Rommel et la Hitlerjugend.

1er décembre 1936. Depuis longtemps déjà Hitler se proposait d'encadrer la jeunesse allemande. En ce jour, le cabinet du Reich prend la décision officielle d'incorporer l'ensemble de cette jeunesse dans la Hitlerjugend et de confier son éducation au Reichsjugendführer du NSDAP.

L'homme chargé de cette mission est âgé de seulement 29 ans, son nom est Baldur von Schirach, fils d'un officier prussien et d'une américaine de vieille souche. Pour assurer la liaison entre la Wehrmacht et la nouvelle organisation de la jeunesse allemande.

Hitler a pensé à un jeune et prometteur chef de bataillon : Erwin Rommel. Celui-ci lui avait fait une excellente impression l'année précédente à Goslar et il enseignait maintenant à l'académie de guerre de Potsdam. Ainsi en avril 1937, Schirach fait connaissance du Lieutenant-colonel Rommel, au bord du Kochelsee. Manifestement, il n'y a pas d'atomes crochus entre les deux hommes. Schirach ne voit pas en Rommel, un nazi fanatique (et pour cause !) et trouve qu'il connaît peu les usages en société. En effet, invité chez lui pour un dîner, il prêtera à peine attention à son hôtesse et s'embarquera à raconter ses campagnes de la première guerre pendant deux heures, provoquant l'ennui puis le profond sommeil de Mme Schirach ! Quant à Rommel, il trouve Schirach arrogant et dépourvu de tact.

Le mois suivant se déroule une nouvelle entrevue entre les deux hommes à Weimar. Dans ce lieu se déroule un rassemblement sous tente de 3000 chefs des jeunesses hitlériennes. Des divergences opposent tout de suite les deux hommes notamment sur la manière d'encadrer et d'assurer l'instruction des jeunes gens durant leurs week-ends. Il devient clair que les hommes ne s'entendent pas.

Schirach, familier de Hitler, fit rapidement entendre au Fürher que le Colonel Rommel n'était pas un nazi de bon teint. Hitler acquiesça et renvoya Rommel terminer ses trois années d'enseignement à Potsdam, d'où, le 09 novembre1938, il partit prendre le commandement de l'école de guerre de Wiener-Neustadt. Voilà encore un témoignage qui confirme le fait que les rapports de Rommel avec les chefs du parti national-socialiste n'étaient marqués d'aucune chaleur particulière...