partir de janvier 1941, la Radiodiffusion Nationale subit une nième réforme: elle n'est plus sous le contrôle de la Présidence du Conseil, mais sous le contrôle du Ministère des Affaires Etrangères (ce qui confirme bien la main-mise allemande sur les ondes françaises!). Une réforme qui ne durera qu'un mois, puisque la RN est de nouveau rattachée à la Présidence du Conseil dès février 1941!

En 1942, la Guerre des Ondes entre la BBC et Radio-Paris peut s'entendre tous les jours. le 9 mai 1942, les Résistant sabotent l'émetteur d'Allouis, Radio-Paris n'est plus reçue dans toute la France. Ceci ne durera que quelques jours cependant. A l'automne 1942, les Alliés occupent l'Afrique du Nord française. Radio-Alger, sous le contrôle de Vichy, devient Radio-France, la principale radio de la RNF de la France-Libre. Suite à cela, les Allemands occupent la zone libre le 11 novembre. Alors que le Maréchal Pétaon allait faire un discours de protestation sur les ondes de la Radio Nationale depuis le Casino de Vichy, les Allemands arrivent et mettent fin à la diffusion de ce message.

En 1943, pour contrebalancer Radio-France et le Général de Gaulle en Algérie, Vichy lance sur les ondes de la Radio Nationale l'émission "La France fidèle", en arabe et en français. Pendant ce temps, la Résistance commence à lancer ses premières radio clandestines, comme Lyon Combat, mais sur ondes courtes (sur 48m). De leur côté, les Allemands lancent FernsehSender Paris, la Télévision de Paris. La France n'avait plus de station de télévision depuis l'arrêt des émissions de Radio-PTT-Vision en juin 1940. Et c'est en collaboration avec les Français, les Italiens, et les Allemands, que Radio-Monte-Carlo (RMC) diffuse ses premières émission le 1er août 1943. Malgré toutes ces création, la fabrication puis la vente de poste récepteur de radio est interdite au cours de 1943, à cause des restrictions. (C'est aussi à cause des restrictions que l'Allemagne arrête sa fabrication de disque à destination de son marché interne à partir de 1943.)

1944 voit l'apogée de la Guerre des Ondes. Philippe Henriot et Pierre Dac se répondent quotidiennement et violemment sur les ondes de Radio-Paris et de la BBC. En France occupée, Philippe Henriot connaitra des audiences phénoménales. Il avait une force de persuasion incroyable à la radio, ce qui en fera un des pires ennemis de la Résistance.



La Libération du territoire, et des ondes françaises commencent. A partir de mars 1944, la france Libre inaugure la station Radio-Corse à Ajaccio. Cependant, elle se contente de relayer les émissions de Radio-France depuis Alger. Avec le Débarquement de juin 1944, et tout le long de l'été, des radios résistantes seront mises en place un peu partout, comme Radio-Quercy en Auvergne. Le Débarquement est annoncée sur les ondes de Radio-Paris et de la Radio Nationale le 6 juin à 12h.20. A 14h.15, le Maréchal s'adresse au pays: "La France devient un champ de bataille. N'écoutez pas ceux qui conduisent le pays au désastre".Sur la BBC, le Débarquement est annoncé dès 9h.30. Voici les nouvelles de 17h.30, lors de l'émission en français, avec le message du Général de Gaulle:"La bataille suprême est engagée!"



A ce moment, la France Libre remplace la Radiodiffusion Nationale Française par la Radiodiffusion de la Nation Française. Le 13 juin, les Américains émettent en Normandie grâce à AFN Normandy. Le 28 juin, Henriot est assassiné par les Résistants. Son enterrement sera un des derniers grands éclat de la propagande vichyste.

Le 4 juillet 1944, Radio-Cherbourg devient la première station libre à émettre sur le territoire métropolitain depuis plus de 4 ans.

le 17 août 1944, Radio-Paris cesse d'émettre. Les Allemands sabordent l'émetteur d'Allouis (le seul qui émette sur toute la France). Le 20 août 1944, à 22h31, les Parisiens entendent sur les fréquences de Radio-Paris: "Ici Radiodiffusion de la Nation Française suivi de la Marseillaise. A écouter ici:



La propagande allemande n'émet plus sur le territoire français. Comme l'émetteur d'Allouis est endommagé, seules les stations locales peuvent informées les Français de la situation. Radio Nationale à Vichy cessera ses émissions le 26 août 1944. Suivant la ligne de front, les radios renaissent partout en France. Radio-Luxembourg relance ses émission le 10 septembre 1944, après 5 ans d'interruption!

La Radio française pendant la Guerre Img0003gci



A Suivre: 1945 et l'après-guerre.
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Message  david885 9/6/2009, 17:38

La Libération (1945 - 1946)

Au 1er janvier 1945, toutes les stations et tous les émetteurs qui n'ont pas été détruits sont sous le contrôle des Alliés. La Radiodiffusion de la Nation Française est chargée de réorganiser et de mettre de l'ordre dans tout ça. Elle récupère toutes les petites stations locales des Résistants, afin de créer un réseau dans tout le pays, pour chaque Français, où qu'il soit, puisse écouter la RNF. Mais déjà, les stations privées d'avant-guerre, comme Radio-Cité ou le Poste Parisien, veulent retrouver leurs studios, et leurs fréquences pour émettre après des années de silence. C'est pourquoi, le 26 mars 1945, une ordonnance interdit définitivement les radios privées sur le territoire français. C'est l'instauration du monopole d'Etat, qui durera jusqu'en 1981.

L'Etat, qui dirige la RNF, dirige donc désormais toutes les ondes françaises. Mais la guerre et la libération du territoire ont mis à mal le réseau d'émetteur. Depuis août 1944, seule une seule station émet en métropole. Elle n'a d'ailleurs pas de nom, puisque c'est la seule à émettre en France. Le 14 février 1945 est inaugurée la seconde station de radio française. Elle prend le nom de Programme Parisien. C'est à ce moment que la première chaine de radio prend le nom de Programme National. Heureusement pour les auditeurs français, les stations de radio privées, mais émettant depuis l'étranger, reprennent elles aussi leurs émissions. C'est ainsi qu'en plus des 2 chaînes de la RNF, on entendra désormais Radio-Luxembourg, Radio-Andorre et Radio-Monte-Carlo, qui sont toutes remises en route courant 1945.

Le 23 mars 1945, dans le cadre de la réorganisation de la radio française par l'Etat, la RNF devient la RadioDiffusion Française (RDF). Elle est bien entendu sous le contrôle direct du Gouvernement. Le Journal Parlé, et tous les reportages et emissions d'informations, sont controlés par le Ministère de l'Information.

Pendant ce temps, tous les professionels de la radio ayant collaboré les années précedentes sont victimes de l'épuration, voire executés (comme Paul Ferdonnet, le "traître de Stuttgart", fusillé le 4 août). Dans les années 1946/47, il y aura aussi une autre "épuration", plus officieuse, qui consistera a écarté du micro tous les journalistes communistes.

Mais pour l'instant, le plus gros soucis de la RDF, c'est de remettre en état la totalité des émetteurs français. Et ceci coûte énormement d'argent. C'est pourquoi la RDF est en dette de plusieurs centaines de milliers de francs dès la fin 1945. La presse critique le trop grand nombres de journalistes, de fonctionnaires (déjà! mort de rir gri ), et de bâtiments de la RDF (imaginez, tous les studios de la douzaine de stations d'avant-guerre, a disposition du Programme National et du Programme Parisien seulement).

Le 4 février 1946 a lieu un énorme coup de tonnerre à la radio française: les auditeurs du Programme Parisien entendent à partir de 20h.45 un reportage en direct sur les conséquences d'un accident atomique qui vient de se produire, et qui est sur le point d'atteindre Paris (on entend des micro-trottoirs en direct des rues de Paris.) C'est l'affolement chez les auditeurs. En fait, il s'agit de l'émission Plate-Forme 70, qui n'est qu'une fiction. C'est l'équivalent de l'adaptation de la Guerre des Mondes à la radio américaine par Orson Welles en 1938. Ceci vaudra une crise de plus d'un mois à la RDF, et finalement l'équipe de la RDF sera réorganisé. Cette émission a été un véritable scandale à l'époque.

Au printemps 1946, la nouvelle direction de la RDF prendra les décisions nécessaires, c'est à dire licencier beaucoup de personnel, revendre des batiments, arreter les décrochages régionaux. Grâce a ces décisions, la RDF n'a plus de dettes, et elle fonctionne très bien. C'est ainsi que le 13 février 1947 est inaugurée la troisième chaine de radio, qui s'appelle Paris-Inter, ancêtre de France-Inter. Cette nouvelle station diffuse principalement un programme musical, en complement des 2 autres radios de la RDF.

En 1947, les auditeurs français écoutent surtout Radio-Luxembourg et le Programme National. Le Programme Parisien est la 3ème station de radio en audience, mais c'est parce qu'elle ne couvre pas tout le territoire. Pourtant, le Programme Parisien a un programme beaucoup plus divertissant et varié que le Programme National. Pour finir, en 1949, la RDF deviendra la Radiodiffusion et Télévision Française (RTF), grâce au développement de la télévision, et en 1963, l'ORTF, qui donnera naissance à Radio-France en 1975. Fin!

Pour illustrer, voici une émission quotidienne du Programme National, la Tribune de Paris. Ici, la Tribune de Paris du 23 avril 1948, à propos de l'arrivée des Pin-Up en France.

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Message  Major cowburn 9/6/2009, 23:57

Comme le chantait si bien Pierre Dac :" Radio Paris ment,Radio Paris ment...Radio Paris est Allemand"

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Message  david885 11/6/2009, 19:10

Radio-Paris ment...

La chanson enregistrée le 2 mars 1942, plus quelques "messages personnels", trouvés dans les archives de l'INA.

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Message  Aldebert 24/7/2010, 20:55

Bonsoir,

Dis-moi David saurais-tu répondre à une question de détail concernant les programmes radio de l'occupation.
Pendant l'occupation le poste radio familial fonctionnait très très souvent. Je suivais,le soir, un programme pour enfants qui devait s'intituler Domino. J'avais alors entre 6 et 7 ans)
Un autre était une émission qui devait raconter la guerre 14-18 (Je n'en suis pas certain) mais ce dont je me rappelle c'est la musique qui accompagnait cette émission. je pense qu'il s'agissait de la symphonie sévenole de Vincent d'Indy. Tout enfant cette musique avait le don de m'émouvoir.....encore maintenant.
Cordialement
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