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Le Procès de Belsen

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Message  PJ 17/2/2024, 06:59

Officiellement appelé "Procès de Josef Kramer et 44 autres", le procès de Belsen s'ouvrit le 17 septembre 1945.
Josef Kramer et 44 autres prévenus se présentèrent devant un tribunal militaire britannique (Lüneburg), pour répondre de leurs actes durant la guerre.
Deux chefs d'accusation furent retenus: l'un concernant le camp de Belsen, l'autre le camp d'Auschwitz.
Certains prévenus ne furent inculpés que d'un seul chef d'accusation, les autres des deux. Les accusés furent défendus par un officier polonais et onze officiers britanniques, tous membres du barreau dans la vie civile, et bénéficièrent d'un procès minutieux et équitable. Le procès dura 54 jours.
Le 17 novembre 1945, la cour rendit son verdict: 11 condamnations à mort, 18 à de la prison, et 14 acquitements (un prévenu fut rejugé, un autre trop malade pour pour continuer à suivre le procès fut excusé).
Les condamnés à mort furent éxecutés par pendaison le 13 décembre 1945 à la prison de Hameln.

Vous trouverez ci-dessous les interrogatoires et déclarations (détention et instruction du procès), et les debats du tribunal en séance publique (interrogatoires et contre-interrogatoires) des accusés les plus significants. Sont inclues les dépositions faites par des témoins membres de la famille de certains des 44 accusés.

Documents originaux en anglais:
- "Law Reports of Trials of War Crimininals, selected and prepared by the United Nations War Crimes Commission Vol II, The Belsen Trial. 1947".
(la traduction et l'adaptation française sont de moi)

Le Procès de Belsen Belsen10


Dernière édition par PJ le 17/2/2024, 08:44, édité 3 fois
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Message  PJ 17/2/2024, 07:08

JOSEF KRAMER
Déclaration de Josef Kramer faite en détention sur sa carrière dans la SS et les camps de concentration.

Le Procès de Belsen Josef_12


Je m'appelle Josef Kramer, né le 10 novembre 1906 à Munich, de Theodor et Maria Kramer. Je suis marié et j'ai 3 enfants.

J'ai me suis inscrit au parti (NSDAP) le 1er décembre 1931, et je me suis porté volontaire pour les SS l'année suivante en 1932 (Numéro SS 32217).
Je n’ayant aucune formation, j’ai été affecté dans un camp de concentration. Je n'était pas volontaire pour cette mission spécifique. Lorsque la guerre a éclatée, je me suis porté volontaire pour le service actif car j'aurais préféré un travail de soldat, mais on m'a dit que je devrais fait le travail pour lequel j'avais été affecté. Mon premier grade était SS-Unterscharführer, et mes promotions au rang de SS-Scharführer et SS-Oberscharführer eurent lieu respectivement en 1934 et 1935. Je ne me souviens plus des dates exactes.

KL Dachau.
En 1936, j'étais au bureau du camp de concentration de Dachau. Le commandant était le SS-Standartenführer Loritz (Hans - ajouté par moi). Il n'y avait que des prisonniers allemands dans le camp. Je n'en suis pas certain, mais autant que je me souvienne, ils étaient tous allemands. L'unité SS était la wachttruppe "OberBayern" (troupe/unité de garde - ajouté par moi). Il n'y avait que des prisonniers politiques, des criminels et des associaux dans ce camp. Les associaux sont des gens comme les mendiants, les gitans et ceux qui ne veulent pas travailler. Aucune condamnation à mort n'a été exécutée dans le camp. Les seuls cas où des personnes ont été tuées furent pendant des tentatives de fuite, auquel cas le gardien avait reçu l'ordre de tirer. Dans ces cas-là, des enquêtes ont été menées par la police. J'ai quitté ce camp au début de juin 1937.

KL Sachsenhausen.
De Dachau, je suis allé au camp de concentration de Sachsenhausen. J'avais été promu au rang de SS-Untersturmführer. Les prisonniers de Sachsenhausen étaient des trois mêmes types que ceux du camp précédent. Le commandant du camp était le SS-Standartenführer Baranowsky (Hermann - ajouté par moi). Aucune condamnation à mort n'a été exécutée dans ce camp. J'étais responsable du service du courrier, et je ne savais donc pas tout ce qui se passait. J'ai parfois entendu dire que des personnes avaient été abattues alors qu'elles tentaient de s'enfuir.

KL Mauthausen.
Mon prochain camp de concentration était Mauthausen en Autriche. Ce camp était en train d'être construit quand je suis arrivé. Le commandant était le SS-Standartenführer Ziereis (Franz - ajouté par moi). Dans ce camp j'ai été promu SS-Obersturmführer. Je crois que c'était en janvier 1939. J'étais une sorte d'adjudant à la disposition du commandant. Les prisonniers étaient tous des Allemands et appartenaient aux trois mêmes types que ceux que j'ai décrits précédemment. Le dernier type, c'est-à-dire les coquins et les vagabonds, était principalement composé d'Autrichiens. Il y avait entre 1500 et 2000 prisonniers - tous des hommes. Cela inclut les prisonniers juifs. Il y avait suffisamment de place dans le camp pour tous les prisonniers lorsque j'y étais. Aucun des prisonniers ne savait à son arrivée quand il allait repartir. Il n'y en avait que quelques-uns qui purgeaient une peine de trois ou six mois, mais la plupart des prisonniers étaient là pour une durée indéterminée. L'isolement cellulaire, l'isolement avec pain et eau, ou encore le travail supplémentaire du dimanche étaient les peines prononcées pour manquement à la discipline. Les prisonniers n'ont jamais été battus, et je ne connais aucun cas de fusillade. Il y a eu des évasions, mais je n'étais jamais présent lorsque quelqu'un tentait de s'évader. J'étais au bureau. Le téléphone sonnait et l'un des gardiens rapportait que l'un des prisonniers avait tenté de s'évader. Il était alors de mon devoir de sortir et de voir où travaillait le prisonnier, et comment il lui avait été possible de s'échapper. Nous prévenions alors la police, et donnions des informations sur la personne qui s'était enfuie. Les instructions étaient qu'aucun prisonnier ne devait dépasser une certaine frontière. Si un prisonnier le faisait, le gardien devait l'avertir à 3s reprises en lui disant "arrêtez ou je tire". Puis tirait d'abord un coup de feu en l'air, et seulement le deuxième coup pour tuer. Il est difficile de dire combien d'incidents de ce genre ont eu lieu pendant que j'étais au camp, car cela remonte à très longtemps. Je pense que 10 à 15 personnes ont été abattues, mais je ne peux pas le dire avec certitude. Tout cas d'ouverture du feu devait être signalé aux autorités de Mauthausen et de Linz, la grande ville la plus proche où était mené l'enquête. Si quelqu'un était abattu alors qu'il s'enfuyait, le gardien était immédiatement mis aux arrêts provisoires, mais aucun n'était jamais reconnu coupable de tir injustifié. La plupart des personnes abattues de cette manière étaient des criminels ou des vagabonds, car la plupart des détenus du camp appartenaient à cette catégorie.
Les décès survenus étaient pour la plupart de causes naturelles. Quand quelqu'un mourait, ses proches et les autorités qui l'avaient envoyé au camp de concentration devaient en être informés. Il y a eu un hiver très rigoureux où les décès ont augmenté, mais sinon il y a eu très peu de morts. Les prisonniers étaient détenus dans des cabanes en bois avec des lits à trois niveaux, 250 à 300 personnes par cabane. Pendant que j'étais là, l'Obergruppenführer Eike (Theodor, chef de l'IKL Inspectorat des Camps de Concentration - ajouté par moi), s'est rendu dans le camp à 3 ou 4 reprises. Il n'y avait aucun prisonnier de guerre dans ce camp. Quelques prisonniers politiques supplémentaires sont arrivés, mais il n'y a pas eu de forte augmentation. Leur nationalité était majoritairement autrichienne. Il n’y avait ni à Dachau, ni à Mauthausen, aucun membre de l’ancien gouvernement autrichien. J'étais responsable du bureau et je m'occupais du courrier entrant et sortant pour le compte du commandant. Je lui lisais le courrier et il me donnait ses ordres que je transmettais aux différents sous-commandants. Les pouvoirs du commandant en matière de punition des prisonniers n'étaient pas exactement définis, mais je pense qu'il pouvait donner jusqu'à 21 jours (d'arrêt cellulaire - ajouté par moi). Il était le seul à disposer de pouvoirs disciplinaires. Je ne connais pas le nombre de prisonniers à mon départ en 1940, mais le camp était plein. L'effectif était enregistrée chaque jour, mais je ne me souviens plus quel était le chiffre. Certains prisonniers ont été envoyés dans d'autres camps. Ces transferts se faisaient non pas en fonction du type de détenus mais en fonction du type de travail que l'on souhaitait faire faire, et en fonction de leurs métiers. Pendant que j'étais là-bas, certaines personnes ont été relâchées et ont retrouvé la liberté. Je ne me souviens pas s’il s’agissait de prisonniers politiques ou autres, mais je me souviens que le jour anniversaire d’Hitler, le 20 avril 1940, j’ai vu dans la cour 50 prisonniers qui allaient être libérés.

KL Auschwitz.
Je suis allé à Auschwitz en mai 1940. Je vivais hors du camp dans un village avec ma famille. J'avais un bureau dans le camp où je travaillais pendant la journée. Le commandant du camp était l'Obersturmbannführer Höss. J'étais son adjudant. Je ne sais pas quel étaient les effectifs du personnel lorsque je suis arrivé. La plus grande partie des prisonniers d'Auschwitz étaient des prisonniers politiques de nationalité polonaise. Il y avait très peu de choses là-bas à mon arrivée, car le camp venait juste d'être construit. Quand je suis parti, quatre mois après mon arrivée, il n'y avait que des bâtiments en pierre construits par les Polonais. Des hommes, des femmes et du bétail vivaient dans les bâtiments en bois. Les bâtiments en pierre étaient vides. Les anciens habitants des bâtiments en bois ont été déplacés. Quand j’ai commencé, le personnel du camp était composé uniquement de moi-même et d’un commis, et il n’y avait qu’une seule compagnie SS pour la garde. Je ne me souviens plus du nom de la compagnie, mais on l'appelait "companie de garde du camp de concentration d'Auschwitz". L'officier le plus haut gradé était le commandant du camp, suivi par le commandant de la Compagnie des Gardes, le SS-Obersturmführer Plorin. Il n’y avait aucun autre officier à l’exception du commandant de compagnie. Les pelotons étaient commandés par des adjudants. Il y avait 3 pelotons par compagnie et entre 30 et 40 hommes par peloton. Cela variait selon les besoins. A part le commandant du camp, moi-même le commis et la compagnie SS de garde, il n'y avait personne. Un deuxième employé est venu plus tard. Il y avait 40 ou 50 SS qui n'appartenaient pas à la Compagnie des Gardes, qui avaient des tâches administratives dans le camp, comme s'occuper de la cuisine et de la caserne, etc...
Je ne connais pas le nombre de prisonniers dans ce camp. C'était peut-être entre 3000 et 4000, mais je ne voudrais pas m'engager. Le SS-Untersturmführer Meyer était responsable de l'administration. Je ne me souviens plus de son prénom car je me suis toujours tenu à l'écart des autres. La raison en était que j'avais ma famille là-bas. Il y avait un médecin, et je pense qu'il s'appelait Potau. Il venait de Haute-Silésie, et est décédé plus tard. Il y avait un autre Untersturmführer, du nom de Meier (ou Meyer), qui était responsable des prisonniers. Je pense que son prénom était Franz. Le commandant donna des ordres à l'officier SS chargé de la garde. Ses ordres provenaient de la hiérarchie supérieure SS. C'était le S.S. Wirtschaftsverwaltungshauptamt (WVHA "Bureau Principal d'Administration Économique" dirigé par le SS-Obergruppenführer Oswald Pohl - ajouté par moi), Amtsgruppe D (Bureau D administration des camps de concentration dirigé par le SS-Gruppenführer Richard Glüks - ajouté par moi), Berlin, Oranienburg.
Lorsque les prisonniers sont arrivés, nous avons été avertis par la Gestapo de Katowice. Il y a eu des cas où des prisonniers étaient amenés par des policiers ordinaires, et ceux-ci apportaient également les dossiers les concernant. Ils sont arrivés en train à la gare d'Auschwitz et ont été récupérés en voiture à partir de là. Les prisonniers étaient tous des hommes. Il n'y a eu aucun interrogatoire par la Gestapo (section politique - ajouté par moi) du camp. Tous les interrogatoires ont eu lieu avant l'arrivée des prisonniers. Il y avait parmi le personnel du camp un fonctionnaire de la police qui s'occupait des criminels contre lesquels des poursuites avaient déjà été engagées. Je ne me souviens pas de son nom. Il n'est resté que peu de temps et a ensuite transféré. À leur arrivée, certains étaient en bonne santé, d’autres non, mais aucun ne présentait de signes de mauvais traitements ou de malnutrition. Je pense qu’à l’époque où j’étais là-bas, il n’y avait pas de cellules d’isolement, mais, comme je l’ai dit, le camp n’en était qu’à ses débuts. Les mêmes règles que celles applicables aux prisonniers politiques allemands furent appliquées aux Polonais, et plus tard aux Russes. Il n'y avait aucune différence. L'un des bâtiments en pierre était un hôpital. Ce bâtiment ne différait en rien des autres. Outre le médecin que j'ai mentionné, il y avait un autre médecin fourni par les internés, parmi lesquels se trouvaient de nombreux médecins et étudiants en médecine. Il n'était pas en mon pouvoir de donner des ordres au personnel médical puisque les médecins relevaient immédiatement du commandant. Le taux de mortalité était d'environ 1% en été, voire 1.5% - il s'agissait d'une moyenne hebdomadaire, et de morts naturelles. Des rapports étaient établis par le médecin du camp et moi, en tant qu'adjudant. Je recevais en moyenne 30 de ces rapports chaque semaine. Les prisonniers morts furent brûlés. Il y avait des prisonniers qui travaillaient dans le crématoire sous les ordres des gardiens. Les cendres étaient envoyées aux proches s'ils étaient réclamés.
Il y a eu très peu de libérations de ce camp pendant que j'y étais. Ces libérations n'étaient autorisées que par la Gestapo de Berlin pour les prisonniers politiques, ou par les autorités policières pour les criminels de droit commun. Le bureau de la Gestapo qui s'occupait du camp était le quartier général départemental de la Gestapo à Katowice. Les hommes de la Gestapo étaient soit  en civil, soit en uniforme sans signes distinctifs. Certains d'entre eux portaient un badge du SD. Le SD et la Gestapo étaient 2 choses différentes. Je dépendais des SS pour mes ordres, le commandant du camp aussi. La Gestapo, cependant s'occupait des prisonniers politiques au sein du camp. Tous les châtiments corporels devaient être autorisés depuis Berlin. Les autorités du camp n'avaient pas ce pouvoir. Au début, les châtiments corporels étaient administrés par les gardiens, mais plus tard, cela a été interdit par Berlin, et les prisonniers ont dû les administrer eux-mêmes. Je ne sais pas pourquoi cet ordre venait de Berlin. Il était signé par le Gruppenführer Glücks et provenait d'Oranienburg.

KL Dachau.
Entre le 15 et le 20 novembre 1940, je suis retourné à Dachau. Jusqu'à présent, j'avais toujours été employé au bureau, d'abord comme secrétaire puis comme adjudant. Maintenant je devais apprendre à connaître le travail directement lié aux prisonniers. Je devais suivre une formation pour devenir Lagerführer (chef de camp - ajouté par moi). Lorsque je suis arrivé à Dachau, le camp était en parfait état de fonctionnement et se composait au total de 30 à 32 bâtiments en bois destinés au logement des prisonniers, y compris l'hôpital. Le nombre de prisonniers dans une barraque variait entre 300 et 450. Le nombre de prisonniers était compris entre 13 et 14 000. Il y avait trois compagnies de SS - 120 à 150 hommes dans chaque compagnie pour les garder. Le personnel administratif était composé d'environ 100 à 120 personnes. Les officiers des compagnies de gardes n'étaient pas des SS professionnels. C'étaient des civils, incorporés dans l'armée, puis affectés aux SS. Ils étaient ensuite affectés par la SS à leurs tâches particulières - par ex. camps de concentration. Ils ne se sont pas portés volontaires pour ces tâches particulières. Ils recevaient leurs ordres du commandant qui à son tour, recevait ses ordres de Berlin. Le nom du Kommandant était le SS-Sturmbannführer Piorkowski (Alex - ajouté par moi). Le prochain en grade après le commandant était le Lagerführer, SS-Hauptsturmführer Eill. Je ne me souviens pas de son prénom. Il y avait un officier chargé de l'administration, le SS-Hauptsturmführer Wagner. Ensuite, il y avait trois commandants de compagnie dont je ne me souviens plus des noms.
Les prisonniers étaient tous des hommes et se composaient, comme auparavant, de criminels et de prisonniers politiques, ainsi que d'un nouveau type: des Polonais et des Russes qui avaient été prisonniers de guerre et qui étaient affectés à certains travaux - par ex. des emplois agricoles, et qui avaient commis des délits mineurs comme tenter de s'échapper ou refuser de travailler. Ces prisonniers de guerre ont été internés parce qu'ils avaient commis ces crimes. A cette époque, il n'y avait que des prisonniers du front de l'Est, à savoir des Polonais et des Russes. On m'a fait remarquer que la guerre en Russie n'a éclaté qu'en juin 1941, alors que j'ai quitté le camp en avril 1941. S'il en est ainsi, j'ai dû confondre avec Auschwitz. Je n'étais là que comme une sorte de stagiaire, et n'avais que très peu à voir avec l'organisation des lieux. Je ne me souviens d'aucune évasion. Je ne me souviens pas du taux de mortalité car cela n'avait rien à voir avec moi. Mais je sais que c'était un très bon camp.
Il y avait une usine de meubles, et les prisonniers travaillaient comme charpentiers, menuisiers, ainsi que comme tailleurs et cordonniers. Les prisonniers n'étaient autorisés à sortir du camp que dans des cas exceptionnels, par exemple pour jardiner. Il y avait environ 40 à 50 nouvelles admissions par semaine pendant mon séjour. Il y a eu peu de transferts et très peu de sorties. Les prisonniers venaient de la Gestapo de Munich. S'il s'agissait de criminels, ils venaient de la police, également à Munich.

KL Natzweiler.
J'ai été nommé à Lagerführer en avril 1941, et en octobre 1942, commandant du camp. J'avais été promu au grade de SS-Hauptsturmführer avant d'être nommé commandant. Quand je suis arrivé au camp, le commandant était le SS-Sturmbannführer Hüttig (Hans - ajouté par moi). L'officier chargé de l'administration était le SS-Obersturmführer Faschingbauer (Karl - ajouté par moi). Le médecin était le SS-Obersturmführer Eisele (Hans - ajouté par moi). La compagnie des gardes était sous les ordres du SS-Obersturmführer Peter. Le personnel administratif était au départ de 20 personnes, puis de 70 à 75 personnes à la fin. Le camp est très petit. Il n’y avait aucun prisonnier à mon arrivée car il venait juste d’être construit. Quand je suis parti en mai 1944, il y avait 2500 à 3000 prisonniers, répartis dans les trois catégories habituelles: politiques, associaux, criminels, et plus tard, prisonniers de guerre polonais et russes. Il y avait aussi quelques centaines de prisonniers luxembourgeois. Je ne peux pas dire avec certitude s'il y avait là des prisonniers français ou non. Les prisonniers sont arrivés avec des papiers et leur nationalité figurait dessus.
Je ne me souviens pas que des prisonniers aient été prêtés pour des expériences médicales à un médecin de Strasbourg. Il est tout à fait impossible que des expériences de quelque nature que ce soit sur des prisonniers aient été menées à mon insu. Le Gruppenführer Glücks est venu inspecter le camp à 2 reprises: une fois à l'été 1941, et une fois au printemps 1942. La visite de l'obergruppenführer Pohl a eu lieu fin avril ou début mai 1944. La seule chose sur laquelle Glücks s'enquit était de savoir combien il y avait de prisonniers politiques et associaux. Les étrangers étaient considérés comme des prisonniers politiques. Il n'a pas demandé leurs nationalités. Je ne connais aucun cas de prisonniers britanniques. Je n'ai jamais vu de document indiquant la nationalité britannique d'un prisonnier du camp.
Il y avait 15 baraquements en bois et jusqu'à 250 prisonniers dans chacun d'eaux. Le camp était au sommet d'une colline, et mon bureau se trouvait à la limite du camp. J'habitais dans le village au pied de la colline avec ma famille. Les officiers étaient tous mariés et vivaient avec leurs familles dans le village. Un changement dans le personnel dont je me souviens est que l'Obersturmführer Peter qui commandait la compagnie des gardes, fut muté et remplacé par un Obersturmführer appelé Meier. Je ne connais aucun des Rottenführer qui étaient là. Il y avait un crématoire au camp. Le taux de mortalité dépendait de la saison. Il y en avait environ 7 à 8 par semaine pendant la bonne saison et environ 15 à 18 pendant la mauvaise saison. Ils sont tous morts de mort naturelle. La même procédure d'information des proches et de l'autorité qui les avait envoyés au camp a été suivie dans ce camp comme dans les autres décrits ici.
Il n'y avait qu'un seul médecin dans l'état-major (SS-Obersturmführer Eisele), et 4 ou 5 infirmiers allemands. Il y avait des médecins et des étudiants en médecine parmi les prisonniers qui aidaient. De nombreuses personnes de plus de 50 ans sont décédées de causes naturelles, notamment de maladies cardiaques. Comparé aux autres camps, le taux de mortalité dans ce camp était très faible. J'allais au cabinet médical et on m'expliquait les différentes choses qu'il avait là, comme le matériel médical. Mais comme c'était en latin, je ne savais pas vraiment de quoi il s'agissait. Il y avait 2 blocs réservées à l'hôpital: une pour les personnes qui n'étaient que faibles et l'autre comme véritable hôpital. Il y avait entre 60 et 75 lits dans le véritable hôpital. Le chirurgien disposait d'installations pour effectuer des opérations mineures mais pas d'opérations majeures.
Il y a eu 20 à 25 évasions pendant que j'étais là-bas, et 10 des prisonniers qui tentèrent de s'évader furent abattus. 8 ou 9 ont été repris et ramenés, et les autres ont pris la fuite. Les personnes capturées ont été condamnées de 14 à 21 jours de détention selon leur âge et leur condition physique. Dans 4 ou 5 cas sur 20, ils ont été fouettés ou battus. Le coupable a reçu 10 à 15 coups de fouet dans chaque cas. Cela était supervisé par le Lagerführer et le médecin du camp. Quand j’étais Lagerführer, je supervisais cela moi-même. D'une manière générale, lorsque des châtiments corporels étaient administrés, le nombre de coups de fouet variait entre 5 et 25. Ce nombre était fixé par un ordre venant de Berlin. 25 coups était le maximum. Le médecin devait toujours être présent lorsque des châtiments corporels étaient administrés. Je ne me souviens pas d'un cas où un prisonnier n'a pas pu supporter sa punition et s'est évanoui. Si un tel cas s’était produit, il aurait été du devoir du médecin d’intervenir puisque c’était la raison pour laquelle il était là. La punition était administrée avec des bâtons en bois massif. La punition était administrée par un autre prisonnier choisi au hasard, et de la manière suivante: on faisait pencher le prisonnier sur une table, et on lui donnait des coups de fouet sur les fesses, sans que ses vêtements aient été préalablement enlevés. Je n'ai jamais eu de difficultés avec les prisonniers qui devaient administrer cette punition. L'ordre leur a été donné et ils l'ont respecté. S'ils avaient refusé d'obéir à l'ordre, je n'aurais pas pu les punir pour ce refus. Les ordres de Berlin prévoyaient qu'un certain nombre de coups de fouet devaient être administrés par un autre prisonnier, mais l'ordre ne précisait pas ce qu'il fallait faire si l'un des prisonniers refusait de battre un de ses camarades.
Il n’existait pas de règles établies quant aux crimes pouvant faire l’objet de châtiments corporels. Il appartenait au commandant de demander à Berlin l'autorisation de les administrer. La demande devait indiquer quel type d'infraction le prisonnier avait commis et quelle peine lui avait déjà été infligée pour des infractions commises précédemment. Cette lettre devait être signée par le commandant. Le genre de délits pour lesquels j'aurais demandé à Berlin l'autorisation d'infliger des châtiments corporels était par ex: ce prisonnier a déjà volé 3 ou 4 fois de la nourriture à ses codétenus, ou pour désordre, ou pour désobéissance, ou pour agression contre un gardien. La 1ère chose qui s'est produite lorsque quelqu'un s'est évadé du camp et a été ramené, c'est que la police judiciaire a mené une enquête pour savoir s'il avait commis des crimes alors qu'il était en liberté, puis il a été amené devant le commandant sans aucun procès, et le commandant ordonna la punition. Tout homme qui tentait de s'enfuir devait être signalé à Berlin et devait également être signalé à son retour. Le commandant pouvait lui infliger 21 jours de détention sans en référer à une autorité supérieure, mais ne pouvait lui imposer des châtiments corporels qu'avec l'autorisation de Berlin. Chaque membre de la garde était armé d'un fusil, et il y avait des mitrailleuses sur les tourelles. Les fouets et les bâtons étaient interdits. Les gardes portaient simplement des fusils.
Lorsque les prisonniers arrivaient en groupe, ils étaient tous mis dans le même bloc. Finalement, ils ont été répartis en 3 groupes, politiques, associaux et criminels, mais jamais selon leur nationalité. Il n’y avait pas de règle stricte sur ce point, mais cela a évolué ainsi au fur et à mesure. Les 3 catégories mentionnées ci-dessus n'étaient séparées que dans leurs quartiers d'habitation. Ils travaillaient ensemble, se nourrissaient ensemble et pouvaient se parler. Au début, les prisonniers travaillaient uniquement dans le camp lui-même. Plus tard, nous avons ouvert une carrière à proximité. Un autre travail a consisté à démonter des moteurs d'avion et à récupérer les pièces qui pourraient être réutilisées. 15 à 20 prisonniers ont été libérés pendant mon séjour. Les ordres sont venus de Berlin. C'étaient tous prisonniers politiques de nationalité allemande.
Le camp était entouré de barbelés de 3m de haut. Il y avait des miradors aux coins du camp avec des mitrailleuses. Il y avait une rangée de barbelés où les gardes patrouillaient, puis une autre. Au début, les fils n'étaient pas électrifié car il n'y avait pas de courant. Cela a été fait au printemps 1943. 2 mois avant mon départ du camp, 8 ou 9 chiens sont arrivés, qui ont servi à garder les prisonniers. Ils étaient principalement employés dans la carrière pour empêcher les évasions. Je me souviens de 2 incidents au cours desquels des prisonniers ont tenté de s'échapper de la carrière, mais je ne me souviens pas qu'ils aient été abattus. Durant toutes mes trois années, il n'y a eu que 2 tirs dans la carrière.
La seule pendaison qui a eu lieu au cours de l’été 1943 , a été faite sur ordre de Berlin. 2 agents de la Gestapo ont amené un prisonnier au camp et m'ont montré un ordre, disant que cet homme devait être amené dans mon camp et pendu. Je ne me souviens pas par qui cet ordre a été signé. J'ai donc dépêché deux prisonniers pour procéder à l'exécution. Un échafaud a été construit dans le camp et l'exécution a eu lieu en ma présence. Les personnes présentes étaient : le médecin du camp - SS-Obersturmführer Eisele, qui a certifié la cause du décès, les 2 agents de la Gestapo qui avaient amené le prisonnier, les 2 prisonniers qui ont procédé à l'exécution et moi-même. Je ne me souviens plus du nom du prisonnier, Je pense qu'il était russe. Il est tout à fait impossible que d'autres exécutions aient eu lieu alors que j'étais commandant du camp. Les autres prisonniers du camp n'ont pas été défilés lors de cette exécution. Aucune fusillade ni aucune autre exécution n'a eu lieu dans le camp sur ordre de Berlin. Je n’ai jamais entendu parler de cellules spéciales et étroites ("stehbunker" - ajouté par moi). Il n'y avait pas de bâtiments spéciaux pour les prisonniers en état d'arrestation, ni de cellules d'isolement. Il est tout à fait impossible qu'une pendaison de prisonniers par les bras ait eu lieu à mon insu. La seule prison que nous avions était un bloc séparé du reste par des barbelés et celui-ci était utilisé pour les personnes qui avaient enfreint la discipline du camp.
Je n'ai jamais entendu parler d'un prisonnier appelé Fritz Knoll. Il n'était pas contremaître, mais il était peut-être l'un des prisonniers. Je ne me souviens pas de son nom. Si quelqu'un était mort au cours d'un groupe de travail, cela aurait été signalé et le bureau m'en aurait fait part. Mais je ne me souviens pas qu'un tel incident se soit produit. Tout cas de décès d'un prisonnier au travail ou pour toute autre cause serait signalé par le bureau au responsable de la police judiciaire, et par celui-ci au commandant. Mon commandement et mon contrôle sur tous les événements du camp de Natzweiler étaient si complets, et mon état-major avait des ordres si précis, que l'exécution de prisonniers à mon insu pendant la période où j'étais commandant est totalement impossible.
Seul le personnel SS était autorisé à inspecter les camps. Personne d’autre n’était autorisé à s’en approcher. Cela incluait des officiers de l'armée à qui il était interdit d'entrer dans un camp de concentration. On ne pouvait entrer dans un camp de concentration qu’avec l’autorisation du commandement général SS à Berlin. À l'exception du Gruppenführer Glücks, qui venait du ministère (WVHA) de Berlin, et de l'Obergruppenführer Pohl, personne n'a visité le camp pendant les années où je l'ai commandé. En dehors de ces visites, je n'avais de comptes à rendre à personne, sauf sur papier, à Berlin. Je ne me souviens d'aucun détail de la visite de l'Obergruppenführer Pohl au début du mois de mai 1944. Il est venu inspecter le camp et a juste regardé attentivement les alentours.
À l'époque où j'étais Lagerführer, j'ai reçu la Kriegsverdienstkreutz 2 Klasse (KVK - Croix du Service de Guerre 2ème Classe - ajouté par moi) au printemps 1943. Il n'y avait aucune raison particulière pour cette décoration. C'était principalement pour avoir été Lagerführer pendant deux ans dans ce camp. J'ai également obtenu le Kriegsverdienstkreutz 1 Klasse, que j'ai reçu en janvier 1945. Pendant tout mon séjour à Natzweiler, j'ai été responsable du camp. Quand je suis parti, j'ai passé le relais à mon successeur. Il s'agissait du SS-Sturmbannführer Hartjenstein (Friedrich - ajouté par moi). La procédure de passation s'est déroulée dans mon bureau, et je lui ai remis les clés du camp.

KL Auschwitz Birkenau.
Mai 1944 - novembre 1944. Auschwitz était un immense camp auquel appartenaient de nombreux camps plus petits situés à proximité. Comme la responsabilité de l'ensemble des camps ne pouvait pas être assumée par un seul homme, elle a été divisée et j'ai été chargé d'une partie (Birkenau - ajouté par moi). J'étais commandant, mais comme je relevais du commandant suprême de tout le camp (Höss - ajouté par moi), qui était mon officier supérieur, mes fonctions n'étaient que celles d'un Lagerführer. J'avais sous mon commandement, dans ma partie du camp, l'hôpital et le camp agricole qui était un camp énorme et contenait plusieurs milliers d'hectares. Le nombre de prisonniers sous mon contrôle immédiat variait entre 35 et 40000, hommes et femmes.
Il y avait entre 350 et 500 décès par semaine. Le taux de mortalité était plus élevé chez les hommes. La raison étant que l'afflux du camp de travail était principalement constitué de malades. Quand je parle du taux de mortalité à Auschwitz, je veux dire que tous ces gens sont morts de causes naturelles, c'est-à-dire soit de maladie, soit de vieillesse. Le taux de mortalité était légèrement supérieur à la normale, du fait que j'avais un camp avec des malades qui venaient d'autres parties du camp. La seule raison pour laquelle le taux de mortalité est plus élevé, non seulement à Auschwitz mais dans tous les camps de concentration, par rapport aux prisons civiles, c'est que les prisonniers devaient travailler, alors que dans les prisons civiles, ils ne devaient pas.
À Auschwitz, les prisonniers partaient travailler à 5h du matin en été, et revenaient à 20h, parfois même plus tard. Ils travaillaient 7 jours sur 7, mais le dimanche ils revenaient à 13h, 14h ou 15h. Le travail était de nature agricole, et il était effectué par des prisonniers. L'ensemble du camp contenait entre 90000 et 100000 prisonniers. Il ne s'agit là que d'une estimation approximative. Mon officier supérieur, et commandant de tout le camp était l'Obersturmbannführer Höss. Il y avait des hommes, des femmes et des enfants dans le camp. La majorité des prisonniers sous mon contrôle immédiat étaient des Polonais et des Russes. Je n'ai aucune raison de croire qu'il y ait eu parmi eux des prisonniers de guerre, même s'il aurait pu y en avoir à mon insu. D’aussi loin que je me souvienne, il n’y avait pas d’internés britanniques. Je pense que les prisonniers britanniques se trouvaient dans le camp de concentration de Sachsenhausen et dans un autre camp près de Hambourg appelé Neuengamme. Il est possible qu'il y ait eu des Français dans mon camp, mais je ne peux pas le dire avec certitude. Il y avait plus de femmes que d'hommes.
J'avais sous mes ordres 3 compagnies SS pour garder le camp. Certains des gardes étaient des Waffen-SS, et il y avait des femmes employées par la SS comme gardiennes (SS-Aufseherinnen - ajouté par moi). Il y avait environ 420 gardes SS hommes et environ 40 à 50 gardes femmes. Les prisonniers qui se trouvaient à l'extérieur du camp dans la partie agricole, étaient toujours gardés par des hommes. Les gardiennes gardaient uniquement les prisonniers à l'intérieur de l'enceinte. Il y avait environ 10 à 14 médecins pour tout le camp, dont deux étaient affectés à ma partie particulière du camp. Je ne peux pas dire exactement combien de lits il y avait à l'hôpital. Cela dépendait de la proximité avec laquelle vous pouviez rapprocher les lits.
Les prisonniers étaient logés dans des bâtiments de bois dotés de lits à trois niveaux. Les hommes étaient séparés des femmes et les enfants étaient avec leurs mères. Les gens mariés étaient séparés. Il y avait 150 bâtiments au total, camps hommes et femmes ensemble. Environ 80 ou 90 étaient destinés aux hommes et environ 60 aux femmes. 20 ou 25 bâtiments ont été réservés aux hôpitaux. Le camp n'en était qu'à ses débuts et il était prévu de l'agrandir considérablement.
Tous les prisonniers décédés ont été incinérés. Aucune sorte de service (religieux) n’a été organisé à leur mort. Ils ont juste été brûlés. Les crémations étaient effectuées par des prisonniers. Lorsqu'un prisonnier mourait, il me suffisait d'en informer l'Obersturmbannführer Höss, et celui-ci s'en occupait. Je n'avais pas d'administration à Auschwitz. Tous les prisonniers n'étaient connus que par leurs numéros. Je n’avais rien à voir avec les punitions et châtiments corporels infligées à Auschwitz. Tout cela était fait par l'intermédiaire de Höss.
Lorsqu'une demande de travailleurs arrivait de Berlin, les prisonniers devaient défiler devant un médecin. J'étais souvent présent à ces défilés, mais pas toujours. L'examen s'effectuait par les prisonniers présentés par le médecin sans se déshabiller. Ensuite, il était décidé si un homme ou une femme était suffisamment en forme pour être envoyé travailler. Toutefois, si quelqu'un devait être examiné pour déterminer s'il était apte à recevoir des châtiments corporels, un examen médical approprié était effectué. Cette méthode de sélection des personnes pour le travail était la méthode normale appliquée dans tous les camps de concentration. Cela n’avait rien d’inhabituel.
Il y a eu 4 ou 5 cas de personnes qui ont tenté de s'enfuir pendant que j'étais là-bas. Ces tentatives ont été faites séparément. Aucun prisonnier n'a été abattu en tentant de s'échapper dans ma partie du camp. Aucun prisonnier n'a été fouetté. Il n’y a eu ni exécutions, ni fusillades, ni pendaisons de ma part. Je visitais fréquemment le camp pour des inspections. Le médecin était seul chargé de certifier la cause du décès d'un prisonnier. Les médecins changeaient continuellement. L'un de ces médecins était le SS-Hauptsturmführer Mengele (Josef - ajouté par moi). J'ai procédé à des inspections des corps de personnes décédées de causes naturelles en ma qualité de commandant lorsque j'inspectais le camp. Ceux qui mouraient pendant la journée étaient placés dans un bâtiment spécial appelé la morgue, et étaient transportés chaque soir par camion au crématoire. Les morts étaient déshabillés par les prisonniers avant d'être incinérés. Les vêtements étaient nettoyés et réutilisés. Lors de mes inspections, je n'ai jamais vu de prisonniers morts suite à des violences physiques. Lorsqu'un prisonnier mourait, un médecin devait certifier l'heure, la cause et les détails du décès. Un médecin signait un certificat et me l'envoyait au bureau central du camp. Ces certificats ne sont pas passés entre mes mains. Les 2 médecins travaillaient quotidiennement, de 8h du matin jusqu'à 20 ou 21h. Tous les efforts ont été déployés par ces médecins pour maintenir les prisonniers en vie. Des fournitures médicales et des médicaments revigorants ont été appliqués. Chaque jour, 2 médecins différents prenaient en charge ma partie du camp. Je me souviens très bien de l'un d'entre eux. Il travaillait depuis longtemps dans ma partie du camp et il avait également servi sous mon prédécesseur Hartjenstein. C'était le SS-Hauptsturmführer Mengele.
Le grillage du camp était électrifié, et les chiens n'étaient utilisés qu'à l'extérieur de l'enceinte du camp pour garder les prisonniers qui travaillaient. Il ne m'a jamais été rapporté que les prisonniers devaient être soignés pour des morsures de chien. Aucun interrogatoire n'a eu lieu dans le camp et je n'ai jamais procédé à aucun interrogatoire lorsque j'étais commandant. J'envoyais parfois des gens pour interrogatoire chez l'officier d'enquête criminelle, auquel cas ils se rendaient au bureau central du camp, et étaient ramenés une fois l'interrogatoire terminé. J'ai entendu parler des allégations d'anciens prisonniers d'Auschwitz faisant référence à une chambre à gaz, aux exécutions massives, aux coups de fouet, à la cruauté des gardiens, et que tout cela s'est produit soit en ma présence, soit à ma connaissance. Tout ce que je peux dire de tout cela, c'est que c'est faux du début à la fin.

KL Bergen Belsen.
Du 1er décembre 1944 au 15 avril 1945. Le 29 novembre 1944, je me rendis à Oranienburg, Berlin, pour me présenter au Gruppenführer Glücks. Il était chef de l'Amtsgruppe D, ce qui signifie qu'il était l'officier chargé de l'organisation de tous les camps de concentration du Reich. Il était responsable devant l'Obergruppenführer Pohl, chef du WVHA. Il me dit alors "Kramer, vous allez à Belsen comme commandant. A Belsen il y a en ce moment beaucoup de prisonniers juifs qui seront éventuellement échangés. C'est plus tard que j'appris que ces prisonniers juifs étaient échangés contre des ressortissants allemands à l'étranger. Le premier échange eut lieu entre le 5 et le 15 décembre 1944 et s'effectua sous la surveillance personnelle d'un fonctionnaire venu de Berlin à cet effet. Le premier transport contenait environ 1300 à 1400 prisonniers. Glücks me dit lors de l'entretien "l'objectif est de transformer Belsen en un camp pour malades qui accueillera tous les prisonniers malades de tous les camps du nord et du nord-ouest de l'Allemagne. La responsabilité de l'alimentation et de l'hébergement incombait entièrement aux entreprises qui emploient les prisonniers. La responsabilité de l'administration incombait au camp de concentration parent. Il a déclaré "il y a un nombre considérable de prisonniers travaillant dans des entreprises industrielles qui sont malades ou physiquement inaptes à effectuer le travail pour lequel ils sont désignés. Tous ces prisonniers seront envoyés dans le camp de Belsen. Quels prisonniers et combien Belsen va finalement devoir acceuillir, je ne peux pas vous le dire pour le moment. La règle générale est que tout prisonnier malade ou absent de son travail pendant plus de 10 à 14 jours sera transféré à Belsen. Si et quand ces prisonniers se rétablissent à Belsen, ils seront soit regroupés dans de nouveaux détachements et envoyés vers de nouveaux emplois, soit renvoyés à leur ancien travail selon les cas. Vous voyez, cela va être une très grande tâche. Je vous suggère d'aller à Belsen maintenant pour examiner le camp pour voir comment agir. Si vous avez besoin d'aide, vous pouvez soit vevenir à Berlin, soit écrire." C'est là que la conversation a pris fin. Glücks m'a alors demandé comment allaient ma femme et mes enfants, et je me suis enquis du bien-être de sa famille. J'ai également demandé s'il serait possible, lorsque je reprendrais le camp de Belsen, d'y installer ma famille. Il m'a dit que je devrais aller à Belsen et voir si je pouvais trouver une maison convenable, je lui écrirais et il autoriserait le déménagement de ma maison. Cette conversation a eu lieu entre le Gruppenführer Glücks et moi-même, personne d'autre n'était présent. Ce sont les seules instructions que j’ai reçues et je n’en ai pas demandé davantage. Je ne pensais pas avoir besoin d'instructions supplémentaires et j'étais très satisfait de mes ordres.
Après l'entretien, j'ai parlé à 3 officiers que je connaissais personnellement. Il s'agissait du SS-Standartenführer Maurer (il était chargé de la répartition des prisonniers dans les camps et pour le travail), le SS-Hauptsturmführer Sommer (il travaillait dans le département de Maurer), et le SS-Sturmbannführer Burger (c'était l'homme qui supervisait l'administration dans les différents camps de concentration). Je n'ai eu aucune conversation sur des questions de service avec aucune des trois personnes susmentionnées. C'étaient des amis à moi, et comme j'étais là, je me suis rendu dans leurs différents bureaux pour leur dire bonjour. Le médecin principal était le SS-Standartenführer Dr. Lolling. Il était le médecin en chef des camps de concentration.
Je me suis ensuite rendu à Belsen où j'ai été reçu par le SS-Obersturmführer Schaaf. Il était l'officier chargé de l'administration. Le lendemain matin, je me rendis au bureau et rencontrai le SS-Sturmbannführer Haas, le commandant, qui savait que j'arrivais de Berlin pour prendre en charge Belsen. Je lui ai demandé combien de prisonniers contenait le camp et il m'a répondu "environ 15000". Il a dit qu'il ne servait pas à grand-chose de discuter de questions au bureau et a suggéré une visite du camp. Au cours de cette tournée, il a souligné les changements et les améliorations qu'il souhaitait encore apporter. Le camp mesurait environ 1,5 km de long et entre 300 et 350 mètres de large. Il y avait environ 60 baraquements comprenant des logements pour les gardes et des magasins. 40 à 45 étaient destinés à l'hébergement des prisonniers. Les prisonniers étaient composés d'hommes, femmes et enfants. Les familles étaient autorisées à vivre ensemble. 6 bâtiments dans le camp des hommes, 3 dans le camp familial et 2 dans le camp des femmes servaient d’hôpitaux. Il y avait aussi un crématoire. Je ne sais pas de quelle nationalité étaient les prisonniers à mon arrivée car il n’y avait aucun dossier ni papier d’aucune sorte dans le camp. Beaucoup d’entre eux avaient perdu leurs marques d’identification et, comme il n’y avait aucunes traces, il était absolument impossible de savoir qui était qui. J'ai commencé à tenir mes propres registres de prisonniers, mais ces registres ont tous été détruits sur les ordres que j'ai reçu de Berlin vers la fin mars.
Le personnel SS était composé d'une compagnie de garde. Le chef de compagnie était le SS-Hauptscharführer Meyer. Puis il y avait le SS-Hauptsturmführer Vogler qui était l'officier chargé de l'administration. L'officier du département pénal était le SS-Untersturmführer Frericks. Le Lagerführer (Obersturmführer Stresse) a été muté quelques jours après mon arrivée et je suis resté sans Lagerführer pendant plus de 2 mois. J'ai dû faire le travail moi-même avec un seul sous-officier. Le rapportführer (chef du rapport - ajouté par moi) était le SS-Oberscharführer Reddhaser. Le MO (sic) était le SS-Sturmbannführer Schnabel. Le Hauptscharführer Linsmeier faisait office de dentiste (il fut ensuite promu SS-Untersturmführer). Il n'y avait pas d'autres officiers et je n'avais pas d'adjudant. Il y avait 60 à 70 sous-officiers dont 20 à 25 appartenaient à la companie de garde SS, et les autres étaient employés à des tâches administratives. L'adjudant auprès de l'officier chargé de l'administration Vogler était le SS-Unterscharführer Kuckertz. Il y avait un autre sous-officier dans mon bureau: le SS-Unterscharführer Rang. les autres sous-officiers dont je me souvienne sont le SS-Oberscharführer Hilmer (administration), SS-Unterscharführer Lademacher (également administration) SS-Unterscharführer Wille (également administration), et le SS-Unterscharführer Müller (magasins d'alimentation). Lorsque j'ai repris Belsen, il y avait six officiers, dont moi-même. Je n’avais pas de sous-officiers supérieurs. Lorsque j'ai pris mes fonctions, l'équipe comptait 3 gardiennes. Je ne me souviens pas de leurs noms.
Le taux de mortalité à mon arrivée se situait entre 40 et 60 par semaine. Lorsque je suis entré dans le camp, le Lagerführer m'a fait un rapport "tant de personnes sont mortes hier, il en reste tant aujourd'hui, etc..." A mon arrivée, on tenait un livre dans lequel ces chiffres étaient inscrits, mais on s'en est débarrassé par la suite. Ce livre était conservé par le Lagerführer par intérim dans son bureau. Il y avait aussi un autre livre dans lequel les effectifs étaient enregistrés. Le Lagerführer par intérim organisait chaque matin un appel pour compter les prisonniers. Lors de cet appel, chaque Blockführer rapportait l'effectif de son unité et le nombre de morts survenus la veille. Le Rapportführer additionnait les effectifs des différents blocs sur une feuille de papier, faisant un grand total. Il y avait environ 40 Blockführer qui défilaient chaque jour.
En janvier, j'ai repris un nouveau camp, attenant à l'ancien camp dans lequel se trouvaient 40 à 50 nouveaux blocs. Je n'ai plus eu de personnel lorsque j'ai repris ce camp. Ce n'est que plus tard, lorsque les camps de Silésie furent évacués, que des gardes arrivèrent, renforçant ainsi les effectifs. Il y avait des transports de seulement 100 ou 200 personnes, et d'autres de 1500, 2000, 2500 etc... J'avais des réserves de nourriture. Lorsqu'un nouveau transport de prisonniers arrivait, je devais utiliser ces réserves jusqu'à ce que j'aie signalé son arrivée, et ce afin d'obtenir ainsi de la nourriture supplémentaire. C'était mes ordre d'envoyer les prisonniers travailler le plus rapidement possible. Tout prisonnier apte au travail était envoyé avec des équipes de travail dans des entreprises industrielles. Les autres prisonniers travaillaient uniquement à l'intérieur du camp à l'entretien.
Le 1er décembre, lorsque j'ai pris mes fonctions, il y avait environ 15000 personnes dans le camp. Environ 200 personnes sont mortes ce mois-là. Au 1er janvier, il y avait environ 17000 personnes dans le camp. 600 sont morts. Au 1er février, il y avait 22 000 prisonniers dans le camp. À partir du 15 février, je ne peux pas dire combien de prisonniers j'ai eu car il n'y avait plus de comptabilité. Et comme je l'ai déjà dit, les archives que j'avais conservées furent détruites en mars.
Je ne connais pas du tout le nombre de morts survenus au cours de cette période, mais la situation à Belsen s'est aggravée de la mi-février à la mi-avril 1945, lorsque les Alliés sont arrivés. J'ai inspecté le camp quotidiennement pendant cette période, et j'étais pleinement conscient des conditions et du grand nombre de personnes qui mouraient. Le taux de mortalité au cours des mois de février, mars et avril a progressivement augmenté jusqu'à atteindre 400 ou 500 par jour. Ce chiffre était dû au fait que si les gens étaient en bonne santé, je devais les envoyer travailler et ne retenir que les malades et les mourants.
Environ 2 fois par semaine, de la nourriture était retirée des dépôts locaux et un rapport était envoyé au ministère à Berlin. Tous les prisonniers recevaient 3 repas par jour. Je ne peux pas dire quelle était la ration quotidienne car elle était fixée par le dépôt alimentaire et standardisée. Je me suis assuré que chaque prisonnier avait un litre de soupe de légumes pour le repas principal, et le matin, le prisonnier avait du café et du pain s'il y en avait. Pour le repas du soir, du café et du pain - si disponible, avec du fromage ou des saucisses. Ce régime n'aurait pas suffi à la survie, mais comme ces gens ne travaillaient pas, je pense que cela était suffisant pour les maintenir en vie. Je pensais qu'ils pourraient supporter ce régime pendant environ 6 semaines, et après 6 semaines, j'espérais avoir un peu plus de nourriture. Les rations décrites ci-dessus étaient les rations normales dans n'importe quel camp de concentration à cette époque. Le véritable problème était le pain. Il m'était absolument impossible de me procurer suffisamment de pain pour nourrir les prisonniers que j'avais. Au début, il était fourni par les boulangeries locales de Belsen. Plus tard, il y avait tellement de prisonniers dans le camp que les boulangeries locales ne pouvaient plus fournir la quantité requise. J'ai dû envoyer des camions à Hanovre et ailleurs pour aller en chercher, mais même à ce moment-là, je n'ai pas pu obtenir la moitié de ce dont j'avais besoin pour nourrir les prisonniers avec des rations normales. Hormis le pain, les rations n'ont jamais été réduites. De la farine était fournie à la place du pain et servait à préparer les repas. Il s’est toutefois avéré que si nous avions fait du pain avec cette farine, le taux de mortalité n’aurait pas été aussi élevé. Je me suis rendu au dépôt de Celle, puis à l'autorité supérieure à Hanovre pour les mettre au courant de ce qui se passait à Belsen. Je leur ai dit que si une catastrophe devait se produire, non seulement je divulguerais les faits, mais je les rendrais également responsables. Mes visites dans ces dépôts ont abouti à l'arrivée de rations supplémentaires de pommes de terre et de navets quelques temps plus tard.
Je me souviens d'un cas de cannibalisme. On m'a rapporté qu'un prisonnier était entré dans la morgue et que des parties d'un corps manquaient. J'ai mis un gardien de nuit et ce gardien a arrêté un homme qui s'était approché d'un cadavre. Avant de pouvoir être interrogé le lendemain matin, il s'est pendu. Je ne peux pas dire s'il y a eu d'autres cas de cannibalisme.
Le médecin du camp étant malade, il fut remplacé par le Dr Klein (Fritz) à la mi-février. Le 1er mars, un autre officier médical arrivé. Il s'appelait Horstmann (SS-Hauptsturmführer). 2 jours avant l'arrivée des Alliés, Horstmann partit avec les troupes et seul le Dr Klein resta. A part eux (Klein et Horstmann), il n'y avait pas de médecins SS dans le camp. Fin janvier, le Dr Lolling est arrivé pour une tournée d'inspection. Je lui ai fait remarquer que si Belsen devait être un camp pour malades, j'avais besoin de plus de médecins. Il a dit qu'il n'y en avait pas de disponible pour le moment, mais que dès qu'il en aurait, il les enverrait. Le Dr Lolling était pleinement conscient des conditions qui régnaient au moment où il a inspecté le camp. Il a passé une journée entière à le parcourir avec le Dr Schnabel, et à l'inspecter minutieusement. Le Dr Lolling a emporté avec lui une liste de besoins et a déclaré qu'il veillerait à ce que nous obtenions les fournitures médicales nécessaires. Même si j'étais commandant, je ne connaissais rien à l'approvisionnement en matériel et fournitures médical. C'est tout ce que je sais à ce sujet.
Durant mon séjour à Belsen, il y a eu 15 à 20 évasions. Certains des prisonniers qui tentaient de s'échapper ont été abattus alors qu'ils tentaient de s'échapper. Je ne sais pas combien. Vers la fin décembre, un ordre arriva de Berlin interdisant totalement les châtiments corporels. À partir de ce moment, aucun n’a été infligé.
Du 20 au 28 février, l'officier médical m'a informé que la fièvre pourprée s'était déclarée dans le camp. Cela fut confirmé par un institut bactériologique de Hanovre. J'ai donc fermé le camp et envoyé un rapport à Berlin. La réponse de Berlin fut que je devais garder le camp ouvert pour recevoir les transports venant de l'Est, fièvre ou pas fièvre. La 2ème fois que j'ai écrit à Berlin, c'était entre le 1er et le 10 mars, lorsque j'ai envoyé un rapport complet sur les conditions régnant dans le camp. Ces 2 occasions furent les seules où j'ai fait des démarches auprès d'une autorité supérieure. Je ne suis pas allé moi-même à Berlin comme on me l'avait demandé lors de mon entretien en novembre, car cela aurait pris 3s ou 4 jours, et il n'y avait personne pour me remplacer durant mon absence.
D'après mes souvenirs, l'Obergruppenführer Pohl a inspecté le camp de Belsen vers le 20 mars. J'ai conduit Pohl à travers le camp et lui ai signalé les conditions déplorables. Il n'est pas venu à cause de la lettre que j'avais écrite. Il est venu pour une tournée d'inspection de routine "juste pour jeter un œil au camp". La 1ère mesure qu'il proposa fut de fermer le camp et de n'y accueillir plus de personnes. J'ai suggéré 2 mesures à Pohl pour faire face à la situation: 1. aucun autre transport à venir et 2. l'échange des Juifs dans le camp doit avoir lieu immédiatement. Le résultat fut qu'il dicta une lettre, de mon bureau, disant que l'échange de prisonniers juifs devait avoir lieu immédiatement. Cet échange a finalement eu lieu dans les derniers jours du mois de mars. Je ne sais contre qui ces prisonniers devaient être échangés, mais ils quittèrent Belsen pour se rendre à Theresienstadt. Entre 6000 et 7000 personnes ont été renvoyées pour être échangées (3 trains complets). Ces personnes constituaient la totalité des prisonniers juifs qui devaient être échangés. J'avais ordre d'expédier 3 envois à 3 jours différents. Chaque fois, j'ai désigné quelques gardes et 1 sous-officier responsable de chaque train - probablement un Scharführer, mais je ne m'en souviens pas. J'ai aussi fait remarquer à Pohl que je voulais plus de lits et plus de couvertures, et il a reconnu que dans cette affaire comme dans les autres, une aide immédiate était nécessaire. Le responsable de l'administration a souligné ses difficultés à obtenir de la nourriture, tandis que le médecin était satisfait de sa situation car il venait de recevoir un nouveau lot de fournitures médicales.
Des femmes gardiennes arrivaient avec des transports de femmes en provenance de l'Est. Toutes les femmes du camp étaient sous mes ordres - tout comme les hommes. 20 à 22 gardiennes se trouvaient encore à Belsen à l'arrivée des Alliés, ainsi qu'environ 26000 femmes prisonnières. À moins de recevoir les plaintes des prisonnières elles-mêmes, je n'avais aucun moyen de savoir quel traitement était infligé par les gardiennes, mais j'avais entièrement confiance en ces elles. Le seul reproche que je leur faisais, c'était qu'elles connaissaient un peu trop les prisonnières. J'avais la même confiance dans les gardes masculins. Ils étaient corrects à 100%, et je n’ai jamais reçu de plaintes de la part des prisonniers. En février ou mars, l'Oberaufseherin Volkenrath arriva et fut chargée de diriger les gardes féminines. J'avais entièrement confiance en elle.
Il y avait un crématoire dans le camp, et tant que de le charbon était disponible, tous les cadavres étaient incinérés. Lorsqu’il n’y en eu plus, ils furent enterrés dans des fosses communes.
Je n'ai jamais vu de responsable de la Croix-Rouge dans aucun des camps où je suis allé. Je ne peux pas dire pourquoi. Si un responsable de la Croix-Rouge avait appelé, j'aurais immédiatement contacté Berlin pour demander s'il était autorisé à entrer dans le camp. Personne ne pouvait entrer dans le camp sans une autorisation de Berlin.
Il n'y avait aucun ordre permanent de Berlin pour aucun des camps de concentration dans lesquels je suis allé concernant: 1. l'espace alloué aux prisonniers individuels, 2. l’assainissement ou 3. les conditions de travail. Cela était entièrement laissé à la discrétion du commandant. Je ne me souviens d'aucun ordre permanent ni instruction de Berlin, sauf en ce qui concerne les visiteurs du camp et les punitions. Pour tout le reste, le commandant avait une entière liberté de mouvement. Lorsque le camp de Belsen fut finalement liberé par les Alliés, j'étais très satisfait d'avoir fait tout ce que je pouvais, compte tenu des circonstances, pour remédier aux conditions qui régnaient dans le camp.


Déclarations additionnelles de Josef Kramer


     1. J'ai abandonné le commandement du Struthof-Natzweiler en mai 1944, et je l'ai remis au SS-Sturmbannführer Hartjenstein. À cette époque et pendant au moins 1 an auparavant, Buck (SS-Haupsturmführer Karl - ajouté par moi) commandait le camp de Schirmeck, mais il n'y avait aucun lien officiel entre Schirmeck et Struthof. Un officier de la gestapo m'était attaché pendant mon temps de service au Struthof. Il s'appelait Wochner et venait de la Gestapo de Stuttgart. Selon la répartition du district, le Struthof aurait dû, à mon avis, se trouver dans le secteur de la Gestapo de Strasbourg, mais je crois que de toute façon, la Gestapo de Strasbourg dépendait de Stuttgart.

     2. En référence aux ordres reçus de gazer certaines femmes et de les envoyer à l'Université de Strasbourg, tel que dit sous serment devant le commandant Jadin de l'armée française, je donne les précisions suivantes: les ordres que j'ai reçus étaient des ordres écrits signés du Reichsführer-SS Himmler. D'autant que je me souvienne, ils était dit qu'un transport spécial arriverait d'Auschwitz et que les personnes à bord de ce transport seraient tuées et leurs corps envoyés à Strasbourg au Pr Hirt (SS-Strurmbannfürer August - ajouté par moi). Il était dit en outre que je devrais communiquer avec le Pr Hirt pour savoir comment le meurtre devait avoir lieu. C'est ce que j'ai fait. Hirt m'a donné un récipient rempli de cristaux de gaz avec des instructions sur la façon de les utiliser. Il n'y avait pas de chambre à gaz ordinaire au Struthof, mais il m'a décrit comment on pouvait utiliser une pièce ordinaire.

     3. La première fois que j'ai vu une chambre à gaz proprement dite, c'était à Auschwitz. Elle était rattachée au crématoire. L'ensemble du bâtiment contenant le crématoire et la chambre à gaz était situé dans le camp n° 2 (Birkenau) que je commandais. J'ai visité le bâtiment lors de ma première inspection du camp. Pendant les 8 premiers jours il ne fonctionna pas. Après, un 1er transport dans lequel les victimes des chambres à gaz étaient sélectionnées arriva. En même temps je reçus un ordre écrit de Höss - qui commandait tout le camp d'Auschwitz, que bien que la chambre à gaz et le crématoire soient situés dans mon camp, je n'avais aucune juridiction là-dessus. En fait, les ordres concernant la chambre à gaz étaient toujours donnés par Höss, et je suis fermement convaincu qu'il recevait ses ordres de Berlin. Je crois que si j’avais été à la place de Höss et reçu de tels ordres, je les aurais exécutés. Si j’avais protesté, cela n’aurait comme seule conséquence que je sois arrêté. Je me demandais si une telle action était vraiment juste.

     4. En ce qui concerne les conditions à Belsen, je dis une fois de plus que j'ai fait tout mon possible pour y remédier. En ce qui concerne la nourriture, pendant les mois de mars et avril 1945, les prisonniers ont obtenu l'intégralité de leurs rations, et à mon avis, ces rations étaient parfaitement suffisantes pour les prisonniers en bonne santé. Mais à partir de la mi-février, des malades ont commencé à arriver et j'ai pensé qu'ils devraient avoir plus de nourriture. J'ai envoyé l'Unterscharführer Müller aux dépôts de nourriture de Celle et de Hanovre, mais on lui a dit qu'aucune autre nourriture ne pouvait être distribuée parce que nous recevions déjà ce qui nous était dû. En fait, j'ai acheté de la nourriture au magasin d'alimentation du camp de la Wehrmacht à Belsen.

     5. En ce qui concerne l'hébergement, lorsqu'on m'a ordonné d'accueillir 30000 personnes supplémentaires début avril alors que le camp était déjà surpeuplé, j'ai fait appel au lieutenant-général Beineburg de la Kommandatur du camp de la Wehrmacht à Belsen et c'est lui qui a fait en sorte que 15000 prisonniers soient hébergés dans les casernes de ce camp. Pour ce faire, il devait obtenir une autorisation spéciale par téléphone. Je n'ai jamais fait appel au Général pour obtenir de l'aide concernant la situation alimentaire ou toute autre difficulté, car je savais qu'il n'aurait pas pu m'aider. En outre, je ne pense pas que quiconque en Allemagne aurait pu modifier l'accès à la nourriture des prisonniers du camp, car je ne pense pas que la nourriture était disponible. Cela me surprend beaucoup d'apprendre qu'il y avait des stocks de nourriture importants et suffisants dans le camp de la Wehrmacht. Néanmoins, j'estime toujours qu'un appel au général aurait été inutile.

     6. On m'a dit que certains de mes collaborateurs SS étaient coupables de mauvais traitements et de brutalités envers les prisonniers. Je trouve cela très difficile à croire car je leur faisais entièrement confiance. Autant que je sache, ils n’ont jamais commis d’infractions contre les prisonniers. Je me considère comme responsable de leur comportement et je ne pense pas qu'aucun d'entre eux aurait enfreint mes ordres concernant les mauvais traitements ou la brutalité.

     7. Les troupes hongroises ont assuré la garde autour du périmètre de mon camp quelques jours avant l'arrivée des Britanniques. Je conviens qu'au cours de cette période, il y a eu plus de tirs que ce qui était habituel lorsque la Wehrmacht montait la garde. Je me souviens de l'incident du 15 avril 1945, en fin d'après-midi, lorsque je me suis rendu avec des officiers britanniques au champ de pommes de terre et que j'ai reçu l'ordre d'enlever le cadavre d'un prisonnier de ce champ. Je pense qu'il est injuste que cet homme ait été abattu et je n'ai aucun doute sur le fait que ce soit la Wehrmacht ou les Hongrois qui en sont responsables.

     8. Le champ de tir visible à l'angle nord-ouest de mon camp était utilisé assez régulièrement par la Wehrmacht deux ou trois jours par semaine.
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Message  PJ 17/2/2024, 07:19

Séance du lundi 8 octobre 1945
interrogé par le Major Thomas Winwood

Le Procès de Belsen Josef_13

Major Winwood: Quel est votre nom complet?
Josef Kramer: Joseph Kramer.
Q. Quand et où êtes-vous né?  
R. Le 10 novembre 1906, à Munich.
Q. Étiez-vous membre d’un parti politique?  
R. À l'exception du Parti national-socialiste, non.
Q. Quand avez-vous rejoint le Parti national-socialiste?
R. Le 1er décembre 1931.
Q. Êtes-vous marié?
R Oui. (épouse Rosina Kramer, marié le 16 octobre 1937 - ajouté par moi)
Q. Qu'avez-vous fait en 1932?
R. En 1932 j'étais sans travail et j'ai rejoint, je crois au mois de juin, les SS.
Q. Quel genre de travail faisiez-vous dans les SS lorsque vous êtes entré pour la première fois?
R. Les premières semaines, je n'ai assisté qu'à des défilés, je crois une fois par semaine. Puis après quatre ou cinq semaines, j'ai travaillé dans un bureau.
Q. Quand avez-vous commencé à participer au travail dans les camps de concentration?
R. À l'automne 1934.
Q. Quand avez-vous cessé de participer au service dans les camps de concentration?
R. J'ai travaillé sans interruption jusqu'en avril 1945.
Q. Où étiez-vous au début du mois de mai 1944?
R. En mai 1944, j'étais au camp de concentration de Natzweiler en Alsace et le 10 ou le 15 mai je suis arrivé à Auschwitz n°2 (Birkenau - ajouté par moi).
Q. Comment avez-vous reçu vos instructions pour aller de Natzweiller à Auschwitz?
R. C'est d'une autorité supérieure de Berlin que j'ai appris que je serais muté. Cette notification n'était cependant pas officielle. Je n’ai entendu cela que verbalement par un de mes camarades. Au début du mois de mai, l'Obergruppenführer Pohl m'a annoncé à Natzweiller que j'allais être transféré, et deux ou trois jours plus tard, j'ai reçu une notification écrite officielle de mon transfert.
Q. Avez-vous dit quelque chose à Pohl lorsqu'il vous a annoncé votre transfert à Auschwitz?
R. Oui. Je lui ai dit qu'après avoir été à Natzweiller pendant trois ans, je pensais que le camp était en ordre de marche, je connaissais toutes les sources pour m'approvisionner, et je n'avais pas très envie de quitter ce camp et certainement j'étais pas du tout envie d'aller à Auschwitz.
Q. Pourquoi ne souhaitiez-vous pas aller à Auschwitz?
R. En 1940, lors de la création d'Auschwitz, j'y étais depuis cinq mois et déjà à cette époque je n'aimais pas ça du tout. Il n'y avait pas d'ordre ni de propreté, et il y avait aussi l'élément polonais. En tout cas, je n'ai pas aimé ça du tout.
Q. Est-ce le télégramme original que vous avez reçu pour vous transférer à Auschwitz ?

(Remis) C'est une copie de l'original.

Q. Par qui est-il certifié?
R. Cela a été certifié par mon adjudant, le SS-Obersturmführer Gattengaek, qui était à l'époque mon adjudant au camp de Natzweiller.
Major Winwood: Je propose de lire une traduction et de remettre la traduction avec l'original allemand.

"Télégramme d'État reçu par le SS-Uscha Fischer le 6.5.1944 à 10 h 40. Berlin. 5.5.1


     Sur instructions du Chef de Service, le transfert suivant entre immédiatement en vigueur.

     1. Le SS-Obersturmbannführer Liebehenschel, commandant d'Auschwitz I est muté comme commandant du camp de Lublin (Majdanek - ajouté par moi) avec les camps de travail de Varsovie, Radom, Butzin et Blicyn. Son adjudant sera le SS-Sturmbannführer Walter de l'état-major de Lublin.
     2. Le SS-Sturmbannführer Hartjenstein (alors commandant d'Auschwitz II Birkenau - ajouté par moi) prend la relève en tant que commandant de Natzweiller, avec ses camps de travail et affiliés.
     3. L'ancien commandant du camp de Natzweiller, SS-Hauptsturmführer Kramer, est muté comme commandant d'Auschwitz II.
     4. Le SS-Obersturmbannführer Höss, tout en conservant son poste de chef du département D.1., poursuivra les nouvelles activités attendues (action hongroise mai-juillet 1944). A cet effet, il reste pendant trois semaines comme commandant d'Auschwitz. Pour cette période il est nommé commandant de la garnison.
     5. Le SS-Obersturmbannführer Weiss, commandant du camp de Lublin, est muté en tant que chef de département du bureau D.

     Siège du SS-W.V.H.A
     Chef du service du personnel
     SS-Oberführer Franzlau


     Bureau du commandant
     Natzweiller.
     9.5.44.
     SS-Obersturmführer, adjudant."


Q. Quand vous êtes arrivé à Auschwitz, qui était le commandant de l'ensemble des camps d'Auschwitz?
R. L'Obersturmbannführer Höss.
Q. De quoi était composé le camp d’Auschwitz?
R. Le camp d'Auschwitz comptait trois sous-divisions. C'était un camp très vaste et les sous-divisions étaient les camps numéros 1, 2 et 3.
Q. Quelle était votre position à Auschwitz?
R. J'étais le commandant du camp n°2, Auschwitz II.
Q. Est-ce que cela s'appelait aussi sous un autre nom?
R. Birkenau.
Q. Vous souvenez-vous d'avoir fait une longue déclaration qui a été lue au Tribunal l'autre jour, ainsi qu'une déclaration plus courte qui a été lue le lendemain ?
R. Oui.
Q.Je voudrais vous lire une phrase de la première déclaration : "J'ai entendu parler des allégations d'anciens prisonniers d'Auschwitz faisant référence à une chambre à gaz, aux exécutions massives et aux coups de fouet, à la cruauté des gardiens employés, et que tout cela a eu lieu soit en ma présence, soit à ma connaissance. Ce que je peux dire à tout cela, c'est que c'est faux du début à la fin."
Dans votre deuxième déclaration, vous avez déclaré au sujet de la chambre à gaz que vous en aviez connaissance, et en donnant des détails à ce sujet. Pouvez-vous expliquer à la Cour pourquoi, dans la première déclaration, vous avez dit que c'était faux et dans la deuxième déclaration, vous avez dit que c'était vrai?
R. La divergence entre ces deux déclarations a deux raisons. Dans la première  déclaration, on m'a dit que les prisonniers prétendaient que ces chambres à gaz étaient sous mon commandement. Mais la deuxième et principale raison était que l'Obergruppenführer Pohl qui m'a parlé, m'a demandé sur l'honneur de me taire et de ne parler à personne de l'existence de ces chambres à gaz. Lors de ma première déclaration, je me sentais encore lié à cette parole d'honneur que je lui avais donnée.
Q. Comment se fait-il que quatre mois plus tard, lorsque vous avez fait votre deuxième déclaration, vous ne vous sentiez pas lié par cette parole d'honneur? R. La première déclaration que j'ai faite a été faite à Diest en Belgique. A cette époque, je ne savais pas comment se déroulait la guerre. C'était toujours la guerre. La deuxième déclaration que j'ai faite en prison était à Celle. Puis la guerre fut finie et les personnes auxquelles je me sentais lié par l'honneur Adolf Hitler et le Reichsführer-SS Himmler n'existaient plus, n'étaient plus en vie. C'est la raison pour laquelle j'ai pensé que ma parole d'honneur que j'avais donnée n'était pas valable, ne me liait plus à ce moment-là.
Q. Le commandant Höss vous a-t-il parlé de la chambre à gaz?
R. Il n'a rien dit. J'ai reçu de lui un ordre écrit indiquant que je n'avais rien à voir avec les chambres à gaz ni avec les transports entrants. Que cela ne relevait pas de ma compétence et que je n'avais pas le droit de dire quoi que ce soit à ce sujet.
Q. Comment Höss a-t-il donné ses instructions sur les transports et sur les chambres à gaz?
Q. Je ne peux rien dire à ce sujet. Ces ordres venaient d'Auschwitz I et comme on m'a dit que je n'avais rien à voir avec cela, je ne peux donc donner aucune explication sur ces ordres.
Q. Y avait-il un département politique à Auschwitz?
R. Oui, à Auschwitz I.
Q. Qu'a fait ce département?
R. Le Département Politique, non seulement à Auschwitz, mais dans chaque camp, avait tout le système de fichiers des prisonniers. Il était responsable des documents personnels, et également responsable de tout type de transport ou d'arrivée des prisonniers.
Q. Le département politique d'Auschwitz avait-il une mission particulière?
R. Dans le crématoire, il y avait des SS et des prisonniers qui étaient emmenés. Ce groupe portait le nom de «commando spécial» - Sonderkommando - et était sous le commandement de l'Obersturmbannführer Höss, le Kommandant d'Auschwitz.
Q. Étiez-vous parfois présent aux arrivées des transports?
R. Oui, j'étais parfois présent car l'endroit où arrivaient généralement ces transports était au milieu de mon propre camp, entre le camp des femmes et le camp des hommes. Et si je voulais me rendre par exemple à une inspection, je devais passer par cet endroit particulier, et par conséquent, j'étais parfois présent lorsque les transports arrivaient.
Q. Qui était responsable du contrôle et du maintien de l’ordre à l’arrivée des transports?
Q. Selon l'importance du transport et le nombre de prisonniers qui arrivaient, il y avait là quelqu'un du département politique, qui était également responsable des sélections et qui envoyaient certains dans les camps de travail, et d'autres dans les chambres à gaz. Deuxièmement, du point de vue de la sécurité, il y avait toujours quelqu'un du personnel administratif, SS-Führer ou SS-Unterführer d'Auschwitz I, qui était présent. Les personnes qui participaient à la surveillance et étaient responsables de la sécurité étaient en partie d'Auschwitz I, et en partie de mon propre camp de Birkenau. Mais la sélection de ces personnes était supervisée par le Kommandant d'Auschwitz.
Q. Qui a réellement fait les sélections?
R. Les sélections étaient faites uniquement par les médecins. Si à l'arrivée d'un transport, aucun médecin n'était disponible, le transport devait attendre qu'un médecin arrive et fasse ces sélections.
Q. Que s'est-il passé lorsque les transports ont été divisés en inaptes et aptes au travail?
R. Ceux qui ont été sélectionnés pour les chambres à gaz se sont rendus dans les différents crématoires. Ceux qui étaient jugés aptes au travail entraient dans mon camp. Ils sont allés au bain, et on leur a ensuite distribué des sous-vêtements et des vêtements frais. Ceux qui étaient jugés aptes au travail sont venus dans deux parties différentes de mon camp, parce que l'idée était que très bientôt après quelques jours, ils devraient être transférés à nouveau dans différentes régions d'Allemagne pour y travailler.
Q. Avez-vous vous-même déjà participé activement aux sélections?
R. Non, je n'y ai jamais participé. Et non seulement moi, mais les autres membres SS de mon état-major n'y ont pas participé non plus. Car comme je l'ai déjà mentionné, le commandant d'Auschwitz I Höss, a donné des instructions directes selon lesquelles les chambres à gaz n'étaient pas de ma responsabilité. Par conséquent, ni moi ni aucun de mes collaborateurs n'avons pris part à aucune de ces sélections.
Q. De qui les médecins recevaient-ils leurs ordres?
R. Je ne peux pas le dire exactement parce que je n'ai jamais vu ces ordres. Mais je pense que le Dr Obersturmbannführer Wirtz (SS-Strurmbannührer Eduard Wirths, SS-Standorarzt 1942-1945- ajouté par moi), qui était le médecin-chef du camp, a dû donner ces ordres aux autres.
Q. Où vivaient les médecins et où se trouvait le siège du personnel médical?
R. Les médecins vivaient tous ensemble à Auschwitz I. Le quartier général se trouvait également à Auschwitz I.
Q. Différents témoins ont affirmé que vous aviez personnellement choisi les personnes pour la chambre à gaz, est-ce vrai ou pas?
R. Non.
Q. Il a également été suggéré que vous aviez utilisé la violence pour charger les gens dans les camions pour les emmener à la chambre à gaz, est-ce vrai ou pas ?
R. Non.
Q. Quel était le but de la chambre à gaz?
R. Je ne peux rien dire là-dessus, je ne sais pas. Le seul qui pourrait en dire quelque chose serait l'Obersturmbannführer Höss. Mais moi-même, je ne lui en ai jamais parlé.
Q. Qu’avez-vous personnellement pensé de toute cette affaire de chambres à gaz?
R. J'ai pensé et je me suis demandé "est-ce vraiment vrai ces personnes qui vont aux chambres à gaz? Et si celui qui a signé pour la première fois ces ordres pourra en répondre". Je ne savais pas.
Q. Combien de temps Höss est-il resté commandant d’Auschwitz I?
R. Du mois de mai à fin août (1944 - ajouté par moi), il fut Kommandant d'Auschwitz I. Puis il se rendit à Berlin les mois de septembre et octobre pendant que je restais encore à Birkenau. Il revenait parfois à Auschwitz (dans le cadre de tournées d'inspection en tant que chef du bureau DII du WVHA - ajouté par moi).
Q. Qui a pris sa place de commandant?
R. C'est Baer (Richard - ajouté par moi), qui fut plus tard promu au grade de Sturmbannführer.
Q. Baer était-il commandant d'Auschwitz le 7 octobre 1944?
R. Oui, et en même temps, étant Kommandant du camp n°1, il était responsable des trois camps. (standortältester Auschwitz I, II, III - ajouté par moi)
Q. Que s'est-il passé le 7 octobre?
R. Le 7 octobre, il y a eu une sorte de révolte, une révolution. et les gens (sonderkommando - ajouté par moi) ont tenté de s'enfuir, et ont également tiré à proximité des crématoires No. I et III.
Q. Où étiez-vous lorsque vous avez entendu parler pour la première fois de cette révolte?
R. J'étais dans mon jardin. C'était après le déjeuner. J'étais à la maison. C'était un samedi.
Q. Pouvez-vous nous raconter ce qui s’est passé lorsque vous avez entendu parler pour la première fois de cette révolte ? Qu'avez-vous fait?
R. Comme je l'ai déjà mentionné, j'étais assis dans mon jardin. Soudain, mon chauffeur est arrivé avec ma voiture et il m'a dit "avez-vous entendu que le crématoire III est en flammes?" J'ai dit "oh, je ne peux pas croire ça." Je ne pouvais pas imaginer que ce soit vrai. Mais ensuite j'ai appris que d'Auschwitz I, toutes les troupes disponibles à ce moment-là étaient chargées dans des camions et conduites à Birkenau. Et qu'en dehors de cela, les pompiers d'Auschwitz I étaient également en route. Quand je suis arrivé près du crématoire III, j'ai vu qu'il était déjà incendié au moment de mon arrivée, et parmi les dirigeants, j'y ai trouvé le Hauptsturmführer Baer (Sturmbannführer à ce moment-là - ajouté par moi), et l'Obersturmführer Hössler (Franz - ajouté par moi). Puis, quand j'ai quitté ma voiture, Baer m'a parlé. Je ne me souviens pas exactement de ses paroles mais voici ce qu'il a dit "Maintenant Kramer vous voyez, le crématoire est incendié, et il y a une grande mutinerie en cours". Et Les prisonniers pensaient que pendant le bouleversement provoqué par cet incendie, ils réussiraient à sortir. Mais autant que je sache jusqu'à présent, personne n'en n'est sorti, et les meneurs de cette mutinerie ont tous été abattus.
Q. Savez-vous qui a donné l'ordre de les fusiller?
R.Non, je ne peux pas le dire. Quand je suis arrivé, les prisonniers gisaient déjà par terre.
Q. Y avait-il quelqu’un d’autre à Auschwitz qui portait le même nom que vous?
R. A cette époque non, mais au mois de mai il y avait aussi un Kramer ayant le grade de Hauptsturmführer.
Q. D'autres sélections ont-elles eu lieu dans le camp?
R. Pas dans ma section du camp, mais dans les sections où étaient hébergés les Juifs arrivés par transports. Dans ces sections, d'autres sélections ont eu lieu. Je dois ajouter que ces Juifs se trouvaient également dans certaines parties de mon camp, mais ils étaient sous le commandement d'Auschwitz n°1.
Q. Avez-vous vous-même déjà assisté à ces sélections au camp?
R. Oui, plusieurs fois lorsque, disons, j'étais en tournée d'inspection. Ensuite, je suis resté là cinq minutes ou une demi-heure. J'étais là.
Q. Qui effectuait ces sélections?
R. Les sélections ont également été effectuées par le médecin, principalement le Dr Mengele (Josef - ajouté par moi).
Q. Avez-vous vous-même déjà participé activement à ces sélections ?
R. Non.
Q. Y a-t-il eu d'autres sélections que les transports et les Juifs dont vous avez parlé ?
R. Non.
Q. Il a été affirmé que des sélections avaient eu lieu dans les hôpitaux. Savez-vous quelque chose à ce sujet?
R. Oui. Cela se passait dans les hôpitaux qui accompagnaient les Juifs dont je parlais, et qui, bien que faisant partie de ma partie du camp, appartenaient en réalité à Auschwitz n°1. J'étais une partie à part dans mon propre camp.
Q. Comment était connue cette partie particulière de votre camp? la partie où les Juifs étaient détenus?
R. C'était B.2.C, pour abrégé camp C, et B.2. E hébergeait les hommes, mais le nom général était celui des transports juifs.
Q. Êtes-vous vous-même allé dans cet hôpital de temps en temps?
R. Non.
Q. Pourquoi n'êtes-vous pas allé à l'hôpital?
R. Parce que l'hôpital relevait uniquement de la responsabilité du médecin. Je n’avais absolument pas mon mot à dire.
Q. Pouvez-vous dire à la Cour de quoi Auschwitz I était responsable en ce qui concerne votre camp?
R. Comme je l'ai déjà dit, Auschwitz était subdivisé en I, II et III. Mais tout ce qui concernait le logement, le ravitaillement, le transport et le travail de toute l'administration, dépendait d'Auschwitz I. En réalité, mes services n'étaient pas ceux d'un commandant de camp mais plutôt d'un Lagerführer (chef de camp, subordonné au commandant - ajouté par moi). Chaque fois que j'avais besoin de quelque chose, je ne pouvais pas donner d'ordres, par exemple au département politique de mon camp, mais je devais m'adresser à Auschwitz I. J'ai également reçu des ordres d'Auschwitz I concernant le transfert des personnes aptes au travail pour allers travailler dans différentes régions d'Allemagne.
Q. Il a été affirmé que certaines expériences de stérilisation et d'injections auraient été menées à Auschwitz. Savez-vous quelque chose à ce sujet?
R. Pas à Birkenau. Si quelque chose de similaire aurait dû être fait, alors peut-être à Auschwitz I (block 10 - ajouté par moi).
Q. Je voudrais vous poser quelques questions sur certaines caractéristiques de la vie dans les camps de concentration. Comment saviez-vous combien d’internés vous aviez dans le camp?
R. Par les appels nominaux.
Q. Pouvez-vous dire à la Cour quelle forme ont pris ces appels nominaux?
R. Ces appels nominaux avaient lieu soit devant chaque bloc, soit dans un endroit approprié et suffisamment adapté à cet effet. Le décompte était effectué par chaque Blockführer (SS responsables des blocks - ajouté par moi), ou dans l'enceinte des femmes par l'Aufseherin (gardienne SS - ajouté par moi). Ensuite, ces Blockführers ou Aufseherinen rapportaient leurs décomptes au Rapportführer qui était en charge de cette procédure, ou à la Rapportführerin s'il s'agissait de femmes. Les chiffres étaient comparés et s'ils concordaient, l'appel était terminé. Les internés se rassemblaient par rangées de cinq devant leurs blocs. L'appel à Birkenau dans les deux complexes, celui des hommes et celui des femmes, bien que comprenant de 10 000 à 15 000 prisonniers, ne durait plus d'une demi-heure au maximum.
Q. Avez-vous vous-même souvent assisté aux appels ?
R. J'étais au camp tous les jours jusqu'à la fin de l'appel.
Q. Les Blockführers, à votre connaissance, ont-ils eu des difficultés lors des appels?
R. Pas dans les complexes où se trouvaient les prisonniers qui travaillaient, mais dans le camp C où se trouvaient les transports de Juifs, oui.
Q. Quelles étaient ces difficultés?
R. J'ai moi-même assisté une fois à un appel dans ce camp C,j'ai dit seulement "en rangs par cinq", et je comptais et comptais pour une heure entière. Mais quand j'en ai compté 300 ou 400, ceux qui avaient été comptés ont déjà commencé à venir devant pour voir ce qui se passait. Alors j'ai dit aux Blockältesten (prisonniers responsables des blocks - ajouté par moi) et à travers eux aux prisonniers "je continuerais à compter, et ce jusqu'à ce que j'aie fini le décompte. Pendant ce temps, la nourriture ne sera pas distribuée." Après cela, les prisonniers se rangèrent par cinq et le décompte complet fut terminé en 20 ou 25 minutes. S'il a été allégué que l'appel nominal prenait parfois deux ou trois heures, ce n'était pas notre faute, ni la faute de ceux qui comptaient. C'était le comportement des prisonniers.
Q. Je pense que vous avez dit que vous-même aviez dirigé cet appel une seule fois?
R. Oui, une fois.
Q. Et les Blockführers devaient le faire tous les jours?
R. Oui. Il est possible qu'étant donné que j'étais resté à ce moment-là en tant que commandant, j'ai terminé cet appel plus rapidement que l'Aufseherin ou le Blockführer.
Q. En tant que commandant, faisiez-vous des remontrances aux Blockführers s'ils se mettaient parfois en colère?
R. Oui. Parce qu'ils devaient être assez calmes et décents envers les prisonniers. Calmes et décents dans leur comportement. Mais que par contre, après avoir averti plusieurs fois les internés sans résultat, alors je comprendrais qu’ils perdent patience.
Q. Vous avez mentionné que les Juifs étaient directement sous le commandement d’Auschwitz I?
R. Oui. Je m'occupais seulement de leurs hébergement et de leur nourriture.
Q. Vous avez mentionné les "arbeitskommandos" (commandos de travail - ajouté par moi). À quelle heure allaient'ils au travail?
R. Cela dépendait de la saison, et cela dépendait aussi du travail. En été par exemple, ils sortaient généralement à 6 heures, 6 heures 30 ou 7 heures du matin, et ils rentraient au camp à 17 heures, parfois à 18 heures.

.../...


Dernière édition par PJ le 17/2/2024, 07:39, édité 5 fois
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Message  PJ 17/2/2024, 07:31

.../...

Q. L'arbeitskommando devait-il se présenter à l'appel avant de sortir?
R. À Auschwitz oui, pas à Belsen.
Q. À quelle heure était laAppel à Auschwitz?
R. Le matin vers 5 ou 5 heures moins le quart, et plus tard en automne.
Q. Les SS hommes et femmes étaient-ils autorisés par le commandant à porter des armes?
R. A Auschwitz, les SS avaient leurs revolvers ou leurs fusils, et les Aufseherinnen, probablement de par mon prédécesseur ou de l'Obersturmbannführer Höss, avaient l'autorisation de porter des revolvers.
Q. Étaient-ils autorisés à porter un autre type d’arme en plus d’une arme à feu?
R. Non.
Q. Avez-vous déjà vu un SS ou une gardienne SS porter autre chose qu’un pistolet ou un fusil à Auschwitz?
R. Oui. J'ai vu un jour, à l'arrivée d'un convoi, que certains SS portaient des cannes. Je l'ai vu pendant un jour ou deux, mais ensuite j'ai eu peur que ces SS n'utilisent ces cannes pour infliger des châtiments corporels aux prisonniers, et j'ai donné l'ordre de retirer ces cannes.
Q. Ces SS qui portaient des bâtons, venaient-ils de Birkenau ou d'Auschwitz I?
R. Autant que je me souvienne, c'étaient des SS de Birkenau.
Q. Si d’autres SS portaient des bâtons ou d’autres armes non autorisées, l’ont-ils fait contre vos ordres?
R. Oui.
Q. Vous venez de parler des châtiments corporels. Était-ce autorisé à Auschwitz?
R. Cela a été autorisé par l'autorité supérieure d'Oranienburg (IKL "Inspektion der Konzentrationslager", Inspectorat des Camps de Concentration, devenu par la suite département D du WVHA - ajouté par moi) , qui était consultée au cas par cas. Lorsque cette autorité donnait la permission, le châtiment était alors permis.
Q. Est-ce que cela s'est fait par l'intermédiaire du commandant de Birkenau, ou par l'intermédiaire du commandant en chef d'Auschwitz? (SS-Stubaf Richard Baer. Höss prit le commandement du complexe d'Auschwitz pour 3 mois de mai à juillet 1944 durant l'action hongroise - ajouté par moi)
R. Cela devrait être fait par chaque commandant. J'ai moi-même écrit à Oranienburg dans de tels cas.
Q. Dans combien de cas au cours de votre séjour à Birkenau avez-vous obtenu l’autorisation d’Oranienburg pour appliquer des châtiments corporels?
R. Je ne peux pas le dire exactement. Peut-être de 35 à 40 cas.
Q. Comment ces châtiments corporels étaient-ils appliqués?
R. Le prisonnier devait se pencher sur une table et la punition était administrée par d'autres prisonniers.
Q. Qui était présent lors du passage à tabac?
R. Le Lagerführer et un médecin devaient être présents.
Q. Nous avons beaucoup entendu parler des chiens à Auschwitz. Y avait-il des chiens là-bas?
R. Oui, à Birkenau.
Q. Qui avait l’usage des chiens?
R. Il y avait une compagnie de garde spéciale qui était responsable de ces chiens.
Q. Les chiens avaient-ils quelque chose à voir avec le personnel administratif de Birkenau?
R. Non, seulement avec le personnel de garde, et ils étaient répartis dans différentes équipes de travail pour les travaux agricoles.
Q. Pouvez-vous nous donner le nom du commandant des troupes de garde à Birkenau?
R. C'était le SS-Obersturmführer Meyer.
Q. Vous souvenez-vous du témoin Glinowieski?
R. Oui.
Q. Vous souvenez-vous qu'il ait dit que vous l'aviez attrapé et que vous lui aviez donné 25 coups?
R. Oui.
Q. Est-ce vrai?
R. Il se peut seulement que, pour une chose ou autre, il ait reçu 25 coups autorisés par l'autorité supérieure d'Oranienburg. Je me souviens que le témoin Glinowieski a dit que cela s'était passé à l'automne 1943, mais je n'étais pas à Birkenau à ce moment-là. Donc il a dû se tromper, et a dû prendre quelqu'un d'autre pour moi.
Q. Avez-vous vous-même déjà donné 25 coups à Glinowieski alors que vous étiez à Auschwitz?
R. Non.
Q. Dans l'une des déclarations sous serment qui a été lu l'autre jour (transcription 16, page 28), vous avez été accusé d'avoir tiré sur des personnes avec une mitraillette et d'avoir lancé des chiens sur elles. Est-ce vrai?
R. Non.
Q. Quel personnel à Birkenau ou à Auschwitz était armé de mitraillettes?
R. Seulement la compagnie de gardes. Ils étaient en possession de mitraillettes.
Q. Y a-t-il autre chose que vous aimeriez dire à la Cour à propos d’Auschwitz?
R. Pour le moment, je ne le ferais pas, non.
Q. Voulez-vous maintenant tourner votre attention vers Belsen. Comment avez-vous reçu vos instructions pour vous rendre d’Auschwitz à Belsen?
R. Autant que je me souvienne, il s'agissait d'un télégramme provenant d'Oranienburg et destiné à Auschwitz I.
Q. Qu'avez-vous fait lorsque vous avez reçu le télégramme?
R. J'ai passé le relais au Sturmbannführer Bayer lors de mon départ.
Q. Quand vous avez passé le relais, qu'avez-vous fait?
R. Le télégramme disait que je devais me rendre à Bergen-Belsen et que, pendant mon voyage, je devais me présenter à l'autorité supérieure, Glücks (SS-Gruppenführer Richard Glüks, chef du département D du WVHA - ajouté par moi), qui se trouvait à Oranienburg.
Q. Avez-vous vu Glücks?
R. Oui.
Q. Qu'est-ce qu'il vous a dit?
R. Il m'a parlé et m'a dit " Kramer, voua allez à Bergen-Belsen. C'est un camp pour malades et il contiendra tous les prisonniers malades du nord de l'Allemagne, ainsi que tous les prisonniers malades des camps de travail dans la partie nord-ouest de l'Allemagne. Vous y aurez environ 17000 à 18000 prisonniers. Il a poursuivi en disant que tous les malades de ces régions – du nord et du nord-ouest de l'Allemagne – finiraient par venir dans mon camp. Je lui ai alors demandé "eh bien, comment cela va-t-il se passer? De quel type de transport s'agit-il?". Il m'a répondu "je ne peux pas répondre à cette question pour le moment, mais l'idée est que tous ceux qui, pendant une période supérieure à 14 jours, restent dans les C.R.S. (?) et perturbent ainsi le travail normal d'un camp, devraient être rassemblés et concentrés dans votre camp." Alors j'ai demandé "qu'arrivera-t-il aux prisonniers qui vont bien à nouveau?" et il a répondu "soit vous les renvoyez dans les camps d'où ils sont venus, soit vous constituerez une nouvelle série de groupes de travail, et vous recevrez des ordres d'Oranienburg pour savoir où les envoyer". Ensuite, j'ai voulu avoir quelques détails supplémentaires sur le camp de Bergen-Belsen, mais il m'a répondu "Kramer, je ne peux pas vous en dire grand-chose maintenant. Allez simplement au camp et voyez par vous-même".
Q. Avez-vous parlé à quelqu'un d'autre à Oranienburg?
R. Non, je n'ai parlé à personne. J'ai parlé avec trois de mes camarades, mais c'étaient des amis. J'ai oublié de dire plus tôt que Glücks m'a également dit lors de cet entretien "Kramer, vous trouverez une partie du camp avec des Juifs. Ces Juifs sont ce qu'on appelle les Juifs d'échange. Ils seront à terme renvoyés et échangés. Mais quand cela arrivera-t-il? Je ne sais pas".
Q. Êtes-vous ensuite allé à Belsen?
R. Oui, le 1er décembre 1944.
Q. Qu'avez-vous trouvé là-bas?
R. J'y ai trouvé environ 15000 prisonniers. Je dois dire que c'était plutôt bondé car les logements étaient très limités. J'ai trouvé quelques tentes - une ou deux - mais je sais que mon prédécesseur a dû monter des tentes non à cause de ce surpeuplement, mais à cause d'une tempête, ces tentes à mon arrivée étaient déjà détruites. Donc, tous les occupants de ces tentes devaient être également placés dans les casernes qui s'y trouvaient.
Q. Est-ce que c'est le certificat de remise signé par votre prédécesseur?
R. Oui, c'est une copie de l'original, mais elle a été dactylographiée en même temps.
Q. Est-il signé par vous et votre prédécesseur ?
R. Oui.
Q. Il est écrit: "Bergen-Belsen, 2 décembre 1944. Remise du certificat. Après le transfert de l'ancien commandant du camp Haas (SS-Hauptsturmführer Adolf  - ajouté par moi) et la nomination de Kramer comme commandant du camp de transit de Bergen-Belsen, tous les magasins et le camp complet avec 15257 prisonniers ainsi que les papiers complets et les documents secrets furent remis le 2 décembre 1944. Document signé par Haas et Kramer." Pouvez-vous dire à la Cour combien de ces 15257 prisonniers n’étaient pas des Juifs d’échange?
R. Environ la moitié d'entre eux. 7000 ou  7500 étaient des Juifs dits d’échange.
Q. De quel type d’interné était composé l’autre moitié?
R. C'étaient des prisonniers normaux des camps de concentration. Comme je n'avais pas de documents particuliers à leur sujet, je ne peux pas répondre à cette question. Mais je sais qu'il y avait environ 1500 à 2000 hommes et environ 4000 ou 4500 femmes.
Q. Pourriez-vous décrire les conditions dans le camp lorsque vous l’avez vu pour la première fois?
R. Le camp lui-même était divisé en tellement de secteurs que je n'arrivais vraiment pas à m'y retrouver. Par exemple, Birkenau qui était beaucoup plus grand était à mon avis beaucoup plus facile à parcourir que ce camp plus petit. Cette sous-division a été créée en grande partie grâce à ces Juifs d’échange qui ont été subdivisés en plusieurs parties. Ils n’avaient pas le droit de se voir ni de se parler. C’est pourquoi il y avait tant de divisions dans le grand camp. Ces Juifs d’échange vivaient ensemble en familles. Hommes, femmes et enfants. Les autres détenus du camp de concentration proprement dit étaient des hommes, malades à 90% ainsi que des femmes vivant dans un surpeuplement dû à cette catastrophe des tentes.
Q. Qu’est-il finalement arrivé à ces Juifs d’échange?
R. Dans les premiers jours de décembre et quelques jours après mon arrivée, un fonctionnaire de Berlin - son grade était Regierungsrat (conseiller gouvernemental - ajouté par moi), mais je ne me souviens plus de son nom - est descendu et a trié la majorité de ces Juifs, environ 1300 ou 1400 gens. Ils furent par la suite au mois de décembre, renvoyés en Suisse. La deuxième partie fut sélectionnée de la même manière, et au mois de janvier (1945), environ 400 à 500 personnes partirent aussi pour la Suisse. Je dois ajouter que ces gens n'étaient pas sous mon autorité. Ils dépendaient directement du commandement de la sécurité du Reich.
Q. Qu’est-ce que le Commandement de la sécurité du Reich?
R. L'ancien titre était Gestapo – Police Secrète d'État.
Q. Qu’est-il arrivé au reste de ces Juifs d’échange?
R. Le reste, auquel s'est ajouté un nouveau transport venant de Hongrie, a quitté le camp le 31 mars ou le 1er avril (1945) à destination de Theresienstadt. Ils sont partis en trois transports.
Q. Concernant la nourriture dans le camp pendant tout votre séjour, quelle était la situation à votre arrivée le 1er décembre?
R. Quand je suis arrivé, j'ai trouvé que la situation alimentaire était plutôt bonne, car il n'y avait là que 15 000 prisonniers environ. Cependant plus tard avec l'arrivée de nouveaux transports, la situation alimentaire et le système d'approvisionnement se sont aggravés.
Q. D'où venait la nourriture?
R. Elle venait de Celle et de Hanovre. Pour cela, j'ai dû en partie assurer mon propre transport. En janvier, février et mars, les pommes de terre que nous avions de l'hiver précédent ont été envoyées dans les différentes cuisines. Puis j'ai également reçu de la nourriture d'une entreprise de Hambourg qui avait une petite succursale à Bergen même. Au début, j'achetais toute la quantité de pain fournie à la Truppenübungsplatz (zone d'entraînement militaire - ajouté par moi) à Bergen même. Plus tard, les autorités de cette Truppenübungsplatz m'ont dit que je ne pouvais avoir que 10 000 pains. miches de pain par semaine.
Q. La situation en matière d’alimentation s’est-elle aggravée ou améliorée?
R. Elle a empirée.
Q. Dans quelle mesure la situation a-t-elle empiré?
R. C'est devenu pire parce que les nouveaux transports augmentaient constamment le nombre de détenus. Pendant les mois d'hiver, de janvier à  mars, il était difficilement de se procurer des pommes de terre ou des légumes, et les paysans hésitaient à ouvrir leurs réserves. Concernant la situation du pain, j'ai acheté mon pain à Celle, puis plus tard à Hanovre, et à Hanovre j'aurais pu avoir n'importe quelle quantité de pain, mais les raids aériens ont commencé. Ces raids détruisirent en partie les boulangeries de Hanovre et en partie les routes et le réseau ferroviaire. Lorsque le réseau ferroviaire ne fonctionnait pas, j'envoyais moi-même mon véhicule chercher du pain. Pendant des semaines et des semaines, c'était toujours la même chose: soit les boulangeries étaient détruites et le système ferroviaire allait bien, soit le système ferroviaire était détruit et les boulangeries allaient bien. Lorsque les raids aériens ont commencé, c’était la première fois que le pain n’arrivait pas au camp. Ensuite, j'ai contacté une boulangerie à Soltau et je recevais quelques milliers de miches par semaine. Mais avec un nombre croissant de prisonniers, ces réserves de pain n'étaient certainement pas suffisantes. Il faut comprendre que Bergen-Belsen est située loin de toute grande ville, car Celle et Soltau ne sont pas de grandes villes dans le sens où elles pourraient accueillir un camp aussi énorme de 30000 à 40000 prisonniers. J'ai donc dû essayer m'approvisionner à Hanovre, et lorsque le système ferroviaire ne fonctionnait pas, j'envoyais tout mon transport - cinq véhicules - et mes chauffeurs travaillaient jour et nuit. De janvier à mars, à cause du climat froid, ces approvisionnements étaient encore plus difficiles à obtenir, et on répétait à mon personnel administratif qu'il fallait d'abord approvisionner les villes. Finalement j'ai perdu patience et je leur ai dit, par l'intermédiaire de mon responsable administratif, Vogler, que si je n'obtenais pas bientôt de pommes de terre ou de légumes, je les tiendrais pour responsables de toute sorte de catastrophe qui pourrait survenir. Le 20 janvier, on m'a remis une forme de camp de prisonniers de guerre. Ce camp est d'ailleurs devenu plus tard le camp des femmes. J'ai récupéré toutes les provisions qui étaient là pour l'hiver, et les choses que j'y ai trouvées m'ont aidé un peu à traverser cette période très difficile.
Q. Quelle était la situation alimentaire fin mars et début avril?
R. Les rations qui m'ont été fournies auraient été tout à fait suffisantes pour des personnes en bonne santé pendant quelques semaines. Cependant, comme les transports n'amenaient dans mon camp que des malades et des affamés. Je le répète, pour les malades qui entraient dans mon camp, ces rations n'étaient pas suffisantes, et je n'avais reçu ces rations que pour les malades.
Q. Le major Berney, qui fut l'un des premiers témoins, a parlé à la Cour d'un grand magasin d'alimentation dans la caserne de la Wehrmacht, à un ou deux kilomètres de là.
R. Oui. Ces fournitures et ces réserves étaient en réalité destinées à la Wehrmacht. Mon système d’approvisionnement dépendait d’une affaire entièrement civile. Je ne pouvais demander aucune réserve à la Wehrmacht, et la Wehrmacht n'était pas autorisée à m'en accorder. Dans ces rapports, ils parlaient de viande. Eh bien, je recevais de la viande deux fois par semaine de Celle. Je n’avais aucune raison d’en faire la demande auprès de la Wehrmacht.
Q. Pensez-vous qu'en ces derniers jours de mars et début avril, si vous étiez allé dans les magasins de la Wehrmacht, et demandiez de la nourriture, vous l'auriez obtenue ?
R. Non.
Q. Comment étaient nourris les internés qui entraient dans ce que nous appelons le camp n°2?
R. Ceux du camp n°2 y sont arrivés la dernière semaine avant l'arrivée des Britanniques. Je n'avais pour ces prisonniers rien du tout, à part deux wagons de pommes de terre et six ou huit wagons de navets. Ensuite, le colonel Harrott, commandant de la place, donna l'ordre que ces prisonniers soient nourris avec les approvisionnements de la Wehrmacht. Le motif de la décision du colonel Harrott aurait pu être que ces prisonniers se trouvaient dans le camp n°2 et qu'ils n'étaient pas derrière des barbelés mais se déplaçaient assez librement. Il craignait que s'ils n'obtenaient rien à manger pendant quelques jours, ils pourraient mourir.
Q. Quelle était la situation concernant l’eau dans le camp?
R. Nous nous approvisionnions en eau grâce à des pompes de la Truppenübungsplatz. Au mois de mars cependant, j'ai réfléchi à ce qui se passerait en cas de raids aériens. Le système d'approvisionnement en eau serait détruit. J'ai donc donné l'ordre que les immenses bassins en ciment qui étaient là en cas d'incendie, soient pompés, nettoyés et remplis à nouveau d'eau potable en cas d'urgence. Le moment que je craignais est effectivement arrivé durant les dernières semaines. Nous utilisions l’eau des bassins en béton pour cuisiner mais l'eau pour la lessive n’était pas disponible.
Q. Quand vous dites que cette réserve d’eau s’était arrêtée, dites-vous au cours des dernières semaines ou la dernière semaine?
R. La dernière semaine.
Q. Quelle était la situation en matière d’assainissement dans le camp lorsque vous avez pris la relève?
R. Il y avait un médecin dans le camp, le Sturmbannführer Dr Schnabel. Entre le 20 et le 25 janvier, le Standartenführer Dr Lolling, médecin en chef des camps de concentration (Enno Lolling - ajouté par moi), est venu pour une inspection. Glücks lui avait demandé de venir voir combien de prisonniers pourraient être hébergés dans le camp après la prise en charge du camp des prisonniers de guerre. A cette occasion, je lui ai dit "si d'autres malades arrivent, je veux d'autres médecins." Le Dr Lolling m'a dit qu'il n'avait pas de médecins disponibles pour le moment, mais que dans quelques semaines, il choisirait le Dr Horstmann comme deuxième médecin. Le Dr Horstmann est arrivé à Belsen, je crois, au début du mois de mars. Le Dr Klein (SS-Obersturmführer Fritz - ajouté par moi) était au camp depuis quelques jours pour remplacer le Dr Schnabel qui était malade, et au cours du mois de mars, il est revenu quelques jours pour succéder au Dr Schnabel, qui n'était pas malade.
Q. Revenons sur la question de l’assainissement. Quelles mesures avez-vous prises face à l’afflux massif d’internés dans le camp?
R. Il y avait des toilettes dans l'enceinte des hommes, et quand nous avons repris l'ancien camp de prisonniers de guerre qui allait devenir le camp des femmes, nous avons trouvé trois ou quatre latrines. Mais il n’y en avait pas assez. Il y avait trois ou quatre places de latrines dans chaque secteur. Comme les prisonniers étaient déjà arrivés, il fallait faire quelque chose en toute hâte, j'ai donc ordonné qu'on creuse des fossés et qu'il y en ait un pour deux secteurs. J'ai donné les ordres et autant que je sache, ils ont été exécutés. Je tiens à souligner que les gens que j'avais dans mon camp d'hommes étaient tous des malades. Ils ne pouvaient pas travailler. Donc pour creuser ces tranchées, j'ai dû compter sur les prisonnières féminines, et peut-être qu'elles n'ont pas travaillé aussi vite que les hommes.
Q. Outre le fait que ces internés étaient malades, avez-vous autre chose à nous dire sur leur type, leur comportement, etc...?
R. Parmi les transports arrivés en février et mars, environ un tiers des personnes étaient déjà mortes. Les autres personnes, près de 80% d'entre elles, ont dû être récupérées en camion à la gare, et j'ai dû envoyer mes propres prisonniers du camp pour les mettre dans les camions. Cela peut donner une idée de l'apparence générale et de l'état de santé des prisonniers arrivés au cours de ces deux mois. En fait, c'était comme ça: mes cinq camions devaient chaque jour chercher de la nourriture, du pain et des matériaux de construction, et quand ils revenaient l'après-midi ou la nuit, ils devaient se rendre à la gare pour récupérer les nouveaux arrivants. Le Standartenführer Dr. Lolling, lors de sa visite en janvier, a clairement indiqué que Belsen ne pouvait accueillir que 30000 prisonniers.
Q. Juste une dernière question concernant les transports. Combien de temps avez-vous reçu de l'arrivée prévue d'un transport?
R. Des grands camps de concentration comme Sachsenhausen ou Buchenwald, j'ai reçu des télégrammes un ou deux jours avant l'arrivée des prisonniers. En ce qui concerne les autres transports, la seule notification que j'ai reçue a été lorsque quelqu'un à la gare de Belsen m'a téléphoné et m'a dit : « Vous pouvez vous attendre à un transport pour votre camp dans environ une demi-heure. Ce n'est qu'à la gare de Belsen que j'ai appris d'où venait le transport, combien de personnes il y avait, s'il s'agissait d'hommes ou de femmes. Les transports arrivaient surtout d'Allemagne de l'Est, de Haute-Silésie - par exemple d'Auschwitz - et ces prisonniers effectuaient la première partie de leur voyage avec de la nourriture ; ensuite, ils avaient la possibilité de voyager soit par chemin de fer, soit par camion. Il est arrivé que le chef d'un transport à la gare de Belsen n'était même pas en mesure de me dire combien de personnes se composait de ce transport. Je lui ai dit "eh bien, vous devriez savoir combien de personnes il y a", et ensuite il a dit "eh bien, nous fuyions et tout d'un coup nous avons trouvé la gare il y avait 10, 12 ou 15 camions. Nous avons fait venir autant de personnes que possible et nous avons commencé le voyage et c'est comme ça que nous sommes arrivés ici." Quand j'ai dit "vous devriez pouvoir me dire la force du transport, car vous deviez les nourrir", on m'a répondu "eh bien, pendant le voyage, il n'y avait pas de nourriture du tout parce que nous n'avions pas le temps de nous en occuper." Je voulais seulement vous donner cet exemple pour que vous sachiez quelles étaient les conditions pendant les mois de janvier, février et mars.
Q. Les internés sont-ils arrivés au camp à pied?
R. Oui, des prisonniers sont arrivés - surtout les dernières semaines - à pied ou en camion. Même d'Auschwitz arrivaient des transports qui avaient fait la plus grande partie du voyage à pied, et c'est seulement durant la dernière partie, la plus petite, qu'ils avaient la possibilité de prendre le chemin de fer.
Q. Qu’ont apporté les internés?
R. La plupart des transports sont arrivés seulement avec les vêtements qu'ils portaient. Je sais que les gens qui sont partis d'Auschwitz sont repartis avec un autre vêtement et deux couvertures, mais vous pouvez comprendre que si ces gens devaient marcher toute la journée, ils ont tout jeté tous leurs bagages.
Q. Aviez-vous un stock de couvertures dans le camp?
R. Je ne peux vraiment pas le dire car les 100 ou 200 que j'avais n'avaient aucune importance pour les milliers de prisonniers que j'ai reçus.
Q. Je veux vous poser quelques questions sur les cuisines et les réfectoires. Combien y avait-il de cuisines pour l’ensemble du camp n°1?
R. Cinq cuisines, sans la cuisine des troupes.
Q. Comment ces cuisines étaient-elles divisées?
R. Deux cuisines se trouvaient dans le camp des hommes, deux cuisines dans le camp des femmes et une devant le camp des femmes.
Q. Quelles cuisines étaient en fonction?
R. Les deux cuisines du camp des femmes cuisinaient uniquement pour les femmes et la cuisine 2 du camp des hommes cuisinait également pour les femmes.
Q. Pour qui la cinquième cuisine cuisinait-elle?
R. La plupart du temps, la cuisine 5 cuisinait pour le camp des femmes, mais cela dépendait de la force des prisonniers du camp et donc parfois ils cuisinaient aussi pour le camp des hommes.
Q. Y avait-il suffisamment de moyens mis à disposition pour cuisiner pour le nombre de personnes présentes dans le camp?
R. Nous pouvions prendre suffisamment de dispositions pour cuisiner, seulement en cuisinant deux ou trois fois pour chaque repas.
Q. Est-ce qu'il s'est passé quelque chose de particulier en février dont vous vous souvenez?
R. La principale chose dont je me souviens de février, c'est que un grand nombre de transports sont arrivés.
Q. Y a-t-il eu une épidémie?
R. Les transports venant du camp de travail de Natzweiler apportaient avec eux la fièvre pourprée. Les transports venant d'Allemagne de l'Est apportèrent le typhus.
Q. Quelles mesures avez-vous prises face à la fièvre pourprée ?
R. Après que le Dr Horstmann m'a signalé la fièvre pourprée, j'ai ordonné la fermeture du camp et j'en ai informé Berlin.
Q. Quelle réponse avez-vous reçu de Berlin?
R. J'ai reçu un télégramme de Berlin me disant que la fermeture du camp n'était pas une bonne chose, qu'il fallait rouvrir le camp et que je devais prendre tous les transports qui allaient arriver. Dans un télégramme ultérieur, il était indiqué que je devais tout d'abord recevoir 2500 femmes du camp de Ravensbrück.
Q. Étiez-vous satisfait des conditions du camp fin février?
R. Non, et je l'ai signalé dans une lettre à Berlin.
Q. Est-ce que c'est la lettre?
R. Oui.
Q. Avez-vous envoyé une copie de cette lettre au Gruppenführer Glücks à Berlin?
R. Oui, l'original.
Q. La lettre a-t-elle été postée?
R. Il n'a pas été envoyé par la poste mais par courrier privé, de sorte que Glücks l'a reçu le lendemain.
Q. Vers la fin du mois de mars, avez-vous reçu une nouvelle visite d’une autorité supérieure?
R. Oui, de l'Obergruppenführer Pohl (Oswald Pohl, chef du WVHA - ajouté par moi).
Q. Savez-vous pourquoi l'Obergruppenführer Pohl est venu vous voir à Belsen ?
R. Inspecter le camp.
Q. A-t-il parlé de cette lettre que vous aviez adressée à Glücks?
R. Autant que je me souvienne, on en avait parlé dans mon bureau à propos des transports que je devais recevoir.
Q. Vous avez mentionné que l'Obergruppenführer Pohl est arrivé à Belsen?
R. Oui, le 19 ou le 20 mars.
Q. Qu'a-t-il fait une fois arrivé au camp?
R. Je l'ai accompagné à travers le camp et je lui ai montré volontairement les pires aspects.
Q. Est-ce que quelqu'un est venu avec vous?
R. J'étais accompagné du Dr Horstmann et de mon officier administratif Vogler, ainsi que Pohl, Lolling, et Höss.
Q. Quel poste Höss occupait-il à cette époque?
R. Son grade était SS-Obersturmbannführer, et il est venu remplacer Glücks d'Oranienburg (Höss était seulement chef du DII, subordonné de Glüks - ajouté par moi).
Q. Où êtes-vous allé lorsque vous êtes entré dans le camp?
R. Nous sommes d'abord allés au camp des hommes. Nous y avons inspecté un nouveau système d'égouts, puis sommes revenus par le camp des femmes. Donc tout le camp.
Q. Êtes-vous allé dans les hôpitaux ou dans les cabanes qui servaient d'hôpital?
R. Au camp n°1 oui. Pas dans le camp n°2, parce qu'il ne voulait plus voir.
Q. Avez-vous eu une conversation avec lui après son inspection?
R. Oui. Ses mots étaient "ce que j'ai vu aujourd'hui à Belsen, je ne l'ai jamais vu nulle part auparavant". Ma réponse a été "Obergruppenführer, je suis désolé mais je ne peux pas vous montrer quelque chose de mieux. On ne m'a envoyé que des prisonniers malades, alors voilà le résultat". Ensuite, nous sommes retournés au bureau et là nous avons eu une conversation dans le but d'essayer de trouver des moyens pour améliorer la situation. Mes propositions étaient d'abord de cesser tous les nouveaux transports, de ne plus en envoyer. Deuxièment: transférer tous ces soi-disant Juifs d'échange avec leurs familles, car grâce à cela, j'obtiendrais environ 20 lits de plus. Ensuite, nous avons discuté de la question des nouveaux logements. Les casernes toutes faites ne pouvaient pas être livrées car elles n'existaient pas à cette époque. Nous avons donc discuté de la possibilité d'avoir du matériel disponible sur place pour la construction de cabanes. Le résultat de la conversation fut la décision d’ériger ce qu’on appelle des cabanes en terre. L'idée était de construire environ 40 de ces cabanes et chacune d'elles devrait accueillir environ 100 prisonniers. Les travaux auraient dû commencer le lendemain et l'Obergruppenführer m'a dit qu'il reviendrait dans quinze jours et qu'il voulait voir la première cabane terminée. Quand je parle de ces cabanes, ces sont les mêmes qui ont été définies par un des témoins par erreur pour des chambres à gaz. Les deux autres propositions que j'ai faites, premièrement plus de transports, et deuxièmement concernant le transfert de ces familles juives qui devaient être échangées, l'Obergruppenführer a décidé sur-le-champ d'envoyer un télégramme et d'accéder à ma demande concernant ces deux points. Les derniers transports sont arrivés le 29 mars et les familles juives dont je parlais ont été évacuées le 30 mars et le 1er avril dans trois transports différents, sur trois jours différents.
Q. Pohl est-il ensuite retourné à Berlin?
R. Où il est allé, je ne le sais pas, mais je crois qu'il a continué sa route vers Buchenwald.

Major Winwood: Ce serait le moment opportun pour ajourner, monsieur le Président.
Le Président: Très bien.
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Le Procès de Belsen Empty Re: Le Procès de Belsen

Message  PJ 17/2/2024, 07:49

Séance du mardi 9 octobre 1945
L'Accusé Josef Kramer est rappelé a la barre, et son interrogatoire par le Major Winwood se poursuit:


Q.Vous avez terminé hier soir en nous disant que l'Obergruppenführer Pohl a quitté Belsen après lui avoir dit qu'il ne fallait plus envoyer de transports à Belsen?
R.Oui.
Q. D'autres transports sont-ils arrivés?
R. Les derniers transports sont arrivés les 23 et 24 mars. Puis il y a eu une pause jusqu'à la première semaine d'avril.
Q Que s'est-il passé après la pause?
R. Fin mars et début avril, j'ai demandé par messages radio aux autorités supérieures ce que je devais faire au cas où la ligne de front se rapprocherait de plus en plus, et au cas où je devrais évacuer mon camp. Mes trois premiers messages radio sont restés sans réponse. Le quatrième, cependant, a été stricte car je leur ai dit "la ligne de front s'est maintenant avancée à une distance de 30 à 40 km de mon camp, et je dois savoir ce que je dois faire". La réponse à mon quatrième message était que mes messages précédents n'étaient pas compréhensibles à Oranienburg. Glücks disait "cela ne peut pas être compris parce que Himmler a donné l'ordre que 30000 prisonniers supplémentaires soient transférés à Belsen". Donc le sens de mes messages n'a pas pu être compris. Grâce au transfert de ces soi-disant Juifs d'échange, environ 20 baraquements auraient été libérées, de sorte que la surpopulation aurait pu être stoppée jusqu'à l'arrivée des Alliés dans mon camp. Je dois ajouter qu'à Oranienburg et à Berlin, ils devaient déjà savoir que mon camp était surpeuplé. Néanmoins, le dernier message radio que j'ai reçu m'a dit que 30000 détenus supplémentaires allaient arriver dans mon camp. J'ai eu une conférence avec le commandant de zone, le général Boyneburg, qui m'a demandé quels étaient mes plans en cas d'évacuation. Je lui ai répondu "il n'est pas question d'évacuation car j'ai reçu de nouveaux ordres pour être prêt à recevoir 30000 prisonniers supplémentaires." Il m'a demandé "eh bien, pouvez-vous accueillir ces 30000 personnes?" Je lui ai répondu "non, vous savez que mon camp est surpeuplé et c'est la raison, Général, pour laquelle je vous demande de m'aider." Je lui ai dit "mon grade n'est que celui de Hauptsturmführer, ce qui n'est pas assez élevé pour y remédier. Mais vous, en tant que général, pourriez avoir un bras plus long, et vous pourriez peut-être m'aider. En ma présence, il a téléphoné aux autorités supérieures de Hanovre et s'est entretenu avec un général. Il lui dit "Belsen est ce très grand camp de concentration dont le commandant est maintenant dans mon bureau, et il me dit qu'il doit recevoir 30000 prisonniers supplémentaires dans son camp." Il lui a également dit que le commandant - moi - lui disait simplement qu'il n'y avait plus de place pour ces 30000 personnes dans toute la région de Bergen-Belsen. Ce général lui a dit qu'il connaissait l'ordre de Himmler concernant ces 30000 prisonniers. On lui a dit que si mon camp n'avait pas assez de place pour cela, il devait veiller à ce qu'ils soient hébergés dans les casernes de Bergen. Et si celles-ci ne s'avéraient pas suffisantes, alors le camp de Münster, à environ 20 kilomètres de Bergen, devrait être utilisé. Le général Boyneburg répondit "Pour le moment il y a encore des soldats dans la caserne. " Ensuite, il a reçu l'ordre d'évacuer ces casernes des soldats et de les préparer. Le général Boyneburg essaya alors de souligner les difficultés de cette mesure, mais de l'autre côté, la conversation était terminée "vous recevrez un ordre écrit et de toute façon cet ordre devrait être en route maintenant." Puis la conversation téléphonique s'est terminée et le général Boyneburg a dit aux personnes présentes - étaient présentes le colonel Harries, le colonel Schmidt et un troisième colonel dont je ne connais pas le nom, ainsi que mon officier administratif Vogler - il nous a dit "messieurs, vous devez être prêts à accueillir 30000 prisonniers supplémentaires, car une évacuation du camp est hors de question"-
Q. Ces transports sont-ils arrivés?
R. Les transports sont arrivés. Je tiens à ajouter que le général Boyneburg m'a demandé si je savais quelque chose sur la date d'arrivée probable. Je lui ai répondu "je ne sais rien, à part le dernier message radio qui me dit de recevoir 30000 prisonniers." Cette conversation a eu lieu, autant que je me souvienne, le 2 ou le 3 avril. Le 4 ou le 5 -  mais je crois plutôt le 4, les premiers transports sont arrivés.
Q. Combien sont venus avec le premier transport?
R. Du 4 au 13 avril sont arrivés des transports de nuit et de jour. Des trains complets d'environ 2 à 3000 personnes, sans compter les transports en camions, et aussi ceux qui arrivaient à pied. En plus de ces 30000 personnes, je devais recevoir tous les Kommandos en activité des localités suivantes : Hallesleben, Braunschweig, Salzgitter-Drütte, Hanovre, Porta Westphalia et au nord de Brême. Selon moi, cela représenterait environ 15000 prisonniers supplémentaires. J'aurais dû en recevoir alors 45000 au total. Mais en réalité, du 4 au 13, environ 28000 prisonniers sont arrivés. Lorsque les premiers transports sont arrivés, les baraquements situés sur le terrain de la caserne, la Truppenübungsplatz, n'étaient pas libres. Le Kommandant m'a demandé de prendre en charge les premiers transports, en attendant il veillera à ce que la caserne soit prête le plus rapidement possible. C'est la raison pour laquelle j'ai été obligé d'accueillir dans mon camp les 10000 nouveaux arrivants. Les transports qui sont arrivés le 8 ou le 9 avril étaient hébergés dans la zone de la caserne. C'était la zone qui ici, pendant le procès, était toujours appelée camp n°2. Au lieu de pouvoir diminuer la taille de mon camp comme c'était mon plan, j'ai été obligé d'en accueillir de plus en plus. Si je n'avais pas accepté ces prisonniers, ils auraient dû être laissés à l'air libre. Je me suis dit "c'est mieux qu'ils aient un toit sur la tête car sinon, ils devraient camper dans les bois". De plus, je me suis rendu compte qu'étant début avril, faisait encore assez froid, un temps froid de printemps. Et s'ils avaient été forcés de rester à l'air libre, ils seraient tous tombés malades et seraient morts.
Q D'où venaient ces transports?
R. Ces 30000 venaient du camp de concentration de Mittelbau, appelé aussi Dora.
Q. Qui s’est chargé des 15000 derniers?
R. C'est l'Obersturmführer Franz Hössler qui fut chargé du camp N°2.
Q. Quelles dispositions avez-vous prises pour nourrir les gens du camp n°2?
R. Ceux-là n'avaient rien du tout. Personnellement, je ne pouvais rien leur donner parce que les réserves que j'avais étaient des réserves pour une certaine période de temps, et elles étaient destinées aux détenus de mon propre camp. J'ai confié à Hössler un membre de mon propre personnel administratif, afin de l'aider à obtenir de la nourriture pour les détenus de son propre camp. Obtenir de la nourriture ou des fournitures de toute sorte était tout à fait impossible, car les lignes de front étaient toutes brisées. A part cela, la situation des transports était très difficile. Mes propres transports, mes propres camions ont été détruits par des bombardiers en piqué les mercredi et jeudi avant l'arrivée des Alliés, de sorte qu'il ne me restait plus qu'un seul camion. À mon avis, la Wehrmacht était alors prête à fournir des fournitures à Hössler dans la zone des baraquements, car elle craignait que des problèmes ne surgissent dans ses propres zones, ce qu'elle voulait éviter. Mais ces provisions n'ont été données que sous la promesse que je les restituerais au moment où mes propres provisions arriveraient. Hössler les a reçus dans un seul véhicule afin de pouvoir transporter depuis la gare de Bergen des pommes de terre et des navets jusqu'à son propre camp. Le pain et toutes les autres fournitures que Hössler recevait venaient du magasin de la Wehrmacht. L'approvisionnement en eau dans cette partie du camp était également assuré par les wagons à eau de la Wehrmacht.
Q. En tant que commandant du camp de Belsen, étiez-vous responsable du camp n°2?
R. Oui. Même si cela ne relevait pas de ma responsabilité, je l'ai repris parce qu'il n'y avait personne d'autre. Hössler lui-même n'avait ni personnel administratif ni véhicule. Rien du tout à part 15000 prisonniers.
Q. Je veux vous poser quelques questions sur différents événements isolés. Lorsque vous êtes arrivé à Belsen, avez-vous apporté des modifications à la routine du camp?
R. Oui.
Q. Par exemple?
R. J'ai prévu une nouvelle cuisine. Ces travaux ont débuté en mars. Je ne pouvais pas commencer plus tôt parce que cette cabane hébergeait auparavant des prisonniers. Dans l'enceinte des femmes que j'ai cédée au C.R.S. une cabane entière, car auparavant ils n'avaient qu'une toute petite cabane de 8 à 10m de longueur. Cela s'est produit avant même que je reprenne l'ancien camp de prisonniers de guerre. Ensuite, j'ai donné l'ordre qu'aucun Blockführer ne soit plus autorisé à exercer des fonctions dans l'enceinte des femmes. Toute la routine du service de garde devait être remplie par des Aufseherinnen. Bien que des plans aient été élaborés à Berlin dès 1943 pour un nouveau système d'égouts, rien n'avait été fait. Lorsque j'ai fait mes nouveaux plans, j'ai rencontré d'innombrables difficultés. Alors qu'ils se trouvaient au WVHA - Amtsgruppe C, un Obersturmführer ou un Hauptsturmführer, je ne sais plus, est venu et m'a dit qu'il y avait l'intention de construire un tout nouveau camp.
Q. Quand vous êtes arrivé à Belsen, y avait-il des appels pour les détenus?
R. J'ai introduit l'appel du matin, parce que j'étais responsable devant mon autorité de la force de l'effectif du camp, et je ne pouvais pas les compter d'une autre manière. A part cela, les détenus de Belsen ne participaient pas beaucoup aux groupes de travailleurs. En fait, ils restaient à l'intérieur du camp que pour l'entretien général, et donc ces appels matinaux, ces décomptes, étaient le seul travail qu'ils effectuaient pendant la journée. Je pensais que c'était très bon pour la santé des détenus s'ils laissaient pendant une courte période, l'air très mauvais de leurs baraques.
Q. On a prétendu que les malades devaient se rendre à l'appel?
R. Oui c'est vrai. J'ai donné ces ordres parce que les gens étaient trop paresseux pour sortir, même un court moment, de leur baraques. Et ensuite ils ont tous dit "nous sommes malades". J'ai donné l'ordre que quiconque se sent malade doive se rendre chez le médecin pour examen. Si le médecin le certifiait, il était autorisé à rester à l'écart de l'appel. Sinon, tout le monde devait se présenter. Sans cet ordre de ma part, il aurait été tout à fait impossible de faire un appel, même si cela auvait duré cinq heures. Nous n'en n'aurions jamais fini.
Q. Qu’est-il arrivé aux prisonniers hommes en bonne santé?
R. Ces groupes de prisonniers qui sont venus étaient en assez bonne santé. J'ai regroupé tous ceux qui étaient suffisamment aptes au travail dans de nouveaux groupes de travailleurs. Vers la fin du mois de mars, je reçus encore une commande d'Oranienburg portant sur la production d'environ 2500 prisonniers robustes et en bonne santé pour le travail. Je ne pouvais pas exécuter cet ordre parce que je n'avais pas ces prisonniers. Par conséquent, dans la cour des hommes, je n'avais que des malades lorsque les transports de Dora ont commencé à arriver.
Q. Est-ce qu'une partie du personnel d'Auschwitz est venu à Belsen?
R.Oui. Avec les transports arrivant d'Auschwitz, plusieurs Unterführer et Aufseherinnen sont effectivement venus à Belsen.
Q. Qu'est-il arrivé à Auschwitz?
R. À ma connaissance, Auschwitz a été évacué les 18 et 19 janvier, car la ligne de front russe se rapprochait de plus en plus.
Q. Avez-vous tenu des registres des internés?
R. Quand je suis arrivé à Belsen, j'ai constaté qu'il n'y avait aucun registre. Alors j'ai donné l'ordre qu'au moins, une sorte de fichier soit tenu afin que toutes les informations personnelles sur les prisonniers puissent être saisies.
Q. Qui était responsable du fichier?
R. Le département politique du camp.
Q. Saviez-vous à l’époque s’il y avait des sujets britanniques dans votre camp?
R.Non.
Q. Avez-vous reçu des instructions pour l’exécution de détenus à Belsen?
R. Oui.
Q. Veuillez expliquer.
R. J'ai reçu un ordre d'exécution de 2 hommes dont les noms me furent fournis. Je ne savais pas qui ils étaient réellement. Alors j'ai donné l'ordre au département politique et au Lagerführer de savoir si ceux qui étaient nommés étaient dans mon camp ou non. Quelques heures plus tard, le Lagerführer m'a rapporté que l'un des hommes mentionnés ci-dessus était malade et qu'il souffrait du typhus à l'hôpital. L'autre avait déjà été muté avec les personnes aptes au travail vers un autre camp. Je n'ai rien fait ce jour-là mais le lendemain matin, on m'a signalé que l'homme malade était décédé entre-temps.
Q. Aviez-vous donné l'ordre d'exécuter cet homme?
R. Non; Je me seulement renseigné pour savoir si ces personnes étaient dans mon camp ou non. Il est possible que j'aie mentionné un ordre d'exécution de ces 2 hommes, mais je n'ai donné aucun ordre pour qu'ils soient exécutés.
Q. S'agissait-il de noms allemands ou de noms manifestement britanniques?
R. Je ne saurais le dire. Ce n’étaient pas des noms allemands, c’étaient des noms étrangers. Mais je ne pourrais dire s’ils étaient britanniques.
Q. Qu'est-il arrivé à tous les dossiers du camp?
R. Au mois de mars, j'ai reçu par message radio un ordre signé de l'Obergruppenführer Pohl, selon lequel au nom du Reichsführer Himmler, tous les documents, tous les dossiers, tous les papiers personnels, tous les fichiers - en un mot tout ce qui était écrit - devaient être détruits. Dans cet ordre, il était clairement indiqué que la toute première chose à détruire était cet ordre lui-même. Par conséquent, tout ce qui se trouvait dans le camp fût brûlé.
Q. Vous souvenez-vous d'une occasion où une jeune fille russe a été ramenée au camp?
R. Oui.
R. Pouvez-vous dire à la Cour ce qui s'est passé?
R. Cette fille s'était échappée d'un chantier et quelques heures plus tard, elle a été rattrapée par un membre de la Wehrmacht et ramenée au camp. En réponse à mes questions, elle m'a dit d'abord qu'elle s'était égarée, puis qu'un SS l'avait renvoyée, puis qu'elle avait décidé de repartir. Au total, elle a dit plusieurs mensonges. À la suite de ces mensonges, je lui ai frappé les oreilles (sic). Je l'ai renvoyée au camp avec l'ordre que le lendemain elle se trouverait avec un groupe de travail qui ne quitterait pas le camp.
Q. Est-ce qu'il lui est arrivé autre chose en votre présence ou sur vos ordres?
R. Non.
Q. Vous souvenez-vous du témoin Dr Bimko?
R. Oui.
Q. Vous souvenez-vous de l'accusation qu'elle a portée contre vous selon laquelle, vous aviez donné des coups de pied à des Russes?
R. Oui.
Q. Vous souvenez-vous d'un autre témoin venu très peu de temps après et racontant la même histoire. Sauf qu'un Russe était apparemment resté mort au sol?
R. Oui.
Q. Quelle est la vérité de cette histoire?
R. La vérité est que les deux histoires de ces témoins sont le produit de leur imagination. Si j'avais été coupable d'un tel acte, ils auraient dû le mentionner dans leurs premières déclarations. Mais autant que je sache, ils n'y ont pensé qu'au tribunal.
Q. Vous souvenez-vous du témoin Sompolinski qui est arrivé devant ce Tribunal avec une cicatrice à la main?
R. Oui.
Q. Il vous a accusé de l'avoir blessé et d'avoir tué 2 Hongrois?
R. Ce n'est pas vrai. Je ne sais pas comment il a eu cette cicatrice. Durant tout mon service dans les camps de concentration, je n'ai jamais tiré sur des gens, sciemment ou non.
Q. Avez-vous reçu au cours des 2 premières semaines d'avril un message de la caserne de la Wehrmacht vous invitant à vous y rendre?
R. Oui, du général Boyneburg.
Q. Après cela, avez-vous reçu un autre ordre de descendre voir le colonel Harrys?
R. Après que le général Boyneburg ait quitté les lieux, j'ai reçu un message indiquant que le colonel Harrys était devenu commandant de garnison.
Q. Êtes- vous allé le voir?
R. Oui.
Q. à quelle date?
R. Le 10 ou le 11 avril.
Q. Vous a-t-il donné des instructions?
R. A cette époque, on parlait de remettre toute la région de Bergen aux troupes alliées. Ces conférences ont eu lieu le 12 avril et dans la nuit de ce jour-là.
Q. Quelles instructions vous a-t-il données la 2ème fois que vous y êtes allé?
R. J'ai dû attendre assez longtemps parce qu'on m'a dit - je ne suis pas sûr que ce soit vrai - que le brigadier anglais [britannique] était toujours au bureau. Avec moi, 15 à 18 officiers allemands et hongrois attendaient. Vers 23h, nous avons été appelés dans le bureau du colonel Harrys. Le colonel nous a parlé des conditions de la trêve et de la remise sans combat de la région de Bergen. Une zone serait aménagée dans laquelle aucun combat n'aurait lieu. L'administration des casernes militaires ainsi que celle du camp de concentration devaient continuer. Pour faire connaître quelles personnes travaillaient avec l'administration, chacune d'entre elles devait porter un brassard estampillé. Seules les conditions du camp de concentration m'intéressaient. Le colonel Harrys m'a dit, ainsi qu'aux autres, que les troupes de garde du camp de concentration devaient partir le vendredi 13 avril à midi. Seuls les SS qui travaillaient dans l'administration étaient autorisés à rester dans le camp. Dans les conditions de la trêve, il était dit que les SS restants ne deviendraient pas prisonniers. Les conditions convenues par les deux parties étaient que ces hommes SS, après la prise du pouvoir par les troupes britanniques, seraient libres de retourner chez eux par la ligne de front. L'une des conditions de la trêve, comme je le sais avec certitude, comme me l'a dit le colonel Harrys, était que le personnel administratif SS, mais aussi de la Wehrmacht, était autorisé à emporter avec lui des armes et du matériel lors de son retour à travers le pays. Le lendemain, j'ai fait part de ces conditions à mon personnel administratif et j'ai donné l'ordre que personne ne soit autorisé à quitter le camp. Devant ce tribunal il a été dit que j'avais violé les conditions de la trêve en prenant des armes, mais le colonel Harrys m'a non seulement dit que nous allions prendre nos armes avec nous lorsque nous quitterions le camp, mais que nous étions également autorisés à porter nos armes. Le vendredi 13 avril, le camp fut repris par la Wehrmacht qui allait assurer la garde et veiller à ce que tout soit en ordre.
Q. Avez-vous déjà vu une copie des termes de l'armistice?
R. Non, je n'en ai pas vu de copie moi-même. Je me tenais à environ trois mètres du colonel Harrys lorsqu'il lisait les conditions en présence de 18 autres officiers.
Q. À partir de cette époque, vous considérez-vous sous le commandement du colonel Harries?
R. En ce qui concerne le camp, oui, mais pas en ce qui concerne l'administration, parce que je faisais ça avec mon propre personnel. Je tiens à souligner que lorsque le premier officier anglais [britannique] est arrivé au camp, je lui ai dit que je devais en informer le colonel Harrys.
Q. Était-ce le capitaine Sington avec le fourgon à haut-parleurs ?
R. Oui.
Q. Que lui avez-vous dit à son arrivée à Belsen?
R. Après son arrivée à Belsen, il m'a dit qu'il devait transmettre un message à la population du camp au moyen de son fourgon haut-parleur. Je lui ai dit que les prisonniers étaient calmes en ce moment, mais je craignais que s'il entrait dans le camp avec sa camionnette et envoyait son message, cela pourrait causer des problèmes. Le capitaine Sington s'en alla d'abord, mais bientôt il revint et donna son message au moyen de sa camionnette à haut-parleurs. La manière dont les prisonniers ont réagi à son message a été montrée dans le camp.
Q. Que s'est-il passé dans le camp?
R. La 1ère chose, c'est que les prisonniers ont tout détruit ; ils ont détruit les lits restants, ils ont fait du feu et ils ont commencé à piller. On a dit qu'il n'y avait pas eu de troubles dans le camp, mais je tiens à souligner que plusieurs magasins ont été pillés et que les chars ont dû garder les magasins de nourriture. Le lendemain, de nombreuses troupes ont dû faire usage d'armes à feu et plusieurs hommes. ont été retrouvés tués. Tout cela prouve qu’il y a eu des problèmes. 2 heures après que la camionnette à haut-parleurs ait traversé le camp, celui-ci était dans un état indescriptible.
Q. Était-ce l’état du camp à l’arrivée des médecins britanniques?
R. Oui, quelque chose comme ça.
Q. Le capitaine Sington vous a-t-il demandé quel genre d'internés vous aviez dans le camp?
R. Oui.
Q. Quelle a été votre réponse?
R. J'ai dit quelque chose comme les criminels, les homosexuels... quelque chose comme ça.
Q. Vous a-t-il posé une autre question concernant les internés ? - Il a posé des questions sur les prisonniers politiques et j'ai répondu "eh bien ce sont des prisonniers en arrestation "Schutzhaft" ("arrestation de protection": détention provisoire sans limite de temps - ajouté par moi).
Q. Vous souvenez-vous de quelque chose qui s'est passé près du champ de pommes de terre?
R. Oui.
Q. Que s'est-il passé là-bas?
R. J'ai traversé le camp avec les officiers britanniques et tout à coup, nous avons entendu des coups de feu. Nous nous sommes approchés du champ de pommes de terre et j'ai vu des gens étendus là, tués. C'est tout ce que je sais.
Q. Lorsque le capitaine Sington a fait son annonce par haut-parleur, a-t-il parlé de votre position dans le camp à partir de ce moment-là?
R. Je ne me souviens pas très bien de ce qui se disait, mais c'était comme si les SS n'avaient plus de pouvoir, que le Parti national-socialiste était fini. On a fait comprendre aux prisonniers, ou du moins ils ont compris, que le Les troupes britanniques s'emparaient de la direction du camp, et les SS n'avaient plus rien à dire dans cette affaire.
Q. Au moment où les troupes britanniques sont arrivées, étiez-vous membre des Waffen-SS?
R. Oui.
Q. Étiez-vous membre des forces armées allemandes?
R. En tant que membre de la Waffen-SS, j'étais membre de la Wehrmacht allemande.
Q. Étiez-vous autorisé à rentrer chez vous, ou à traverser les lignes allemandes?
R. Non, j'ai été arrêté le 15 avril. J'ai dit sur place à l'officier britannique que cela allait à l'encontre des conditions de la trêve, mais sa réponse a été "j'ai reçu des ordres et je dois les exécuter".
Q. Avez-vous déjà découvert ce que disait réellement la trêve?
R. Non, à part les propos du Colonel Harrys je ne sais rien d'autre.
Q. Lorsque vous avez été arrêté, avez-vous été traité comme un prisonnier de guerre?
R. Oui, je le crois bien. Au début, j'ai été envoyé dans un camp de transit, puis plus tard dans une place fortifiée en Belgique. J'ai demandé au commandant belge de ce camp, un major, si j'étais prisonnier de guerre ou prisonnier civil. Mis il n'a pas voulu me répondre. À mon avis, il est contraire au traitement infligé à un prisonnier de guerre que j'ai été menotté nuit et jour pendant tout ce temps.
Q. Vos pieds et vos mains étaient-ils enchaînés?
R. Au début seulement mes pieds, et puis en Belgique mes mains aussi. Ce n’était pas une période très agréable.
Q. Étiez-vous enchaîné lorsque vous étiez sous la garde des troupes britanniques?
R. Oui.

Major Winwood: C'est la fin de mon interrogatoire au nom de Kramer, mais j'ai une ou deux questions à lui poser au nom des autres accusés.

Q. Quand le Dr Fritz Klein est-il arrivé comme médecin permanent à Belsen?
R. La première fois à la fin du mois de janvier pendant dix jours. La 2ème fois, il a repris le camp le 13 avril.
Q. Avant le 13 avril, était-il sous la direction d'un autre médecin à Belsen?
R. Oui, le Hauptsturmführer Dr Horstmann.
Q. Qui était le médecin-chef?
R. Le médecin-chef, avant que le Dr Klein ne prenne ses fonctions, était le Hauptsturmführer Dr Horstmann.
Q. Savez-vous quelles instructions le Dr Horstmann a données au Dr Klein?
R. Non. Je dois ajouter que le Dr Klein a également succédé, au début ou au milieu du mois de mars, au Dr Schnabel tombé malade. Le Dr Klein venait d'un autre camp et devait rester quinze jours au camp de Belsen. Le Dr Schnabel étant tombé malade et partant ensuite en congé, le Dr Klein a dû rester plus longtemps que prévu dans le camp.
Q. Lorsque le Dr Klein travaillait sous la direction du Dr Horstmann, quel genre de travail faisait-il?
R. Je l'ai vu surtout dans la zone de la caserne militaire, mais il est aussi venu au camp lui-même. Je ne sais pas s'il est venu seul ou s'il a reçu un ordre du Dr Horstmann.
Q. Y avait-il un grand hôpital dans la caserne de la Wehrmacht?
R. Il y avait un grand hôpital et je crois, je ne suis pas sûr, aussi un petit.
Q. Était-ce disponible pour les internés?
R. Non, c'était uniquement pour les soldats blessés du front. Même mes propres SS, s'ils tombaient malades, ne pouvaient être admis que pour de courts séjours, et je devais ensuite les retirer de cet hôpital pour les ramener dans mon propre camp. Le médecin-chef de cet hôpital situé dans la zone de la caserne militaire ne cessait de répéter "j'ai besoin des lits pour les soldats venant du front".
Q. Qu'est-il arrivé aux colis de la Croix-Rouge à leur arrivée à Belsen?
R. J'ai reçu plusieurs fois des colis de la Croix-Rouge. Lorsqu'ils arrivaient, le chef du camp de ces Juifs d'échange venait et devait signer des reçus afin de savoir exactement combien de colis arrivaient. Si des personnes seules recevaient des colis, elles le recevaient seules. Toutefois, si les colis étaient adressés à l'ensemble du camp, ils étaient distribués de la manière mentionnée ci-dessus. Ces colis ont été reçus par le chef du camp juif en ma présence. Comment il les a distribués à l’intérieur du camp, je ne le sais pas. Je leur ai dit que c'était leur affaire. Une fois, des colis contenant des médicaments et toutes sortes de drogues sont arrivés, également pour les prisonniers. Je les ai remis à l'officier supérieur de l'époque, le Dr Schnabel, et je lui ai laissé le soin de les distribuer et de les utiliser comme bon lui semblait.
Q. Qu'est-il arrivé au Dr Horstmann le 12 avril?
R. Le 12 avril, il participa à cette commission décidant de la trêve, et le 13, il partit avec l'autre partie des troupes.
Q. Désignant l'accusé n°4, Georg Kraft: Était-il à Auschwitz lorsque vous y étiez?
R. Je ne connais pas cet homme. Je ne le connais que d'ici, de Lunebourg. J'en suis presque sûr, car cet homme a des problèmes de vue et je suis sûr que je me serais souvenu de lui.

Major Winwood: C'est la conclusion de mon interrogatoire.

Contre-interrogatoire par le Major Munro.

Q. Vous avez parlé de l'accusé Hössler. Était-il l'un de vos subordonnés à Auschwitz?
R. Non, il était à Auschwitz I.
Q. Est-ce que cela faisait partie des fonctions de Hössler d'assister aux sélections pour les chambres à gaz?
R. Oui, parce qu'il y avait une certaine rotation. Il y avait différents officiers, et si c'était son tour, il devait être présent.
Q. De qui venait ses ordres pour assister à ces selections?
R. Je n'ai pas vu les ordres. Je ne peux pas dire exactement, mais je pense soit Höss, soit Baer.
Q. Je veux maintenant vous poser une question sur la sélection elle-même. Une fois la sélection principale effectuée, y a-t-il eu un tri supplémentaire parmi ces personnes qui avaient été retenues pour aller au camp de concentration?
R. Quand j'étais à Birkenau, oui.
Q. A leur arrivée à Auschwitz, certains prisonniers ont-ils été choisis pour aller dans d'autres camps que Birkenau?
R. Non, les transports sont arrivés à Birkenau et y sont restés.
Q. Des prisonniers ont-ils déjà été transférés de Birkenau vers d’autres camps?
R. Oui, pour le travail.
Q. Maintenant, vous nous parlez d'une révolte au crématoire, et des mesures qui ont été prises pour la réprimer. Qui était l'officier supérieur SS présent à cette occasion?
R. C'était Baer.
Q. S'il y avait eu une exécution à Auschwitz, de qui seraient venus les ordres?
R. Soit Höss, soit Baer.
R. Je vais maintenant me tourner vers Belsen. Diriez-vous que vous avez laissé le camp n° 2 à Belsen entièrement sous le contrôle de Hössler?
R. Oui.
Q. Les différents Aufseherinnen de Belsen auraient-elles pu faire eux-mêmes quelque chose pour améliorer les conditions?
R. Non. Les conditions étaient telles à Belsen qu'il n'y avait vraiment rien de disponible et donc les Aufseherinnen, les superviseurs, ne pouvaient rien faire pour les améliorer.
Q. Était-il possible aux hommes et aux femmes SS de partir sur leur demande?
R. Non.
Q. Avez-vous déjà reçu une telle demande?
R. Oui.
Et quelle a été votre réponse?
R. J'ai transmis cette demande à l'autorité supérieure à Oranienburg. La demande n'a pas été satisfaite.

Contre-interrogatoire par le Major Cranfield

Q. Le camp n°2 à Belsen ne contenait-il que des hommes?
R. Oui.
Q. A Auschwitz, les groupes de travailleuses étaient-ils constitués par nationalités?
R. Non.
Q. Hier, vous avez mentionné un autre Hauptsturmführer Kramer. Était-il à Auschwitz responsable de la compagnie de gardes?
R. Quand je suis arrivé à Birkenau, il dirigeait une compagnie de gardes.
Q. Et cette entreprise avait-elle des mitrailleuses et des chiens?
R. Des mitrailleuses, oui. Pas de chiens.
Q. Maintenant, je veux vous poser des questions sur l'accusé Grese. Tout d’abord, est-il vrai que les Aufseherinnen n’étaient pas dans les SS?
R. Oui. Elle étaient employées sous la forme de surveillantes, Aufseherinnen.
Q. Il a été suggéré que vous ayez fait venir à Belsen des membres de votre personnel d'Auschwitz. Avez-vous fait venir Grese d’Auschwitz à Belsen?
R. Oui. Grese est venu avec un transport à Belsen. J'ai signalé à Oranienburg toutes les Aufseherinnen qui arrivaient avec les transports, et dans le cas de Grese, j'ai ajouté une demande pour qu'elle reste avec moi.
Q. Ce que je veux savoir, c'est: l'avez-vous demandé avant qu'elle vous soit envoyée?
R. Non, seulement après son arrivée dans mon camp.
Q. Revenons aux chiens. Étaient-ce des chiens policiers dressés?
R. Oui.
Q. Obéissaient-ils uniquement aux ordres de l’homme ou de la femme qui les avait dressés?
R. Oui. Il y a même eu un ordre strict d'Oranienburg selon lequel, aucun homme ou femme qui s'occupait d'un chien en particulier n'était autorisé à en changer.
Q. À votre connaissance, l’accusé Grese a-t-elle déjà eu un chien à Auschwitz?
R. Quand j'étais à Birkenau, je ne l'ai jamais vue avec un chien. Ni pendant les heures de service, ni en dehors du service.
Q. Est-ce également valable pour Belsen?
R. Oui.
Q. Il a été suggéré que Grese vous accompagnait lors de vos inspections à Belsen. Est-ce vrai?
R. Non. Lorsque j'allais en inspection, j'étais accompagné dans le camp des hommes par le Lagerführer, et dans l'enceinte des femmes, de l'Oberaufseherin (gardienne en chef - ajouté par moi).

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Le Procès de Belsen Empty Re: Le Procès de Belsen

Message  PJ 17/2/2024, 07:55

.../...

Q. Est-il vrai que Grese a toujours eu le grade d'Aufseherin, et qu'elle n'a jamais été Oberaufseherin?
R. Oui.
Q. Je veux que vous disiez à la Cour comment Grese s'est acquittée de ses fonctions d'Aufseherin.
R. En tant que commandant, je ne peux que dire du bien de Grese. Elle prenait ses fonctions très au sérieux et s’en acquittait très bien.
Q. Vous avez entendu les accusations portées contre elle devant cette Cour? Elle aurait tiré sur des prisonniers avec un pistolet, et les aurait maltraité avec une cruauté sauvage. Qu'en dites-vous?
R. Ce n'est pas vrai.
Q. Vous souvenez-vous d'une occasion à Auschwitz où les Aufseherinnen s'étaient confectionnés leurs propres fouets?
R. Oui je le sais.
Q. Avez-vous vu les fouets?
R. Oui.
Q. De quoi étaient-ils faits?
R. Une sorte de cellulose. Je ne peux pas dire exactement.
Q. Quelle mesure avez-vous prise à cet égard?
R. J'ai interdit le port de fouets.
Q. Si des châtiments corporels avaient été appliqués à Auschwitz par le Département politique, auraient-ils pu être pratiqués à votre insu?
R. Il aurait pu être possible que ce soit à mon insu, car le département politique était situé dans le camp n°1.
Q. Pour ce faire, le département politique n’aurait pas besoin de votre autorisation?
R. Non.

Contre-interrogatoire par le Capitaine Roberts

Q. Désignant l'accusé n° 14, Oscar Schmedidzt: Quand avez-vous vu cet homme pour la première fois?
R. Dans la cour de Celle pendant l'exercice quotidien. Par la fenêtre j'ai vu cet homme. Je ne le connais personnellement que depuis Lunebourg.
Q. Désignant l'accusé n° 16, Karl Flrazich: Savez-vous quand cet homme est arrivé pour la première fois à Belsen?
R. Je crois entre le milieu et la fin du mois de mars.
Q. Vous souvenez-vous d'une occasion au début du mois d'avril où vous l'avez condamné à 10 jours de détention pour avoir quitté le camp sans votre permission?
Q. Oui. J'ai interdit à tout le monde de quitter le camp à cause du typhus qui sévissait, et contre mon ordre, il a quitté le camp. Je lui ai donc donné 10 jours de détention.
Q. Les cuisiniers de Belsen portaient-ils des armes?
R. Oui.
Q. Tout le temps?
R. Je les ai vus se diriger vers et depuis le camp, mais je ne saurais dire s'ils les portaient eux-mêmes dans les cuisines. Je ne les ai pas vus.
Q. Avez-vous jugé nécessaire juste avant l'arrivée des Britanniques, de placer des gardes armés autour des cuisines pour maintenir l'ordre?
R. Oui. En plus j'ai séparé la partie avant de l'enceinte des femmes de l'autre partie où étaient concentrés tous les malades, et c'était justement la partie où se trouvaient les cuisines.
Q. Au cours des 2 ou 3 derniers jours, des gardes étaient-ils hongrois?
R: Je ne pourrais pas le dire exactement. Il s’agissait peut-être de soldats allemands de la wehrmacht ou de hongrois. De toute façon, il n’y avait pas de troupes SS.

Contre-interrogatoire par le Capitaine Fielden

Q. Indiquant le n° 22 Ansgar Pichen: Savez-vous quand cet homme est arrivé à Belsen?
R. C'était peut-être à la mi-mars ou à la fin mars. Je ne l'ai pas vu à Belsen très longtemps.
Q. Le matin du 13 avril si j'ai bien compris, vous avez convoqué une réunion de tous les SS à Belsen pour les familiariser avec les termes de la trêve?
R. Oui.
Q. Qui a été laissé pour garder le camp n° 1 pendant que se déroulait cette réunion?
R. Pour autant que je sache, dans le camp lui-même se trouvaient des membres de la Wehrmacht allemande. C'était le matin du 13 avril, après que la Wehrmacht et les troupes hongroises eurent pris la garde du camp.
Q. Vous avez dit qu'une certaine partie du camp des femmes de Belsen était réservée à l'accueil des malades. Était-ce pour isoler les cas de typhus?
R. Oui.
Q. Était-il interdit à tout membre du personnel SS de pénétrer dans la partie isolée du camp de femmes?
R. Oui. C'est pour ça que j'ai mis ces gardes à la séparation.
Q. Le block No 213 se trouvait-il dans la partie du camp de femmes qui était isolée?
R. Oui, c'était le pâté de maisons suivant celui de l'hôpital.
Q. Un SS faisant partie du personnel administratif pouvait-il également faire office de Blockführer?
R. Non.

Contre-interrogatoire par le Capitaine Corbally

Q. Indiquant le numéro 26, Heinrich Schreirer: Quand avez-vous vu cet homme pour la première fois?
R. Également dans la prison de Celle. Je ne l'ai rencontré personnellement qu'à la Cour (tribunal) de Lunebourg.
Q. Êtes-vous prêt à jurer qu'il ne faisait pas partie de votre équipe à Belsen ?
R. Oui, pas avec mon équipe.

Contre-interrogatoire par le Capitaine Neave

Q. Indiquant le n° 35 Klara Opitz: Savez-vous quand cette femme est venue à Belsen?
R. Je pense qu'elle est arrivée avec l'un des nombreux transports, mais je peux me tromper. C'était peut-être fin février ou mars.

Contre-interrogatoire par le Capitaine Phillips

Q. Pouvez-vous me dire quelles sont les fonctions d'une Aufseherin dans une cuisine à Belsen?
R. Il a été ordonné que là où les prisonnières travaillaient avec des prisonniers masculins, un Aufseherin devait être présent pour maintenir l'ordre.
Q. De qui recevait-elle ses ordres?
R. Les ordres venaient de l'Oberaufseherin.

Contre-interrogatoire par le LieutenantT Boyd

Q. Concernant le complexe des femmes de Belsen, est-il exact qu'il a été transféré dans de nouveaux blocks vers la mi-mars 1945?
R. Oui, le complexe féminin No2 a été mis en service vers la mi-mars.
Q. Est-il également exact que les blocks utilisés avaient déjà été utilisés pour des magasins et à des fins de ce type?
R. Oui.
Q. Lorsque les détenues furent installées dans ces blocks, avaient-elles les moyens de se laver?
R. Il y avait quelques toilettes mais rien pour se laver.
Q. Un lavoir a-t-il été construit?
R. Non, nous n'avons pas construit de lavoir. Nous avions simplement quelques robinets à l'air libre.

Contre-interrogatoire par le Capitaine Munro

Q. Indiquant le n°45 Hildegard Hahnel: Savez-vous quand cette femme est arrivée à Belsen? Si vous ne savez pas quand exactemenet, dites "je ne sais pas"...
R. Je ne peux pas vous dire le jour exact.

Contre-interrogatoire par le Lieutenant Jedrzejowicz

Q. Qui enquêtait sur des questions telles que les évasions?
R. Le département politique d'Auschwitz I.
Q. S’il existait une ou des organisations secrète à Auschwitz, ou soupçonnése d’exister, qui s’occupait de l’affaire?
R. Le département politique.
Q. Les Blockältesten ou les Lagerältesten (chefs de blocks et chefs de camp detenus - ajouté par moi) pouvaient-ils participer à ces enquêtes en aidant le département politique?
R: Non, ils ne pouvaient remettre un rapport que s'ils avaient vu quelque chose. Mais ils ne pouvaient rien faire de leurs propres initiatives.

Contre-interrogatoire par le Colonel Backhouse

Q. Croyez-vous en Dieu?
R. Oui.
Q. Vous souvenez-vous du serment que vous avez prêté lorsque vous êtes entré pour la première fois à la barre des témoins?
R. Oui
Q. Réalisez-vous que mentir après avoir prêté serment est un parjure délibéré?
R. Oui.
Q. Vous souvenez-vous de votre première déclaration à Diest?
R. Oui.
Q. Vous souvenez-vous que vous avez prêté exactement le même serment avant de le faire ?
R. Non, après avoir fait la déclaration.
Q. Avez-vous prêté ce serment avant de signer la déclaration?
R. Je ne sais pas si c'était avant ou après. Je me souviens seulement que j'ai juré après la déclaration. Personne n’a dit que je devais jurer avant de faire cette déclaration.
Q. Je vous suggère qu'en présence du colonel Genn qui est assis ici, vous avez prêté exactement le même serment que vous avez prêté devant cette Chambre avant de faire cette déclaration.
R. Oui.
Q. Et je suggère que vous avez menti, et que vous saviez que vous mentiez lorsque vous avez fait cette déclaration sous serment lorsque vous avez dit qu'il n'y avait pas du tout de chambres à gaz à Auschwitz.
R. J'ai déjà dit hier qu'à cette époque je me sentais encore tenu à mon serment à ce sujet. C'est la raison pour laquelle j'ai dit quelque chose de différent à ce moment-là.
Q. Et vous pensez que votre soi-disant serment excuse le parjure n'est-ce pas?
R. On ne m'a pas dit que ce serait une déclaration qui serait présentée à la Cour, ni dans quel but cette déclaration était faite. On m'a seulement dit "nous allons vous poser quelques questions".
Q. Votre réponse signifie-t-elle alors que vous pensez pouvoir mentir, si vous pensez que la déclaration n’est pas présentée à la Cour?
R. Oui, parce que je me sentais à ce moment-là lié par mon serment. Si on m'avait dit à ce moment-là que cette déclaration ou cette enquête était destinée aux besoins de la Cour, ou si j'avais prêté serment avant la déclaration, j'aurais pensé différemment, même à ce moment-là.
Q. Je vous suggère que vous avez effectivement prêté serment avant de faire cette déclaration.
R. Ce n'est pas ainsi. On m'a fait sortir de ma cellule et on m'a posé des questions pendant 2 jours. Ce n'est qu'après qu'on m'a dit que je devais prêter serment sur ce que j'avais fait comme déclaration.
Q. Je vous suggère que vous avez continué à mentir sur les chambres à gaz jusqu'à ce qu'on vous montre des photographies qui avaient été prises de la chambre à gaz de Natzweiler. C'est la première fois que vous en reconnaissez l'existence?
R. Non, ce n'est pas le cas, car entre les deux déclarations on ne m'a plus rien demandé. Lors de mon interrogatoire à Celle, j'ai eu dès le début des preuves tout à fait indépendantes du fait que les photos m'aient été montrées ou non.
Q. Je veux revenir à l’époque où vous avez rejoint le parti nazi. Quel a été au votre premier emploi au sein du parti?
R. Lorsque j'ai adhéré au parti, je n'avais en fait rien à voir avec celui-ci. Ce n'est que plus tard, lorsque j'ai rejoint les SS, que j'ai commencé à travailler dans un bureau.
Q. N'étiez-vous pas l'un des premiers gardiens de camps de concentration?
R. Non.
Q. Et n’avez-vous pas été systématiquement choisis et utilisés pour les travaux les plus sales dans les camps de concentration?
R. Non, je travaillais seulement au bureau comme sténodactylographe, rien d'autre.
Q. Quel était le but du camp de Natzweiler?
R. L'idée était de laisser les prisonniers travailler dans la carrière qui se trouvait tout près.
Q. Les prisonniers de ce camp n'étaient-ils pas régulièrement amenés à Strasbourg pour des expériences?
R. Non.
Q. N'y avait-il pas de chambre à gaz avant votre arrivée?
R. Non.
Q. A-t-elle été construite surs vos instructions?
R. Oui.
Q. Et avez-vous délibérément gazé 80 prisonniers dans cette chambre à gaz que vous aviez construite?
R. Oui, sur ordre du Reichsführer-SS Himmler. C'était un transport spécial qui venait spécialement à cet effet jusqu'au camp de Natzweiller.
Q. Était-ce dans le but de fournir ces corps au Dr Hoess afin qu'il puisse expérimenter sur eux?
R. Je ne sais pas ce qu'il en a fait. Mes ordres étaient de fournir ces corps au Dr Hoess de l'Université de Strasbourg.
Q. Et vous étiez prêt à tuer 80 personnes simplement sur ordre dans ce but?
R. C'était l'ordre de la plus haute autorité militaire. Je peux imaginer ce qu’ils auraient fait de moi pendant la guerre si j’avais refusé d’obéir à cet ordre.
Q. Suggérez-vous à la Cour qu'il existait une loi en Allemagne qui permettait d'assassiner des prisonniers simplement pour qu'un médecin puisse faire des expériences sur leur corps?
R. Je ne sais rien d'une telle loi.
Q. Vous saviez parfaitement que c'était un crime que vous commettiez, n'est-ce pas?
R. Non.
Q. Y avez-vous déjà réfléchi?
R. Je me demandais seulement si ce que je faisait était bien. Je ne sais pas. Mais je devais obéir aux ordres.
Q. Avez-vous vous-même forcé ces personnes à entrer dans la pièce, la chambre à gaz?
R. Oui.
Q Avez-vous réellement mis le gaz vous-même?
R. Non.
Q. Et puis les regarder à l'intérieur à travers un judas alors qu'ils mouraient?
R. Non.
Q. Les avez-vous regardés?
R. Non.
Q. Vous souvenez-vous d'avoir fait cette déclaration au Kommandant Jenner?
R. Oui.
Q. Ne lui avez-vous pas dit que vous les regardiez?
R. Non.
Q. N'avez-vous pas décrit comment les femmes ont continué à respirer pendant environ une demi-minute?
R. On pouvait entendre ça. Il n'était pas nécessaire de l'observer.
Q. Ne lui avez-vous pas dit que vous allumiez la lumière à l'intérieur de la chambre au moyen d'un interrupteur placé près de l'entonnoir?
R. Oui, lorsque les prisonnières sont entrés dans la pièce.
Q. Passons maintenant à Birkenau. Les 5 crématoires d'Auschwitz n'étaient-ils pas tous concentrés à Birkenau ?
R. Oui.
Q. N'avez-vous pas été choisi comme commandant de Birkenau parce que vous aviez prouvé que vous étiez disposé à faire ce genre de choses?
R. Non, je ne pense pas, car j'ai reçu un ordre selon lequel je n'avais rien à voir ni avec les crématoires ni avec les transports.
Q. Vous avez vu le commandant Pohl (Obergruppenführer Oswald Pohl, chef du WVHA - ajouté par moi) juste avant de vous rendre à Auschwitz, n'est-ce pas?
R. Oui.
Q. Et c'est à ce moment-là qu'il vous a demandé votre parole d'honneur de ne pas parler des chambres à gaz, n'est-ce pas?
R. Non, cela s'est produit quelques semaines plus tard lors de son arrivée à Auschwitz.
Q. Pourquoi ne pouviez-vous dire à personne si tout cela était légal, approprié et honnête?
R. Je ne sais pas. On ne peut rien dire des camps de concentration dans le monde extérieur.
Q. N'est-ce pas parce que vous saviez, et vous le saviez tous, qu'il s'agissait d'un outrage à la décence?
R. Non. Nous n'en avons jamais parlé avec le monde extérieur. En tant que Hauptsturmführer (capitaine), je n'avais pas le droit d'interroger quelqu'un ayant le grade de général sur un tel cas.
Q. Quel était le but des chambres à gaz?
R. Je ne peux pas dire cela parce que je ne sais pas. Personne ne me l'a expliqué.
Q. Ne faisait-il pas partie de la doctrine de votre parti de tenter d’exterminer la race juive?
R. Je ne sais pas. Je dis que nous n'en avons pas parlé.
Q. Ne faisait-il pas partie de la politique de votre parti d'exterminer tous les gens intelligents (intellectuels) de Pologne?
R. Je ne sais pas.
Q. Selon vous, combien de personnes ont été tuées dans ces chambres à gaz alors que vous étiez commandant de Birkenau?
R. Je ne peux pas le dire, car je n'ai pas été informé de la taille de ces transports, donc je ne sais pas. J'ai déjà dit hier que ces chiffres étaient conservés au bureau du département politique. Il y avait un fonctionnaire qui ne faisait rien d’autre que travailler sur ces chiffres.
Q. Durant l'été 1944, ces transports n'arrivaient-ils pas de jour comme de nuit?
R. Oui, pendant une courte période, environ une quinzaine de jours.
Q. Vous souvenez-vous de l'époque où les crématoires ne parvenaient pas à brûler tous les corps, et des fosses avaient du être creusées?
R. Oui. Je dois ajouter que ces ordres ne venaient pas de moi, ils émanaient de Höss. Ces tranchées, je les ai vues moi-même seulement lorsqu'elles étaient déjà terminées.
Q. Tout cela s'est passé, n'est-ce pas, dans le camp dont vous étiez commandant?
R. Oui, à l'exception des parties sur lesquelles je n'avais aucune juridiction. C'était sous le commandement d'Auschwitz I.
Q. N’avez-vous jamais protesté contre l’utilisation de votre camp à cette fin?
R. J'avais protesté en disant qu'on m'avait emmené à Auschwitz, et j'avais expliqué à Höss que je n'étais rien d'autre qu'un Lagerführer (chef de camp - ajouté par moi) du quartier des hommes et des femmes, et qu'à cette fin il ne semblait pas nécessaire qu'ils me viennent me chercher.

.../...
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Le Procès de Belsen Empty Re: Le Procès de Belsen

Message  PJ 17/2/2024, 07:58

.../...
Q. Je ne vous ai pas demandé si vous aviez protesté contre une atteinte à votre dignité en étant rétrogadé de commandant de camp à Lagerführer. Je vous ai demandé si vous aviez protesté contre le meurtre de milliers de personnes dans le camp où vous étiez commandant?
R. Non. Si j'avais protesté, j'aurais probablement été arrêté et mis derrière des barbelés.
Q. Avez-vous préféré participer à un meurtre en masse plutôt que d'être vous-même arrêté?
R. Je n'ai pas participé à ce massacre.
Q. Vous réalisez qu’il s’agissait d’un massacre maintenant?
R. C'est le procureur qui a utilisé ce mot. Je l'ai seulement répété.
Q. Réalisez-vous maintenant qu’il s’agissait d’un massacre?
R. Non, parce que ceux qui l'ont fait à Auschwitz ont probablement exécuté les ordres reçus.
Q. Pensez-vous que quiconque ait le droit de donner ou d’exécuter des ordres visant au massacre de milliers d’innocents?
R. Il doit probablement y avoir quelqu'un qui a donné cet ordre. Je ne l'ai moi-même jamais vu. Je n'ai rien à voir avec ça et donc je ne sais pas.
Q. Je vous suggère que non seulement vous étiez présent à ces sélections, mais que vous avez pris une part active, très active, à la réalisation des sélections vous-même?
R. Ce n'est pas vrai. C'est un mensonge.
Q. Vous souvenez-vous de la date à laquelle le camp C a été liquidé?
R. Oui.
Q. N'étiez-vous pas présent à ce moment-là pour aider à charger les gens dans les camions pour aller à la chambre à gaz?
R. Non.
Q. Vous souvenez-vous du témoignage du Dr Bimko ici?
R. Je sais que le Dr Bimko était là, mais je ne sais pas ce qu'elle a dit.
Q. Vous souvenez-vous qu'elle vous a dit que vous frappiez et donniez des coups de pied aux gens pour les mettre dans les camions?
R. Je crois que c'était un autre témoin, pas le témoin Bimko.  
Q. Je vous suggère que le Dr Bimko l'a dit. Le témoin Szafram l'a dit. Et l'un après l'autre les témoins qui sont venus ici ont tous témoigné de votre participation à ces sélections, et je vous suggère qu'ils disent la vérité.
R. Non. Ces témoins ont raconté une histoire qu'ils ont inventée avant d'entrer ici. Lorsque l'avocat de la défense a demandé à l'un de ces témoins où et comment elle avait observé cela, elle a dû admettre qu'elle ne l'avait pas observé et qu'en fait, elle n'avait rien vu.
Q. Vous souvenez-vous du témoin Hammermasch qui a déclaré que vous aviez sélectionné des personnes dans le transport par lequel elle était arrivée?
R. Il est possible qu'elle l'ait dit. Je ne sais pas.
Q. Vous souvenez-vous du témoin Lasker?
R. Oui.
Q. ... Qui a dit que vous étiez à la porte du camp lorsque les sélections y ont été faites.
R. Oui. J'étais alors sur le pas de la porte de la Blockführerstube (salle des chefs de block SS - ajouté par moi). Mais ces sélections s'effectuaient sur une sorte de rampe, sur une plate-forme qui se trouvait à 10 ou 15m de là.
Q. Vous souvenez-vous du témoin Stein, qui a dit que vous étiez à la sélection alors qu'elle devait y assister?
R. Non.
Q. Vous souvenez-vous du témoin Sunschein qui disait que vous aviez participé aux sélections?
R. Non.
Q. Les sélections ont-elles également eu lieu à l'hôpital?
R. Des sélections ont eu lieu sous la direction du Dr Mengele (SS-Haupsturmführer Josef - ajouté par moi) lorsque le Camp C a été évacué.
Q. Qui a été sélectionné pour la chambre à gaz?
R. Pour autant que je sache, et d'après ce que j'ai entendu du Dr Mengele, les prisonniers qui n'étaient pas aptes au travail étaient sélectionnés pour les chambres à gaz.
Q. Je veux maintenant aborder un autre point. Vous avez entendu des témoins ici, les uns après les autres, et lu les déclarations sous serment de dizaines d'autres témoins concernant les passages à tabac qui ont eu lieu à Auschwitz?
R. Oui.
Q. Dites-vous que cela n’est jamais arrivé?
R. Oui.
Q. À quelle fréquence étiez-vous dans le camp que vous commandiez?
R. Toute la journé. De 7h du matin jusqu'à 7h du soir.
Q. Alors si cela s'est produit, vous avez dû le voir?
R. Dans le camp que je commandais certainement.
Q. Avez-vous entendu lire la déclaration de Grese dans laquelle elle dit qu'elle portait un fouet et qu'elle l'utilisait régulièrement?
R. Oui.
Q. Est-ce faux?
R. Si elle dit qu'elle portait toujours un fouet, alors c'est exagéré. Ce n'était pas le cas.
Q. Je vous l'ai dit. Jour après jour, du matin au soir, des prisonniers étaient régulièrement battus dans votre camp.
R. Ce n'est pas ainsi. Je vais vous donner un exemple de la manière insolente avec laquelle les prisonniers mentent. Un officier britannique qui m'a interrogé m'a dit qu'il y avait déjà 1200 prisonniers qui disaient avoir été battus par moi. C'est un exemple de la façon dont on ne peut pas faire confiance à ce que dit un prisonnier, à la façon dont il ment.
Q. Étiez-vous régulièrement à la porte du camp pour regarder sortir les commandos en activité?
R. Pas régulièrement. Une fois dans le camp des hommes, l'autre fois dans le camp des femmes.
Q. Je vous suggère qu'ensuite vous frappiez les gens au passage s'ils étaient légèrement en décalage, ou s'il y avait le moindre problème.
R. Ce n'est pas ainsi.
Q. Vous souvenez-vous de Glinowieski qui était ici l'autre jour?
R. Oui.
Q. Vous souvenez-vous de lui à Auschwitz?
R. Non.
Q. Vous avez battu tellement de gens que vous ne vous souvenez d'aucun en particulier.
R. Je ne peux rien dire contre les sentiments du procureur. Je peux seulement dire que je n'ai battu aucun prisonnier. Glinowieski a déclaré que je l'avais battu à l'automne 1943. Lorsque mon défenseur a fait remarquer que je n'étais pas là et que je n'étais arrivé qu'au printemps 1944, la réponse de Glinowieski a été "je me suis peut-être trompé sur la date". Auparavant, il avait assuré à plusieurs reprises qu'il se souvenait exactement de la date, et qu'il se souvenait très bien de l'incident.
Q. Vous souvenez-vous de l'accusé Weingartner, le n° 3 sur le banc?
R. Oui.
Q. Quelle était sa position à Auschwitz?
R. Il était Blockführer dans le camp des femmes.
Q. Avait-il auparavant dirigé un commando de femmes?
R. À l'époque où j'étais à Birkenau, non.
Q. Était-il responsable d'un commando de femmes qui travaillaient au bord du fleuve?
R. Pendant que j'étais à Birkenau pour six mois, il était toujours Blockführer.
Q. Quelle était la position de Hössler à Auschwitz?
R. Hössler était Lagerführer à Auschwitz I.
Q. Avait-il déjà été à Birkenau?
R. C'est possible. On m'a dit qu'il s'était déjà rendu à Birkenau.
Q. Vous souvenez-vous de Bormann (SS-Aufseherin Juana - ajouté par moi) à Auschwitz?
R. Oui.
R. Possédait-elle réellement un gros chien-loup?
R. Oui.
Q. Était-ce un gros chien noir?
R. Non, marron.
Q. Était-il toujours avec elle, partout où elle allait?
R. Oui.
Q. Quelle était sa fonction particulière?
R. Aufseherin Bormann, à l'époque où j'étais là-bas, supervisait un commando qui travaillait dans le jardin.
Q. Quelle était la position de Volkenrath (SS-Aufseherin Elisabeth - ajouté par moi) là-bas?
R. Volkenrath était responsable des magasins où étaient traités les colis. Plus tard, elle a été transférée à Auschwitz I, dans le camp des femmes.
Q. Avait-elle une sœur?
R. Oui
Q. Comment s'appelait sa sœur?
R. Weinniger.
Celle sur le banc est-elle Volkenrath?
R. C'est Volkenrath.
Q. Quelle était la position d'Ehlert (SS-Aufseherin Herta - ajouté par moi)? Était-elle à Auschwitz ?
R. Je ne sais pas. Je ne me souviens pas d'Ehlert à Auschwitz.
Q. Quelle était la position de Grese (SS-Aufseherin Irma - ajouté par moi)?
R. Elle était gardienne au Camp C.
Q. Vous souvenez-vous de Lothe (kapo llse - ajouté par moi)?
R. Si elle avait été Kapo, je ne sais pas. Je ne me souviens pas d'elle à Auschwitz.
Q. Vous souvenez-vous de Löbauer (SS-Aufseherin Hilde - ajouté par moi)?
R. Elle avait quelque chose à voir avec le travail des commandos.
Q. Tournons-nous maintenant vers Belsen. Vous nous avez dit qu'à Birkenau il y avait des sélections, et que les gens qui ne pouvaient pas travailler allaient à la chambre à gaz. Est-ce correct?
R. Oui, du Camp C.
Q. Lorsque vous avez repris Belsen, n'était-il pas prévu d'y envoyer les malades et les personnes qui ne pouvaient pas travailler depuis d'autres camps?  
R. Oui, j'ai déjà dit hier que Belsen devait devenir un camp pour malades.
Q. L'intention n'était-elle pas exactement la même pour ceux qui ne pouvaient pas travailler? Qu'ils soient également exterminés à Belsen?
R. Non.
Q. Pourquoi ce changement d’avis?
R. Je ne sais pas. J'ai reçu l'ordre que Belsen devienne un camp pour prisonniers malades.
Q. Je vous suggère qu'il y avait une intention ferme. Que les prisonniers malades qui ne pouvaient pas travailler à Belsen meurent, tout comme ceux qui mouraient à Auschwitz.
R. Ce n'est pas ainsi.
Q. Et je vous suggère qu'après avoir réussi à Birkenau, c'est pour cela que vous avez été choisi comme commandant à Belsen?
R. Pourquoi j'ai été transféré à Belsen? Pourquoi j'ai reçu l'ordre d'aller à Belsen? Je ne sais pas. Quand j'ai reçu mes ordres, Glücks m'a seulement dit que Belsen allait devenir un grand camp pour malades.
Q. Avait-on déjà prévu des installations hospitalières pour en faire un grand camp pour malades?
R. Non.
Q. Y a-t-il jamais eu des médecins envoyés là-bas, à part deux pour 40000?
R. Non; Quand Lolling (SS-Standartenführer Dr Enno, médecin-chef de l'IKL, puis chef de l'Amt DIII WVHA - ajouté par moi) est arrivé, c'est moi qui lui ai fait remarquer que si le camp devait réellement devenir un camp pour malades, nous avions besoin de médecins et de médicaments.
Q. Des lits et des fournitures médicales y ont-ils déjà été envoyés?
R. Les fournitures médicales sont arrivées en mars, et une partie des lits est également arrivés fin mars ou début avril.
Q. Je vous suggère qu'il n'y a jamais eu la moindre intention que ces malades reçoivent un quelconque traitement.
R. Ce n'est pas ainsi.
Q. Vous avez produit hier une copie d'une lettre que vous dites avoir envoyée à Oranienburg le 1er mars? -
R. Oui.
R. Je vous suggère que cette lettre n'a jamais été envoyée du tout.
R. J'ai déjà dit hier que j'avais envoyé cette lettre par messager à Oranienburg.
Q. Pourquoi la copie n’a-t-elle pas été détruite avec tous les autres documents?
R. Cette lettre était une lettre privée, un rapport privé adressé à Glücks. Donc la copie de ce rapport se trouvait parmi mes papiers privés chez moi, et non dans mon bureau avec les autres documents officiels.
Q. Dans cette lettre vous dites "lorsque le SS-Standartenführer Lölling a inspecté le camp fin janvier, il a été décidé que l'occupation du camp ne devait pas dépasser 35000 détenus. Entre-temps, ce nombre a été dépassé de 7000?
R. Oui.
Q. 35000 + 7000 font 42000 n'est-ce pas?
R. Oui.
R. Le 1er mars, il n'y avait pas plus de 42000 personnes à Belsen, n'est-ce pas?
R. Je ne pourrais pas dire exactement combien il y en avait.
Q. N'y avait-il pas 26723?
R. Je l'ai déjà dit avant, je ne sais pas. La taille du camp pendant le mois de mars... je ne sais pas.
Q. Je vous dis qu'au 1er mars vous n'aviez que 26723 dans ce camp et que cette lettre est une concoction délibérée faite longtemps après. Après que le camp ait grossi. Et vous ne vous souvenez plus de la date?
R. Elle a été écrite exactement à la même date qui est indiquée en haut de la lettre, et elle avait été envoyée à Oranienburg à cette même date.
Q. Regardez et voyez si ce n'est pas votre signature dessus? (lettre remise)
R. Oui.
Q. Cela montre-t-il pour la quinzaine commençant le 1er mars, le chiffre de 26723?
R. Ce n'est que l'effectif du camp féminin. Le camp des hommes a disparu.
Q. Supposons que ce soient les femmes internées. Quel était le plus grand nombre d’internés que vous aviez dans ce camp?
R. A cette date, la différence est de 14 à 15000.
Q. Vous dites qu’il n’y a pas eu de passage à tabac de prisonniers à Auschwitz. Dites-vous qu’il n’y a pas eu de passage à tabac de prisonniers à Belsen?
R. Oui.
Q. Vous avez entendu les nombreux témoins raconter les passages à tabac qui s'y sont produits. Est-ce que tout cela est faux?
R. Quand j'ai traversé les camps, il n'y a jamais eu de passage à tabac. Il n'y a jamais eu de coups en ma présence. Lorsque j'ai quitté le camp, ce qui s'est passé ensuite, je ne peux pas le dire.
Q. Les Kapos étaient-ils armés de bâtons?
R. Non.
Q. Vous vous souvenez du capitaine Sington, l'homme qui est arrivé avec le fourgon à haut-parleurs?
R. Oui.
Q. Êtes-vous allé avec lui, avec le fourgon radio?
R. Oui.
Q. Vous souvenez-vous qu'il nous a dit comment les Kapos battaient les hommes à ce moment-là?
R. Lorsque le Capitaine Sington a traversé le camp avec son fourgon haut-parleur, on m'a dit que je n'étais plus le Commandant du camp. Donc, si j'avais dit à quelqu'un "rangez ce bâton", il aurait répondu "vous ne pouvez pas me donner d'ordres, vous n'êtes pas le commandant du camp".
Q. Ce n'est pas ce que je vous ai demandé. Ce que je vous ai demandé, c'est: avez-vous vu des Kapos donner des coups?
R. Oui, après l'entrée des troupes britanniques dans le camp.
Q. Vous vous souvenez d'Ehlert, n'est-ce pas?
R. Oui.
Q Vous souvenez-vous de sa déclaration?
R. Oui.
Q. Elle faisait partie de votre propre équipe n'est-ce pas?
R. Oui.
Q. La 2ème femme SS du camp?
R. Non.
Q. N'était-elle pas l'adjointe de Volkenrath?
R. Non.
Q. Vous souvenez-vous de ses paroles "j'ai souvent vu des prisonniers battus à Belsen"?
R. Oui, mais je suis étonné qu'elle ne me l'ait pas signalé.
Q. Vous souvenez-vous d'elle disant que les conditions à Belsen étaient une honte? Une honte?
R. Oui.
Q. Vous souvenez-vous qu'elle ait dit "je dis que Kramer était responsable de ces conditions parce qu'un jour, alors que je me plaignais de l'augmentation du taux de mortalité auprès de Kramer, il m'a répondu "laissez-les mourir. Pourquoi devriez-vous vous en soucier?"
R: Premièrement, je ne vois aucune raison pour laquelle je devrais répondre à une subordonnée sur les conditions du camp. Pourquoi devrais-je lui donner des explications sur les conditions du camp. Deuxièmement, ce qu'elle dit de ma réponse est faux.
Q. Si telle était votre attitude, cela ne servirait-il pas à grand-chose qu'elle se plaigne auprès de vous si elle voyait quelqu'un se faire battre?
R. En tant que Aufseherin, c'était son devoir de le faire. En ce qui concerne les autres conditions dans le camp, Ehlert n'avait aucune connaissance approfondie de l'origine de ces conditions.
Q. Pour le moment, je parle des passages à tabac et des mauvais traitements infligés aux prisonniers, et non de leur famine. Vous souvenez-vous de l'habitude des femmes de faire du "sport"?
R. Oui.
Q. Est-ce que cela a été fait sur vos ordres?
R. Ces mesures disciplinaires ne proviennent pas de moi. Elles faisaient partie du règlement des camps de concentration.
Q. Avez-vous donné l'ordre aux femmes de le faire à Belsen?
R. Non.
Q. Ehlert se trompe-t-elle également sur ce point?
R. Oui.
Q. Passons maintenant à la nourriture. Les prisonniers ont-ils obtenu leur ration de vivre à Belsen ou non?
R. Oui, à l'exception du pain.
Q. Pensez-vous sérieusement que cela soit suffisant pour que quelqu'un puisse vivre?
R. J'ai déjà dit que pour les personnes en bonne santé, cela suffisait pour quelques semaines. Mais pour les malades, cela ne suffisait pas.
Q. Quelle était la ratio ?
R. 3/4 de litre de soupe.
Q. Pensez-vous que cela était suffisant?
R. Comme je l'ai déjà dit, pour un homme en bonne santé, cela était suffisant pendant quelques semaines. Mais pas pour les malades.
Q. Quelles rations spéciales étaient fournies aux malades?
R. Il y avait un régime spécial pour certains malades, pour les autres rien.
Q. Combien de personnes dans ce camp bénéficiaient d'un régime spécial?
R. Je ne sais pas. Le médecin a dû dire ça.
Q Vous étiez responsable du camp n'est-ce pas?
R. Oui, mais je ne pouvais pas donner d'ordres aux médecins. Les médecins ne m'étaient subordonnés que dans la mesure où ils étaient membres des SS, mais pas dans l'exercice de leurs fonctions.
Q. Qui a fourni la nourriture? Vous ou les médecins?
R. Moi, avec mon administration.
Q. À combien de personnes avez-vous proposé ce régime spécial?
R. Je ne sais pas. Les rapports devaient parvenir de l'hôpital à l'administration.
Q. Et vous ne savez pas combien?
R. Non je ne sais pas.
Q. Êtes-vous déjà allé à l'hôpital?
R. J'ai été plusieurs fois à l'hôpital.
Q. Avez-vous vu les conditions là-bas?
R. Oui.
Q. Avez-vous vu les conditions dans les barraques?
R. Oui.
Q. Avez-vous vu ces gens mourir de faim lentement ?
R. Oui. C’est-à-dire que je ne l’ai pas vu moi-même. J’ai lu les rapports quotidiens qui indiquaient combien de personnes mouraient chaque jour.
Q. Avez-vous vu ces gens mourir peu à peu de faim et de soif ?
R. Oui. J'ai mentionné ces faits dans ma lettre au Gruppenführer Glücks. Je lui ai dit que ces choses étaient courantes.
Q. Et malgré le fait que ces gens mouraient de faim, vous leur avez ordonné de participer à l'appel?
R. Pas les malades, comme je l'ai dit ce matin.
q. Êtes-vous sérieusement en train de suggérer que 2 médecins pouvaient examiner tous les malades dans ce camp?
R. Avec ces 2 médecins, il y avait un certain nombre de médecins issus des détenus eux-mêmes. Ce n’est pas ma faute si je n’ai plus eu de médecins SS. Je les ai pourtant demandés.
Q. Vous avez entendu parler de ces gens debout pendant des heures, s'évanouissant, et laissés là où ils gisaient dans la neige sur la place de l'appel. Est-ce vrai?
R. Je l'ai entendu mais ce n'est pas vrai. Depuis l'arrivée de ces nombreux transports, il était pratiquement impossible de procéder à des appels nominaux. Il y avait au maximum 2 appels par semaine, pas plus.
Q. À quelle heure ces malheureux étaient-ils réveillés?
R. Les gens n'étaient pas du tout réveillés. Les appels nominaux n'avaient lieu qu'après le départ des groupes de travail.
Q. À quelle heure partaient les commandos de travail?
R. Vers 6h45, 7h. C'était en avril. En mars et février, c'était plus tard, vers 7h30.
Q. Passons à la question de l'approvisionnement en eau. À quelle distance se trouvait la rivière du camp?
R. Plusieurs centaines de mètres.
Q. 200m? 300m?
R. Du camp des hommes? 400 à 500m.
Q. Pourquoi n’avez-vous pas pompé l’eau de la rivière? - Je n'avais aucun appareil pour pomper l'eau de la rivière.
Q. Savez-vous que les troupes britanniques l’ont fait avec le matériel qui se trouvait dans le camp?
R. Peut-être dans la caserne de la Wehrmacht, mais pas dans mon camp.
Q. Ne vous est-il jamais venu à l'idée d'emmener des prisonniers jusqu'à la rivière et de les laisser boire un verre?
R. Non. De plus, le major Lomann de la caserne de la Wehrmacht m'a dit que l'eau de la rivière Meisse n'était pas potable.
Q- N'est-ce pas l'eau qui était pompée vers le camp à tout moment?
R. Non. Ces pompes fonctionnaient avec une autre eau.
Q. Savez-vous que c'est cette eau qui est utilisée depuis lors pour le camp?
R. Non.
Q. Vous utilisiez l'eau des réservoirs en béton du camp n'est-ce pas?
R. Oui.
Q. Vous avez entendu parler de la saleté qu'il y avait dans ces réservoirs, n'est-ce pas?
R. J'ai fait pomper et nettoyer ces bassins environ 14 jours à l'avance.
Q. Vous savez quelle saleté a été trouvée dans ces citernes, n'est-ce pas?
R. Non. Je sais seulement que lorsque ces bassins ont été vidés pour la première fois, il y avait de la saleté dedans. Plus tard, je ne sais pas.
Q. Pourquoi n’êtes-vous jamais allé voir le général pour lui dire exactement ce qui se passait dans votre camp?
R. Parce que le Général n'aurait pas pu m'aider.
Q. N'était-ce pas parce que vous aviez peur de dire à une personne honnête ce qui se passait dans votre camp?
R. Non.
Q. Il y avait une boulangerie dans la caserne de la Wehrmacht capable de fabriquer 60000 pains par jour n'est-ce pas?
R. Il y avait une boulangerie, mais je n'arrive pas à croire qu'elle pouvait fabriquer 60000 pains par jour.
Q. Ne pensez-vous pas que le général, ou toute autre personne honnête, vous aurait aidé en vous fournissant de la nourriture, si vous leur aviez dit la manière dont ces gens mouraient, et si vous leur aviez montré les squelettes vivants qui se trouvaient dans votre camp?
R. Le général n'aurait pas pu m'aider à cet égard. La nourriture qui se trouvait dans les magasins ne pouvait être obtenue qu'au moyen de tickets spéciaux, et je ne pouvais obtenir ma nourriture que de l'administration civile, et non de la Wehrmacht.
Q. Les gens mouraient de faim n'est-ce pas ?
R. Oui, parce que je n'ai pas assez de nourriture.
Q. Pensez-vous qu’un officier de la Wehrmacht aurait permis que cela continue sans apporter son aide?
R. Il n'aurait pas pu m'aider car il n'était pas autorisé à me donner quoi que ce soit.
Q. Lui avez-vous déjà demandé?
R. Non. La nourriture qui y était stockée était réservée pour la Wehrmacht. La seule chose que je recevais d’eux, c’était chaque semaine 10000 pains. Par exemple: j'ai reçu ma viande de Celle après y avoir fait un retrait. Si j'avais demandé au général de me donner de la viande provenant des magasins de la caserne de la Wehrmacht, il aurait répondu "ici c'est pour la Wehrmacht, vous devez la prendre à Celle".
Q. N'avez-vous pas acheté des légumes au magasin de la Wehrmacht?
R. Pas moi, mais le camp n°2. Hössler en a reçu des magasins de la Wehrmacht.
Q. Alors, si vous l'aviez demandé, peut-être en auriez-vous eu?
R. Non.
Q. La vérité n’est-elle pas que vous n’avez jamais essayé d’aider ces gens?
R. Ce n'est pas vrai. J'ai écrit à plusieurs entreprises pour obtenir de la nourriture supplémentaire. Les copies des lettres et des réponses devraient accompagner ma correspondance privée, et je pense que la Cour devrait connaître ces documents, ou au moins pouvoir les obtenir.
Q. Je suggère que les transports ont afflué à Belsen précisément pour la même raison qu’ils ont afflué à Birkenau?
R. Non.
Q. Je suggère que vous n'avez même jamais pris la peine de nettoyer les cadavres du camp, jusqu'à ce que vous sachiez qu'une trêve était en train d'être signée?
R. Si c'était vrai, j'aurais pu économiser beaucoup de litres de diesel. Jusqu'à cinq jours avant l'arrivée des troupes britanniques, les cadavres étaient transportés au crématoire par camion et en charrette à cheval.
Q. Savez-vous combien de milliers de personnes gisaient encore sans sépulture dans le camp lorsque les Britanniques sont arrivés?
R. Non. Le Lagerführer m'a informé 2 jours avant l'arrivée des troupes britanniques, qu'il n'y avait plus de cadavres qui traînaient dans l'enceinte des hommes.
Q. Savez-vous que les Britanniques ont trouvé 13000 cadavres sans sépulture dans ce camp?
R. Je l'ai entendu, mais je n'arrive pas à y croire.
Q. Avez-vous entendu le récit du témoin Le Druillenec sur la façon dont il a passé les 5 derniers jours avant l'arrivée des Britanniques, du matin au soir, avec 2000 autres personnes, à traîner des cadavres vers une fosse commune?
R. J'ai entendu la déclaration.
Q. Vous en doutez de la véracité?
R. Seulement quant au nombre de personnes travaillant à cette tâche.
Q. Est-il vrai que ces hommes malades et affamés, étaient employés du matin au soir à traîner des cadavres pour nettoyer le camp avant l'arrivée des Britanniques?
R. Pas les malades et les mourants, car entre-temps, des personnes en bonne santé étaient arrivées avec de nouveaux transports. S'il n'y avait eu que des malades et des mourants, je ne crois pas que le témoin aurait pu faire ce travail pendant cinq jours sans nourriture.
Q. Avez-vous regardé ce cortège vous-même?
R. Je l'ai vu.
Q. Dites-vous toujours que vous n'avez vu personne battu dans ce camp?
R. Durant ce travail avec les cadavres, personne n'a été battu, du moins tant que j'étais présent.
Q. Avez-vous vu quelqu'un tirer sur des gens pendant cette période?
R. Oui.
Q. Qui a tiré ?
R. Les derniers jours, les membres de la Wehrmacht allemande ou les hongrois.
Q. Des hommes, je suppose, qui n’était pas sous vos ordres?
R. Après la prise du camp par les Hongrois, la Wehrmacht était aux commandes. Je n'avais qu'à m'occuper de l'administration.
Q. Et donc, vous n'êtes jamais intervenu s'ils tiraient sur l'un de vos prisonniers?
R. Je n'ai jamais assisté à une telle chose.
Q. Avez-vous vu des coups de feu tirés près des cuisines?
R. Pas près de la cuisine. Comme je l'ai déjà mentionné, il y a eu des tirs après l'arrivée des troupes britanniques près du champ de pommes de terre. Je n'ai pas vu mais jai entendu.
Q. Avez-vous déjà vu quelqu'un tirer sur une personne près de la cuisine ?
R. J'ai parlé des derniers jours. Pas pendant cette période mais avant, oui.
Q. Qui a tiré ?
R. La question concerne t-elle les derniers jours ou avant?
Q. À tout moment pendant que vous commandiez à Belsen.
R. Auparavant, 3 membres de l'état-major SS et plus tard trois hongrois ou membres de la Wehrmacht.
Q. Quels membres de l'état-major SS?
R. Des membres de la compagnie de gardes.
Q. Pouvez-vous me donner les noms de certains d'entre eux?
R. Non. Je me suis renseigné à ce sujet et j'ai envoyé tous les rapports à la police de Hambourg.
Q. Je suggère que vos propres cuisiniers tiraient régulièrement depuis les fenêtres de la cuisine?
R. Ce n'est pas le cas.
Q. Et que vous-même y avez participé.
R. Ce n'est pas vrai.
Q. Je vous suggère que c'était un sport régulier parmi les SS, d'attendre les prisonniers s'approchant des cuisines et de leur tirer ensuite des coups de feu.
R. C'est un fantasme des témoins. Je ne peux pas imaginer que quelqu'un, sachant qu'il allait être abattu à proximité de la cuisine, s'y rende néanmoins.
Q. Avez-vous vu le témoin Sompolinski avec une balle dans la main, lorsqu'il est entré dans ce tribunal?
R. Oui, je l'ai vu.
Q. Je dis que c'est vous qui avez tiré sur cet homme?
R. Je me souviens des paroles du témoin Sompolinski. Je ne sais pas si je dois dire qu'il s'est trompé ou s'il a menti délibérément en m'accusant de lui avoir tiré dessus. Je n'ai jamais tiré sur personne pendant toute la durée de mon service dans les camps de concentration.
Q. Vous nous avez également dit que vous ne battiez jamais les gens.
R. Oui.
Q. Vous souvenez-vous des Russes construisant une barraque?
R. Oui je me souviens.
Q. Y avait-il parmi eux un homme appelé Markovitch?
R. Je ne sais pas.
Q. Je vous suggère que c'est lui que vous avez frappé jusqu'à ce qu'il tombe au sol et reste là, mort.
R. Ce n'est pas le cas car les 2 témoins ont différé dans leurs dépositions. L’une d’elles a dit qu’elle m'avait vu donner des coups de pied, et que j’en frappais 4 en plus. L'autre n' a dit qu'un. Ils ont raconté toute cette histoire avant d'entrer dans la salle d'audience, mais plus tard, ils ne se sont pas rappelés exactement quoi dire.
Q. Avez-vous donné un coup de pied à l'un de ces Russes?
R. Non.
Q. Vous vous souvenez de la jeune Russe qui s'était enfuie et que vous aviez frappé aux oreilles?
R. Oui.
Q. La gardienne Herta Ehlert était-elle présente?
R. C'est possible, mais je ne me souviens pas. Je sais que Volkenrath était présente, mais je ne sais pas si Ehlert était là.
Q. Voulez-vous simplement écouter la description d'Ehlert et ensuite je vous poserai des questions à ce sujet. "le commandant Kramer a interrogé la jeune fille devant plusieurs d'entre nous, les gardiennes SS". Est-ce vrai?
R. Je me souviens seulement de la présence de Volkenrath car plus tard, j'ai lui ai confié la responsabilité de cette fille.
Q. Ehlert poursuit "... et je l'ai vu lui donner des coups de pied et la secouer, puis la frapper avec un bâton sur la tête, le visage, et sur tout le corps sans aucune pitié".
R. Je vous l'ai déjà dit, je l'avais giflée. C'est tout. Je n'avais pas de bâton dans la main.
Q. "à la suite de quoi, elle a donné les noms de 2 filles qui selon elle, l'avaient aidée à s'échapper". Est-ce vrai?
R. C'est possible. Je ne me rappelle pas.
Q. "... et a demandé à Kasainitzky de donner à chacun d'eux 5 coups sur le derrière nu pour les faire avouer".
R. Non. Bien que je ne me souvienne pas du reste, je me souviens très clairement que je n'ai jamais donné un tel ordre ni à Birkenau ni à Belsen.
Q. Je suggère que vous avez battu cette fille. Que vous savez que vous l'avez fait. Et que votre réponse n'est pas plus véridique qu'aucune des autres réponses que vous avez données cet après-midi.
R. Je n'ai dit que la vérité.

La séance est ajournée.
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Message  PJ 17/2/2024, 08:02

Séance du mercredi 10 octobre 1945
Le Major Winwood reprend l'interrogatoire

Q. On vous a demandé hier si vous croyiez en Dieu?
R.Oui.
Q. Croyez-vous en l'Allemagne?
R. Oui.
Q. On vous a également demandé hier si l’extermination de la race juive faisait partie de la doctrine de votre Parti?
R. Cela n'en faisait pas partie.
Q. Votre parti était-il le gouvernement allemand?
R. Oui.
Q. Ce parti est-il arrivé au pouvoir en 1933?
R. Oui, le 30 janvier.
Q. Ce gouvernement est-il resté au pouvoir jusqu’à la fin de la guerre en europe?
R. Oui.
Q. Ce gouvernement était-il reconnu par tous les pays civilisés du monde?
R. Je le crois.
Q. Adolf Hitler était-il le chef de ce gouvernement?
R. Oui.
Q. Heinrich Himmler était-il membre de ce gouvernement?
R. Oui.
Q. Himmler était-il été chargé de la sécurité intérieure de l'Allemagne?
R. Oui.
Q. Qui était le chef de la Waffen-SS ?
R. Le plus haut commandant de la Wehrmacht était également le chef de la Waffen-SS. Himmler était le chef en Allemagne.
Q. De l'humble position que vous occupiez en Allemagne, quelle était votre opinion sur un ordre de Himmler?
R. Comme je l'ai déjà dit hier, Himmler était mon chef suprême, et tout ordre émanant de lui devait naturellement être exécuté. Toute autre opinion n’existait tout simplement pas, et il était tout à fait hors de question de ne pas exécuter un ordre militaire.
Q. Vous avez dit hier, en réponse au Procureur, que des transports arrivaient au cours de l'été 1944, pour une courte période d'environ 15 jours, de jour comme de nuit?
R. Oui.
Q. D'où venaient-ils?
R. De Hongrie.
Q. Cette question vous a été posée: avez-vous préféré participer à un meurtre en masse plutôt que d'être vous-même arrêté?
R. Oui.
Q. Nous avons entendu hier le rapport des effectifs qui a été produit par le parquet, donnant une liste du nombre de femmes internées à Belsen.
R. Oui.
Q. À quel bureau les rapports d'effectifs étaient-ils envoyés?
R. À Oranienbourg.
Q. Et où étaient envoyés les rapports d'effectifs pour les internés de sexe masculin?
R. Oranienburg également. 2 rapports distincts pour les internés. 1 pour les hommes et 1 pour les femmes. Ils furent envoyés à Oranienburg.
Q. On vous a dit que vous n'aviez jamais rien fait pour aider les personnes dans le camp en ce qui concerne la nourriture et les autres conditions.
R. Oui.
Q. Avez-vous déjà fait quelque chose contre les règlements pour obtenir de la nourriture pour les internés?
R. J'ai déjà dit hier que j'avais essayé avec plusieurs entreprises privées, d'obtenir davantage de produits alimentaires. Je sais que toutes ces lettres ainsi que les réponses à ces lettres faisaient partie de ma correspondance privée, et je sais qu'elles sont désormais entre les mains des autorités militaires. Je le sais car lors de mon interrogatoire à la prison de Celle, j'ai vu une de ces lettres entre les mains de l'officier britannique chargé de l'interrogatoire.
Q. On vous a dit hier que vous auriez dû vous adresser au général à la caserne de la Wehrmacht, lui exposer toute la situation, et lui demander de vous aider.
R. Oui.
Q. Pouvez-vous dire à la Cour quelles difficultés il y avait, le cas échéant, à ce qu'un Hauptsturmführer de la SS rende visite à un général de la Wehrmacht en mars ou avril 1945?
R. Je ne pense pas qu'il y aurait eu de difficultés particulières à le voir. Mais si j'avais mentionné une quelconque demande de ravitaillement, sa réponse aurait été négative car ces réserves de nourriture dans les magasins de la Wehrmacht étaient destinées uniquement aux membres de la Wehrmacht. Et même s'il y avait eu une sorte de possibilité d'aide, je doute qu'il m'aurait aidé.

Le Juge-Avocat: Josef Kramer, je pense que vous êtes lié aux camps de concentration depuis une dizaine d'années. Est-ce correct?
R. Oui.
Q. D'après votre expérience, avez-vous au cours des années de guerre estimé que, par exemple, un Juif polonais malade ou infirme était voué à mourir dans le cadre de la politique du Reich allemand ?
R. Non.
Q. À quoi servait au Reich allemand un juif ou une juive polonaise malade ou infirme?
R. Je ne sais pas. Je n'ai rien à voir avec les raisons pour lesquelles ces gens ont été envoyés dans mon camp. J'étais là, et je les ai reçus. Pourquoi ils m'ont été envoyés? Je ne sais pas. Cela n'avait rien à voir avec moi. Qu’il s’agisse d’un ennemi politique, d’un juif ou d’un criminel professionnel, cela n’avait absolument rien à voir avec moi. J'ai les ai reçus, c'est tout.
Q. Lorsqu'on vous a annoncé que Belsen allait devenir un camp pour Juifs malades, avez-vous réalisé que à moins qu'il ne soit convenablement aménagé, les Juifs malades qui s'y rendaient mourraient inévitablement?
R. Il ne s'agissait pas seulement du camp pour Juifs. Il s'agissait de prisonniers malades. Et lorsqu'en janvier, Lolling est venu inspecter mon camp, je lui ai dit que si ce camp devenait un camp pour prisonniers malades, j'aurais besoin de plus de médecins, de plus de matériel médical, de plus de lits, de couvertures, etc... Dans mon rapport du 1er mars, j'ai souligné que j'avais besoin d'aide, car sinon les personnes, dans ces conditions, mourraient inévitablement.
Q. Lorsqu'un Juif était gazé et incinéré à Auschwitz, la mort de cette personne était-elle officiellement consignée dans les registres?
R. Je ne sais pas. Je ne le pense pas, car tout cela a été fait à Auschwitz I, par le département politique de ce camp. Je ne peux donc pas le dire.
Q. Lorsqu'un juif polonais mourait à Belsen, un document officiel était-il établi concernant sa mort?
R. Oui, cela a été fait jusqu'au jour où j'ai reçu l'ordre de détruire tous les documents officiels. Ensuite, cela ne s'est plus fait. Je ne connaissais pas beaucoup les détails, mais j'ai essayé d'obtenir au moins le nom et les faits les plus importants. Cela a été fait jusqu'au jour où cet ordre est arrivé.
Q. A Belsen, quand quelqu'un mourait, avez-vous demandé les circonstances de la mort?
R. Pas moi. Ce sont les médecins qui le faisaient. Ils devaient connaître les raisons du décès de cette personne et le certifier par leurs signatures.
Q. Pendant votre service, avez-vous reçu des récompenses ou des promotions?
R. Avant la guerre, j'avais le grade d'Obersturmführer qui je crois, équivaut à celui d'un lieutenant. Pendant la guerre j'ai été promu Hauptsturmführer - en 1942 - et cela, je crois, équivaut au grade de capitaine. Les décorations que j'ai reçues étaient les Kriegsverdienstkreutz 1ère et 2ème classes (KVK - Croix de Service de Guerre - ajouté par moi)
Q. Est-ce 1 décoration, ou 2?
R. 2.
Q. Quand les avez-vous reçus?
R. La Kriegsverdienstkreutz 2 Klasse qui est la plus basse, à l'été 1942. La Kriegsverdienstkreutz 1 Klasse, le 30 janvier 1945. Cette KVK2, je l'ai eu quand j'étais Lagerführer, ainsi que la promotion. Puis quand j'étais commandant du camp, je n'ai plus été promu mais j'ai eu cette KVK1.

Uu Membre de la Cour: Pouvez-vous nous dire quel était le système normal de rationnement dans les camps de concentration, indépendamment de toute situation d'urgence qui aurait pu survenir en mars et avril?
R. Je ne connais pas le système de rationnement en détail, mais je peux dire que par rapport aux rations de la population civile, cela représentait environ les trois quarts de ce qu'un civil recevait.
Q. Les autorités du camp ont-elles mis en retrait leurs exigences?
R. Oui.
Q. À qui les ont-ils confiés? - Au Wirtschaftsamt (bureau économique - ajouté par moi) de Celle, et ils m'ont donné les cartes de rationnement pour eux.
Q. Les autorités du camp étaient-elles chargées de conclure les contrats d’approvisionnement alimentaire?
R. Les entreprises avec lesquelles nous étions en relation donnaient déjà par l'intermédiaire du Wirtschaftsamt. Il y avait des entreprises qui livraient déjà autrefois au camp, et cela a continué.


Le Président: Major Winwood, avez-vous d’autres points à soulever à ce sujet?
Major Winwood: Non, pas d'autres questions.
Kramer. Je voudrais ajouter un seul mot sur la question du ravitaillement.
Q. Oui?
R. En mars, sous ma propre responsabilité, j'ai distribué plus de pommes de terre que ce que le système de rationnement me permettait de faire. J'ai donné l'ordre que ces pommes de terre soient ajoutées à la nourriture normale, afin qu'elle soit plus calorique et plus nourrissante. Mais à la fin du mois de mars j'ai dû arrêter cette pratique car il n'y avait plus de pommes de terre.

Et maintenant, je voudrais profiter de cette occasion pour remercier tous les défenseurs pour ce qu'ils ont fait pour moi et pour les autres.
Je suis sûr que cela permettra à la Cour de rendre un jugement juste et équitable.

L'accusé Josef Kramer fini son témoignage et quitte la barre.
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Message  PJ 17/2/2024, 08:09

ROSINA KRAMER

Le Procès de Belsen Rosina10


Mme Rosina Kramer, épouse de l'accusé Josef Kramer est convoquée à la barre, et après avoir prêté serment, est interrogée par le Major Winwood.
Le Juge-Avocat: Ce témoin déposera en allemand, et m'informe que le serment qu'elle a prêté engagera sa conscience.

Q. Quel est votre nom complet?
R. Rosina Kramer.
Q. Êtes-vous l'épouse de Josef Kramer?
R. Oui.
Q. Quand avez-vous épousé Josef Kramer?
R. Le 16 octobre 1937.
Q. Depuis lors, avez-vous toujours été à son côté?
R. À de courts intervalles, j'ai toujours été avec lui. Bien sûr, lorsqu'il était de service, il était au camp.
Q. Êtes-vous déjà entré dans un camp de concentration?
R. Oui, mais c'était en quelque sorte hors service. Le dimanche.
Q. Étiez-vous avec lui lorsqu'il est allé à Auschwitz en 1944?
R. Oui, je suis arrivé 2 semaines plus tard.
Q. Savez-vous qui était le Kommandant de Birkenau avant que votre mari ne prenne la relève?
R. Le Sturmbannführer Hartjenstein (Friedrich - ajouté par moi).
Q. Avez-vous eu des conversations avec Hartjenstein avant que votre mari ne parte à Birkenau?
R. Pas avant, mais 3 jours après la prise de fonction de mon mari. Cela s'est passé à Natzweiller.
Q. Qu'est-ce qu'il vous a dit?
R. Je lui ai demandé pourquoi mon mari avait été choisi pour Auschwitz. Sa réponse était que le grade de mon mari était Hauptsturmführer et Hartjenstein était Sturmbannführer, un grade plus élevé donc. Comme il exercerait les fonctions de commandant en second, le grade de Hauptsturmführer était donc correct.
Q. Pourquoi Hartjenstein, avec le grade de Sturmbannführer, n'a-t-il pas pu rester à Birkenau?
R. C'était un changement général de commandement. Berlin avait pour politique de changer de commandement tous les deux ans.
Q. Qui est devenu commandant d’Auschwitz I?
R. Baer, et l'Obersturmbannführer Höss en tant que Standortâltester (commandant en chef du complexe d'Auschwitz - ajouté par moi). L'Obersturmbannführer Höss était responsable des transports (venant de Hongrie - ajouté par moi).
Q. Savez-vous personnellement pourquoi Höss a été envoyé à Auschwitz?
R. Je crois pour s'occuper des transports entrants.
Q. Votre mari vous a-t-il déjà parlé de ce qui s'est passé à Auschwitz?
R. Plus tard, il m'en a parlé. Un soir il m'a dit "je ne pense pas que ceux qui sont responsables des vies qui sont en train d'être détruites ici dorment très facilement" ou "ne dorment pas légèrement".
Q. Êtes-vous finalement allé à Belsen?
R. Oui, 4 semaines plus tard.
Q. Quand êtes-vous arrivé à Belsen?
R. Le 30 décembre.
Q. Avez-vous visité le camp de Belsen?
R. Mon mari m'a parlé avec beaucoup de fierté du bel orchestre qui jouait. Il voulait me montrer ça.
Q. Y avait-il réellement un orchestre au camp à Belsen?
R. Oui, il y avait un groupe, mais ils n'avaient pas d'instruments. Entre-temps, mon mari voulait que les instruments d'Auschwitz soient envoyés à Belsen, puis il a demandé aux SS de Belsen de prêter leurs instruments pour que les filles puissent au moins jouer quelque chose.
Q. Les SS ont-ils prêté leurs instruments au camp?
R. Oui.
Q. Est-ce qu'une fille appelée Anita Lasker jouait dans cet orchestre?
R. Je ne connais aucun nom.
Q. Votre mari vous a-t-il déjà parlé de la nourriture à Belsen?
R. J'étais présente à une conversation entre mon mari et Vogler, le fonctionnaire responsable de la nourriture. Je me souviens que mon mari a dit : "Ce que ces gens reçoivent n'est pas suffisant pour vivre, et trop pour mourir."
Q. Vous a-t-il déjà parlé de l'hôpital, des fournitures médicales ou des médecins?
R. Oui. Je me souviens qu'un soir il rentra à la maison vers 23h30. C'était juste après une alerte aérienne. Il marchait, faisant les 100 pas, demandant toujours : "Pourquoi? pourquoi? pourquoi?". Puis il dit "le wagon que j'attendais depuis 3 mois, je viens d'apprendre qu'il a été détruit dans un bombardement à Hanovre, et je n'ai pas le moindre matériel de bandage ou de pansement."
Q. Ce wagon, à votre connaissance, contenait-il du matériel médical?
R. Oui. C'était surtout des pansements destinés à l'hôpital.
Q. Votre mari a-t-il eu des contacts avec la Wehrmacht à la caserne?
R. Non. De toute façon il n'avait pas le temps car il était de service jour et nuit.
Q. Les autres membres de son équipe, hommes ou femmes, sont-ils déjà venus chez vous pour une soirée sociale?
R. Une fois. Un soir, Vogler est venu avec le Dr Horstmann.
Q. Avez-vous déjà entendu dire que votre mari maltraitait quelqu'un à Belsen?
R. Non.
Q. Savez-vous quelle était l'opinion de votre mari sur son devoir envers les internés de Belsen?
R. Oui. Il m'a dit que son devoir était de prendre soin d'eux, et c'est ce qu'il faisait tout le temps, nuit et jour. Je me souviens qu'il est venu une fois entre les heures de travail et a parlé avec moi et les enfants. C'était tout pour lui. Son propre trésor. Et il a dit "si je pouvais trouver quelque chose pour que ces gens ne s'allongent pas sur le sol nu", et alors il me demanda de faire ramasser quelques fougères pour que ces gens aient quelque chose pour s'allonger.

Contre-interrogatoire par le Colonel Backhouse

Q. Vous nous avez expliqué la raison pour laquelle Höss a été envoyé à Auschwitz, pour les transports.
R. Oui.
Q. De quels transports s'agissait-il?
R. Je crois que c'étaient des transports destinés aux chambres à gaz.
Q. Vous connaissiez alors les chambres à gaz, n’est-ce pas?
R. Tout le monde à Auschwitz, et dans toute la région, était au courant.
Q. Et vous pensez que Höss a été envoyé là-bas pour commander l'ensemble du camp parce que ces transports arrivaient?
R. Oui.
Q. Pourquoi pensez-vous que votre mari a été envoyé là-bas alors?
R. Parce que son grade n'était que Hauptsturmführer.
Q. Et le camp qu'il est allé commander avait toutes les chambres à gaz, n'est-ce pas?
R. Oui. Il ne le savait pas auparavant.
Q. Vous nous avez dit que votre mari vous avait dit un soir que ceux qui étaient responsables des vies qui étaient détruites ne pouvaient pas avoir la conscience tranquille?
R. Oui.
Q. Il s’est rendu compte que c’était très mal, n’est-ce pas?
R. C'était un ordre qu'il avait reçu.
Q. Ce n'est ce que je vous demande. Votre mari s’est rendu compte que c’était une erreur de tuer ces gens, n’est-ce pas?
R. Oui, naturellement.

Le Juge-Avocat:

Q. Où se trouvait votre résidence privée à Belsen par rapport au camp? Était-ce à proximité ou à une certaine distance?
À environ 50m de l'entrée du camp. C'était une caserne.

L'audition se termine, le témoin se retire
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Message  Aldebert - 2 21/2/2024, 19:08

Bonsoir,

Merci PJ pour cette présentation et pour sa traduction.

Quand on lit le témoignage de Kramer, la bête de Belsen ne se sent coupable de pas grand chose. Le coupable, s'il en est, ce n'est pas lui, c'est Berlin. Le refuge dans le déni est PATHETIQUE.
Il ne méritait pas la corde qui l'a pendu.

Quand j'ai visité Natzweiler en 1967, puis plus tard Dachau et Mauthausen, l'information qui était dite à son encontre ne correspondait pas à son témoignage
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Message  PJ 23/2/2024, 13:43

IRMA GRESE
Déclarations d'Irma Grese faites en détention.

Le Procès de Belsen Irma_g10

Déposition du Capitaine Alfred James Fox, bureau special d'enquete, police militaire, stationné à Ostende, a prêté serment devant moi le Major Geoffrey Smallwood, officier de l'état-major du Juge-avocat général des Forces Armées:
- Le 19 mai 1945, j'ai visité la prison de Celle où je vis Irma Grese. Je lui ai parlé par l'intermédiaire d'un interprète et elle m'a laissé entendre qu'elle souhaitait faire une déclaration signée. J'ai enregistré sa déclaration sous serment qui est jointe, et qu'elle a signée en ma présence."
- Signature: Capitaine Alfred James Fox, ce 21 mai 1945 au camp de Belsen.

Déclaration de la gardienne SS Irma Grese.

Je m'appelle Irmgard Ilse Ida Grese, née le 7 octobre 1923 (21 ans) à Wrechen près de Feldberg (Mecklembourg) de Berta et Alfred Grese.
Dès l'âge de 16 ans, j'ai travaillé comme infirmière auxiliaire dans un hôpital et j'y suis restée jusqu'à l'âge de 18 ans. Je voulais devenir infirmière, mais j'ai été obligée de rejoindre les SS comme surveillante dans les camps de concentration. C'était en juillet 1942.
Je suis d'abord allée à Ravensbrück où j'ai été nommée Aufseherin, chargée de diriger des groupes de travail féminins composés d'une vingtaine de détenues. En mars 1943, je fus envoyé à Birkenau près d'Auschwitz, où je restai jusqu'en janvier 1945. Je partis ensuite à Ravensbrück pendant 4 semaines, et arrivais à Belsen en mars 1945.
Je sais par les prisonniers qu'il y avait des chambres à gaz à Auschwitz, et que les prisonniers y étaient gazés. Le Dr Mengele venait au camp de Birkenau pour trer les personnes inaptes au travail dans les transports. Je savais ce qui se passait et j'ai caché les mères et les enfants pour qu'ils ne soient pas choisis. Une fois, j'ai été dénoncé par des Juifs pour avoir fait cela et j'ai été aux arrêts pendant 2 jours dans ma chambre. Les Juifs étaient utilisés comme espions dans ce camp et bénéficiaient de certains privilèges. Je n'ai jamais participé à la selection des personnes, et j'étais seulement à l'appel pour  veiller à ce que personne ne s'échappe.
Je n'ai jamais battu ni donné de coups de pied à aucun prisonnier. Il est vrai que j'ai obligé les gens à rester debout sur la place d'appel pendant de longues périodes, mais jamais jusqu'à ce qu'ils tombent. J'ai vu des gens être battus par le Rapportführer Tauber à Birkenau, et par la Rapportführerin Drechsel. Drechsel m'a dit un jour que si c'était nécessaire, je pouvais frapper les prisonniers, mais je ne l'ai jamais fait. Je ne me souviens pas qui était le commandant à cette époque. Pendant mon séjour, Höss, Hartjenstein, Schwarz et Kramer étaient commandants.
Les conditions dans les camps de concentration étaient mauvaises pour tout le monde, y compris les SS. La seule fois où j'ai pu rentrer chez moi, c'était pendant 5 jours après avoir terminé ma formation à Ravensbrück. J'ai alors parlé du camp de concentration à mon père. Il m'a giflé et m'a dit de ne plus jamais revenir à la maison. Himmler est responsable de tout ce qui s'est passé, mais je suppose que j'ai autant de culpabilité que tous les autres au-dessus de moi. Les conditions étaient très mauvaises à Belsen mais je ne pouvais pas faire grand-chose même si j'ai fait tout ce que je pouvais pour aider.

(Signé) Irma Grese.



Déposition d'Irma Grese, SS-Kommandoführerin à Auschwitz et Belsen, native de Wrechen, près de Feldberg, devant le lieutenant-colonel Leopold John Genn, Royal Artillery, commandant l'équipe d'enquête sur les crimes de guerre n°1, le 14 juin 1945.

J'ai déclaré dans une déposition précédente que je n'avais jamais battu ni maltraité des prisonniers. J'ai réfléchi et je souhaite maintenant dire la vérité.
Mes tâches à Belsen, consistaient à supeviser l'appel 2 fois par semaine. Mon grade était "Kommandoführerin" (cheffe d'un commando de détenues - ajouté pat moi). J'étais employé comme Aufseherin (gardienne - ajouté par moi). À ce titre, il était de mon devoir de veiller à l'ordre et à la propreté générale du camp. Mes fonctions se limitaient au camp des femmes. Je n'ai jamais frappé de prisonniers pendant les trois semaines et demie que j'ai passées à Belsen.
À Auschwitz, j'ai frappé des prisonnières au visage avec la main, parce qu'elles utilisaient des gamelles comme seaux de latrines. Même si je n’ai jamais frappé de prisonniers à Belsen et que je n’ai jamais vu quelqu’un d’autre le faire, je me souviens avoir vu le Rapportführerin Drechsel frapper des prisonniers à Auschwitz. Elle a fait ça avec sa main. Je ne l'ai vu que de loin, et ils n'ont été touchés qu'à la tête. Moi-même, je frappais les prisonniers assez fréquemment lorsqu’ils faisaient quelque chose qui ne me plaisait pas.
Dans l'ensemble, je considère que j'ai bien traité les prisonniers. Je pensais qu'aucun d'entre eux ne m'était hostile lorsque je travaillais dans le camp. Je constate maintenant qu’ils me semblent tous hostiles. Je pense qu'ils sont hostiles à tous les SS car ils ne peuvent pas oublier le nombre de personnes parmi eux qui ont été gazées à Auschwitz. Je pense moi-même qu’ils ont parfaitement raison de se sentir hostiles à notre égard.
On m'a montré la photographie B.U.3746 montrant une femme avec de graves cicatrices sur le visage qui, je crois, ont été causées par des coups avec un bâton. Je n'ai jamais vu une telle chose se produire à Belsen, mais j'ai certainement vu l'Unterscharführer Tauber battre des gens de cette manière à Auschwitz. Il le faisait avec un bâton.
J'ai de nouveau réfléchi, et je tiens à ajouter que j'ai effectivement battu des prisonniers autrement qu'avec la main, comme déjà décrit. C'était à Auschwitz où, pendant au moins une semaine, plusieurs d'entre nous, les femmes SS, fabriquionst des fouets courts dans les ateliers du camp. J'en ai utilisé un avec lequel j'ai frappé plusieurs fois les prisonniers, avant que ces fouets ne nous soient retirés. Aucune arme n'a jamais été portée ou possédée sans autorisation par les gardiennes SS.
J'avoue aussi maintenant que j'ai puni les prisonniers en les faisant s'agenouiller par terre pendant des périodes d'un quart d'heure à la fois. Je ne leur ai pas fait tenir les mains au-dessus de la tête en même temps. Mais j'ai constaté que cela se faisait lorsque je faisais mon rapport dans une autre partie du camp d'Auschwitz. Je ne connais pas les noms des personnes responsables d’avoir infligé ce châtiment.
Je me souviens avoir dit dans la première déclaration que j'ai faite à un officier anglais, que "Himmler est responsable de tout ce qui s'est passé, mais je suppose que j'ai autant de culpabilité que tout ceux au-dessus de moi." Je voulais dire par là que le simple fait d'être dans les SS, et de voir les crimes commis sur ordre des personnes en position d'autorité, et de ne rien faire pour protester ou empêcher d'éxecuter les ordres, rend tout membre de la SS aussi coupable que n'importe qui d'autre. Les crimes auxquels je fais référence sont le gazage de personnes à Auschwitz, et le meurtre de milliers de personnes à Belsen par la faim et la maladie. Je considère que le crime est un meurtre.
Je connais la chambre à gaz d'Auschwitz parce que les prisonniers qui y travaillaient nous en ont parlé (Sonderkommando - ajouté par moi). Je ne l'ai vu moi-même que de loin mais je suis convaincu que beaucoup y ont été gazés.
Je reconnais un certain nombre de gardes SS sur les photographies qu'on m'a montrées, et qui se trouvaient à Belsen. Le numéro 3 sur la photographie 1 était un employé à Auschwitz. Je ne connais pas ses fonctions à Belsen (Kulessa). Le n° 4 sur la photographie 3 était électricien à Belsen et à Auschwitz. Le n° 1 sur la photographie 5 était cuisinier à Auschwitz et dans le magasin d'alimentation de Belsen. Le n° 2 sur la photographie 5 travaillait avec le n° 4 sur la photographie 3 comme cuisinier et électricien à Auschwitz et à Belsen. Le n° 4 sur la photo 7 était cuisinier à Belsen. Le n° 5 sur la photo 9 est le Dr Fritz Klein. Le n° 3 sur la photo 9 était un serveur au mess des officiers à Belsen. Le n° 1 sur la photo 9 était un serveur au mess des officiers à Belsen. Il n'était à Belsen que quelques jours. Il venait de Mittelbau. Je ne sais pas comment il était employé. Les numéros 1 et 3 sur la photographie 12 étaient employés à Auschwitz et à Belsen dans la salle de garde qui contrôlait les entrées et les sorties des prisonniers. Sur la photographie 22 Le numéro 6 était responsable de toutes les gardes SS, le numéro 5 était le commandant en second du numéro 6, le numéro 3 était téléphoniste, le numéro 1 était responsable du magasin de pain. Sur la photographie 19, le numéro 6 était dans la cuisine pendant un petit moment, les n° 5 et n° 4 étaient Aufseherinnen, le n° 3 s'occupait des cochons, le n° 2 était téléphoniste. Sur la photo 25, le n° 5 était chargé de couper le bois. Sur la photo 35, le n° 1 était téléphoniste, le n° 2 était malade pendant que j'étais là-bas, le n° 3 travaillait à la cuisine. Sur la photographie 37, le n°2 était dans la cuisine, le n°3 était également dans la cuisine.
Je n'ai jamais vu aucun des SS mentionnés précédemment maltraiter des prisonniers de quelque manière que ce soit. J'ai maintenant avoué tous les mauvais traitements infligés aux prisonniers dont j'étais coupable parce que cela me pesait sur la conscience. Je n'ai rien d'autre à ajouter.

Fait sous serment par ladite déposante Irma Grese à Celle, ce 14 juin 1945.
(Signé) Irma Grese.



Déposition additionnelle d'Irma Grese, SS-Kommandoführerin à Auschwitz et Belsen, native de Wrechen, près de Feldberg, devant le lieutenant-colonel Leopold John Genn, Royal Artillery, commandant l'équipe d'enquête sur les crimes de guerre n°1, le 14 juin 1945.

Après réflexion, je voudrais dire que, à 3 reprises, les déclarations que j'ai faites dans ma précédente déposition n'étaient pas exactes.
- Premièrement: j'ai déjà déclaré que je n'avais jamais porté d'armes. En fait, les Aufseherinnen d’Auschwitz portaient des pistolets, dont moi. Cependant, mon pistolet n'était jamais chargé et je ne savais pas comment m'en servir et je ne l'ai jamais utilisé.
- Deuxièmement: lorsque j'ai déclaré que la seule fois où j'avais utilisé un ustensile pour battre des prisonniers, ce fût lorsque j'avais un fouet pendant une semaine. C'est faux. En fait, j'avais toujours un fouet que j'utilisais systématiquement chaque fois que cela était nécessaire.
- Troisièmement: j’avoue qu’il y avait aussi une canne que nous gardions dans la chambre du Lagerältester et que, bien que non autorisée, nous l'utilisions fréquemment pour battre les prisonniers. J'avais l'habitude de les frapper sur les épaules, mais il y avait des moments où, en raison du nombre de personnes impliquées, ils étaient frappés sur n'importe quelle partie du corps, ce qui s'avérait plus facile. Tous les passages à tabac auxquels je fais référence ont été immédiats et je n'ai jamais participé à des punitions délibérément organisées. Si l'on souhaitait infliger un passage à tabac organisé, le prisonnier devait être signalé et enfermé dans une cellule spéciale en attendant sa punition. Je n’ai jamais vu une telle punition autorisée être appliquée.

Fait sous serment par ladite déposante Irma Grese, à Celle le 14 juin 1945
(Signé) Irma Grese
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Message  PJ 23/2/2024, 13:54

HELENE GRESE

Le Procès de Belsen Helene12

Major Cranfield - défenseur d'Irma Grese
Je propose d'appeler un témoin au nom de l'accusée Grese avant de l'interroger.
La raison pour laquelle je fais cela, c'est que ce témoin va témoigner sur la famille et les antécédents généraux de l'accusée. Je vais maintenant appeler Hélène Grese à la barre.

Déposition sous serment d'Helene Grese, le 16 octobre 1945

Major Cranfield: Votre nom complet est-il Helene Grese?
Helene Grese: oui
Q. Êtes-vous la sœur de l'accusée Irma Grese?
R. Oui.
Q. Vous avez 20 ans et votre maison se trouve à Wrechen?
R. Oui.
Q. Est-ce dans la zone russe?
R. Oui.
Q. Votre père était-il ouvrier agricole?
R. Oui.
Q. J'aimerais maintenant vous parler du moment où votre sœur Irma a quitté la maison.
R. Oui.
Q. Quel âge avait-elle alors?
R. 14 ans.
Q. Votre mère était-elle alors en vie?
R. Non. Elle est morte en 1936 (leur mère s'est suicidée en absorbant de l'acide hydrochlorique, suite à la découverte de l'infidélité de son mari - ajouté par moi).
Q. Où est allée votre sœur?
R. Dans un village proche d'où nous vivions, et où elle travaillait dand une ferme comme paysanne.
Q. Votre sœur avait-elle déjà été membre des jeunesses hitlériennes?
R. Non.
Q. Vous souvenez-vous de l’époque où votre sœur a rejoint le service des camps de concentration?
R. Oui.
Q. Depuis cette époque jusqu’à votre arrivée à Lunebourg, combien de fois avez-vous vu votre sœur?
R. Deux fois.
Q. Pouvez-vous dire à la Cour quelles étaient ces occasions?
R. En 1943 et en mars 1945. Je ne sais pas si c'était fin février ou début mars.
Q. Pouvez-vous dire à la Cour où ces réunions ont eu lieu, et comment votre sœur est arrivée là-bas?
R. En 1943, ma sœur a écrit pour dire qu'elle venait en congé, alors mon autre sœur a tout fait pour que nous restions tous les cinq à la maison pendant cette période.
Q. Lorsque votre sœur est arrivée en congé, vous a-t-elle parlé du travail qu'elle faisait?
R. Non. Mon autre sœur et moi-même n'avions qu'un jour de libre, et pendant ce jour-là, Irma Grese n'a rien mentionné de son travail. Nous ne parlions que des affaires familiales, et pendant la soirée nous avons eu une sorte de réunion de famille. Rien ne fut mentionné sur le travail qu'effectuait Irma alors.
Q. À un moment donné pendant cette permission de votre sœur, avez-vous eu des nouvelles d'elle concernant son travail dans les camps de concentration?
R. Elle nous a seulement dit que ses fonctions consistaient à surveiller des prisonniers afin qu'ils ne s'évadent pas.
Q. Veuillez s'il vous plait, parler à la Cour de l'autre rencontre avec votre sœur?
R. En 1945, lorsque ma sœur a quitté Auschwitz, elle est allée à Ravensbrück. À Ravensbrück, elle a appris qu'un autre Aufseherin était dans un hôpital à Strelitz. Alors elle s'est portée volontaire pour aller la chercher parce qu'une de nos sœurs travaillait à là-bas. Elle voulait la voir.
Q. À cette occasion de la rencontre avec votre sœur, vous a-t-elle parlé de son travail dans les camp de concentration?
R. Pas beaucoup.
Q. Qu'a-t-elle dit?
R. Elle m'a dit qu'elle travaillait depuis longtemps dans une sorte de bureau de poste recevant et distribuant du courrier.
Q. Rien d'autre?
R. Que parfois elle avait été affectée à des tâches de garde.
Q. Pour autant que vous le sachiez, votre sœur a-t-elle une expérience avec les armes à feu?
R. Non.
Q. Dans cette affaire, il est allégué que votre sœur a tué des prisonniers en tirant avec un pistolet à quatre reprises. J'aimerais que vous disiez à la Cour ce que vous en pensez.

- Colonel Backhouse: Je ne veux pas interrompre mon collegue, et je veux lui donner toute la latitude possible, mais où allons-nous? Cette fille dit qu’elle n’a vu sa sœur que deux fois depuis qu’elle est enfant. On lui demande d'abord si sa sœur a une quelconque expérience des armes à feu, et maintenant on lui demande ce qu'elle pense du témoignage de l'accusation. Vraiment, je pense que ça va trop loin.
- Le président: Je pense que vous avez raison. Elle ne peut pas répondre à ça.

Q. Dans cette affaire, votre sœur est accusée d'avoir sauvagement frappé les prisonniers dont elle avait la charge, de sorte qu'ils se sont retrouvés blessés. Que pensez-vous de cela?

- Colonel Backhouse: Encore une fois je m'y oppose. Cette jeune fille ne peut pas exprimer son opinion sur la thèse de l'accusation.
- Le Président: Je ne pense pas que vous puissiez poser ces questions sur ce que le témoin pense de la thèse du Procureur. Pour autant que je le perçoive, ce ne sont pas du tout des déclarations de faits.
- Major Cranfield: À mon avis, cette fille qui est la sœur de l'accusé la connaît mieux que toute autre personne présente. La prévenue est accusée, alors qu'elle était une très jeune fille, d'actes de grande sauvagerie et de cruauté, et je crois que ce témoin peut nous dire si elle pense que sa sœur est susceptible de commettre de tels actes, oui ou non.
- Colonel Backhouse: Elle a vu sa sœur 2 fois au cours des sept dernières années. Si elle doit témoigner sur des faits qui se sont produits il y a 7 ans, ou dire que sa sœur était une bonne fille à la maison, ce qui est toujours très populaire devant les tribunaux, cela ne me dérange pas.
- Le Président: Je ne pense pas qu’elle puisse exprimer une opinion sur les éléments de preuve produits par l’accusation.
- Major Cranfield: D'après ce que vous savez de votre sœur, pensez-vous qu'elle soit une personne susceptible de battre des prisonniers dont elle a la charge
R. Non.
Q. Avez-vous une raison pour dire cela ?
R. Je le sais depuis nos années d'école où, comme cela arrive parfois, les filles se disputaient et se battaient. Dans un tel cas, ma sœur n'a jamais eu le courage de se battre. Au contraire, elle s'enfuyait.
Q. Y a-t-il autre chose que vous souhaiteriez dire à propos des accusations portées contre votre sœur?

- Colonel Backhouse: Eh bien vraiment...
- Le Président: Je ne pense pas qu'elle puisse critiquer les accusations portées contre sa sœur.
- Major Cranfield : Très bien.


Contre-interrogatoire par le colonel Backhouse

Q. Vous nous avez dit que votre sœur était allée travailler dans une ferme d'un village voisin lorsqu'elle avait 14 ans?
R. Oui.
Q. Vous avez alors arrêté les rendez-vous. Combien de temps est-elle restée à la ferme?
R. Je ne peux pas le dire avec certitude, mais je pense qu'environ de 6 mois à 1 an.
Q. Où est-elle allée à partir de là?
R. Elle est allée à Hohenlychen comme infirmière (clinique SS dirigée par le SS-Gruppenführer Pr Karl Gebhardt- ajouté par moi).
Q. Où est-elle allée ensuite?
R. Elle est allée à Fürstenberg dans un petit magasin, une laiterie.
Q. Combien de temps a-t-elle travaillé là-bas?
R. Je ne suis pas tout à fait sûr, mais je crois entre 12 et 18 mois.
Q. Est-elle allée directement de là dans les SS?
R. Oui, elle est allée à Ravensbrück, un camp qui était tout près de chez nous.
Q. Était-ce en juillet 1942?
R. Je ne suis pas sûr pour juillet, mais c'était en 1942.
Q. Il y a autre chose dont je ne suis pas sûr. Vous dites que vous ne l'avez vue que 2 fois. Vous dites que vous l'avez vue une fois en 1943 et une fois en 1945. Combien de temps avant 1943 n'avez-vous pas vu votre sœur? Je n'ai pas compris quand vous l'avez vue pour la dernière fois avant ces deux occasions?
R. Au printemps 1942, alors qu'elle travaillait à la laiterie de Fürstenberg.
Q. Lorsqu'elle est rentrée à la maison en 1943, votre père lui a-t-il donné une raclée?
R. Je n'ai pas vu ça, mais il se disputait avec elle.
Q. Quel était l'objet de la dispute?
R. Elle était dans les SS.
Q. Lui a-t-il interdit de revenir à la maison?
R. Je ne sais pas.
Q. Est-elle revenue?
R. Non.
Q. N'était-ce pas parce qu'elle vous a raconté ce qu'elle faisaitt à Ravensbrück?
Je ne sais pas.
Q. Était-elle en uniforme lorsqu'elle revint à la maison?
R. Oui, elle est venue en uniforme, mais elle s'est changée en civil.
Q. Vous-aviez quel âge à ce moment-là? 16 ans?
R. Oui.
Q. Et vous n'avez jamais demandé à votre sœur ce qu'elle faisait dans le camp de concentration?
R. Si.
Q. Que vous a-t-elle répondu?
R. Elle nous a dit qu'elle surveillait des prisonniers qui travaillaient à l'intérieur de l'enceinte, et qu'elle devait veiller à ce qu'ils fassent bien leur travail et ne s'échappent pas.
Q. Ensuite?
R. Nous lui avons demandé ce que les prisonniers reçevaient comme nourriture, et pourquoi ils étaient envoyés dans un camp de concentration. Elle a répondu qu'elle n'avait pas le droit de parler des prisonniers, et ne savais pas vraiment quel genre de nourriture ils recevaient.
Q. Pourquoi votre père s'est-il mis en colère contre elle?
R. Parce qu'il était très opposé à ce qu'elle soit dans les SS. Nous voulions toutes appartenir au B.D.M. le Bund Deutscher Mädchen ("ligue des jeunes filles allemandes" - ajouté par moi). Et il ne nous a jamais permis de le faire. Donc nous n'en avons jamais fait partie.
Q. C’était l’équivalent de la jeunesse hitlérienne pour les filles n’est-ce pas?
R. Oui.
Q. Et vous vouliez toutes la rejoindre?
R. Oui.

Réinterrogé par le Major Cranfield

Q. Quand avez-vous vu votre père pour la dernière fois?
R. En avril 1945.
Q. Où est-il maintenant?
R. Je ne sais pas.
Q. Est-il vivant?
R. Je n'en sais rien.

(Le témoin se retire)



Entretien avec Helene Grese 1987
L'extrait ci-dessous ne fait pas partie des documents originaux du Procès de Belsen, mais apporte un éclairage supplémentaire au portrait d'Irma Grese durant et après le procès.
(traduit de l'allemand par moi)

... Un jour, j'ai mis par hasard la main sur un journal, et bien sûr j'ai vu les gros titres sur Irma. J’ai alors décidé de l’aider.

D'après l'article que j'ai lu à Lübeck, il était clair que ces "criminels de guerre" devaient être transférés de Celle à Lunebürg. J'ai pensé avec horreur "Comment une telle chose est-elle possible? Comment cela peut-il être vrai? Je ne connaissais aucun camp, ni ce qui était censé s'y avoir passé.
Cependant, je ne me suis pas laissé dissuader de ma décision car je voulais aider ma sœur. À Lunebürg, j'ai essayé de trouver les défenseurs d'Irma. Un avocat de la défense a pris mes coordonnées et a noté que j'étais prêt à témoigner devant le tribunal.
Le défenseur m'a fourni et payé le logement et la nourriture à Lunebürg, tout le temps. Autrement, comme Mme Kramer (Rosina, femme de Josef Kramer - ajouté par moi), j'aurais dû travailler et je n'aurais pas pu me rendre au procès tous les jours. Je ne connaissais pas Mme Kramer à l'époque. Je logeais dans une auberge. Irma ne la connaissait pas non plus. Mme Kramer vivait à l'époque à Wathlingen et ne pouvait pas venir tous les jours à cause de ses 3 enfants. L’avocat, qui entretenait également de très bonnes relations avec Irma, m’a reçu très poliment. J'ai pu tout lui expliquer, un interprète a traduit. Plus tard, lorsque le verdict a été prononcé, l'avocat de la défense s'est assis devant la porte de la cellule d'Irma et a pleuré.
Les 3 fourgons cellulaires dans lesquelles les prévenus étaient amenés chaque jour au tribunal, étaient toujours accompagnées de véhicules blindés. Lorsque les fourgons avec les accusés se sont arrêtées et que les gardes m'ont vu, ils ont immédiatement dit à Irma: "votre sœur se tient là-bas". Ils m'ont également demandé si j'avais besoin de quelque chose. Irma ne voulait pas de tout cela: "tout doit être correct" disait-elle. Elle n’a jamais non plus essayé de socialiser avec eux.
Irma a pu nous écrire pendant sa détention. Chaque nuit, elle se levait pour écrire, et nous lui répondions. J'étais assise sur les gradins du tribunal tous les jours, et je n'ai manqué aucune séance. J'ai pu communiquer avec Irma en utilisant le language des signes.
Irma avait un formidable avocat qui me permettait d'y aller tous les jours. Il a véritablement embrassé la défense d'Irma dès le premier instant, et a immédiatement remarqué que tout n'était pas comme le prétendait l'accusation. Quand Irma a exprimé le désir de me parler, il nous a permis de discuter dans l'arrière-salle du tribunal.
Lors de nos premières conversations, Irma me disait: "Qu’en penses-tu? Est-ce qu’ils vont vraiment nous juger? Et si oui, combien cela prendra-t-il? 1 an, ou 2?" Même les avocats de la défense ont été surpris qu'un si grand nombre d'accusés aient été condamnées à mort.
La prison de Lunebürg est située juste à côté du tribunal régional, près de la mairie. Certaines cellules sont visibles depuis la rue. Irma était incarcérée là. Le soir, comme nous en avions convenu, je me tenais sous sa fenêtre et je sifflais avec mes doigts. Elle posait ensuite une chaise sur la table et regardait par la fenêtre. Alors on se disait "bonne nuit".
De nombreuses accusées portaient le foulard, parce que leurs cheveux étaient tombés à cause de la fièvre typhoïde. Elles avaient été infectés en enterrant les cadavres dans les fosses communes de Belsen. Ce sont les cadavres que l’on voit gisant dans le camp sur les photos.
Lors du procès, alors que je montais à la barre, Irma s'est mise à pleurer. Lorsqu'elle a témoigné, elle a parlé normalement, elle ne frappait pas la table avec son poing, elle n'a pas mis ses doigts dans sa bouche comme une hystérique ou quoi que ce soit d'autre qui ait été écrit à ce sujet. Personne ne la connaissant ne disait: "elle a fait ceci et cela". Mais quand quelqu'un a affirmé qu'elle connaissait Irma d'Auschwitz, cela a été réfuté lors du procès. Le témoin a déclaré avoir observé qu'Irma avait découvert quelqu'un qui était sorti par une fenêtre. Mais Irma ou quelqu'un d'autre pourrait immédiatement dire qu'il n'y avait pas de fenêtres du tout. Tout ce dont Irma a été accusée au tribunal n'était pas vrai. Alors que le procès touchait à sa fin et qu'il était clair qu'Irma serait condamnée à mort, elle m'a dit lors d'une conversation: "maintenant, je te le dirais franchement si j'avais tué quelqu'un. Je n’ai tué personne!"
En raison des longues procédures de traduction, il y avait bien sûr beaucoup de temps morts. Pendant ce temps, je conversais avec Irma en language des signe: "beaucoup trop ennuyeux, beaucoup trop inintéressant, etc..." ». Le contact quotidien avec moi et les nombreuses lettres échangées, tout cela lui a donné la force d'aller jusqu'au bout de ce procès. Mais quand elle s’asseyait sur le banc des accusés le matin et me souriait, la presse titrait plus tard: "le sourire cynique et froid de la bête de Belsen".
Le lendemain de l'annonce du verdict qui était un dimanche, j'ai traversé Lunebürg à pied. Sur le chemin de la prison, je suis passé devant un café avec quelques tables. D'anciens prisonniers étaient assis là. Bien sûr, ils me connaissaient déjà, mais ils ne m’avaient jamais dérangé. Une seule personne a dit ce jour-là:" regardez, c’est là qu’elle va!" et il a craché à mes pieds. Quand je suis arrivé pour voir Irma, j'ai pleuré. Irma m'a dit, alors qu'elle se tenait devant moi: "c'est pour ça que tu pleures? Écoute, c'est moi qui devrais pleurer. Je ne pleure pas!" C'est ainsi qu'elle était.
Annelise, c'est la fille qui s'asseyait dans les gradins et qui "croisait les doigts" pour Irma. Bien sûr, Irma a vu cela et nous a demandé de contacter la fille. Après l'annonce du verdict, Irma m'a demandé de lui procurer quelque chose avec lequel elle pourrait se suicider pour éviter d'être pendue comme une sorcière. Annelise a eu l'occasion d'obtenir quelque chose de son père. Quand elle apporta le poison à Lunebürg, Irma le refusa car les soupçons retomberaient immédiatement sur Annelise.
Nous savions très bien ce qui se passait en prison. Quand nous y sommes retournés un soir - c'était après le verdict - un gardien est venu et a dit : « Ils s'en vont demain. Les condamnés furent alors transférés à à la prison de Hameln (2 jours avant leurs éxecutions - ajouté par moi).
Irma a demandé à Hameln, un prêtre pour rester avec elle jusqu'au bout. C'était la résolution d'Irma: toujours ressembler à une allemande. Nous, les proches, devrions toujours être allemands aussi. Elle est morte courageusement, et fût courageuse même sur le chemin de la potence. Le garde qui accompagnait Irma de Lunebürg à Hameln pour l'exécution, nous a ensuite apporté une lettre testament d'Irma pour le partage de sa succession. Nus avons ensuite demandé l’acte de décès, mais nous n’avons rien reçu pendant un certain temps.
Après le procès, nous étions tous à "zéro". Mme Kramer se tenait là avec ses 3 enfants. Elle nous a dit: "attendez un peu, et vous verrez qu'un jour peut-être, il y aura une rue Grese ou une place Kramer.
Les condamnés exécutés ont été enterrés à Hamlen, à l'intérieur des murs de la prison. Nous avons appris plus tard la réinhumation des morts par Mme Kramer, mais nous n'y sommes pas allés. La tombe d’Irma a toujours été entretenue, mais je n'ai jamais voulu y aller.

Le Procès de Belsen Irma_g11

Le Procès de Belsen Img_4410
(ordre de transfert d'Irma Grese à la prison de Hameln, 11 décembre 1945)
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Message  PJ 23/2/2024, 16:09

Séance du 16 octobre 1945.

Le Procès de Belsen Irma_g13

L'accusée Irma Grese prend place à la barre des témoins, et après avoir prêté serment, est interrogée.

Major Cranfield: Votre nom complet est-il Irma Ilse Ida Grese?
Irma Grese: Oui.
Q. Êtes-vous née le 7 octobre 1923?
R. Oui.
Q. Vous avez entendu ce que votre sœur a dit à propos de votre famille? Est-ce exact?
R. Oui.
Q. Bien. Commençons au moment où vous avez quitté la maison.
R. Oui
Q. Dites à la Cour quelle genres d'occupations professionnelles vous avez eu, et combien de temps vous y êtes resté.
R. En 1938, j'ai quitté l'école primaire. Il était alors d'usage soit d'appartenir à "l'arbeitsdienst" (service du travail - ajouté par moi), soit de travailler pendant un an à la campagne, aux travaux agricoles.
Q. Je veux que vous disiez à la Cour quel travail vous avez fait, et combien de temps vous y êtes resté.
R. Je suis resté 6 mois dans cette ferme, et j'ai travaillé à différentes tâches agricoles.
Q. Quel travail avez-vous éffectué par la suite, et pendant combien de temps?
R. J'ai travaillé pendant pendant 6 mois à Luchen dans un magasin.
Q Et après ça?
R. À 15 ans, je suis allé à l'hôpital de Hohenlychen et j'y suis resté 2 ans jusqu'à mes 17 ans.
Q. Et après ça?
R. La sœur (infimière en allemagne - ajouté par moi) de cet hôpital a essayé de m'aider pour que je devienne moi-même infirmière. Mais le service du travail ne l'a pas permis et m'a envoyée à Fürstenberg pour travailler là-bas.
Q. De quel genre de travail s’agissait-il?
R. Il s'agissait d'une laiterie. Je travaillais sur une machine à beurre, une baratte.
Q. Et après ça?
R. En juillet 1942, j'avais 18 ans. J'ai essayé une fois de plus de devenir infirmière, mais le service du travail m'envoya cette fois-là à Ravensbrück dans un camp de concentration.
Q. Aviez-vous le choix de rejoindre ou non le service des camps de concentration?
R. Non. J'ai protesté, mais le service du travail a décidé que je devais y aller.
Q. Combien de temps êtes-vous resté à Ravensbrück ?
R. Mars 1943.
Q. Et ensuite, où êtes-vous allé?
R. Auschwitz, en Haute-Silésie.
Q .Dans quel camp d’Auschwitz êtes-vous allé?
R. Birkenau.
Q. Combien de temps êtes-vous resté à Auschwitz?
R. Jusqu'en janvier 1945.
Q. Maintenant, je voudrais que vous parcouriez toute la période où vous étiez à Auschwitz, et que vous disiez à la cour les différentes fonctions que vous avez exercées, avec les dates de début et de fin de chacune. Quel a été votre 1er travail à Auschwitz?
R. Le service téléphonique dans la pièce du Blockführer.
Q. De quel camp s'agissait-il à Birkenau?
R. C'était une fois le camp A et une fois le camp B. J'ai changé.
Q Quel fut votre emploi suivant?
R- Pendant 2 jours, comme une sorte de punition légère, j'ai été nommé responsable du "Strafkommando" (commando disciplinaire - ajouté par moi) qui transportait des pierres de l'extérieur dans le camp. J'ai reçu cette punition avec un autre Aufseherin parce que nous ne portions pas nos casquettes.
Q. L'accusée Koper faisait-elle partie de ce "strafkommando"?
R. Je me rappelle plus.
Q. Que s’est-il passé après ça?
R. Je ne me souviens pas si j'avais un "Strassenbaukommando" - un commando de construction de routes, ou un commando de jardinage. Je ne suis pas sûr de ça.
Q. Vous souvenez-vous de la date approximative? Du mois? Du changement?
R. C'était à l'automne 1943.
Q. Aviez-vous déjà eu à cette époque le "Strassenbaukommando"?
R. Je ne sais pas si c'était le Strassenbaukommando ou le commando du jardinage.
Q. Ce n'était pas ce que j'avais l'intention de vous demander. Au cours de l'année 1943, avez-vous eu à un moment donné le "Strassenbaukommando"?
R. C'était en 1944, lorsque j'avais le "Strassenbaukommando".
Q. Pendant combien de temps l’avez-vous eu?
R. Non, j'ai fait une erreur. Ce n’était pas 1944, c’était 1943.
Q. Que ce soit en 1943 ou en 1944, pendant combien de temps l'avez-vous eu?
R. 1 à 2 semaines.
Q. En 1943, avez-vous à un moment ou à un autre travaillé au commando de jardinage?
R. Oui.
Q. Pendant combien de temps?
R. 1 à 2 mois.
Q. Pouvez-vous vous rappeler la période de l'année où vous l'avez eu?
R. C'était peut-être en automne.
Q. Quelles fonctions aviez-vous après de ce commando de jardinage?
R. La poste. Je m'occupais de la censure du courrier.
Q. C'était dans quel camp?
R. C'était à l'extérieur du camp, secteur A.
Q. Pouvez-vous vous rappeler quand ce travail a commencé?
R. Vers décembre 1943.
R. Vous souvenez-vous quand cela s'est terminé?
R. En mai 1944.
Où êtes-vous allé alors?
R. Au camp C.
Q. Combien de temps êtes-vous resté là-bas?
R. Jusqu'à fin décembre 1944.
Q. Et ensuite?
R. Puis j'ai été transféré pour 2 semaines au camp Auschwitz I.
Q. Et après ça?
R. J'ai quitté Auschwitz le 18 janvier 1945 (évacuation générale du camp - ajouté par moi), et je suis arrivé à Ravensbrück.
Q. Quel était votre travail à Auschwitz I?
R. Responsable de 2 blocks de prisonniers. Ceux.ci allaient travailler pendant la journée.
Q. Était-ce un camp de femmes dans lequel vous étiez à Auschwitz I?
R. Non, ces 2 blocks étaient dans l'enceinte des hommes.
Q. Avez-vous eu des congés pendant que vous étiez à Auschwitz?
R. Oui.
Q. C'était quand?
R. C'était au début quand je suis arrivé. Vers juin, je crois.
Q. Pour revenir à Birkenau, avez-vous déjà été au camp B?
R. Il y avait plusieurs camps B à Birkenau. Je ne sais pas lequel dont vous parlez.
Q. Je veux dire le camp des femmes.
R. Il y avait deux camps B. Je ne sais pas ce que vous voulez dire.
Q. Très bien. Lorsque vous avez quitté Auschwitz en janvier 1945, où êtes-vous allé?
R. Ravensbruck.
Q. Et après ça?
R. En mars je suis arrivée à Belsen.
Q. Vous souvenez-vous de la date exacte?
R. Début mars. Je ne me souviens pas du jour.

Major Cranfield: Je ne sais pas si ce serait le moment opportun pour ajourner la séance. J'ai terminé toutes les questions maintenant.
Le président: Oui.

La séance reprend en début d'après-midi

Q. Vous nous avez dit ce matin que vous étiez responsable du "Strassenbaukommando" pour une période de 1 ou 2 semaines. Vous souvenez-vous si l'accusé Koper faisait partie de ce Kommando ou non?
R. Non, je suis sûr qu'elle n'en faisait pas partie.
Q. Est-ce que ce commando était un commando disciplinaire?
R. Oui, c'était un commando disciplinaire, mais il a changé de dénomination et s'est appelé "Strassenbaukommando".
Q. Vous nous avez également dit que pendant 2 jours vous étiez responsable d'un autre commando disciplinaire de transport des pierres?
R. Oui.
Q. En dehors de ces 2 occasions, avez-vous été à un moment quelconque à Auschwitz en charge d'un autre commando de ce genre?
R. Non.
Q. Étiez-vous à un moment quelconque à Auschwitz au bureau des colis?
R. Au service de la poste. La censure.
Q. Je veux en savoir plus sur le bureau des colis.
R. Volkenrath (SS-Aufseherin Elisabeth - ajouté par moi) était en réalité la responsable du bureau des colis, mais comme elle avait été renvoyée 2 ou 3 jours auparavant, j'ai pris le relais.
Q. Vous souvenez-vous du mois et de l’année?
R. 1943. Je ne sais plus quel mois.
Q. Je voudrais vous interroger sur l'époque où vous étiez au camp C. Y avait-il d’autres Aufseherinnen (gardienne SS - ajouté par moi) là-bas?
R. 6 ou 7.
Q. Est-ce que les autres Aufseherinnen étaient là pendant tout votre séjour?
R. Elles étaient changés chaque semaine.
R. Étiez-vous la plus ancienne?
R. Oui.
Q. Combien de blocks y avait-il dans le camp C?
R. Il y avait 28 blocks où étaient hébergés les prisonniers. Puis il y avait un bloc pour la nourriture, les magasins d'alimentation, un bureau, 2 entrepôts de sous-vêtements et vêtements, 2 ou 3 blocs pour les latrines, et 2 salles de douche.
Q. Combien y avait-il de prisonniers?
R. Environ 30000.
Q. De quelle nationalité étaient-ils?
R. Tous des Hongrois. Les "Blockältesten" (chefs de blocks détenus - ajouté par moi) étaient des Tchécoslovaques.
Q. Y avait-il toujours le même nombre de prisonniers, ou est-ce que cela a changé?
R. Non, 30000 fut le chiffre le plus élevé. J'en avais généralement environ 20000.
Q. Les prisonniers sont-ils restés là pendant tout votre séjour, ou est-ce qu'ils allaient et venaient?
R. Ils allaient et venaient.
Q. Lorsque les prisonniers arrivaient au camp C, quelle était la procédure?
R. Lorsque les transports sont arrivés, ceux aptes au travail avaient déjà été sélectionnés. Ils sont ensuite allés à la douche ets se sont lavés là-bas. Puis ils se sont fait couper les cheveux et ont été répartis ensuite.
Q. Vous nous avez dit que le nombre de prisonniers variait entre 20000 et 30000. Lorsque le nombre de prisonniers augmentait, le nombre d'Aufseherinnen augmentait-il aussi?
R. Non.
Q. Vous nous avez dit qu'il y avait 28 baraquements d'habitation. Combien de prisonniers pouvaient-ils accueillir?
R. La capacité normale aurait été de 100, ou peut-être 200, ou disons un maximum de 300. Mais j'ai dû en mettre jusqu'à 1000 dedans, car le camp était surpeuplé.
Q. Dans ces blocks, y avait-il des lits?
R. Non. Dans certains blocks il y avait des sortes de couchettes qui étaient assez grandes pour 5 personnes, de sorte que 5 personnes pouvaient dormir sur une seule couchette. Mais dans la plupart des blocs il n'y avait ni lits ni couchettes.
Q. Comment se comportaient les prisonniers?
R. Au début, quand ils étaient moins nombreux et qu'ils avaient suffisamment à manger, tout allait bien. Plus tard, quand j'en ai eu 20000, 25000, et 30000, ils se sont comportés comme des animaux.
Q. Quel était leur comportement lors de la distribution de nourriture?
R. Comme je l'ai déjà dit, au début tout allait bien. Plus tard, la nourriture fût plus rare. Lorsque les prisonniers chargés du transport de la nourriture des cuisines aux blocks arrivaient pour la distribution, il y avait toujours 20 ou 30 personnes qui les attendaient pour se jeter sur eux et voler la nourriture.
Q. Nous avons entendu parler des conditions sanitaires. Comment les prisonniers se comportaient-ils dans les latrines?
R. Au début, tout allait bien. Plus tard, lorsque le camp fût surpeuplé, les prisonniers pensaient que n'importe quel endroit était assez bon pour une latrine et déféquaient n'importe où dans le camp. A force de jeter toutes sortes de choses dedans, les latrines cessèrent tout simplement de fonctionner.
Q. Quel âge aviez-vous à l'époque où vous étiez dans le camp C?
R. 20 ans.
Q. Venons-en aux allégations de mauvais traitements envers les prisonniers. Avez-vous porté un bâton à Auschwitz?
R. Au camp C, oui.
Q. De quel genre de bâton s'agissait-il?
R. C'était une simple canne.
Q. Aveiz-vous un fouet à Auschwitz?
R. Oui.
Q. De quel genre de fouet s'agissait-il?
R. Il a été fabriqué dans l'usine de tissage du camp, en cellophane.

Le Président: De quoi s’agissait-il exactement?
Major Cranfield: Nous avons déjà entendu parler des fouets fabriqués dans l'usine de tissage, et la cour veut savoir de quel type de fouet il s'agissait. Allez-vous en décrire à la cour l'apparence et la taille?
R. Il y avait 3 parties, et chaque partie avait cette taille (Indiquant la longueur avec ses mains).
Q. Pouvez-vous indiquer à la cour s’il s’agissait d’un fouet lourd ou non?
R. Non, c'était un fouet très léger.
Q. S'il ne faisait mal, il ne vous aurait pas été d'une grande utilité n'est-ce pas?
R. Oui, bien sûr, c'est ce que j'ai dit.
Q. Avez-vous déjà porté une matraque en caoutchouc à Auschwitz?
R. Non.
Q. Puisque nous parlons des armes, je voudrais vous poser cette question: avez-vous eu un bâton à Belsen?
R. Non.
Q. Aviez-vous une arme quelconque à Belsen?
R. Non.
Q. Je voudrais revenir un instant sur les fouets fabriqués dans l'usine de tissage. Qu’est-il arrivé à ceux-là?
R. Nous avons dû avoir des fouets pendant 8 jours ou 15 jours, puis le commandant Kramer les a interdits. Mais nous avons quand même continué à les utiliser.
Q. J'aimerais que vous expliquiez à la cour à quelles occasions vous avez frappé les prisonniers avec votre bâton ou votre fouet, et pourquoi vous l'avez fait.
R. Au début, je n'utilisais rien du tout. Plus tard, lorsque la population du camp C est devenue de plus en plus grande,  et le vol généralisé a commencé à se répendre. Beaucoup de choses ont été volées. Les prisonniers n'obéissaient plus à aucun ordre. Je donnais des ordres assez simples, et même ceux-là n'étaient pas obéis. Par exemple, 2 personnes qui travaillaient dans la cuisine vinrent se plaindre que des choses avaient été volées, et que de la margarine avait disparu. Bien sûr, je ne pouvais pas savoir qui étaient les voleurs, alors j'ai mis 2 Aufseherinnen en charge et je leur ai donné pour ordre de garder les yeux ouverts. Si elles trouvaient sur place quelqu'un qui volait quelque chose, les gens pris en flagrant délit recevaient une bonne raclée. Au début, chaque prisonnier avait 2 couvertures, mais plus tard bien sûr, quand la population est devenue plus grande, j'ai dû veiller à ce que tout le monde ait 1 couverture, et donc chaque prisonnier n'en avait plus qu'une. Nous avions environ 30000 couvertures dans le camp C. Plus tard, quand nous avons voulu voir combien il y en avait réellement, j'ai découvert que seulement la moitié du nombre était disponible. Comme j’en étais responsable, je devais en rendre compte.
Q. Ce que je veux que vous expliquiez à la cour, c'est à quelles occasions vous avez frappé des prisonniers, et les raisons pour lesquelles vous l'avez fait. Ne soyez pas trop long à ce sujet.
R. C'est ce que je vous dis. Nous avons découvert qu'ils avaient découpé toutes ces couvertures et en avaient fait toutes sortes de choses. Ils fabriquaient des chaussures, des petites vestes, toutes sortes de vêtements. Même des petits tapis pour leurs lits. Et donc, j'ai donné l'ordre le plus strict pour que toutes ces choses qui avaient été confectionnées avec des couvertures soient restituées immédiatement. Malgré ces ordres stricts, le résultat fut négatif. Je n'ai rien obtenu du tout. Alors j'ai ordonné le contrôle de tous les blocs, ainsi que la fouille personnelle des prisonniers. À ces occasions, j'utilisais mon fouet.
Lors des appels, c'est le "Lagerälteste" juif (doyen du camp - ajouté par moi) qui donnait le signal du début. En une 1/2h, tout le camp avait défilé. Pourtant, il y avait toujours des prisonniers qui essayaient d'y échapper, qui essayaient de se cacher sous les lits, ou même dans les armoires. Partout où ils le pouvaient. Lorsque mes aufseherinnen me rapportaient les chiffres, et que une fois comparés ils n'étaient pas corrects, alors, bien sûr, je leur donnais des ordres. Je donnais l'ordre aux aufseherinnen de compter encore et encore, jusqu'à ce que ces 2 ou 3 disparus soient retrouvés. Et donc à cause de ces quelques-uns qui essayaient de se cacher, les appels duraient parfois 3 ou 4 heures. Comme j'étais responsable du camp, j'ai dit que les appels continueraient jusqu'à ce que le nombre soit correct.
Q. Avez-vous jamais battu une prisonnière jusqu'à ce qu'elle tombe au sol évanouie?
R. Non
Q. Avez-vous jamais battu une prisonnière jusqu'à ce qu'elle saigne?
R. Non.
Q. Avez-vous déjà donné des coups de pied à une prisonnière au sol?
R. Jamais.
Q. A Belsen, avez-vous déjà frappé un prisonnier?
R. Oui.
Q. Avec quoi?
R. Avec la main.
Q. À Belsen, avez-vous déjà frappé un prisonnier avec autre chose que la main?
R. Non.
Q. Quelle était l'état des prisonniers à Belsen?
R. L'état des prisonniers était si mauvais qu'on en avait presque horreur.

.../...
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Le Procès de Belsen Empty Re: Le Procès de Belsen

Message  PJ 23/2/2024, 16:20

.../...

Q. Vous souvenez-vous d'une femme SS appelée Buckhalla [Buchhalter]?
R. Oui.
Q. Vous avez entendu Volkenrath décrire l'occasion où elle a été punie? La description était-elle correcte?
R. Oui.
Q. Étiez-vous présent ?
R. Oui.
Q. Le commandant Höss vous a-t-il donné un ordre à cette occasion?
R. Oui.
Q. Quel était-il?
R. J'ai reçu l'ordre du Reichsführer Himmler de lui donner moi-même les 2 derniers coups sur les 25 avec lesquels elle avait été punie.
Q. Quel âge aviez-vous lorsque cela s'est produit?
R. 20 ans.
Q. Concernant les appels et les défilés, quel était le signal de départ pour que les prisonniers commencent à défiler?
R. C'était un coup de sifflet.
R. Qui avait le sifflet?
R. C'était différent. Tantôt l'Aufseherin, tantôt le lagerälteste, tantôt le kapo.
Q. Quand vous étiez au camp C, d'où venaient les ordres pour un défilé?
R. Pour l'appel et le décompte, c'est moi qui donnais les ordres.
Q. D’où venait l’ordre de ce que nous appelons les défilés de sélection? (pour la chambre à gaz - ajouté par moi)
R. Cela venait par téléphone d'une Rapportführerin, ou de l'Oberaufseherin Dreschel (Margot - ajouté par moi).
Q. Quand l’ordre est arrivé, vous a-t-on dit à quoi servait le défilé?
R. Non.
Q. Que devaient faire les prisonniers au coup de sifflet? -
R. Arriver par 5.
Q. Quelles étaient alors vos tâches et celles des autres aufseherinnen?
R. Faire en sorte qu'ils s'alignent par 5.
Q. Lorsqu’ils étaient alignés, quelles étaient alors vos fonctions?
Q. Le Dr Mengele est venu et a fait la sélection.
Q. Quelles étaient vos tâches pendant que le Dr Mengele effectuait la sélection?
R. Comme j'étais responsable du camp, ma tâche était de savoir combien de personnes quittaient mon camp. Je devais aussi les compter.
Q. Avez-vous tenu un registre?
R. Oui.
Q. Après une sélection, qu'avez-vous inscrit dans votre registre?
R. Après la sélection, ils ont été envoyés au camp B, puis un appel téléphonique est arrivé de l'Oberaufseherin Dreschel qui m'a dit qu'ils étaient allés dans un autre camp en Allemagne pour y travailler, soit qu'ils étaient allés dans la chambre à gaz. Elle n'a pas dit exactement chambre à gaz. Elle a dit "SB" (Sonderbehandlung - ajouté par moi), soit traitement spécial. Donc j'ai pensé que traitement spécial équivalait à la chambre à gaz. Ensuite, je l'ai inscrit dans mon registre, soit pour le transfert en Allemagne dans un autre camp, soit avec la mention SB, traitement spécial.
Q. Comment avez-vous appris que SB voulait dire la chambre à gaz?
R. C'était connu de tout le camp.
Q. Vos officiers supérieurs vous ont-ils déjà parlé des chambres à gaz?
R. Non.
Q. Qui donc vous a en parlé?
R. Les prisonniers m'en ont parlé.
Q. Vous êtes accusée d'avoir sélectionné des prisonniers lors de ces défilés, et de les avoir envoyé à la chambre à gaz. Avez-vous fait cela?
R. Non.
Q. A l'époque où ces défilés, ces sélections, avaient lieu à Auschwitz, aviez-vous connaissance des chambres à gaz en dehors de ce que vous racontaient les prisonniers?
R. Je savais que des prisonniers y étaient gazés.
Q. Aviez-vous un pistolet à Auschwitz?
R. Au Camp C oui.
Q. Pourquoi?
R. Il était plutôt dangereux dans les derniers mois d'être sans pistolet à cause des partisans, et je le portais uniquement pour me protéger.
Q. Votre pistolet était-il chargé?
R. Non.
Q. Avez-vous porté un pistolet à Belsen?
R. Non.
Q. Avez-vous déjà tiré avec votre pistolet sur un prisonnier?
R. Non.
Q. Avez-vous déjà tiré avec un pistolet?
R. Non.. Oh oui! Le soir du nouvel an.
Q. Sur quoi avez-vous tiré alors?
R. En l'air. Ce n'était pas un revolver, c'était une sorte de fusil de chasse.
Q. À Auschwitz, avez-vous déjà eu un chien?
R. Non.
Q. De quel genre de chiens s'agissait-il?
R. Je ne sais pas exactement, mais c'étaient des chiens dressés.
Q. Avez-vous déjà eu quelque chose à voir avec eux?
R. Non.
Q. Je voudrais revenir un instant aux appels. Avez-vous déjà ordonné à des prisonniers de s'agenouiller lors d'un appel?
R. Oui.
Q.Pour quel motif?
R. Parce que nous n'arrivions pas compter correctement les prisonniers. Ils couraient çà et là.

Major Cranfield: Je vais maintenant présenter à l'accusée les accusations spécifiques portées contre elle. Je vais commencer par le témoin Szafran (volume 7 du compte rendu d'audience)

Q. Un témoin vous a accusé d'avoir battu une jeune fille à Belsen avec une cravache, environ 15 jours avant l'arrivée des troupes britanniques. Est-ce vrai? R. Non.
Q. Le même témoin dit que vous êtes venu dans sa cuisine pendant une inspection avec le commandant Kramer. Est-ce vrai?
R. Je n'ai jamais fait d'inspection avec Kramer.
Q. Pendant votre service à Belsen, quelles étaient vos fonctions?
R. J'étais "Arbeitsdienstführerin" (cheffe du service du travail - ajouté par moi), responsable des groupes de travail.
Q. Pouvez-vous expliquer à la vour quelles étaient les fonctions d'une Arbeitsdienstführerin?
R. L'Arbeitsdienstführerin était responsable de tous les commandos travaillant à l'extérieur. Elle devait être présente lorsqu'ils quittaient le camp et distribuer les tâches aux commandos respectifs.
Q. Le même témoin a déclaré qu'à Auschwitz, lors d'une sélection à laquelle étaient présents le blockälteste Rehr, l'accusé Hössler (SS-Obersturmführer Franz - ajouté par moi) et le Dr Enna, 2 filles ont sauté par la fenêtre et vous les avez abattues alors qu'elles gisaient par terre. Est-ce vrai?
R. Dans le camp C, ni Hössler, ni le Dr Enna, ni le Blockälteste Rehr n'étaient présents lors des sélections. Cela devait être dans le camp A.

Le Juge-Avocat: C'est ce qu'a dit le témoin. Selon elle, une sélection a eu lieu dans le bloc 9 du camp A.
Major Cranfield: Oui, je pense avoir dit Auschwitz. Le témoin dit « C » parce que la plus grande partie de son temps, elle était dans ce camp.
Le Juge-Avocat: Mais elle dit que si cela se produisait, ce serait au camp A. C'est ce qu'a dit Szafran. Allez-vous clarifier les choses?
Major Cranfield: Oui.

Q. Avez-vous déjà tiré sur 2 filles dans ces circonstances?
R. Je n'ai jamais tiré sur un prisonnier.

Major Cranfield: Le prochain témoin est le témoin Stein, dont le témoignage apparaît dans le volume 9, pages 12 à 16.

Q. Ce témoin nous a dit que lors d'une sélection au cours de l'été 1944, certains prisonniers ont tenté de se cacher. Mais vous les avez vu, dit à quelqu'un, et une femme a été abattue. Est-ce vrai?
R. Je me rappelle plus.
Q. Il a été suggéré que cette femme avait été abattue par un SS de garde.
R. Je ne me rappelle pas.
Q. Le même témoin a déclaré qu'il y a eu un incident au cours duquel une mère parlait à sa fille dans le camp annexe à travers les barbelés. Il est allégué que vous êtes arrivé à vélo et que vous avez battu la mère si violemment qu'elle était tombée à terre, et vous lui avez donné ensuite des coups de pied. Est-ce vrai?
R. Je ne nie pas l'avoir battue. Mais je ne l'ai pas battue jusqu'à ce qu'elle tombe au sol, et je ne lui ai pas non plus donné de coups de pied. C'est un mensonge.
Q. À Auschwitz, portiez-vous une ceinture avec votre uniforme?
R. Non. Je portais la ceinture avec le pistolet ensemble.
Q. Regarder ceci et dites nous si c'est celui que vous portiez?
R. Oui.
Q. Avez-vous déjà porté à Auschwitz un autre type de ceinture?
R. Non.

Major Cranfield: J'aimerais exposer cette ceinture en guise de preuve.(La ceinture porte la cote « Pièce 126 », signée par le Président et jointe aux actes). Le témoin suivant est Rozenwayg, volume 10, page 17 du compte rendu.

Q. Le témoin vous accuse d'avoir lâcher votre chien sur elle alors que vous étiez dans un commando avec l'accusé Lothe à Auschwitz?
R. Je n'ai jamais été dans un commando de travail avec Lothe, et deuxièmement, je n'ai jamais eu de chien.

Major Cranfield: Je  vais maintenant passer aux déclarations sous serment. La première est la pièce 22, pièce 26.

Q.  Prenez vos traductions allemandes et ouvrez-les à la page 22. Voyez-vous dans la déclaration sous serment, que Dunklemann vous décrit comme âgé d'une trentaine d'années, blonde, avec les cheveux attachés derrière
R. Oui.
Q Il suffit de regarder les cheveux de l'accusée n°7 (désignant Volkenrath)
R. Oui.
Q. La coiffure de Volkenrath est-elle connue en Allemagne comme ayant les cheveux attachés à l'arrière?
R. En Allemagne, on l'appelle quelque chose comme "tout est clair", parce que tout monte (les cheveux), donc "tout est clair".

Major Cranfield: Je passe maintenant à la déclaration sous serment 113, pièce 66, le témoin Neiger.

Q. Dans cette déclaration qu'il est allégué qu'un appel dura de 3h du matin à 9h?
R. Oui.
Q. À Auschwitz, quelle était la lumière à 3h du matin?
R. Très sombre. Je ne me levait jamais à 3h du matin.
Q. Voyez-vous que le témoin dit qu'il y avait 31000 personnes dans le camp C, et que vous leur avez ordonné de tenir leurs mains au-dessus de leur tête avec dans chacune d'elles une grosse pierre? -
R. Oui.
Q. Avez-vous déjà ordonné aux prisonniers dont vous aviez la charge de se tenir debout, tenant dans chaque main une grosse pierre au-dessus de leur tête?
R. Non. J'ajoute que le témoin Katherine Neiger n'a pas été une seconde dans mon camp, n'y est jamais allée.
Q. Y avait-il de grosses pierres dans le camp C disponibles à cet effet?
R. C'est la taille de la pierre (démonstration).
Q. Page 160 du résumé, pièce 87. (au témoin) Voyez-vous dans cet déclaration sous serment, une accusation selon laquelle vous avez tiré sur une juive hongroise à l'extérieur d'un des pâtés de maisons lors de l'arrivée d'un transport. Est-ce vrai?
R. Oui, je l'ai vu.
Q. Est-ce vrai?
R. Je ne nie pas que la femme ait été abattue, mais je nie qu'elle ait été abattue par moi.
Q. Comment cela s’est produit?
R. Je ne me souviens pas de l'incident et je ne sais pas s'il s'agit du même. Mais je me souviens qu'au camp C cela s'est produit lors de l'arrivée d'un transport. Une femme a été abattue par un garde d'une tour de guet. Je ne peux pas dire si c'est la même femme.
Q. Veillez lire la 2ème accusation qui figure au paragraphe 4 de cette déclaration.
R. (après avoir lu le paragraphe) Oui.
Q. Est-ce vrai?
R. Non. Je dois dire que tout cela est terriblement exagéré. J'aurais pu faire sortir une femme qui ne restait pas à sa place et la mettre dans une autre rangée, et je l'aurais alors peut-être giflée. Mais le fait de l'avoir battue sauvagement jusqu'à ce qu'elle saigne est un mensonge total.
Q. La pièce suivante est la pièce à conviction 88, page 163. (Au témoin) Lisez le paragraphe 2 de la déclaration.
R. (Après avoir lu le paragraphe) Oui.
Q. Est-ce vrai?
R. Je n'avais pas de chien. Je ne me souviens pas de ce groupe de travail, mais j'avais un vélo. Ensuite, il est dit que j'ai quelque chose à voir avec le bloc 25. Je n'y suis jamais allé. Je n'y suis allé qu'une seule fois.

Major Cranfield: Mon interprète dit que la réponse était qu'elle n'avait jamais été du tout dans le bloc 25.
Le Président: (à l'interprète) : Quelle a été la réponse?
L'interprète: "je n'y suis jamais allé, pas une seule fois". Je l'ai mal comprise.

Q. La déclaration suivante est le numéro 169, pièce à conviction 90. Voulez-vous lire le paragraphe 4 s'il vous plait.
R. (après avoir lu le paragraphe) Oui.
Q. L'incident décrit au paragraphe 4 de cet affidavit est-il vrai?
R. Non.
Q. La suivante est la déclaration de l'accusée Hélène Koper, page 46, pièce 110...

Le Juge-Avocat: Le problème, c'est que vous allez si vite. J'ai enregistré cet incident contre l'accusée Lothe.
Major Cranfield: Oui, également contre Lothe.
Le Juge-Avocat: La pièce à conviction a probablement été produite comme preuve contre Lothe, mais j'ai maintenant ma note en ordre, donc je peux continuer.

Q. Le prochain document est le numéro 46, déclaration d'Hélène Koper, pièce à conviction 110. Examinez la déclaration, paragraphe 2 et paragraphe 3. Est-ce vrai?
R. Il est possible qu'Hélène Koper ait eu un incident de ce genre avec une Aufseherin, mais certainement pas avec moi.
Q. Avez-vous déjà été à Auschwitz responsable d'un Kommando travaillant dans une sablière?
R. Non.
Q. Avez-vous déjà envoyé des prisonniers traverser un grillage pour être abattus?
R. Jamais.

Major Cranfield: Voilà tous les cas précis que j'allais soumettre à l'accusé. Je pense que tous les autres sont couverts par les dénégations générales. A moins qu'il y ait autre chose que la Cour souhaite que je pose ?
Le Juge-Avocat: Major Cranfield, un membre de la cour aimerait que vous examiniez le témoignage de Sunschein, dans lequel elle a allégué qu'un kommando avait reçu une sorte de punition générale de Grese. Il aimerait que vous parliez de la punition collective.
Major Cranfield: Oui, j'y reviendrais. Je voudrais d'abord aller à Belsen maintenant. J'ai 1 ou 2 questions générales sur Belsen, si vous me le permettez.

Q. Passons au camp de Belsen. Je voudrais que vous disiez à la cour quelles étaient les conditions à Belsen lorsque vous y êtes arrivé au début du mois de mars de cette année, et comment elles étaient entre cette date et l'arrivée des troupes britanniques?
R. Des transports arrivaient presque quotidiennement et le camp était surpeuplé.
Q. Vous nous avez dit que vous aviez horreur des prisonniers?
R. Oui. J'étais horrifié parce que les prisonniers étaient si sales et si malades.
Q. Quel effet cela a-t-il eu sur votre travail là-bas?
R. Je ne comprends pas la question.
Q. Vous nous avez dit que vous étiez l'Arbeitsdienstführerin (cheffe du service du travail - ajouté par moi). Vous nous avez dit que le camp était très surpeuplé. De plus en plus surpeuplé. Vous nous avez dit que les prisonniers étaient si sales et si malades que vous aviez horreur d'eux. Ce que je veux savoir, c'est comment ces conditions vous ont-elles affecté dans le travail que vous deviez effectuer?
R. Je devais assister à l'appel 2 fois par semaine, et chaque fois que je revenais du camp, j'étais horrifié.
Q. Un des témoins venus ici a raconté que vous "faisiez faire du sport" à un Kommando pendant une 1/2h. Vous souvenez-vous de cet incident?
R. Oui.
Q. Est-ce vrai?
R. Oui.
Q. Pouvez-vous vous rappeler pourquoi vous avez fait ça?
R. J'étais dans mon bureau quand j'ai vu par la fenêtre un groupe d'employés de cuisine être arrêtés par une Aufseherin. J'ai vu que derrière ce commando quelque chose avait été jeté. C'était 2 colis emballés dans du papier. Je suis allé voir ces colis, et j'ai vu que chacun d'eux contenait au moins 1kg de viande. Nous avons demandé à plusieurs reprises qui avait jeté cela, mais personne ne s'est dénoncé. J'ai promis au commando que l'incident s'arrêterait là et que je ne leur ferais aucun mal si on me disait qui avait jeté ces colis. Ils ont tous gardé le silence. Alors j'ai dit "bon, vous allez tous faire du sport jusqu'à ce que celui qui a jeté ces colis l'avoue." Nous leur avons fait faire du sport pendant environ une 1/2h. Puis certains prisonniers nous ont dit qui avait jeté ces colis. J'avais promis au commando de ne pas signaler cet incident et je ne l'ai donc pas fait. Je pensais qu'ils avaient été assez punis par cette "séance de sport".
Q. On prétend que ceux qui ne le faisaient pas correctement étaient battus par vous avec une cravache. Est-ce vrai?
R. Je n'avais pas de cravache, et je ne les ai pas battus.
Q. Aviez-vous déjà infligé ce genre de punition collective avant?
R. Non, je l'avais seulement vu.
Q. Les défilés et exercices supplémentaires sont-ils une forme de punition reconnue dans le code de service allemand?
R: Oui, vous pouvez dire ça.
Q. Vous êtes accusé d'avoir été impliqués avec Kramer, Klein (SS-Obersturmführer Dr Fritz - ajouté par moi) et Hössler (SS-Obersturmführer Franz - ajouté par moi), tant à Auschwitz qu'à Belsen. Je veux tout d’abord vous poser une question sur Auschwitz. Avez-vous déjà planifié avec Kramer l'envoi de prisonniers à la chambre à gaz?
R. Non.
Q. L'avez-vous déjà planifié avec Klein ou Hössler?
R. Non.
Q. Est-ce que l'un de ces 3 vous a déjà consulté pour savoir qui devait aller à la chambre à gaz?
R. Nous n'avons jamais parlé de ces choses. Kramer, Klein et Hössler étaient mes supérieurs. Si Kramer entrait dans le camp, je devais rédiger mon rapport comme c'était mon devoir. Et rien d'autre.
Q. Avez-vous déjà planifié avec Kramer ou un autre accusé, de maltraiter délibérément un prisonnier à Auschwitz?
R. Non.
Q. Avez-vous déjà planifié avec eux la mort ou les mauvais traitements délibérés d'un prisonnier à Belsen?
R. Jamais.

Contre-interrogatoire par le Lieutenant Jedrzejowicz  

Q. Vous avez dit qu'il y avait une Oberaufseherin Dreschel à Auschwitz. Était-elle la personne qui dirigeait tout le camp des femmes?
R. Oui.
Q. Était-ce une femme sévère?
R. Très sévère.
Q. Les prisonniers, les blockältesten et les lagerältesten avaient-ils peur d'elle de la même manière?
R. Oui.
Q. Maintenant, une question sur le camp de Belsen. Qui était en mesure de supprimer la nourriture en guise de punition?
R. Le Commandant.
Q. Etes-vous bien sûr qu'un blockälteste ou un lagerälteste n'était pas en mesure, n'avait aucun droit, aucun pouvoir, de supprimer la nourriture en guise de punition?
R. Oui.
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Le Procès de Belsen Empty Re: Le Procès de Belsen

Message  PJ 23/2/2024, 16:32

Séance du 17 janvier 1945

L'accusée IRMA GRESE est rappelée  à la barrre, et est contre-interrogée par le Colonel Backhouse

Q. Vous nous avez raconté hier comment vous êtes allé à l'école primaire. Puis vous êtes allé dans une ferme et ensuite, vous êtes allé à cet hôpital de Hohenlychen?
R. Oui.
Q. Et vous vouliez y rester et y être infirmière n'est-ce pas?
R. Je voulais aller à Schwerin parce qu'à Hohenlychen, je n'aurais pas pu devenir infirmière.
Q. Hohenlychen était dirigé par les SS n'est-ce pas?
R. À l'époque où j'y étais, c'était un sanatorium sportif. Plus tard, c'est devenu SS.
Q. Quand êtes-vous allé là bas?
R. De 1939 à 1941.
Q. Après votre départ, vous êtes allé travailler dans cette laiterie, puis vous êtes allé à Ravensbrück?
R. Oui.
Q. Combien étiez-vous payé à la laiterie?
R. De 40 à 60 Reichsmarks par mois.
Q. Qu’avez-vous obtenu à Ravensbrück?
R. 54 Reichsmarks par mois.
Q. Pourquoi avez-vous reçu beaucoup moins que les autres?
R. Parce que je n'avais que 18 ans.
Q. Parlez-moi un peu de Ravensbrück. Est-il exact de dire que le traitement des prisonnières y a été très sévère?
R. Oui.
Q. Les témoins ont-ils raison lorsqu'ils disent que toutes les Aufseherinnen là-bas battaient régulièrement les prisonnières?
R. Je ne sais pas.
Q. Il y a eu beaucoup de mauvais traitements là-bas, n'est-ce pas ?
R. J'avais un commando de 20 prisonnières et j'allais travailler avec eux. Je n'ai jamais battu personne.
Q. Ce n'est pas ce que je vous ai demandé. Il y avait là-bas de nombreux passages à tabac de prisonnières n'est-ce pas?
R. Je ne l'ai pas vu.
Q. Une femme SS qui ne se comportait pas mal envers les prisonniers était punie ou déplacée, n'est-ce pas?
R. Je ne sais pas.
Q. Et c'était vers la fin de votre formation à Ravensbrück, de votre période à Ravensbrück, que vous êtes rentré chez vous et avez vu votre père, n'est-ce pas?
R. Oui.
Q. Et vous lui avez raconté ce que vous faisiez à Ravensbrück n'est-ce pas?
R. Oui.
Q. Et vous vous êtes-vous disputé avec lui?
R. Oui.
Q. Et il vous a chassé de la maison n'est-ce pas?
R. Oui.
Q. Quand vous êtes arrivé à Auschwitz, vous nous avez dit que votre premier travail était téléphoniste?
R. Oui.
Q. Mais même lorsque vous étiez préposé au téléphone vous deviez vous relayer avec vos collègues n'est-ce pas, pour vous occuper des prisonniers le matin avant leur départ, et le soir à leur retour?
R. Oui.
Q. Et même alors, vous avez dû assister à l'appel des prisonniers n'est-ce pas?
R. Non.
Q. N'y acait-il pas un appel avant la sortie des groupes de travail?
R. Au début oui. Plus tard non.
Q. Maintenant, je voudrais vous poser une question sur l'époque où vous étiez responsable d'un "Strafkommando" (commando disciplinaire - ajouté par moi).
R. Oui.
Q. Vous avez dirigé un "Strafkommando" hors du camp pendant bien plus longtemps que vous ne l'avez dit au tribunal?
R. Non.
Q. Vous connaissez très bien Koper (Helena, kapo - ajouté par moi) n'est-ce pas?
R. Oui.
Q. Elle était à Ravensbrück quand vous y étiez n'est-ce pas?
R. Je ne sais pas.
Q. Et elle a été longtemps à Auschwitz avec vous n'est-ce pas?
R. Pas avec moi.
Q. Eh bien, elle était à Auschwitz alors que vous y êtes resté longtemps?
R. Oui
Q. Et elle était à Belsen tout le temps où vous y étiez vous-même n'est-ce pas?
R. Oui.
Q. Elle ne vous confondrait pas avec quelqu'un d'autre n'est-ce pas?
R. Je ne sais pas.
Q. J'affirme que vous ne nous avez pas dit la vérité, et que vous étiez responsable d'un "Strafkommando" employé à travailler dans une sablière.
R. Je n'ai jamais été responsable d'un "Strafkommando" travaillant dans une sablière.
Q. Ne jouons pas sur les mots. Peut-être n'en n'étiez-vous pas responsable, mais vous étiez avec. Vous gardiez et supervisiez un commando travaillant dans une sablière?
R. J'ai déjà expliqué hier que j'ai dirigé pendant 2 jours un "Strafkommando" à tite de une punition. Un commando qui travaillait à faire venir des pierres de l'extérieur du camp.
Q. Je sais ce que vous nous avez dit hier. Voyez-vous, je suggère que vous ne nous avez pas dit la vérité hier.
R. J'ai juré de dire la vérité, et c'est ce que j'ai fait.
Q. Il y avait beaucoup de sable apporté dans le camp pour les routes n'est-ce pas?
R. Je ne sais pas.
Q. Vous étiez avec le commando qui construisait les routes. Alors pourquoi ne le savez-vous pas?
R. Oui, ils construisaient des routes, mais ils n'apportaient pas de sable.
Q. N'y avait-il pas beaucoup de béton utilisé dans ce camp?
R. Je ne sais pas.
Q. Les routes n'étaient-elles pas en ciment?
R. Cela ne m'intéressait pas.
Q. Eh bien cela devrait vous intéresser, car vous étiez en charge du commando qui s'en occupait. Les routes n’ont-elles pas été recouvertes de ciment?
R. Je ne sais pas.
Q. Ne savez-vous pas ce que faisaient les prisonniers lorsque vous étiez responsable du commando?
R. Ils mettaient des pierres au le sol. ils les martelaient pour construire des routes.
Q. Vous dites que vous n'avez jamais vu la sablière?
R. Je me rappelle plus.
Q. Vous ne vous en souvenez plus maintenant?
R. Je ne l'ai jamais vu.
Q. Pourquoi avoir dit alors que vous ne vous en souveniez pas il y a un instant?
R. Je me rappelle plus.
Q. Je vous suggère que lorsque vous travailliez à la sablière, il y avait un cordon de gardes tout autour à intervalles regulier...
R. C'est possible, mais je ne le sais pas.
Q. ... et que vous vous amusiez à envoyer des prisonnières hors du périmètre pour qu'elles soient abattues par les gardes?
R. Non.
Q. Vous souvenez-vous d'avoir témoigné lors d'une enquête contre un gardien?
R. Je ne sais pas.
Q. Vous avez témoigné lors d'une enquête contre un garde qui avait refusé de tirer sur des personnes traversant le grillage au motif que vous les aviez envoyés délibérément?
R. Tu pouvez penser ce que vous voulez, mais c'est un mensonge, et c'est faux.
Q. Vous souvenez-vous d'une prisonnière appelée Anna Guterweiss?
R. Non.
Q. Je vous affirme qu'elle est l'une des femmes que vous avez envoyées à la mort de cette façon.
R. Non.
Q. Vous souvenez-vous d'une prisonnière appelée Camina Stasika?
R. Non.
Q. Ou Karola Miket?
R. Non.
Q. Je suggère que ces 2 femmes étaient dans le même commando ainsi que l'accusée Koper. Et que c'est le commando qui travaillait sous votre supervision dans la sablière.
R. Non.
Q. Parlez-moi de ce commando de jardinage dont vous dites avoir eu la charge. Où était-il?
R. Dans le jardin.
Q. Où était le jardin? 
R. Au camp Auschwitz n°1, mais c'étaient des jardins appartenant aux SS.
R. À quelle distance de Birkenau?
R. 3/4h de marche.
Q. Étiez-vous à vélo, et les prisonniers marchaient-ils?
R. Non.
Q. Prenons les choses par étapes. Les prisonniers marchaient-ils?
R. Oui.
Q. Vous aviez un vélo à Birkenau n'est-ce pas?
R. Oui.
Q. Et vous ne l'utilisiez pas?
R. Il était interdit d'utiliser le vélo pour accompagner les groupes de travail à l'extérieur.
Q. N'aviez-vous pas un chien pour garder ces commandos ?
R. Non.
Q. Pourquoi pas?
R. Je ne sais pas.
Q. C'était à ça que servaient les chiens, n'est-ce pas?
R. Pas avec moi. Ils étaient entraînés et avaient leurs propres gardes.
Q. Ils étaient dressés pour garder les commandos qui sortaient du camp n'est-ce pas? -
R. Oui.
Q. Alors pourquoi n'aviez-vous pas le droit d'en avoir un?
R. Je ne voulais pas avoir de chien parce que je n'étais pas une Aufseherin professionnellement certifiée pour ce type de travail. Si j'avais eu un chien, cela m'aurait limité à ce travail particulier.
Q. Mais vous étiez Aufseherin n'est-ce pas?
R. Oui.
Q. Et vous avez été envoyé avec ce groupe de travail extérieur n'est-ce pas?
R. Oui.
Q. Alors pourquoi n'avoir pas de chien?
R. Je ne voulais pas en avoir.
Q. En fait, vous aviez un chien avec vous, et que lorsque vous marchiez en compagnie du commando, le chien harcelait les retardataires.
R. Je pense que je devrais mieux savoir que vous si j'avais un chien ou pas.
Q. Emmeniez-vous périodiquement votre commando pour cueillir des herbes pour la cuisine?
R. Oui, quand il y avait des herbes ils les cueillaient.
Q. Vous avez entendu lire la déclaration du témoin Triszinska, page 163. Était-elle dans votre commando?
R. Je ne sais pas. Je n'avais que des Russes dans mon commando
Q. Elle dit qu'elle a été membre de votre Kommando pendant environ 5 semaines.
R. Je ne sais pas.
Q. Et elle raconte "souvent, nous devions marcher environ 15 km jusqu'à un endroit où nous devions cueillir des herbes pour la cuisine". Est-ce correct?
R. Non.
Q. Ils ont dû marcher, dites-vous, pendant environ 3/4h pour cueillir des herbes pour la cuisine n'est-ce pas?
R. Je ne sais pas.
Q. Vous venez de nous le dire, vous savez... Je ne fais que répéter ce que vous avez dit vous-même il y a quelques instants...
R. J'ai dit que nous marchions pendant 3/4h pour faire des travaux de jardinage, pas pour cueillir des herbes pour la cuisine.
Q. Où êtes-vous allé cueillir des herbes pour la cuisine?
R. Je ne connais pas de tel commando cueillant des herbes pour la cuisine.
Q. J'avoue que j'ai du mal à vous comprendre. Il y a quelques instants, vous avez dit que votre commando cueillait des herbes pour la cuisine lorsqu'il y avait des herbes. Est-ce vrai ou pas?

L'Interprète: Je suis désolé, c'est mon erreur. Elle a dit qu’elle cueillait de l’herbe dans le jardin, mais pas des herbes pour la cuisine. Cela a dû être une erreur.
Colonel Backhouse: Voulez-vous dire arracher les mauvaises herbes?
L'Interprète: Oui.

Q. Est-ce cela?
R. Oui, quand il fallait nettoyer le jardin et ramasser les mauvaises herbes, ils le faisaient.
Q. Aviez-vous un potager pour le camp?
R. Pas pour le camp.
Q. Pour les SS?
R. Il y avait plusieurs potagers pour les SS
Q. Est-ce que votre commando qui s'en occupait?
R. Oui.
Q. Et si des herbes étaient nécessaires, les cueillaient-ils?
R. Quelle sorte d'herbes ?
Q. Ont-ils cueilli des herbes?
R. Non.
Q. Alors pourquoi me demander quelle sorte d'herbes?
R. Dans le jardin, il n'y avait pas d'herbes aromatiques. C'était soit des légumes, soit des mauvaises herbes. Mais pas d'herbes aromatiques.
Q. Portiez-vous un bâton?
R. Non.
Q. Qu'aviez-vous?
R. Rien.
Q. Pourquoi ne pas avoir de bâton à cette occasion?
R. Ce n'était pas nécessaire.
Q. Je vous suggère que vous avez utilisé un bâton?
R. Et je vous dis que je n'ai jamais eu de bâton à l'exception du camp C.
Q. Je vous dis que vous avez blessé plusieurs femmes avec un bâton.
R. Non.
Q. On vous a posé des questions hier sur Ilse Lothe?
R. Oui.
Q. Je vous suggère encore qu'elle était une Kapo.
R. Je ne sais pas.
Q. Et qu'elle a travaillé sous vos ordres comme Kapo.
R. Jamais.
Q. Et qu'à une occasion où Lothe s'est plaint de Rozenwayg (volume 10, page 17 du compte rendu), et que vous avez lâché votre chien sur la prisonnière Rozenwayg.
R. Comme je n'avais pas de chien, je ne pouvais pas le lâcher sur Rozenwayg.
Q. Vous vous souvenez de Rozenwayg témoignant devant le tribunal n'est-ce pas?
R. Oui.
Q. Vous souvenez-vous de la déclaration de Watinik?
R. Oui.
Q. Elle raconte "j'ai vu Irma Grese lancer son chien sur mon amie Rozenwayg".
R. Elle a dû avoir des instructions de Rozenwayg pour le dire.
Q. ... "J'ai vu le chien mordre Hanka à l'épaule"
R. Elle a peut-être vu cela se produire, mais je n'ai jamais eu de chien et je n'ai jamais lancé de chien sur personne.
Q. Je vous suggère ceci: lorsque vous sortiez avec ces groupes de travail, vous preniez l'habitude de battre les femmes et de leur donner des coups de pied, et cela vous plaisait.
Q. Et je dis que vous êtes mal informé sur moi, et que c'est un gros mensonge.
Q. Quand vous étiez enfant, vous aviez peur de vous défendre n'est-ce pas? Vous vous enfuyiez pour éviter la bagarre?
R. Je me rappelle plus.
Q. Vous avez entendu votre sœur le dire hier?
R. Oui.
Q. Ce que je vous suggère, c'est que vous trouviez très amusant de frapper quelqu'un qui ne pouvait pas riposter?
R. Non.

.../...
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Le Procès de Belsen Empty Re: Le Procès de Belsen

Message  PJ 23/2/2024, 16:37

.../...

Q. Vous souvenez-vous de la déposition de Gertrud Diament, où elle dit que votre habitude favorite était de battre les femmes jusqu'à ce qu'elles tombent à terre, puis de leur donner des coups de pied aussi fort que possible avec vos lourdes bottes?
R. Ce n'est pas vrai. C'est peut-être son habitude de mentir.
Q. Vous portiez des bottes lourdes n'est-ce pas?
R. Oui, je portais des bottes.
Q. Et vous aimiez vous promener avec un revolver attaché à la taille et un fouet à la main, n'est-ce pas?
R. Non, je n'aimais pas ça.
Q. Vous pensiez qu'il était très astucieux de vous faire fabriquer un fouet dans un atelier, n'est-ce pas?
R. Oui.
Q. Et même lorsque le Kommandant vous a dit d'arrêter de l'utiliser, vous avez continué. N'est-ce pas?
R. Oui.
Q. Parlez-moi un peu plus de ce fouet. De quoi était-il réellement fait?
R. De papier cellophane.
Q. Comment a-t-il été constitué?
R. C'est du papier cellophane translucide. Vous pouvez voir à travers. Il était de cette longueur (démonstration). et ensuite vous l'enroulez ensemble.
Q. Voulez-vous dire tressé puis lié?
R. Comme une queue de cheval, de cette façon. Comme pour les cheveux.
Q. En avez-vous fait réaliser plusieurs?
R. Non, un seul.
Q. Quoi qu’il en soit, cela faisait mal si vous l’utilisiez n’est-ce pas?
R. Oui.
Q. Qui vous a donné l'idée de le faire en cellophane?
R. Parce que là, dans cet atelier de tissage, on fabriquait toutes sortes de choses, et j'ai eu l'idée de fabriquer un fouet en cellophane.
Q. De quelle couleur était-il?
R. C'était translucide, comme du verre blanc.
Q. Est-ce que ça ressemblait à un fouet?
R. Il était long, et avait un effet cinglant (l'accusée fait une démonstration).
Q. Un type de fouet que vous utiliseriez pour un cheval? 
R. Oui.
Q. Alors, la plupart des prisonniers qui ont dit vous avoir vu porter une cravache n'avaient pas tort n'est-ce pas?
R. Non, ils n'avaient pas tort.
Q. Les autres Aufseherinnen ont-elles également fait fabriquer ces fouets pour elles?
R. Non.
Q. C'était juste votre idée?
R. Oui.
Q. Bien sûr, dans le camp C, vous aviez aussi l'habitude de porter une canne n'est-ce pas?
R. Oui.
Q. Et vous battez les gens, tantôt avec un fouet, tantôt avec un bâton?
R. Oui.
Q. Aviez-vous le droit de battre les gens?
R. Non.
Q. Il ne s'agissait donc pas d'ordres de vos supérieurs. Vous avez fait ça contre les ordres n'est-ce pas?
R. Oui.
Q. Presque tout le monde dans le camp le faisait, n’est-ce pas?
R. Je ne sais pas.
Q. Était-ce juste vous qui étais cruelle?
R. Cela n'a rien à voir avec la cruauté.
Q. Étiez-vous la seule personne à battre des prisonniers en violation des règlements?
R. Je ne sais pas.
Q. N'avez-vous jamais vu quelqu'un d'autre battre des prisonniers?
R. Si.
Q. Alors pourquoi continuer à dire "je ne sais pas" quand on vous le demande?
R. Peut-être qu'ils ont reçu l'ordre de les battre. Je ne peux pas dire.
Q. Ce n'est pas ce qu'on vous a demandé. Vous savez très bien ce qu'on vous a demandé. Je vous ai demandé si vous aviez parlé de quelqu'un d'autre qui battait des prisonniers à Auschwitz, et vous avez répondu "je ne sais pas".
R. Non, tu m'avez demandé si les autres battaient les prisonniers malgré des ordres contraires, malgré l'interdiction de battre. Ma réponse a donc été "je ne le sais pas, car je ne sais pas s'ils ont reçu un ordre dans ce but particulier".
Q. Avez-vous parfois reçu des ordres de battre les prisonniers?
R. Non
Q. Avez-vous donné l'ordre à d'autres Aufseherinnen travaillant sous vos ordres de battre les prisonniers?
R. Oui.
Q. Aviez-vous le droit ou l'autorité de le faire?
R. J'avais le droit et l'autorité de veiller à ce que le camp dont j'étais responsable et dont j'étais la cheffe, soit en ordre.
Q. Aviez-vous le droit d'autoriser des Aufseherinnen à battre les gens?
R. Non.
Q. Vous êtes allé au camp C en mai 1944?
R. Oui.
Q. C'est à ce moment-là qu'a commencé le gazage des Hongrois n'est-ce pas?
R. Oui.
Q. Je crois que c'est à ce moment-là que Hössler a annoncé que les transports arriveraient jour et nuit. Est-ce correct?
R. Oui.
Q. Et le camp C était l'endroit où les Hongrois étaient parqués, n'est-ce pas?
R. Oui.
Q. Vous aviez des Kapos tchèques n'est-ce pas?
R. Non. Les Blockältesten que j'avais au camp C provenaient du camp A d'Auschwitz, et m'étaient envoyés à cet effet. Depuis le camp A de Birkenau, ils ont été affectés à cette tâche particulière.
Q. C'étaient des Tchèques, n'est-ce pas?
R. Oui.
Q. C'était la pratique à Auschwitz, n'est-ce pas, d'avoir le plus loin possible les anciens détenus d'un autre pays?
R. Non, ça n'a rien à voir avec ça. Les Blockältesten que j'avais dans mon camp connaissaient déjà leur travail. Les hongrois qui sont arrivés ne savaient absolument pas quoi faire. Ils ont été mis à 1000 par bloc, et ils n'auraient pas su du tout l'organiser.
Q. Personne ne pouvait organiser un bloc censé accueillir 100 ou 200 personnes si vous y mettez 1 000 personnes sans lits, n'est-ce pas?
R. Cette surpopulation n'a duré qu'1 ou 2 semaines.
Q. Pourquoi? Ont-ils été tués rapidement?
R. Les gens qui sont venus au Camp C étaient tous des gens forts, aptes au travail, et ils étaient intégrés à des commandos de travail.
Q. Vous souvenez-vous des sélections auxquelles vous avez assisté?
R. Oui.
Q. Il était assez simple de savoir si le choix se portait ou non sur l'envoi aux chambres à gaz, n'est-ce pas?
R. Non, on ne pouvait pas le savoir.
Q. Parce que seuls les juifs faisaient partie des sélections pour la chambre à gaz, n'est-ce pas?
R. Je n'avais moi-même que des Juifs au camp C.
Q. Alors, ils devaient tous assister aux sélections pour la chambre à gaz n'est-ce pas?
R. Oui.
Q. Et vous deviez attendre les médecins, n'est-ce pas?
R. Oui.
Q. Car vous saviez parfaitement à quoi cela servait n'est-ce pas?
R. Non.
Q. Et lorsque ces gens défilaient, ils étaient exhibés nus, n'est-ce pas?
R. Presque toujours.
Q. Et ils étaient inspectés comme du bétail, pour voir s’ils étaient aptes au travail ou aptes à mourir, n’est-ce pas ?
R. Pas comme du bétail.
Q. Si quelqu'un s'enfuyait, vous la rameniez n'est-ce pas?
R. Oui.
Q. Déposition de Lebowitz, page 92 "j'ai souvent vu Grese avec le Dr Mengele, sélectionner des personnes pour les chambres à gaz et pour le travail forcé en Allemagne. Si Grese voyait une mère et une fille, ou des sœurs essayer de rester ensemble lors des sélections pour le travail forcé en Allemagne, elle les battait jusqu'à ce qu'ils perdent connaissance, et les laissait allongés sur le sol. Est-ce vrai?
R. Il est vrai que lorsqu'elles s'enfuyaient, je les ramenais. J'ai pu les battre, mais c'est un fantasme de dire que je les ai battus jusqu'à ce qu'elles restent par terre, ou jusqu'à ce qu'elles saignent, ou peut-être jusqu'à ce qu'elles soient mortes. C'est du pur fantasme.
Q. Y avait-il des gardes présents à ces occasions?
R. Non.
Q. Si des prisonnières tentaient de s'enfuir et allaient très loin, elles étaient abattues n'est-ce pas?
R. Jamais dans le camp.
Q. Vous d'Ilona Stein, qui a témoigné devant le tribunal? (Jour 9 page 12)
R. Je ne connais pas cette femme.
Q. Vous vous souvenez qu'elle a dit que les prisonnières qui tentaient de s'échapper étaient fusillées si elles s'éloignaient? Sinon, elles étaient ramenées et terriblement battues jusqu'à ce qu'elles saignent de partout et remis dans les rangs. Est-ce vrai?
R. Pourquoi devrait-on tirer sur les prisonnières à l'intérieur du camp? il y a des barbelés autour du camp, elles ne peuvent donc pas s'échapper.
Q. Si à la fin vous gazez quelqu’un, cela ne fait pas grande différence si vous lui tirez dessus, n’est-ce pas?
R. Je ne sais pas.
Q. Vous savez, on a demandé à Ilona Stein de donner des détails sur ce genre de choses. Vous souvenez-vous de ce qu'elle a dit? Vous souvenez-vous d'avoir parlé à la cour d'une sélection vers la fin du mois d'août? Y avait-il là une femme SS appelée Dreschel (Margot - ajouté par moi)?
R. Oui.
Q. Quelle était sa position dans le camp?
R. Au début, elle était "Rapportführerin" (cheffe du rapport - ajouté par moi), puis "Oberaufseherin" (gardienne en chef - ajouté par moi).
Q. Et en tant que Rapportführerin, a-t-elle assisté aux sélections avec le Dr Mengele?
R. Peut-être.
Q. Le commandant du camp était-il parfois présent?
R. Oui.
Q. Était-ce généralement le Dr Mengele avec qui vous étiez lors de ces sélections?
R. J'étais seulement avec le Dr Mengele.
Q. Permettez-moi de vous rappeler ce que le témoin Stein a dit, à savoir que vous étiez habituellement avec le Dr Mengele. Puis elle a parlé de cette sélection particulière où le commandant Kramer, le Dr Mengele, Dreschel et vous-même étiez présents. Et à cette occasion, des prisonnières éssayèrent de se  cacher. Vous avez vu des prisonnières essayer de se cacher lors des sélections n'est-ce pas?
R. Oui.
Q. Et vous les rameneniez toujours n'est-ce pas?
R. Oui.
Q. À cette occasion, je vous suggère que vous les avez signalés à un gardien et qu'elles ont été abattues.
R. Non.
Q. Vous souvenez-vous de la déclaration du témoin Trieger (page 160)?
R. Je m'en souviens.
Q. Comment elle a témoigné qu'elle était obligée de se tenir à la porte, les bras tendus, pour empêcher les gens de sortir en courant et de s'échapper?
R. Oui, je sais.
Q. Vous souvenez-vous qu'on l'a obligée à se tenir debout comme ça?
R. Je ne peux pas dire si ses bras étaient tendus, mais je sais que le "Blockälteste" (responsable d'un block, détenu - ajouté par moi) avait pour ordre de veiller à ce que ceux qui étaient envoyés à gauche restent là, et n'essayent pas de passer à droite.
Q. Trieger était une Blockälteste n'est-ce pas?
R. Non.
Q. Qu'était-elle?
R. Je connaissais tous les Blockältesten qui étaient dans mon camp, et je connais leurs prénoms. J'en avais un avec le prénom "Edith", mais ce n'était pas Edith Trieger.
Q. Vos Blockältesten étaient des Tchèques n'est-ce pas?
R. Tchèques et Polonaises.
Q. Et Trieger, bien sûr, est tchèque?
R. Oui.
Q. Vous souvenez-vous de Trieger?
R. Non.
Q. Comment savez-vous qu'elle est tchèque?
R. Parce que je l'ai lu dans la déclaration.
Q. Je vous suggère qu'à un moment, Trieger agissait comme votre Blockälteste, et a été mise à la porte pour empêcher les gens de sortir. 2 filles, ou en tout cas quelques filles, ont réussi à passer entre ses mains. Est-ce que cela arrivait parfois?
R. Oui.
Q. Mais vous attrapiez la majorité vous-même n'est-ce pas?
R. Non, parce que je n'avais pas le temps pour ça. Mon travail consistait à écrire dans mon registre, combien de personnes quittaient de mon camp (à la suite d'une sélection - ajouté par moi). C'était mon véritable travail.
Q. Vous savez, vous nous avez déjà dit que lorsque des femmes essayaient de s'enfuir, vous les rameniez et vous les battiez. Pourquoi nier?
R. Bien sûr, lorsque quelqu'un essayait de s'enfuir ou de se cacher, c'était mon devoir - et je l'ai fait - d'essayer de le ramener et de le battre. Mais que mon travail aurait été de rester là et de regarder, cela n'est pas vrai.
Q. Personne n’a suggéré que c’était votre travail de rester là. C'est juste que, lorsque ces filles s'enfuyaient, vous les rameniez.
R. Oui.
Q. Je dis que vous les battiez avec vos mains, et leur donniez des coups de pied.
R. Je les ai battus avec mes mains, mais je ne leur ai jamais donné de coups de pied.
Q. Vous souvenez-vous d'avoir fait partie d'une sélection au camp A?
R. Jamais.
Q. Connaissez-vous un/une Dr Enna? (imprécision - ajouté par moi)
R. Oui.
Q. Connaissez-vous un Blockälteste du camp A appelé Rehr?
Q. Je ne sais pas.
Q. Vous souvenez-vous du block 9 du camp A?
R. Oui.
Q. Je vous suggère que vous assistiez à une sélection là-bas.
R. Ce témoin qui a dit cela a menti.
Q. Votre opinion sur le témoin ne m'intéresse pas. Je veux savoir si vous avez assisté à une sélection là-bas?
R. Non.
Q. S'il y avait une sélection pendant la journée, il fallait appeler les Aufseherinnen qui se trouvaient à proximité, non?
R. Je ne sais pas.
Q. Même Hössler lui-même a dû le faire alors qu'il n'y avait pas d'Aufseherinnen disponible, n'est-ce pas?
R. C'est possible.
Q. Mais s’il y avait un Aufseherin disponible, elle devait alors venir donner un coup de main?
R. Je n'ai jamais vu d'Aufseherin lors d'une sélection.

Colonel Backhouse (Au témoin)

Q. Il y a eu des sélections dans le camp A n'est-ce pas?
R. Oui.
Q. Qui y était présent?
R. Je ne sais pas.
Q. Certaines Aufseherinnen devaient être présentes?
R. Je ne sais pas.
Q. Il serait très inhabituel d'avoir une sélection sans la présence d'une Aufseherin, n'est-ce pas?
R. Non, au contraire.
Q. Qui s’occupait des femmes sélectionnées?
R. Je n'ai jamais été concerné par les sélections au Camp A, ni par les sélections au Camp C, mais c'était mon devoir d'y être présent.
Q. Cela n'a rien à voir avec ce que je vous soumets, alors écoutez les questions et répondez-y. Pouvez-vous me répéter qui faisait toutes ces tâches lors de ces sélections s'il n'y avait pas d'Aufseherinnen présentes?
R. Je vous ai déjà dit que ça ne me concernait pas. Je ne sais pas.
Q. Alors pourquoi dites-vous qu’il serait inhabituel qu’une Aufseherin soit présente si vous n’êtiez pas concernée?
R. Parce que toutes les Aufseherinnen avaient leur travail dans des commandos extérieurs ou dans des bureaux de l'administration.
Q. N'est-ce pas justement pour cette raison qu'il fallait vous faire venir à l'occasion?
R. Non.
Q. Je vous suggère que lors de la sélection au block 9, 2 filles ont sauté par la fenêtre.
R. C'est possible.
Q. Et que vous leur avez tiré dessus alors qu'elles gisaient à terre.
R. Non.
Q. Même quelqu’un qui n’était pas très bon tireur n'aurait pas eu beaucoup de mal à toucher 2 femmes gisant au sol, n’est-ce pas ?
R. Je ne sais pas.

.../...
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Le Procès de Belsen Empty Re: Le Procès de Belsen

Message  PJ 23/2/2024, 16:42

.../...

Q. Juste une dernière chose à propos de ces sélections. Vous nous avez dit que lorsque des gens étaient envoyés à la chambre à gaz, vous inscriviez cela dans vos registres comme "Traitement Spécial"? ("Sonderbehandlung" désignation codée pour "gazé" - ajouté par moi)
R. Oui.
Q. C'était un ordre?
R. Oui, un ordre donnés par téléphone par l'Oberaufseherin Dreschel.
Q. Vous était-il interdit de parler de ces choses en dehors du camp?
R. De quelles choses?
Q. Des sélections, des chambres à gaz, des passages à tabac?
R. Personne ne l'a interdit.
Q. Vous aviez le droit d'en parler?
R. Je ne sais pas si c'était autorisé, mais je sais que ce n'était pas interdit.
Q. Aucune tentative pour garder le secret?
Q. C'était gardé secret du fait que nous n'étions jamais autorisés à quitter le camp parce qu'il était fermé à cause du typhus. Donc nous ne pouvions pas quitter le camp de toute façon.
Q. Je veux vous parler des appels. Vous avez souvent forcé les prisonnières a rester debout pendant 3 ou 4h durant un appel?
R. Pas si longtemps.
Q. Combien de temps? -
R. 1h, ou peut-être 2.
Q. Pourquoi avez-vous dit hier que c'était parfois 3 ou 4h?
R. Je ne faisais que citer vos propres mots. C'était une exception.
Q. Et vous avez alors fait en sorte qu'elles restent immobiles n'est-ce pas?
R. Bien sûr, naturellement.
Q. Si elles bougeaient, elles étaient battues, n'est-ce pas?
R. C'est absurde.
Q. Alors à quoi bon leur dire de rester immobiles?
R. Non, je ne veux pas dire avec cette expression qu'ils n'avaient pas le droit de bouger.
Q. Et si elles ne se comportaient pas comme vous le souhaitiez durant l'appel, ne les faisiez-vous pas parfois s'agenouiller?
R. Oui.
Q. Et à d’autres occasions, n’avez-vous pas obligé certaines à tenir des pierres au-dessus de leur tête?
R. Non, c'est du fantasme.
Q. Avez-vous vu d'autres personnes le faire?
R. Oui.
Q. C’était une punition tout à fait habituelle dans un camp de concentration, non?
R. Je ne sais pas.
Q. Mais vous avez vu des gens être obligés de le faire, n'est-ce pas?
R. Oui.
Q. Qui leur faisait faire ça?
R. Je ne sais pas.
Q. L'avez-vous déjà vu dans le camp C?
R. Non.
Q. Je vous suggère que si l'une de ces internées ne restait pas immobile, soit la faisiez s'agenouiller, soit vous la faisiez tenir des pierres debout pendant un long moment. Et si elle faiblissait, vous la battiez.
R. Non.
Q. Vous souvenez-vous de la déclaration de Lebowitz (n° 92)?
R. Oui.
Q. C'est bien le récit qu'elle fait d'un appel au sujet duquel je viens de vous interroger. Elle dit que vous aviez aussi l'habitude de donner des coups de pied aux gens qui gisaient par terre?
R. Oui.
Q. Vous souvenez-vous de la déclaration de Dunklemann (n° 22) au sujet de laquelle on vous a interrogé hier?
R. Oui.
Q. C'est elle qui a dit que vous aviez les cheveux relevés en arrière?
R. Oui.
Q. En fait, vous aviez les cheveux attachés par derrière n'est-ce pas?
R. Je ne me coiffais pas du tout de cette façon. J'avais une sorte de chignon, et c'était assez bas sur le cou.
Q. Vos cheveux étaient tirés en arrière n'est-ce pas? Jetez un œil à cette photo de vous-même (remise S.G.C. 16). Vos cheveux sont attachés en arrière n'est-ce pas?
R. Oui.
Q. Cette nouvelle coiffure avec les boucles pendantes est quelque chose de nouveau depuis que vous avez quitté Belsen?
R. Oui, cela vient de la prison de Celle.
Q. Ehlert (SS-Aufseherin Herta - ajouté par moi) avait l'habitude de porter ses cheveux en arrière, et elle les a mis aussi comme ça depuis qu'elle est arrivée ici, non?
R. Il est difficile aujourd'hui d'avoir les coiffures qu'on aimerait porter, et il faut en tirer le meilleur parti.
Q. Pensez-vous qu'Ehlert ressemble maintenant à ce qu'elle était à Belsen?
R. Un peu différente.
Q. Vous vous souvenez de ce que cette fille Dunklemann a dit à votre sujet?
R. Oui.
Je ne veux pas tout lire parce que vous l'avez lu vous-même, mais c'est presque exactement ce que les autres disent de vous au sujet des appels.
R .Oui.
Q. Vous vous souvenez de la page suivante, 23?
R. Oui.
Q. Brzustovska, Weinfeld et Witz, toutes disent exactement la même chose.
R. Oui.
Q. Ont-elles toutes tort?
R. Oui, elles ont exagéré. Elles ont fait d'une mouche un éléphant.
Q. On dit que vous étiez la pire femme SS du camp.
R. Oui, ils le disent.
Q. Vous avez obtenu une promotion assez rapide pour une jeune fille n'est-ce pas?
R. Non. Pendant mon service de 2 ans.
Q. Passer d'une employée de laiterie à la responsable de 30000 femmes en 2 ans est une promotion assez rapide, non?
R. Cela n'a rien à voir avec la laiterie.
Q. N'avez-vous pas été spécialement choisi pour le camp C lorsque à commencé le gazage des Hongroi?
R. Non. Il y avait très peu d'Aufseherinnen, et le service de censure postal était fermé. Je n'avais donc aucune tâche particulière à ce moment-là, et j'ai donc été envoyé au camp C.
Q. Et est-ce fort de cette nomination, que vous avez pensé que ce serait une bonne idée d'avoir un fouet avec vous?
R. Je portais un fouet alors que je n'avais pas du tout été promue. J'ai été promue le 1er janvier 1945 après avoir quitté Birkenau.
Q. Avez-vous été promu en récompense de vos services dans la liquidation du camp C?
R. Le camp C n'a pas été liquidé. Je ne sais donc pas si j'ai été promu en conséquence.
Q. Hössler à donc tort de nous dire que le Camp C avait été liquidé en décembre n'est-ce pas?
R. Peut-être a-t-il choisi une mauvaise expression. Il a été transféré au camp A.
Q. J'aimerIS vous poser des questions sur 1 ou 2 cas particuliers. Vous vous souvenez je pense, de la fois où vous avez vu cette mère essayer de parler à sa fille par delà les barbelés?
R. Je me souviens.
Q. Je veux juste voir dans quelle mesure nous sommes d’accord sur cet incident. Quand est-ce arrivé?
R. Non, je ne me souviens pas de cet incident particulier. C'était un cas fréquent.
Q. Je vois. Vous battiez régulièrement des femmes qui essayaient de parler à leurs filles, n'est-ce pas?
R. Je n'ai jamais battu une mère parce qu'elle parlait avec sa fille. C'est un non-sens ou un mensonge.
Q. Je me base uniquement sur ce que vous avez déclaré hier soir. Vous avez dit que vous n'aviez pas nié l'avoir battue. Vous avez nié l'avoir battue jusqu'à ce qu'elle tombe par terre et l'avoir piétiné. Vous souvenez-vous de cela?
R. Bien.
Q. Vous battiez tellement de femmes que vous ne vous souvenez plus si cela s'est produit ou non?
R. Je ne me souviens pas de cet incident. Je n'ai pas battu autant de femmes que je ne puisse m'en souvenir.
Q. Vous vous souvenez d'Ilona Stein lorsqu'elle raconte l'incident en disant que vous lui avez aussi donné des coups de pied. N'aviez-vous pas l'habitude de donner des coups de pied à toutes ces femmes?
R. Je n'ai jamais donné de coup de pied à qui que ce soit.
Q. Je dit que vous donniez régulièrement des coups de pied aux gens, histoire de vous pavaner avec des bottes haut de gamme?
R. J'aimerais savoir qui m'a vu me pavaner dans le camp.
Q. Quittons complètement Auschwitz pour aller à Belsen. Vous êtes arrivé à Belsen dans un transport n'est-ce pas?
R. Oui.
Q. Et Kramer vous a spécifiquement demandé de rester, n'est-ce pas?
R. Eh bien en fait, c'est moi qui voulais rester.
Q. Vous avez demandé à Kramer si vous pouviez rester?
R. Oui.
Q. Vous étiez Arbeitsführerin?
R. Oui.
Q. Est-il vrai qu'une partie de votre travail consistait à vous tenir au portail lorsque les groupes de travail sortaient et entraient?
R. Oui.
Q. Et n'est-ce pas régulièrement que vous frappiez les gens à ce portail ?
R. Je voudrais vous demander de supprimer le mot "régulièrement", car je n'ai jamais battu des prisonniers au portail.
Q. N'aviez-vous pas toujours votre fouet à Belsen?
R. Oui.
Q. Que faisiez pendant la journée, après la sortie des groupes de travail et avant leur retour le soir?
R. J'allais avec mon commando dans la forêt, chercher du matériel pour préparer des couronnes (mortuaires - ajouté par moi) pour les SS qui mouraient à cette époque en grand nombre du typhus.
Q. Et vous alliez avec votre commando de travailleurs dans la cour pour collecter du matériel pour ça?
R. J'y suis allé avec 3 prisonniers de corvée. Avec ceux-là, je suis allé récupérer ce matériel.
Q. Passiez-vous toute la journée à faire ça?
R. Eh bien, j'ai aussi veillé à ce que le camp soit propre et en ordre.
Q. Vous inspectiez le camp, n'est-ce pas?
R. Non.
Q. Alors comment pouviez-vous savoir si c’était propre et en ordre si vous ne l’inspectiez jamais?
R. Eh bien, je m'occupais surtout de jardinage ou d'ornements devant la cuisine. Quant à la propreté du camp, il y avait d'autres personnes qui étaient responsables de ces choses. Je me tenais devant la cuisine et j'expliquais aux prisonniers comment procéder.
Q. Avec quoi avez-vous battu les prisonniers à Belsen?
R. Je me souviens d'une seule fois où j'ai battu quelqu'un à Belsen, et c'était le Kapo d'un commando. Et ce Kapo, au lieu de veiller au bon fonctionnement du commando, était allongée au soleil, se bronzant. C'est la seule fois où Je l'ai giflé le visage.
Q. Je vous suggère que vous avez continué à Belsen comme vous l'aviez fait à Auschwitz, en frappant et en donnant des coups de pied.
R. C'est un mensonge.
Q. Et obliger les gens à s'agenouiller, et à tenir des pierres au-dessus de leur tête, comme vous l'aviez fait à Auschwitz.
R. Une seule fois, j'ai donné l'ordre à un groupe de travail de la cuisine de faire du sport, mais bien sûr sans tenir de pierres dans les mains.
Q. Passons maintenant à la pratique du "sport". N'avez-vous pas obligé un commando à faire du sport pendant une 1/2h parce qu'une des filles avait laissé tomber un morceau de chiffon en rentrant du travail?
R. Il ne s'agissait pas du tout d'un chiffon. C'était parce que quelqu'un avait jeté deux paquets contenant chacun 1kg de viande. Il ne s'agissait pas d'un chiffon jeté.
Q. Vous souvenez-vous du témoin Sunschein?
R. Oui.
Q. Était-elle dans ce commando?
R. C'est possible. Je ne sais pas.
Q. Vous souvenez-vous du témoin Hélène Klein? -
R. Oui.
Q. Était-elle dans ce commando?
R. C'est possible. Je ne sais pas.
Q. Vous souvenez-vous de son récit sur la façon dont vous faisiez faire du sport?
R. Oui.
Q. Que vous battiez avec votre cravache ceux qui n'en pouvaient plus ?
R. Eh bien, c'est Hélène Klein qui a dit cela, pas Sunschein. Sunschein estt honnête, elle ne l'a pas dit.
Q. Saviez-vous que les gens mouraient tout autour de vous à Belsen?
R. Bien sûr que je m'en suis rendu compte.
Q. Saviez-vous la quantité de nourriture que recevaient ces prisonniers?
R. Oui, je savais.
Q. Pensiez-vous que c’était une façon humaine de les traiter?
R. Non.
Q. Il y a encore une chose que je veux vous demander. Votre sœur nous a dit au début que vous étiez lâche quand vous étiez petite, que vous vous enfuyiez et que vous ne vouliez pas vous battre battre. Vous souvenez-vous d'Anita Lasker ayant témoigné?
R. Oui.
Q. N'est-il pas vrai que vous avez essayé de gagner les faveurs des prisonniers, alors que vous saviez que les Britanniques arrivaient?
R. Jamais.
Q. Vous les avez toujours traités très sévèrement n'est-ce pas?
R. Oui.
Q. Mais les derniers jours, c’était une tout autre histoire?
R. C'était comme d'habitude.
Q. N'avez-vous pas essayé de vous mêler aux prisonniers?
R. Pourquoi faire?
Q. Vous souvenez-vous de lui avoir dit "ce sera bientôt la fin et nous serons libérés"?
R. Je n'ai jamais parlé à Anita Lasker. Quand ce témoin est arrivé et qu'elle m'a vu, comme elle ne pouvait rien dire contre moi, alors elle a inventé ce mensonge.
Q. Permettez-moi de vous dire enfin ceci: que vous êtes entrée dans le service des camps de concentration en tant que jeune fille, une jeune fille effrayée, selon votre sœur, une petite fille lâche, et que vous vous êtes retrouvée pour la première fois dans une position frapper les gens alors qu'ils ne pouvaient pas vous riposter?
R. Oui, j'avais peut-être peur quand j'étais enfant, mais j'ai grandi entre-temps.
Q. Je vous suggère que vous vous êtes finalement senti quelqu'un avec vos bottes, avec votre pistolet, et avec votre fouet.
E. Me sentir quelqu'un? Je ne pourrais pas le dire.
Q. Et que vous avez battu et maltraité les prisonniers à un tel point qu'on vous a dit d'arrêter avec le le fouet, mais vous avez continué quand même.
R. J'ai battu des prisonniers, mais je ne les ai pas maltraités. Et il ne m'était pas interdit de porter un fouet. C'était un ordre général émanant du commandant que les fouets ne seraient plus authorisés.
Q. Et je vous suggère que lorsque vous êtes arrivé à Belsen, vous avez demandé à pouvoir y rester, et avez continué votre conduite jusqu'au moment où vous avez su que les soldats britanniques entraient dans le camp.
R. Si j'avais voulu continuer d'avoir ce comportement comme vous le dites, je n'aurais pas demandé la permission de rester à Belsen. J'aurais pu continuer à le faire dans d'autres camps. C'était pour une raison tout à fait différente.

Ré-interrogée par le Major Cranfield

Q. On vous a posé des questions sur vos bottes. Faisaient-elles partie de l'uniforme allemand?
R. Oui.
Q. Vous ont-elles été remises avec votre uniforme?
R. 2 paires.
Q. Et est-ce que toutes les Aufseherinnen d’Auschwitz en portaient?
R. Oui.
Q. Votre revolver à Auschwitz vous posait-il un problème?
R. Oui.
Q. Est-ce qu'on vous a ordonné de le porter?
R. Oui.
Q. Vous a-t-on expliqué pourquoi vous deviez le porter?
R. Oui. On nous a dit que c'était pour notre protection.
Q. Vous a-t-on dit contre qui il fallait vous protéger?
R. Oui.
Q. Alors?
R. Pour se protéger contre les partisans.
Q. On vous a demandé pourquoi vous étiez resté à Belsen. Pouvez-vous dire à la cour pourquoi vous avez demandé à Kramer de vous permettre de rester à Belsen?
R. C'est une affaire privée. J'ai connu quelqu'un à Auschwitz qui a été transféré à Belsen, et c'est la raison pour laquelle je voulais rester.
Q. Où était-il à Belsen?
R. C'était un SS avec le grade d'Oberscharführer, et son travail était celui d'ingénieur dans le bâtiment.

Le Juge-Avocat

Vous n’êtes pas resté très longtemps à Belsen n’est-ce pas?
R. Non.
Q. À Belsen, avez-vous déjà participé à ce que vous appelez faire du sport?
R. J'ai moi-même fait du sport avec les prisonniers.
Q. À Belsen?
R. Oui.
Q. C'était plutôt pénible pour les prisonniers, non?
R. Oui.
Q. Y avait-il des gens à Belsen, en mars et avril, qui étaient aptes à faire ce genre d'exercices intenses?
R. Oui.
Q. Avec combien de personnes à la fois faisiez-vous du sport?
R. 20.
Q. Pourquoi ces 20 personnes ont-elles été sélectionnées pour le sport?
R. Ils n'ont pas été sélectionnés. Je leur ai dit de faire ces exercices physiques car personne n'avait admis qui avait jeté la viande dont j'ai parlé auparavant.
Q. Est-ce la seule fois où vous dites avoir fait faire du sport à Belsen?
R. Oui.

Un Membre de la Cour

Q. Y avait-il une Lagerführerin au camp C à Auschwitz?
R. Oui, une femme Lagerführerin appelée Mandel (Maria - ajouté par moi).
Q. Étiez-vous sous ses ordres?
R. Oui.
Q. Pouvez-vous dire à la cour si vous étiez la plus jeune Aufseherin ou non?
R. Oui, j'étais le plus jeune à Auschwitz.

L'audition de l’accusée se termine, et elle quitte la barre.
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Message  Aldebert - 2 23/2/2024, 17:52

Bonjour,

Je ne retrouve pas le texte que j'ai posté ici il y a qqs jours. Pourquoi ???
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Message  Bréhon 24/2/2024, 12:16

Aldebert - 2 a écrit:Bonjour,

Je ne retrouve pas le texte que j'ai posté ici il y a qqs jours. Pourquoi ???
Bonjour Albert,

Celui que tu as posté le 21/2/2024 à 19:08?

Bréhon
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Message  Aldebert - 2 24/2/2024, 18:54

Bonsoir Yvonnick,

Oui exact
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Message  Prosper Vandenbroucke 24/2/2024, 20:40

Aldebert - 2 a écrit:Bonsoir,

Merci PJ pour cette présentation et pour sa traduction.

Quand on lit le témoignage de Kramer, la bête de Belsen ne se sent coupable de pas grand chose. Le coupable, s'il en est, ce n'est pas lui, c'est Berlin. Le refuge dans le déni est PATHETIQUE.
Il ne méritait pas la corde qui l'a pendu.

Quand j'ai visité Natzweiler en 1967, puis plus tard Dachau et Mauthausen, l'information qui était dite à son encontre ne correspondait pas à son témoignage

Mais il s'y trouve toujours Albert.
Cordialement
Prosper
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Message  Aldebert - 2 25/2/2024, 18:00

Merci Prosper. 
Bizaaarre! Je n'avais, pourtant pas, ce jour là, passé ma soirée au Pub.
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Message  PJ 2/3/2024, 08:29

FRANZ HÖSSLER

Déclaration de Franz Hössler, SS-Obersturmführer, faite en détention (mai-juin 1945)

Le Procès de Belsen Franz_10

Je déclare que je désire vous dire tout ce que je sais, et je suis prêt à contribuer à vos enquêtes au mieux de mes connaissances.

     Je suis né à Oberdorf en 1906 (le 4 fevrier). Je suis marié et j'ai 3 enfants. Je suis photographe de métier. Comme j'étais sans travail, j'ai rejoint la SS le 13 janvier 1933 (matricule SS 41940, NSDAP joint en novembre 1932 carte No 1374713 - ajouté par moi) lorsque le parti nazi est arrivé au pouvoir. De 1933 à 1935, j’étais à la caserne SS de Dachau où j’effectuais des tâches militaires. En 1935, j'ai pris le poste de cuisinier dans ce même camp, et j'ai occupé ce poste jusqu'en 1941. Pendant que j'y étais et jusqu'à la fin de 1935, le commandant était Eicke (SS-Brigadeführer Theodor - ajouté par moi). De 1935 à 1938 ou 39, le poste de commandant a été détenu par l'Oberführer Loritz (Hans - ajouté par moi). Je ne me souviens pas du nom du commandant après lui. En 1941, je fûs muté au camp de concentration d'Auschwitz où j'y ai installé la cuisine (probablement pour la troupe - ajouté par moi), et j'y suis resté jusqu'en 1942. Je suis ensuite allé à Minze-Brocha, en Pologne, pour construire des baraques spéciales pour l'hôpital là-bas. J'ai emmené un groupe de travailleurs d'une soixantaine de personnes du camp de concentration d'Auschwitz, et j'en étais le responsable. Nous y sommes restés environ 9 mois. Puis je suis retourné à Auschwitz. Après y avoir été un temps responsable des commandos de travail, je fûs muté en juillet 1943 dans le camp de femmes de Birkenau (en tant que Schutzhaftlagerführer - ajouté par moi), près d'Auschwitz. Les conditions y étaient très mauvaises. Le camp était surpeuplé et les conditions sanitaires étaient également très mauvaises. La nourriture y était toutefois meilleure que celle du camp des hommes. Le camp était sous la responsabilité du SS-Obersturmbannführer Höss. J'ai demandé à être muté de ce camp à cause des conditions qui y régnaient. Le travail des hommes consistait à construire des routes, davantage de baraques, et à rendre habitables celles qui étaient déjà construites. La femme SS responsable en chef était l'Oberaufseherin Mandl (Maria - ajouté par moi). Pendant que j'étais là-bas, beaucoup sont morts de la fièvre pourprée (méningite cérébro-spinale), et du typhus. Parmi eux se trouvaient aussi bien des gardiens que des détenus. J'ai déposé de nombreuses plaintes auprès de Höss pour améliorer les conditions de logement des détenus. Le résultat fût que des lits furent ajoutés, mais pas suffisamment pour accueillir tous les prisonniers du camp. Les femmes du camp effectuaient des travaux agricoles. Durant mon séjour, le Gruppenführer Glücks (Richard - ajouté par moi) de Berlin a inspecté les lieux au cours de l'été 1943. Il a traversé le camp en voiture et a déclaré que tout serait modifié, mais rien n'a été fait. Dans tous les camps, l'inspection était du ressort de l'Amtsgruppe D (inspectorat des camps de concentration au sein du WVHA - ajouté par moi) de Berlin, et Glücks était, je crois, responsable de ce département. Il recevait ses ordres directement du Reichsführer Himmler. Le camp de Birkenau a également été inspecté par Himmler pendant que j'y étais en été 1942, et qui a dit la même chose: que les conditions seraient améliorées. Mais là encore, rien n'a été fait.
Après environ 2 ou 3 mois là-bas, en janvier 1944, j'ai été transféré à Neckarelz, près de Baden. Il s'agissait d'un petit camp pour environ 500 prisonniers, et la main-d'œuvre provenait du camp de concentration de Dachau. J'occupais le poste de Kommandoführer. Tous les hommes sous mes ordres vivaient dans un lycée de 3 étages, mais il y en avait d’autres dans qui étaient dans un camp voisin. Tous étaient occupés à construire une usine d'avions dans les montagnes, mais celle-ci ne fût jamais terminée lorsque je suis parti.
En juin 1944, je suis retourné à Auschwitz où je suis devenu Lagerführer, et j'y suis resté jusqu'à l'évacuation du camp en janvier 1945 (18 janvier - ajouté par moi) à cause de l'avance des troupes russes. Le commandant à mon arrivée et jusqu'à mon départ était Baer (SS-Sturmbannführer Richard - ajouté par moi). Kramer était commandant de Birkenau. Je suis ensuite allé au camp Dora, à Nordhausen, où je suis resté jusqu'en avril 1945. Je suis ensuite arrivé à Bergen-Belsen. Je n'ai aucune connaissance en matière de stérilisation des femmes et je n'ai donné aucun ordre pour que cela soit effectué. En fait, je ne savais pas que cela se faisait et je n'ai jamais été autorisé à entrer dans l'hôpital.
Tout le monde au camp d'Auschwitz connaissait les chambres à gaz, mais à aucun moment je n'ai participé à la sélection des prisonniers qui devaient être gazés puis incinérés. Pendant que j'étais là-bas, la sélection des prisonniers pour les chambres à gaz était effectuée par le Dr Klein (SS-Obersturmführer Fritz - ajouté par moi), le Dr Mengele (SS-Hauptsturmführer Josef - ajouté par moi) et d'autres médecins dont je ne connais pas les noms. J'ai assisté à ces défilés de sélection, mais mon travail consistait simplement à maintenir l'ordre. Souvent, les femmes devaient défiler nues devant les médecins, et les personnes sélectionnées par ceux-ci envoyées à aux chambres à gaz. J'ai appris cela grâce à des conversations avec le personnel nédical. Je pense que les détenus sélectionnés n'étaient pour la plupart pas en bonne santé, et ne pouvaient donc pas travailler. Lorsque des transports arrivaient, les prisonniers étaient sortis du train, et devaient défiler ensuite devant les médecins que j'ai mentionné pour être sélectionné. Les personnes jugées inaptes au travail étaient dirigés vers la chambre à gaz, le reste étant envoyé au camp de concentration pour le travail. J'ai également assisté à ces défilés, mais seulement lorsque j'étais Lagerführer (chef du camp des femmes - ajouté par moi), car cela faisait partie de mes fonctions. Des trains avec 2000 ou 3000 personnes arrivaient au camp, et souvent jusqu'à 800 personnes étaient ensuite gazées. Les médecins étaient toujours responsables de ces sélections.
Pendant que j'étais à Auschwitz, le commandant jusqu'en juin 1944 (en fait juillet - ajouté par moi) était Höss, et Baer lui succéda ensuite. J'ai déposé de nombreuses plaintes auprès de Höss concernant la manière dont les gens étaient envoyés à la chambre à gaz, mais il me fût répondu que cela ne me regardait pas. Le camp était inspecté une fois par an par Himmler (Himmler n'a effectué que 2 visites d'inspection: le 1er mars 1941, et les 16-17 juillet 1942 - ajouté par moi) ainsi que par le Gruppenführer Glücks et l'Obergruppenführer Pohl (Oswald, chef du WVHA - ajouté par moi) de Berlin.
Himmler savait que les gens étaient gazés car c'était lui qui avait donné les ordres. Ces ordres ne pouvaient venir que d’en haut. Hitler devait aussi savoir ce qui se passait puisqu’il était à la tête du pays.
À ma connaissance dans de nombreux camps, et à Auschwitz en particulier, les bordels étaient gérés selon des instructions données par Himmler en personne. Les filles de ces bordels étaient sélectionnées par les médecins du camp - les Dr Klein et Mengele ont effectué ces sélections parmi des filles volontaires que j'avais préalablement sélectionnés. Les hommes qui faisaient partie des groupes de travail recevaient une somme symbolique qui s'élevait parfois jusqu'à 10 Reichsmarks par semaine. Avec cet argent, ils payaient les prostituées. De cet argent, 10 pfennigs allaient à la responsable du bordel et 90 pfennigs à la fille elle-même.
Pendant que j'étais au camp de Dora à Nordhausen, j'ai reçu plusieurs plaintes de prisonniers, affirmant qu'ils ne recevaient pas leurs colis de la Croix-Rouge. J'ai personnellement constaté qu'au contraire, les prisonniers recevaient effectivement leurs colis. Les colis devaient être ouverts pour censure, mais j'ai toujours veillé à ce qu'aucun article n'en soit retiré.
La nourriture au camp de Dora n'était pas bonne, même si les prisonniers recevaient plus de nourriture que dans les autres camps en raison du fait qu'ils travaillaient. Il n’y avait pas assez de matières grasses pour que les hommes puissent vivre. La nourriture était peut-être suffisante pour 8 heures de travail, mais certainement pas pour 12. Celle-ci a dû même être réduite à cause des bombardements. Je me suis plaint du manque de nourriture pendant que j'étais là-bas auprès du Sturmbannführer Baer. Avant l’arrivée de Baer au camp, le commandant était un homme nommé Firschner (probablement SS-Sturmbannführer Otto Förschner - ajouté par moi). J'ai également déposé une plainte auprès du Werwaltungsführer (responsable administratif - ajouté par moi) Brenneis, qui était également au camp de Dora entant que représentant de l'Obergruppenführer Pohl. En conséquence, une boulangerie de campagne a été construite dans le camp.
Devant l'avance des britanniques, le camp de Dora fut fermé et les prisonniers échouèrent finalement à Bergen-Belsen. En fait, ils auraient dû se rendre à Neuengamme près de Hambourg, mais lorsque les trains sont arrivés, ils ont été renvoyés vers Bergen-Belsen. Un train complet, soit environ 5 000 personnes, n'est jamais arrivé à Belsen, je ne peux donc pas dire ce qui leur est arrivé. À mon arrivée, je me suis présenté au commandant Kramer, et lui ai demandé si les prisonniers étaient arrivés. Il a répondu que non, et que de toute façon il n'avait pas de place pour eux dans son camp. Il m'a envoyé à l'Oberst Harries de la Wehrmacht, que j'ai vu et qui m'a dit que la l'armée quittait la caserne, et que je pouvais en reprendre une partie pour y loger mes hommes. C'est ce que j'ai fait. Les hommes dont j'avais la charge ne sont pas allés au camp de Bergen-Belsen où régnait le typhus et d'autres maladies contagieuses. J'étais le Lagerführer responsable de ce petit camp.
J'ai pris en charge les transports de Dora Nordhausen à la gare de Bergen-Belsen. Dans chaque train se trouvaient un médecin, ainsi qu'un wagon-ambulance dans lequel étaient transportés les malades. Environ 20 à 25 personnes sont mortes en chemin à cause du froid et de la sous-alimentation, sur les 3000 et 5000 prisonniers. Ces corps ont été emmenés au camp de Belsen et y ont été enterrés. Je n'ai pas non plus donné d'instructions selon lesquelles les malades devaient être fusillés. Je n'ai pas vu les prisonniers quitter la gare car je suis retourné au camp en voiture et les prisonniers ont marché.
Les prisonniers du camp m'ont dit que plusieurs personnes dans un transport qui partait du camp de Dora avaient été abattues. Ces prisonniers étaient sous le commandement du Hauptscharführer Sterful (Stofel) et de l'Unterscharführer Dorr. J'ai parlé de ces fusillades à ces hommes, mais tous 2 ont nié en avoir connaissance et je n'ai jamais eu l'occasion de poursuivre la conversation.
Nous n'avions pas le droit de tirer sur les prisonniers à moins qu'ils ne tentent de s'échapper ou n'attaquent les gardes. Les coups n'étaient pas non plus autorisés. Je n'ai jamais vu personne abattu ou battu pendant que j'étais dans les camps de concentration, même si j'ai vu des personnes selectionnées pour la chambre à gaz à Auschwitz.
Je n’ai jamais eu l’occasion de tirer sur qui que ce soit, ni de battre qui que ce soit, et je n’ai jamais été attaqué. J'ai toujours essayé d'être correct avec les prisonniers et de les aider. Un jour, j’ai demandé à quitter les SS à cause de ce qui se passait dans les camps de concentration, mais ma demande a été refusée. Ce n’était pas spécialement agréable d’être nazi, et ce n’était pas non plus un privilège. Les SS étaient toujours surveillés par la Gestapo, et Baer et Höss nous interdisaient de parler à qui que ce soit des conditions dans le camp. Je ne l'ai même jamais dit à ma femme. Je ne me suis initialement porté volontaire pour la SS que pour 4 ans. Mais en 1936, c'est devenu obligatoire pour une periode de 12 ans, et il était impossible d'en sortir.
Lorsque les anglais sont arrivés près de Belsen, l'Oberst Harries de la Wehrmacht m'a dit que les anglais tireraient à vue sur tous les SS qui offriraient une résistance. Malgré cela, je me suis porté volontaire pour rester avec 5 autres personnes, à savoir: Wilhelm Dorr, Paul Fritsch, Eugen Hahnert, George Kraft et Franz Stofel, ainsi que 2 cuisiniers dont je ne connais pas les noms. Le camp où j'étais était gardé par des hongrois. Le camp de Bergen-Belsen était gardé par la Wehrmacht après avoir relevé les SS. Environ 12 à 15 SS se sont échappés du camp, et beaucoup sont également partis de l'autre camp.
La nourriture pour les prisonniers de Belsen provenait de l'armée par l'intermédiaire de l'Oberst Harries. Les prisonniers auraient dû recevoir 300 grammes de pain par jour, mais en réalité, ils n'en recevaient que 200, ou même juste 100 grammes par jour. Ils reçurent en complément des pommes de terre, des navets, des betteraves et un peu de graisse. Les malades recevaient du riz et du lait s'ils pouvaient en obtenir. Il n'y avait pas assez de nourriture pour que la population du camp puisse vivre. La responsabilité en incombe au Wirtschaftsamt (département administratif, dans ce cas le WVHA - ajouté par moi), dont l'Obergruppenführer Pohl était responsable. Je ne pense pas que nous ayons eu l'intention d'affamer ces gens délibérement, mais il y avait une pénurie générale de nourriture et de matières premières à cause des bombardements. Je ne savais pas moi-même que les conditions étaient si mauvaises au camp de Bergen-Belsen, jusqu'à ce que j'y soit envoyé par les Britanniques pour aider à y enterrer les morts. Ce fut un grand choc pour moi de voir ce qui s'était passé là-bas.

Le Procès de Belsen Franz_11
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Message  PJ 2/3/2024, 08:35

Séance du jeudi 11 octobre 1945

Le Procès de Belsen Franz_12
(1er rang, 2ème à partir de la gauche - accusé No5)

Major Munro: J'appele l'accusé Hössler.
L'accusé Franz Hössler prend place à l'endroit où les autres témoins ont déposé et, après avoir prêté serment, est interrogé.

Q. Quel est votre nom complet?
R. Franz Hössler.
Q. Quelle est votre nationalité?
R. Allemand.
Q. Où et quand êtes-vous né?
R. Le 4 février 1906, à Oberdorf - Schwarden.
Q. Quelle était votre profession dans la vie civile?
R. Photographe.
Q. Comment êtes-vous arrivé dans les SS?
R. J'était au chomage en 1931, puis quelqu'un m'a dit à ce moment-là - c'était un an plus tard en 1932 - qu'une force de police était en train d'être constituée dans la ville (Kempten). C'était en 1932.
Q. Étiez-vous volontaire pour rejoindre cette organisation?
R. Oui. J'ai attendu un peu car j'essayais entretemps de trouver du travail. Je n'ai pas réussi et le 13 janvier 1933, je me suis porté volontaire pour les SS.
Q. Quel genre de travail vous a-t-on confié lorsque vous avez rejoint les SS?
R. Rien.
Q. Où avez-vous été envoyé?
R. Je suis resté 3 mois à Kempten [dans l'Allgäu] chez moi, et après cette période j'ai été envoyé à Dachau.
Q. Êtes-vous resté longtemps à Dachau?
R. Je crois que c'est à l'automne 1935 que j'étais à Dachau, à Dachau, j'étais membre de cette force de police dont j'ai déjà parlé. C'était une force de police SS.
Q. Quand êtes-vous arrivé à Auschwitz pour la première fois?
R. Je suis arrivé à Auschwitz milieu ou fin juin 1940.
Q. Quel genre de camp était alors Auschwitz?
R. C'était un tout petit camp à cette époque: il n'y avait que 3 pâtés de maisons entourés de barbelés, et le nombre total de prisonniers était d'environ 400... ou peut-être un peu plus.
Q. Quand avez-vous quitté Auschwitz?
R. J'ai quitté Auschwitz au mois de novembre 1940.
R. Êtes-vous finalement revenu à Birkenau?
R. Oui, je suis revenu à Birkenau en juillet 1943.
Q. Combien de temps êtes-vous resté là-bas?
R. Je suis restée à Auschwitz (Birkenau) jusqu'au 6 février 1944. Durant cette période, j'étais Lagerführer dans le camp des femmes.
Q. À votre retour à Birkenau, avez-vous constaté que le camp d’Auschwitz avait changé?
R. Oui, j'ai vu des changements. C'était devenu beaucoup, beaucoup plus grand.
Q. Y a-t-il eu une réorganisation à votre retour?
R. Je ne comprends pas ce que vous entendez par réorganisation.
Q. Auschwitz était-il subdivisé?
R. Oui.
Q. Pouvez-vous expliquer à la cour comment?
R. Au début, Auschwitz et Birkenau formaient une unité. En août 1943, c'était à cette époque que j'étais Lagerführer dans le camp des femmes, un commandant est venu à Birkenau, qui s'appelait Hartenstein ou Hartenschein (SS-Sturmbannführer Friedrich Hartjenstein - ajouté par moi) - je ne suis pas sûr de cela - et il m'a dit que le camp était maintenant divisé.
Q. Quelles étaient ces sous-divisions?
R. Auschwitz I était le camp d'origine (Stammlager - ajouté par moi), Auschwitz II était Birkenau, et Auschwitz III était Buna (Monowitz) où il y avait les usines d'I.G. Farben
Q. Qui en était le commandant en chef?
R. L'Obersturmbannführer Höss.
R. Qui commandait Auschwitz II ou Birkenau?
R. Hartenstein ou Hartenschein (Hartjenstein)
Q. Comment avez-vous trouvé les conditions à Birkenau?
R. Quand je suis arrivé pour la première fois dans l'enceinte féminine dont j'étais le Lagerführer, j'ai été plus que surpris de trouver des conditions pas très agréables. Il y avait beaucoup de malades. Le typhus et d’autres maladies étaient endémiques. Donc la première chose que j'ai faite a été d'inspecter le camp et de parcourir les différents blocks.
Q. Qu’avez-vous fait à la suite de cette inspection?
R. J'avais été nommé Lagerführer pour la première fois de ma vie, et je ne savais pas grand-chose. J'ai dû apprendre au fur et à mesure. La première chose que j'ai faite a été d'aller voir le médecin du camp - le Dr Rhode (SS-Untersturmführer Werner - ajouté par moi) - et de lui demander comment il était possible qu'il y ait autant de malades?
Q. Quelle réponse avez-vous reçu du médecin?
R. Il m'a dit "il est vraiment temps qu'un Lagerführer arrive, ainsi nous ferons tout notre possible pour que le camp soit en bon état". Je lui ai dit aussi qu'il n'était pas dans mon caractère de laisser les choses telles qu'elles dans ce camp.
Q. Qu’avez-vous fait?
R. La première chose c'est que je suis allé voir le bloc d'épouillage (probablement le "zentralsauna" - ajouté par moi). J'ai vu que les poêles étaient cassés, ils ne fonctionnaient pas. alors je suis allé voir le commandant suprême du camp, Höss. J'ai fait un rapport à ce sujet et je lui ai parlé des conditions que j'avais constatées dans le camp des femmes.
Q. Qu'est-il arrivé ensuite?
R. J'ai demandé à Höss pourquoi j'avais été envoyé ici, dans ce camp. Sa réponse fut "pour que vous puissiez améliorer un peu les choses. C'est la raison pour laquelle vous êtes ici. Si vous avez besoin de quelque chose, allez voir le commandant Hartenschein (Hartjenstein), allez chez le médecin-chef, le Dr Wirtz (SS-Sturmbannführer Eduard Wirths - ajouté par moi), et dites-leur ce dont vous avez besoin". C'est ce que j'ai fait. J'ai eu une conversation avec le Dr Wirtz (Wirths). Je lui en ai parlé et il est venu avec moi. Il a vu que cette machine à épouiller ne fonctionnait pas du tout, et m'a promis de m'envoyer une machine supplémentaire en état de marche.
Q. A-t-il tenu cette promesse?
R. Oui, il a tenu sa promesse et a envoyé une machine, et dans les deux parties de mon camp, au A et B, la machine à épouiller a été mise en ordre de marche, et nuit et jour elle a fonctionné pour épouiller les gens.
Q. Vous désiriez ajouter quelque chose?
R. En 3 semaines, nous avons terminé tout le processus d'épouillage dans les 2 complexes.
Q. Avez-vous fait autre chose pour améliorer les conditions?
R. Oui. J'avais entendu dire que dans une couchette qui n'était en réalité que pour 3 ou 4 personnes, 6 ou 7 femmes devaient y tenir. Comme je n'y croyais pas, alors je suis allé une nuit voir de mes propres yeux. C'était effectivement le cas, elles devaient dormir à 6 ou 7 sur une seule couchette.
Q. Qu'avez-vous fait à ce sujet?
R. Je suis ensuite allé voir le commandant Hartenschien (Hartjenstein), et je lui ai raconté ce que 'ai vu. Je lui ai demandé de venir avec moi et de constater de ses propres yeux. Il l'a fait et quand il a vu la situation, il m'a promis de faire quelque chose. Il a fait réaliser des couchettes beaucoup plus grandes en 3 parties afin que dans chaque partie, 5 personnes puissent dormir convenablement.
Q. Le commandant a-t-il fait fabriquer ces couchettes pour vous?
R. Oui, elles sont arrivées et ont été installées.
Q. En aviez-vous assez?
R. Oui, nous en avions assez. Elles étaient suffisanest pour 6 baraques. J'ai vu aussi que les couchettes qui étaient cassées ont été réparées. On n'a pas pu faire grand-chose de plus car il y avait des projets de construction ou de changements de baraques, de bâtiments.
Q. Avez-vous fait autre chose pour améliorer les conditions de vie?
R. Oui. Il y avait des visiteurs de Berlin, l'Obergruppenführer Pohl avec Glücks, et plusieurs autres officiers. Ils ont parcouru le camp et ont également visité le camp des femmes.
Q. Quelque chose a-t-il été fait à la suite de cette inspection?
R. J'ai montré à ces messieurs les conditions dans mon camp, et ils m'ont promis que tout serait changé comme je le souhaitais.
Q. Les choses ont-elles changé alors?
R. Oui. Je leur ai montré les douches, les toilettes, les rues et les places devant les blocks où les prisonniers devaient faire leur appel.
Q. Et?
R. Au début, rien ne s'est passé. Mais j'ai insisté à nouveau et finalement, un homme du service du bâtiment est arrivé. Par la suite, les rues et les places furent améliorées, ainsi que les toilettes et les douches. Mais nous ne pouvions pas faire grand-chose car nous manquions de matériel à cause de la guerre.
Q. Avez-vous fait autre chose de votre propre initiative?
R. Oui. Ces changements se sont tous produits à la suite de mes initiatives.
Q. Avez-vous construit d'autres logementspour les prisonniers?
R. Oui, j'ai construit 5 nouvelles baraques, et j'ai radicalement changé le block dit de la "gale".
Q. Avez-vous eu des difficultés à faire cela?
R. Oui, c'était très difficile parce que ces changements ne faisaient pas partie des plans officiels d'aménagement, donc j'ai dû essayer d'obtenir les divers matériaux moi-même. Mais comme je l'ai dit, c'était très difficile car le front se rapprochait de plus en plus.
Q. Comment avez-vous obtenu les matériaux nécéssaires?
R. J'ai dû les voler avec l'aide de Kapos et de fonctionnaires détenus sur des chantiers de construction dans d'autres parties du camp, et j'ai dû les introduire clandestinement dans ma propre section du camp.
Q. Avez-vous eu des ennuis à ce sujet?
R. Oui. Parfois les gens en charge des autres bâtiments s'apercevaient que leur matériel avait disparu, alors ils venaient me demander des explications, et ils me menaçaient même de me traduire devant un tribunal SS.
Q. Nous avons beaucoup entendu parler ici des sélections pour la chambre à gaz. Avez-vous assisté à ces sélections?
R. Oui, j'ai assisté à ces sélections parce que mon travail était de garder les prisonniers. Je n'ai pas fait de sélection moi-même, et il n'y avait jamais de sélection sans médecins.
Q. Vous souvenez-vous de la première fois qu’on vous a demandé de participer à l’une de ces sélections?
R. Oui.
Q. C'était quand?
R. Je ne peux pas le dire avec exactitude, mais c'était durant l'été 1943.
Q. Qu’avez-vous pensé quand on vous a dit de faire ça?
R. Quand j'ai reçu l'ordre pour la première fois, je ne savais pas ce que cela signifiait. Je pensais seulement que je devais veiller à ce que les gens arrivant avec les transports descendent des wagons et entrent dans le camp.
Q. Avez-vous appris par la suite le véritable but de ces sélections?
R. Oui, j'en ai entendu parler.
Q. Eh bien, qu'avez-vous pensé?
R. Je ne pensais pas que c'était bien.
Q. Avez-vous protesté?
R. Oui. Un jour, alors que Höss arrivait à la rampe ("Altejudenrampe" l'ancienne rampe juive, située près de la gare d'Auschwitz entre les camps I et II - ajouté par moi) dans sa voiture, je lui ai demandai si il pensait que tout ce qui se passait ici était juste.
Q. Quelle a été sa réponse?
R. Il m'a dit "faites simplement votre devoir", et il a disparu dans sa voiture.
Q. Quand on vous a ordonné de participer à une sélection, qui vous a donné l'ordre?
R. J'ai reçu l'ordre directement et verbalement de Höss.
Q. Nous avons entendu dans les divers témoignages, qu'il y avait différents types de sélections pour les chambres à gaz. Je voudrais tout d'abord vous poser quelques questions sur les sélections à l'arrivée des transports. Pouvez-vous expliquer à la cour avec vos propres mots, ce qui se passait exactement lorsque les transports arrivaient dans le camp?
R. Lorsque un train arrivait, il était de mon devoir de surveiller le déchargement des passagers, et de placer une chaîne de sentinelles SS autour de celui-ci. Ma tâche suivante consistait à diviser les prisonniers en 2 groupes: les femmes à gauche et les hommes à droite.
Q. Avez-vous éffectué la séparation vous-même?
R. Non. Comme je l'ai dit, les femmes étaient mises à gauche, les hommes à droite. Puis les médecins arrivaient et commencaient immédiatement la sélection des gens. Les personnes jugées aptes au travail par les médecins ont été mises d'un côté. Les personnes jugées inaptes au travail montaient dans des camions et étaient conduites en direction des crématoires.
Q. Que faisiez-vous pendant ceci?
R. Un médecin, parfois 2, faisaient la sélection. C'était mon rôle de surveiller le bon déchargement des bagages des prisonniers et leur gardiennage car personne n'était autorisé à toucher quoi que ce soit. Une fois tout déchargé, je devais ensuite vérifier avec 2 gardes qu'aucun prisonnier ne parvienne à sortir en se faufilant dans le train qui repartait.
Q. Pendant que le train était à la rampe, deviez-vous patrouiller et tout surveiller?  
R. Oui c'était mon devoir, car du fait d'un grand nombre de commandos de travailleurs tout autour, beaucoup essayaient toujours de voler quelque chose qui se trouvait là. Ces groupes de travailleurs prisonniers n'étaient pas accompagnés de gardiens.
Q. Vous êtes-vous déjà tenu à l'extrémité du train la plus éloignée de l'entrée du camp?
R. Oui.
Q. C'était près du crématoire?
R. C'était en face du crématorium n°1. (ambigu. probalement le crématoire II de Birkenau, dépendant de la nomenclature utilisée: si le crématoire I du camp d'Auschwitz I est inclu, alors les crématoires sont numérotés II, III, IV et V - si non, la numérotation va de I à IV + le bunker V dans tous les cas - ajouté par moi)
Q. Vous souvenez-vous du témoin Sompolinski? Vous souvenez-vous de ce qu'il a dit?
R. Je me rappelle plus.
Q. Il a dit que vous étiez le commandant du crématoire.
R. Oui, je m'en souviens maintenant.
Q. Qu'en dites-vous?
Q Je n'ai jamais été commandant du crématoire.
Q. Vous souvenez-vous qu'il ait dit qu'il pensait que vous étiez le commandant parce que vous y accompagniez les transports?
R. Il est possible qu'il l'ait dit, mais la plateforme ("Neuerampe", la nouvelle rampe, construite à l'interieur du camp en 1944, en prévision de l'action hongroise - ajouté par moi) dont nous parlons maintenant n'est pas une plateforme. Cette plateforme va du camp des hommes jusqu'à l'avant du crématoire n°1. L'autre plateforme est davantage en direction de la porte.
Q. Qu'entendez-vous par "l'autre plateforme"? Je pensais qu'il n'y avait qu'une seule plateforme?
R. Il y avait 2 plates-formes. L'une fut achevée à l'automne 1943, (la nouvelle rampe achevée fin avril 1944  - ajouté par moi) c'était la grande plateforme. L'autre ne fut plus utilisée par la suite. (l'ancienne rampe - ajouté par moi)
Q. Regardez ce plan, pièce 8. (Remis) Pouvez-vous indiquer sur ce plan où se trouvaient ces 2 plates-formes? Marquez-les au crayon.
R. (Le témoin le fait) Il y avait en réalité une longue plate-forme, mais elle était divisée en 2, car il y avait une rue transversale où les quartiers des femmes A et B sont séparés.
Q. Voulez-vous dire qu'il y avait une plate-forme en face du complexe A et une plate-forme en face du complexe B?
R. Oui.
Q. Pouvez-vous expliquer pourquoi le témoin Sompolinski aurait dû penser que vous veniez avec les transports?
R. Oui. J'avais l'habitude d'aller et venir le long de la plate-forme. Je venais très souvent au crématoire, et même dans la cour de celui-ci.
Q. Vous avez entendu un grand nombre de témoins dire que vous aviez participé activement aux sélections, et que vous aviez fait vous-même des sélections individuelles. Est-ce vrai?
R. Ce n'est pas vrai.
Q. Pouvez-vous expliquer à la cour pourquoi ces témoins auraient dû penser cela?
R. Je ne comprends pas comment les témoins ont pu dire une telle chose, car seuls les médecins pouvaient faire des sélections, et les sélections ne pouvaient être faites que sur ordre de l'autorité supérieure.
Q. Qu’est-il arrivé aux prisonniers qui ont été mis de côté pour être retenus dans le camp de concentration?
R. Ils ont été emmenés au camp. Ils ont pris un bain, leur numéro a été tatoué sur leur bras, puis ils ont été dirigé vers des blocks d'habitation.
Q. Étaient-ils répartis sur le quai en différents groupes correspondant au bloc vers lequel ils se rendaient?
R. Non. Les hommes étaient envoyés vers le camp des hommes sous la direction des Blockführers, et les femmes vers mon camp. On m'a très souvent ordonné de mettre dans des camions les hommes aptes au travail, et ils étaient emmenés directement sur leur travail à Auschwitz No. 3. (Auschwitz III Monowitz - ajouté par moi)
Q. Pouvez-vous nous parler des sélections qui ont eu lieu dans le camp?
R. Le commandant principal du camp est venu me voir et m'a dit qu'il y aurait une sélection dans mon camp, mais uniquement pour les juives. J'ai dû les emmener d'abord aux bains, puis elles ont été montré au médecin qui était arrivé entre-temps.
Q. Avez-vous alors fait des sélections vous-même?
R. J'étais présent, mais je n'ai pas sélectionné les gens. Je n'ai pas dit "celle-ci est apte, celle-ci est inapte, celle-là doit aller à la chambre à gaz". Ce que le témoin a dit à ce sujet n'était pas vrai.
Q. Que faisiez-vous pendant que les médecins effectuaient la sélection?
R. J'ai dû rester là et assurer la garde, car le matin même, mon Blockführer et mon Aufseherin avaient reçu des ordres et étaient partis en service â l'exterieur. j'étais donc le seul disponible pour faire le travail.
Q. La cour a entendu dire qu'il y avait aussi des sélections à l'hôpital. Avez-vous assisté à l'un d'entres elles?
R. Oui, je devais y assister aussi.
Q. À combien d’entre elles avez-vous participé?
R. 3 sélections au total.
Q. Que s'est-il passé à cette occasion?
R. J'étais présent soit avec le Dr Klein, soit avec le Dr Mengele. Mais j'étais là uniquement parce que j'étais responsable de l'ordre et de la discipline.
Q. Avez-vous fait des sélections vous-même?
R. Non.
Q. Quand votre travail se terminait-il?
R. Eh bien, jusqu'à ce que toutes les femmes aient fini de défiler devant les médecins. Puis celles qui étaient sélectionnées, c'est à dire celles qui étaient trop malades ou trop faibles, étaient numérotées.
Q. Vous souvenez-vous du témoin Hélène Klein?
R. Oui.
Q. Vous souvenez-vous de son histoire selon laquelle elle a été sélectionnée pour la chambre à gaz, qu'elle vous a supplié de l'en sortir, et que vous lui avez dit qu'elle avait vécu trop longtemps?
R. Oui.
Q. Qu'avez-vous à dire à propos de cela?
R. Je dis que c'est complètement faux. Il est tout à fait impossible que le témoin ait dit la vérité, car si je me souviens bien, elle a dit qu'elle était venue en 1943 à Auschwitz. Puis elle dit en janvier 1943 qu'elle était présente à cette sélection lors du prétendu incident...

Le Président: Le témoin a-t-il dit en janvier 1943 ?
L'interprète: Janvier 1944. Elle arrive en novembre 1943, et fait aprtie de cette sélection en janvier 1944.

R. Je maintiens que si quelqu'un arrive en bonne santé en novembre, il est tout à fait impossible qu'en 2 mois elle devienne si faible et si malade, qu'elle soit réellement sélectionnée pour la chambre à gaz.
Q. Vous souvenez-vous du témoin Sofia Litwinska? Vous souvenez-vous de la façon dont elle a dit que vous l'aviez sortie de la chambre à gaz?
R. Oui.
Q. Avez-vous fait ça?
R. Oui, mais je dois ajouter que ce n'est pas ce témoin que j'ai sorti de la chambre à gaz, mais quelqu'un d'autre.

Le Juge-Avocat: Alors ce n'était pas Litwinska?
R. Non.

Major Munro: Diriez-vous que toute cette histoire est fausse ?
R. En gros c'est vrai, mais plusieurs détails donnés sont faux et je voudrais apporter des rectifications. Je ne me souviens plus de la date exacte, mais c'était lors d'une sélection à l'hôpital. Celles qui ont été sélectionnées ont été chargées dans des camions, en route vers le crématoire. J'étais sur la route, au carrefour entre les camp A et B. l'un de ces camions transportant les personnes sélectionnées pour le crématoire est passé devant moi. Et j'ai vu cette femme - je le répète encore, pas le témoin Litwinska mais une autre femme. J'ai vu passer cette femme. Elle était assise à l'arrière d'un camion. Soudain 2 femmes sont venues vers moi et ont commencé à pleurer, et elles m'ont dit "cette femme travaille dans les entrepôts". Elles ont pleuré et m'ont imploré de la sauver. J'ai vu alors un motocycliste près d'un pâté de bâtiments qui me faisait juste face. Je lui ai fait un signe et il est venu immédiatement. Je lui ai dit "à l'arrière du camion, dans le coin, il y a une femme. Elle est recouverte d'une couverture. Allez la chercher et ramenez-la".
Q. Lorsque le camion est passé devant vous, la femme a-t-elle crié votre nom?
R. Oui.
Q. A-t-elle été ramenée?
R. Oui. Après environ 5 minutes, le motocycliste est revenu avec la femme qui était encore recouverte de cette couverture, et je lui ai donné l'ordre de l'amener immédiatement à l'hôpital.
Q. Avait-elle été à l'intérieur de la chambre à gaz?
R. Non.
Q. Vous souvenez-vous du témoin Lidia Sunschein?
R. Je me souviens du nom.
Q. Vous souvenez-vous de la fille qui a dit que vous aviez organisé de votre propre initiative une sélection dans son block?
R. Je ne me souviens pas de tout l'incident. Si vous pouvez m'aider, je m'en souviendrai peut-être mieux.
Q. Vous souvenez-vous de la façon dont elle a dit que vous aviez trouvé un pyjama à la porte du block, que vous êtes entré et là, que vous avez fait une sélection, et que vous avez envoyé plusieurs personnes à la chambre à gaz?
R. Ce que dit le témoin Sunschein est complètement faux, car si elle évoque cette affaire de pyjama, cela ne pourrait être que dans l'enceinte B du block No. 1 ou n° 2. Or, tout cela est complètement faux. Ce qui est vrai, ce qui s'est passé, c'est qu'il y avait des femmes qui travaillaient dans une équipe de travail appelée "Union". J'ai reçu des signalements sur plusieurs membres de ce commando selon lesquels elles ne travaillaient pas de manière satisfaisante, qu'elles avaient fait quelque chose de mal ou enfraint le règlement. Ensuite, j'ai sélectionné les personnes de ce commando qui avaient été signalées auparavant, et j'ai les ai envoyé au camp A en quarantaine. Si le témoin Sunschein dit que je serais capable, à cause d'un pyjama ou de plusieurs pyjamas qui traînent par terre ou dehors, de faire une sélection et de sacrifier des vies humaines pour cela, alors je dois dire qu'elle me méjuge de façon grossière.

Le Juge-Avocat: Major Munro, le témoin a déclaré que si des personnes du commando Union ne travaillaient pas correctement, ils les envoyaient dans l'enceinte de quarantaine. Dois-je comprendre qu'il les a envoyés à la chambre à gaz ou non? Je pense que vous devriez tirer les choses au clair, car la cour ne sait pas si cela doit être retenu à charge ou à décharge.
Major Munro: Je vais clarifier les choses.
Q. Quand vous nous avez dit que vous aviez envoyé des gens du commando Union en quarantaine, que vouliez-vous dire?
R. Ce que l'on appelait la quarantaine était des blocks où étaient placés ceux qui ne travaillaient pas. Ces blocks étaient destinés aux nouveaux arrivants qui étaient mis en quarantaine jusqu'à ce qu'un emploi leur soit trouvé.
Q. Ce faisant, cela signifiait-il qu’elles allaient être envoyés à la chambre à gaz?
R. Non. Je crois que le témoin a dû penser que ces personnes qui entraient au block 25, allaient ensuite directement à la chambre à gaz.
Q. Qu’est-il arrivé à ces personnes que vous avez envoyées en quarantaine?
R. Je les ai envoyés là-bas pour qu'elles retrouvent des forces et puissent travailler ailleurs. Pas dans ce commando, mais ailleurs.
Q. Les défilés pour les sélections des chambres à gaz étaient-ils les seuls défilés organisés à Birkenau?
R. Il y en avait aussi d'autres.
Q. De quel genre de défilés s’agissait-il?
R. Si par exemple, je recevais l'ordre de préparer des commando de travail plus grands - disons 100 ou 200 femmes au minimum - alors bien sûr, je ne pouvais pas les prendre dans un seul block. Donc, je donnais l'ordre que dans cette zone de quarantaine, les détenues de tous les blocks devaient prendre part aux sélections. Puis je choisissais et sélectionnais les plus fortes et les plus saines pour les équipes de travail.
Q. Où ont été envoyées les femmes que vous avez sélectionnées?
R. Elles ont été envoyées au camp B où se trouvaient les travailleurs.
Q. Y avait-il d'autres types de défilés?
R. Oui. Par exemple celles qui étaient infestées par la gale. Le Dr Klein avait pour ordre d'être présent sur place et de sélectionner celles qui seraient ensuite envoyés au bloc pour personnes atteintes de gale.
Q. Les prisonniers de Birkenau ont-ils déjà été transférés vers d'autres camps?
R. Oui.
Q. Comment cela a-t-il été fait?
R. Je ne comprends pas la question. Voulez-vous dire des gens qui étaient en bonne santé et envoyés dans d’autres camps?
Q. Oui.
R. Il y avait des sélections, et les personnes jugées en bonne santé étaient envoyées dans d'autres camps selon les besoins. J'étais en charge de ces sélections.
Q. Ces personnes sont-elles revenues à Birkenau?
R. Non.


.../...


Dernière édition par PJ le 2/3/2024, 08:40, édité 1 fois
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Le Procès de Belsen Empty Re: Le Procès de Belsen

Message  PJ 2/3/2024, 08:37

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Q. Vous nous avez dit que vous ne trouviez pas juste d'envoyer les gens à la chambre à gaz. Avez-vous tenté quelque chose pour l'empêcher?
R. Oui. Très souvent, des jeunes filles venaient me voir et me suppliaient en me disant que leur sœur, leur amie ou toute autre personne à qui elles tenainet se trouvait dans ce block 25, et que je devais essayer de les sauver. Ce que j'ai fait.
Q. Pouvez-vous dire à la cour comment vous y êtes parvenu?
R. Quand ces gens venainent me faire leurs suppliques, je leur demandais "connaissez-vous leurs numéros?" Ils avaient toujours leurs numéros à portée de main, alors j'écrivais un petit message disant que ces numéros devraient être transférés du block 25.
Q. Combien de personnes avez-vous sauvées?
R. Plusieurs centaines.
Q. Comment avez-vous réussi à cacher cela au commandant Höss?
R. J'ai falsifié les listes nominatives.
Q. Comment avez-vous fait ça?
R. Ces numéros étaient compilés dans des listes nominatives de numéros et de noms, et ils étaient ensuite été remis au "département politique" (Abteilung II, Gestapo - ajouté par moi) du camp. Le département politique, pour des raisons que j'ignore, rayait parfois quelques numéros parmi ceux qui figuraient sur les listes. Donc ce que je faisais, c'est que je vérifiais les numéros qui m'avaient été donnés par les personnes qui voulaient sauver leurs proches. Je les comparais et lorsque j'avais trouvé ces numéros, je les barrais de même et cela passait inaperçu.
Q. Avant de quitter Birkenau, avez-vous autre chose à dire à lacCour concernant vos activités là-bas?
R. Je voudrais ajouter qu'à travers ces actions, en sauvant ces gens des chambres à gaz, je pense avoir apporté suffisamment de preuves que je n'étais pas d'accord avec la politique de liquidation des juifs. J'ai fait quelque chose qui aurait pu être très dangereux pour moi si cela avait été découvert.
Q. Que vous serait-il arrivé si cela avait été découvert?
R. (après une pause) Je crois que j'aurais été puni très sévèrement, peut-être par une condamnation à mort.
Q. Quand avez-vous quitté Birkenau ? ...

Le Juge-Avocat: Il y a d'autres allégations qui, à ma connaissance, n’ont pas été traitées.
Major Munro: Je pense que les autres allégations seront traitées plus tard dans le cadre d'Auschwitz I, où il est revenu un peu plus tard.
Le Juge-Avocat: Très bien.

Q. Quand avez-vous quitté Birkenau?
R. J'ai quitté Birkenau fin janvier 1944, et j'ai quitté Auschwitz le 7 février.
Q. Êtes-vous revenu à Auschwitz?
R. Oui. Le 7 février 1944, j'ai été transféré à Dachau et je suis revenu à Auschwitz vers le milieu ou la fin  du mois de juin 1944.
Q. Dans quelle partie d’Auschwitz êtes-vous revenu?
R. Auschwitz n°1, comme Lagerführer (chef de camp - ajouté par  moi).
Q. Vous souvenez-vous du témoin Helen Hammermasch?
R. Je ne me souviens pas du nom.
Q. Vous souvenez-vous de la jeune fille qui est venue au tribunal et a déclaré que vous aviez ordonné et présidé à la pendaison de 4 jeunes filles?
R. Oui, maintenant je m'en souviens, mais je n'ai donné aucun ordre.
Q. Avez-vous officié comme bourreau?
R. Non.
Q. Qu’avez-vous à dire là-dessus?
R. Un après-midi, le commandant d'Auschwitz - à l'époque Baer - m'a téléphoné et m'a dit que lorsque tous les groupes de travail seraient rentrés au camp, une exécution aurait lieu. Et que je recevrais à cet effet une lettre du département politique que j'aurais à lire à haute voix devant tout le camp assemblé.
Q. Qu'avez-vous dit à propos de cet ordre?
R. J'ai répondu au commandant qu'il ne pouvait pas faire ça, parce que ce n'est pas bien de pendre des femmes devant des femmes.
Q. Qu'a dit le commandant?
R. J'avais peur qu'une telle chose ne provoque des cas d'évanouissements chez les femmes et qu'en outre, de telles mesures augmenteraient plutôt les troubles dans le camp.
Q. Le commandant Baer était-il d'accord avec vous?
R. Non. Il a dit "les ordres sont les ordres", avant de raccrocher.
Q. Qu'avez-vous fait alors?
R. Vers 17 heures, en fin d'après-midi, j'ai reçu une lettre qui contenait une copie du jugement concernant ces 4 femmes. Je ne sais pas si c'était une copie ou si c'était l'original - je n’en avais jamais vu auparavant. Dans ce jugement, ces femmes étaient toutes condamnées à être pendues, car grâce aux munitions et explosifs qu'elles avaient volé et transmis aux prisonniers travaillant au crématoire, un grand incendie avait été allumé et avait détruit le crématoire. (révolte du Sonderkommando le 7 octobre 1944, entrainant entre autre la destruction par incendie du crématoire IV - ajouté par moi)
Q. Avez-vous exécuté ces 4 femmes?
R. Oui. L'exécution a eu lieu fin novembre ou début décembre 1944, et cette révolte dont je parlais tout à l'heure a eu lieu, je crois, en octobre 1944.
Q. Vous avez exécuté vos ordres?
R. Oui.

Le Juge-Avocat: Qu'entendez-vous par "exécuter ses ordres"? Voulez-vous dire qu'il a lu le jugement ou les a fait pendre?
Major Munro: Je vais lui demander directement si vous le souhaitez?
Le Juge-Avocat: Oui.

Q. Avez-vous exécuté ces 4 femmes?
R. Oui. L'exécution a eu lieu fin novembre ou début décembre 1944. Et cette révolte dont je parlais tout à l'heure a eu lieu, je crois, en octobre 1944. Des munitions volées ont été retrouvées dans le crématoire incendié.
Q. Avez-vous lu publiquement le jugement?
R. Oui. L'exécution a eu lieu et tous les prisonniers y assistaient. Je me tenais un peu plus haut pour que tout le monde puisse entendre ce que j'avais à dire. J'ai lu le jugement, et je les ai averti d'être à l'avenir prudents et de ne plus tenter ce genre de chose, afin qu'une telle éxecution ne se reproduise plus.
Q. Vous souvenez-vous d’une juive néerlandaise appelée Adelaide De Jong?
R. Si vous pouviez préciser la question, alors je m'en souviendrai.

Major Munro: Je vais maintenant lire un extrait de la déclaration sous serment d'Adelaide De Jong. Il s'agit de la pièce à conviction 44.
"J'ai 35 ans. Je suis juive de nationalité néerlandaise. Le 29 août 1943, j'ai été stérilisée contre mon gré et sans raison de santé par le Dr Samuel, juif allemand, médecin prisonnier dans le camp. De nombreuses autres personnes ont été stérilisées dans ce camp. Les ordres pour l'opération ont été donnés par le commandant du camp nommé Essler (Hössler). Le Dr Samuel a agi sous la contrainte (le Dr Maximilien Samuel, un gynécoloque-obstétricien juif allemand, collabora aux experiences de stérilisation du Pr Carl Clauberg au block 10 d'Auschwitz I en échange de la vie sauve et d'un meilleur traitement; de nombreux témoignages font état de sa brutalité - ajouté par moi), et j'ai entendu dire qu'il a ensuite été abattu par les allemands". (il fut fusillé en 1943 - ajouté par moi)
Q. Qu'en dites-vous?
R. La première chose et que je ne connais pas le Dr Samuel. Deuxièmement, je n'ai jamais été commandant d'Auschwitz. Troisièmement, je n'ai jamais donné d'ordres de stérilisation de femmes, et quatrièmement, je n'ai jamais su que des stérilisations avaient eu lieu dans ce camp.
Q. Je vais maintenant lire la déposition d'Alegre Kalderon (pièce 46, page 74). Elle dit qu’elle a 20 ans et qu’elle est juive grecque. Le paragraphe 4 se lit comme suit: "... Je nomme également comme personnes que j'ai personnellement vues commettre des agressions brutales contre des internés, la gardienne SS Juana Bormann que j'identifie comme étant le numéro 3 sur la photographie 19. Je nomme également Franz Hössler et Theodore Heuskel, que j'identifie respectivement par 1 et 2 sur la photographie 9. J'ai vu ces hommes administrer à plusieurs reprises des traitements sauvages et brutaux à des internés à moitié affamés".
R. Tout cela est faux.
Q. Avez-vous déjà battu quelqu'un?
R. Non.
Q. Quand avez-vous de nouveau quitté Auschwitz?
R. Le 18 janvier 1945.
Q. Où êtes-vous allé?
R. À Dora. Au camp de Dora.
Q. Combien de temps êtes-vous resté là-bas?
R.Je suis arrivé à Dora vers la fin février, et j'y suis resté jusqu'au 5 ou 6 avril 1945.
Q. Dans quelles circonstances avez-vous quitté Dora?
R. Le camp de Dora fût évacué et les prisonniers furent chargés dans des wagons de chemin de fer. Environ 900 à 1100 d'entre eux restèrent dans le camp car trop faibles. Ils étaient jugés par le médecin comme n'étant pas assez forts physiquement pour entreprendre un tel voyage.
Q. Quelle était leur destination?
R. La destination était Neuengamme, le camp de Neuengamme.
Q. Y sont-ils arrivés?
R. Oui, ils arrivèrent à Neuengamme. Mais apparemment, le camp n'accepta pas ces prisonniers, et le train fut redirigé vers Bergen-Belsen.
Q. Avez-vous vous-même voyagé avec les prisonniers?
R. Non, les prisonniers étaient dans le train pendant que je voyageais en voiture. D'autres membres du personnel administratif voyageaient avec moi.
Q. Vous êtes donc arrivé à Bergen-Belsen avant les prisonniers?
R. Oui.
Q. Qu'avez-vous fait à votre arrivée?
R. Je suis allé me présenter au commandant du camp Kramer.
Q. Et que s’est-il passé ensuite?
R. Je voudrais ajouter que ces trains chargés de prisonniers ont été bombardés par des bombardiers alliés, et j'ai rencontré 5 prisonniers sur la route qui marchaient sans surveillance. Ils m'ont dit que ces trains à destination de Neuengamme qui avaient été redirigés en direction de Belsen ont également été bombardés.
Q. Quand vous avez vu Kramer, que s'est-il passé?
R. Je suis allé voir le commandant Kramer et je lui ai dit que j'avais rencontré des prisonniers sur la route, et que je voulais qu'il les emmène dans son camp pour leur donner de la nourriture, ce qu'il a fait.
Q. Avez-vous parlé à Kramer des prisonniers qui arrivaient?
R. Oui, je lui ai dit que mon transport était en route, et j'ai même pensé qu'il aurait déjà dû arriver. Kramer m'a dit qu'il était au courant et qu'il attendait une partie du transport le jour même.
Q. Avez-vous demandé des instructions?
R. Oui, je lui ai demandé s'il pouvait prendre mes prisonniers dans son camp. Il m'a répondu que cela était impossible car son camp était surpeuplé.
Q. C'était à quelle date?
R. Je ne suis pas sûr si c'était le 8 ou le 9 avril.
Q. Quelles instructions Kramer vous a-t-il données?
R. Le commandant Kramer m'a dit qu'il ne pouvait pas prendre mes prisonniers. Je lui ai demandé "eh bien, que suis-je supposé faire maintenant? Mes prisonniers sont déjà en route depuis plusieurs jours, et ils devraient avoir la possibilité de descendre des wagons". Kramer me montra alors la direction de la caserne de la Wehrmacht et me dit "allez voir le colonel Harries, qui en est le responsable".
Q. Êtes-vous allé voir le colonel Harries?
R. Oui, je suis allé le voir avec mon officier administratif. Je lui ai dit de s'attendre à recevoir mon transport dans les plus brefs délais, et je lui ai demandé de me donner des logements pour mes prisonniers.
Q. Qu'a dit le colonel Harries?
R. Il a appelé un autre officier, et lui a dit de m'accompagner à la caserne afin de me montrer quel endroit serait disponible pour loger les prisonniers.
Q. Et que vous a-t'on alloué?
R. En partant du camp de concentration de Belsen, sur la route en direction du village de Bergen, une caserne de baraquements en pierre.
Q. Etiez-vous satisfait de ces logements?
R. Oui, les logements en eux-mêmes étaient bien, mais il n'y avait pas de nourriture, et à cause des bombardements, il n'y avait pas d'eau. Je savais que les prisonniers auraient faim à leur arrivée, alors ma première pensée a été "comment vais-je leur procurer de la nourriture?"
Q. Qu'avez-vous fait pour avoir de la nourriture?
R. Je suis retourné voir Kramer dans son bureau et je lui ai demandé s'il pouvait me donner de la nourriture pour mes prisonniers. Il a répondu qu'il avait besoin de toute sa nourriture pour ses propres prisonniers parce que son camp était surpeuplé. Qu'il y avait une épidémie de typhus avec beaucoup personnes malades. Alors j'ai dit "je suis heureux que mes prisonniers ne viennent pas dans votre camp, car ils sont pas malades et ils n'ont pas de poux".
Q. Et ensuite?
R. Je suis retourné vers le colonel Harries qui m'a dit que je pouvais prendre un peu de sa nourriture dans les réserves de ses entrepôts, et il m'a envoyé chez son économe avec un autre officier. Ensuite, j'ai eu des légumes secs et d'autres aliments. De plus, je recevais de Kramer des pommes de terre et des navets qui étaient stockés près de la gare.
Q. Et l'eau?
R. Il n'y en avait pas. J'ai dit au colonel Harries que j'avais besoin d'eau. Il a dit alors "il y a une citerne mobile et cette citerne approvisionne la boulangerie. Si vous le désirez, vous pouvez l'avoir". La citerne est arrivée immédiatement dans ma partie du camp.
Q. Avez-vous fait autre chose pour préparer l'arrivée de vos prisonniers?
R. Oui. j'ai demandé au colonel Harries un moyen de transport pour aller chercher la nourriture dans les entrepôts. Il m'a donné un moyen de transport. Il m'a donné sa citerne. Mais c'est tout ce que je pouvais faire car j'étais seul. Dans l'après-midi, le premier convoi de prisonniers arriva.
Q. C'était quelle date?
R. Le même jour, le 8 ou le 9 avril.
Q. Êtes-vous allé à la gare ce jour-là?
R. Oui.
Q. Je vais maintenant lire un extrait d'une déposition de Josef Hauptmann (pièce 37, page 42, paragraphe 3). "Le 4 avril 1945, 10000 prisonniers furent transférés à Belsen. Le voyage dura environ 5 jours, et plus de 100 moururent à cause des conditions terribles.. Attaché au train se trouvait un wagon-ambulance dans lequel les malades étaient transportés. Il y en avait encore 9 en vie lorsque nous sommes arrivés à la gare de Bergen. Pendant que j'étais là, le SS Hössler est arrivé et a donné l'ordre d'abattre ces 9 malades. Je ne les ai pas vu se faire fusiller, mais je ne les ai jamais revus après." Qu'avez-vous à dire à ce sujet?
R. Ce n'est pas vrai. Il est exact que j'étais sur le quai lorsque le train est arrivé, et que le chef de gare m'a alors signalé l'arrivée du train.
Q. Avez-vous vu quelqu'un se faire tirer dessus pendant que vous étiez à la gare?
R. Personne du tout.
Q. Avez-vous reçu l'ordre de tirer sur quelqu'un?
R. Non. Je n'ai donné aucun ordre semblable, et il n'y a eu aucun ordre de tirer sur les prisonniers.
Q. Êtes-vous déjà allé dans ce qui est aujourd’hui connu sous le nom de camp n°1 à Belsen?
R. Non. Pendant cette période, je ne suis pas venu au camp n°1. Je suis venu au mess des officiers où j'y ai pris mes repas.
Q. Aviez-vous quelque chose à voir avec son organisation ou son administration?
R. Non.

Major Winwood: Cela conclut mon interrogatoire.

Contre-interrogatoire par le Major Cranfield
Q. Dans votre camp à la caserne de Belsen, y avait-il des femmes?
R. Non.
Q. J'aimerais vous parler de l'accusé Grese. Avez-vous eu à Auschwitz l'occasion de la voir travailler comme Aufseherin?
R. Oui, elle travaillait dans mon camp.
Q. Grese avait-il un chien?
R. Non.
Q. Pouvez-vous dire à la cour quelle est votre opinion sur le travail de Grese en tant qu'Aufseherin?
R. Grese travaillait au bureau de poste du camp, mais le soir, lorsque les groupes de travail revenaient au camp, elle devait, comme tous les autres employés de l'administration, aider les Blockführerinnen pendant leur appel. Au bureau de poste du camp, ses fonctions consistaient à censurer le courrier entrant et sortant. Vraiment, je dois dire que Grese était très professionnelle, et qu'elle veillait à ce que sa part du travail soit accomplie efficacement. Je voudrais ajouter que, particulièrement dans le cas de Grese, chaque fois que je lui confiais un travail, j'étais sûr qu'elle le ferait bien et qu'elle le remplirait à mon entière satisfaction.
Q. Vous avez entendu les accusations portées contre elle devant cette cour. Elle aurait tiré à 4 reprises sur des prisonniers avec un pistolet. Et vous avez entendu qu'elle traitait les prisonniers avec une cruauté sauvage. Qu’en pensez-vous en tant que Lagerführer?
R. À mon avis, Grese est tout à fait incapable de charger un pistolet ou de tirer un coup de feu. On peut lui reprocher d'avoir parfois battu des prisonnières. Mais tout Blockführer, tout Lagerführer ou toute Aufseherin qui esseyait de garder les prisonniers en ordre n'avait parfois pas le choix. Il y a de nombreuses prisonnières qui diront qu'elle a eu raison def faire cela, et d'autres qui diront qu'elle a eu tort.
Q. Le témoin Szafran déclare ce qui suit (volume 8, p.15 du compte rendu d'audience): "dans le camp A block 9, le Blockälteste Ria, Hössler, et le Dr Enna, le médecin de la prison, ont fait une sélection pour la chambre à gaz, et 2 filles sélectionnées ont sauté par la fenêtre. L'accusée mentionnée précédemment est venue, s'est approchée d'eux et, alors qu'elles étaient à terre, leur a tiré dessus à 2 reprises". L'accusée mentionnée est Grese. Que dites-vous de cela?
R. Je ne suis pas du tout d'accord avec cette déclaration, parce que je ne me souviens pas d'avoir fait une telle sélection. Tout cela n'est pas vrai. Les prisonnières n'auraient pas pu sauter par la fenêtre dans le camp A car les fenêtres étaient faites de telle manière qu'elles ne peuvaient pas être ouvertes. Donc ces 2 filles auraient dû sauter à travers la vitre de la fenêtre. En dehors de cela, si Grese ou n'importe qui d'autre avait tiré devant le block et que j'auvais été à l'intérieur de celui-ci, il aurait été de mon devoir de sortir pour voir qui tirait, et de quoi il s'agissait. Mais je n'ai jamais entendu de coups de feu tirés dans le camp A.
Q. Des sélections furent-elles été faites par les médecins de la prison?
R. Oui.
Q. À propos des défilés de sélection dans le camp, on nous a dit que certaines sélections étaient destinées aux chambres à gaz, certaines sélections étaient destinées à des commandos de travail, et certaines autres destinées à d'autres fins?
R. Oui.
Q. Tous ces sélection étaient-elles constituées de la même façon?
R. cela dépendait du but dans lequel ces sélections étaient faites.
Q. N'est-il pas vrai que les prisonnières étaient alignées sur 5 rangs?
R. Eh bien, chaque cas était différent. Par exemple, pour les appels nominaux, pour le décompte, elles devaient se placer par 5 ou, s'il y avait suffisamment de place, même par 10. Mais au contraire, pour les appels à la sélection des groupes de travail, il n'était pas nécessaire qu'elles se placent par cinq.
Q. Quelles étaient les tâches de l'Aufseherin lors de ces défilés?
R. Quels défilés? À des fins de comptage? Je ne comprends pas...
Q. Un défilé de sélection, qu'il s'agisse d'une sélection pour un groupe de travail ou pour autre chose...

Colonel Backhouse: Je voudrais que cela soit clair.
Le Président: N'y a-t-il pas 3 types différents ?
Colonel Backhouse: Oui.
Major Cranfield: Je vais l'exprimer autrement.
Q. N'est-il pas exact que la mission de l'Aufseherin, lors des sélections en présence d'un médecin, était de maintenir l'ordre?
R. Oui.
Q. Si des Kapos étaient présents, leurs fonctions n'étaient-elles pas les mêmes?
R. Un Kapo, dans une telle occasion, était sous les ordres de l'Aufseherin, et le Kapo devait faire ce que l'Aufseherin lui disait de faire.

Contre-interrogatoire par le Capitaine Roberts

Q. (Désignant l'accusé n° 14, Oscar Schmedidzt) Quand avez-vous vu cet homme pour la première fois?
R. Le 11 avril à Belsen je crois.
Q. C'était dans quel camp?
R. Dans mon propre camp, le camp No.2.
Q. Qu'était-il?
R. Il était prisonnier.
Q. Portait-il des vêtements de prisonnier?
R. Oui.
Q. L’avez-vous revu par la suite après l’arrivée des troupes britanniques?
R. Oui.
Q. Que portait-il alors?
R. J'étais moi-même déjà prisonnier à cette époque, mais quand je l'ai revu, il ne portait que des caleçons.
Q. A-t-il expliqué pourquoi il ne portait que ses sous-vêtements?
R. Ils se sont battus et il a été battu.

Le Président: "ils"? Qu'est-ce que cela signifie?

Q. Qui s'est battu?
R. Je ne pourrais pas le dire exactement. J'étais emprisonné avec les autres SS dans une pièce, puis soudain les gardes ont ouvert la porte et jeté cet homme à l'interieur, et il n'était vêtu que d'un caleçon. Alors je lui ai demandé "d'où viens-tu ?" Ils a dit "je me suis battu". Eh bien, je ne sais pas avec qui il s'était disputé – je pense avec un autre prisonnier mais je ne m'en souviens plus vraiment. Ensuite, nous lui avons donné un pantalon et une tunique (SS). Entre-temps notre gardien fût changé, de sorte que lorsque le soir, lorsqu'il voulut retourner dans son block, l'autre gardien, pensant qu'il était l'un des nôtres ne le laissa pas partir. Depuis, il est devenu SS. Il portait à ce moment-là un uniforme SS et le garde ne pouvait pas savoir qu'il n'était pas un véritable SS.

Contre-interrogatoire par le Capitaine Brown

Q. (Désignant l'accusé n°17, Ladislaw Gura) Vous souvenez-vous de cet homme d'Auschwitz?
R. Oui.
Q. Pouvez-vous dire à la cour quelles étaient ses fonctions à Auschwitz?
R. A Auschwitz, il était chauffeur. Je me souviens de lui parce qu'il apportait du charbon et du bois pour les lavoirs.
Q. A votre connaissance, a-t-il été Blockführer à Auschwitz?
R. Eh bien, je connaissais les Blockführers dans mon propre camp, et je connaissais assez bien les Blockführers d'Auschwitz I aussi, mais je ne pense pas qu'il était Blockführer
Q. A-t-il été arrêté pendant que vous étiez à Auschwitz?
R. Oui.
Q. Était-il toujours en état d'arrestation lorsque vous avez quitté Auschwitz?
R. Vous voulez dire quand Auschwitz a été évacué? Je ne comprends pas la question.
Q. Quand avez-vous quitté Auschwitz?
R. Le 18 janvier 1945.
Q. Cet homme était-il alors à Auschwitz?
R. Eh bien, ils sont partis plus tôt, avant l'évacuation générale du camp.
Q. Était-il en état d'arrestation?
R. Oui, en compagnie d'autres personnes arrêtées.
Q. (Désignant l'accusé n°19, Otto Kulessa) Vous souvenez-vous de cet homme arrivant à Belsen?
R. Oui, ils est venu avec le premier transport à Belsen.
Q. Qui était responsable de ce transport?
R. Un Oberscharführer Hartwig ou Hertwig, je ne me souviens plus exactement.
Q. Pouvez-vous dire à la cour ce qu'il a fait à son arrivée à Belsen, quelles étaient ses fonctions?

Le Juge-Avocat: Qu’est-ce que c’est maintenant? Sommes-nous à Belsen?
Capitaine Brown: Oui.
Le Juge-Avocat: En avril?
Capitaine Brown: Oui.

R. Lorsque les troupes hongroises ont pris le relais, j'ai gardé cet homme - le No. 19 - avec moi, et lui a donné l'ordre de veiller à ce que tout se passe bien autour des blocks d'habitation, qu'il veille à ce que tout se passe bien.
Q. Pouvez-vous dire quel jour il est arrivé à Belsen, environ?
R. Je crois le 9 avril, avec le premier transport.
Q. Il a été déclaré que cet homme était responsable du block 87. Est-ce exact?
R. Il n'était pas responsable d'un seul block, mais de plusieurs


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