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Médecine Criminelle

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riderdigeste
eddy marz
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Message  eddy marz 28/8/2011, 18:07

Bonjour à tous ;
Sombre chapitre, non encore étayé dans le forum : les expériences médicales criminelles ; un drame humain complexe et dense, impossible à résumer en un article. Par conséquent, il ne s’agira pas ici de dresser une liste de ces pratiques camp par camp ou cas par cas, mais plutôt de procéder à une introduction, malheureusement aussi brève qu’incomplète, pour le seul but de tenter de comprendre la mentalité qui les présida.

Conduites essentiellement par la SS (mais aussi par d’autres intervenants ou organismes), elles ne furent pas, sauf dans de rares cas, le fruit de délires scientifico-criminels comme pourraient le laisser penser une certaine littérature, mais une série d’entreprises expérimentales, commanditées, planifiées, et financées par divers organismes, pour une série d’objectifs parfaitement ciblés et identifiables. Ces expériences furent conduites dans des conditions non seulement illégales, arbitraires, et idéologiquement biaisées, mais également inconcevables du point de vue humain, et inqualifiables du point de vue de l’hygiène et, bien entendu, de l’éthique. Les décès et handicaps permanents qu’elles provoquèrent en font un des épisodes les plus noirs de la dictature nazie. En effet, comment des médecins, chirurgiens, ou psychiatres, tous diplômés, et souvent de renom, ont-ils pus bafouer à ce point le serment d’Hippocrate, et faire impasse sur leurs propres consciences au nom d’une idéologie ?

De façon générale, les expériences médicales nazies tombent dans deux catégories :

1. Celles sponsorisées par le régime pour des raisons militaires ou idéologiques.
2. Celles conduites par des docteurs SS ou autres par « intérêt scientifique » spécifique, mais sur autorisation.

À titre d’exemple :

Les campagnes de stérilisation intensives conduites à Auschwitz par Carl Clauberg et Horst Schumann sont officiellement encouragées, et considérées comme l’expression directe de la politique raciale. Les expériences sur les contagions de Typhus (en injectant des détenus avec le sang d’autres détenus contaminés) et l’efficacité de certains sérums (en traitant donc des cas de typhus provoqués de façon expérimentale), sont du ressort de l’Armée, inquiète des épidémies de Typhus au sein des forces allemandes et du personnel civil dans les territoires conquis de l’Est.

Par contre, l’étude des états précancéreux du col de l’utérus, pratiquée par le Hauptsturmführer-SS Dr. Eduard Wirths, médecin-chef à Auschwitz, et par son frère, le gynécologue Helmut Wirths, reflète un intérêt scientifique personnel de la part d’Eduard Wirths.

Mais, comme on s’en rendra compte, les catégories d’expériences se chevauchent… Par exemple, les expériences menées sur la gémellité par le Hauptsturmführer-SS Dr. Josef Mengele sont guidées par un intérêt spécifique personnel, mais aussi par l’idéologie nazie.

Dés le début de la dictature, l’éthique médicale nazie – bien que loin d’être adoptée dans sa totalité par l’ensemble du corps médical – devient néanmoins la base de réorganisation de la profession. Ce processus se nomme Gleischhaltung (« coordination » ou « synchronisation »). Adolf Hitler en avait apparemment anticipé le principe dans « Mein Kampf » en écrivant : « toute institution future de cet État doit naître du mouvement lui-même » ; ce qui équivaut à dire que toute institution politique, sociale, et culturelle, doit se soumettre à l’idéologie et passer sous le contrôle d’agences nazies officielles. La Gleischhaltung devient alors un euphémisme pour l’élimination de toute opposition, soit par l’exclusion, la menace, ou la violence… Mais elle n’est pas que cela ; elle exprime aussi une vision d’unité absolue ; celle d’une communauté totalisée et indissoluble, où toutes choses et toutes personnes ne deviennent qu’une. Cette « mise en conformité » de la communauté médicale est accomplie à travers les services de la Chambre des Physiciens du Reich (Reichsärztkammer) et ses branches diverses auxquelles tous les docteurs et médecins en exercice doivent êtres affiliés. Les sociétés et associations médicales pré-nazies sont assimilées, ou tout simplement dissoutes, et les nouveaux cadres de la Chambre des Physiciens du Reich sélectionnés parmi les « Vieux Combattants » – ceux qui s’étaient battus dans les rues au début du mouvement. Le choix n’est pas innocent, ces derniers sont plus militants et plus idéologiques que les bureaucrates en place, plus concernés par les questions d’organisation et d’intégration des professions médicales existantes. Du coup, les luttes d’influences au sein du corps médical (et dans pratiquement toutes les autres corporations nazies), fruits de la double autorité du NSDAP et de la bureaucratie gouvernementale, n’auront de cesse pendant toute la durée de la dictature. Malgré ces désagréments, et le fait que le militantisme prenne souvent l’ascendant sur le scientifique, les nouveaux cadres « militants » réussissent à faire pression sur leurs supérieurs scientifiques et les forcent à s’aligner à l’orthodoxie nazie ; la profession médicale détient bientôt le taux le plus élevé de membre du Parti que toute autre profession : 45%. Finalement, l’élan de la communauté médicale allemande vers le nazisme est, bien entendu, lié à aux tendances nationalistes et autoritaires chère à plusieurs générations, mais plus particulièrement à l’accent mis par le nazisme sur les questions biologiques et, surtout, à l’attraction exercée par la vision biomédicale d’une « guérison nationale ».

Au sein des facultés de médecines allemandes, la résistance aux profonds bouleversements suscités par l’ordre Nouveau n’est que limitée. Un anthropologue réputé, le Dr. Karl Saller, se risque courageusement à une critique des concepts raciaux « nordiques », et insiste témérairement sur le fait que, non seulement le pool génétique de chaque race est dans un état de flux permanent, mais que la nation allemande elle-même est le produit de multiples mélanges, dont une « influence slave considérable ». Comme on le voit, les attaques de Saller s’en prennent directement à la vision biomédicale nazie – et la réaction ne se fait pas attendre : Reinhard Heydrich lui-même intervient ; Saller est exclu de l’enseignement, et contraint d’abandonner sa chaire à l’Université de Munich… D’autres suivront. Parfois, lors de conférences, certains docteurs se risquent encore à réaffirmer ouvertement des positions intellectuelles et éthiques contraires à l’idéologie du régime.
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Karl SALLER

Lors de l’opération T4, le « programme d’Euthanasie pour les Incurables » (voir : https://deuxiemeguerremondia.forumactif.com/t5874-euthanasie-route-vers-le-genocide), le professeur Karl Kleist, neurologue et psychiatre, refuse de servir au sein d’une commission d’euthanasie et fait part de sa décision à ses élèves. Kleist est immédiatement dénoncé par des étudiants activistes. Heureusement pour lui, aucune sanction n’est appliquée – sans doute en raison de son ancienneté et d’un pédigrée scientifique irréprochable.

Nous pouvons argumenter que la « médecine nazie » prend probablement sa source chez les docteurs politisés de la « Ligue des Physiciens Nationaux-Socialistes » du NSDAP, dirigée par le Dr. Gerhard Wagner, Chef de la Chambre des Physiciens du Reich. Méfiant de la médecine académique et de la science en général, Wagner est l’ardent défenseur d’une médecine idéologique « visionnaire », hautement raciste, orientée socialement et cliniquement ; une version nazie – selon le chercheur Robert J. Lifton – de la « Médecine du Peuple ». C’est lui qui formalise pour la première fois les prémisses du programme et des lois de stérilisation obligatoire pour les
« porteurs de maladies héréditaires » de 1933 (Gesetz zur Verhütung erbkranken Nachwuchses) ; c’est également à lui qu’Adolf Hitler s’adressera en premier, dés 1935, pour exposer son intention de procéder à un programme extensif d’Euthanasie pour les incurables de toutes catégories. À sa mort, en 1939, il est remplacé par le Brigadeführer-SS et Secrétaire d’État Leonardo Conti, un personnage plus bureaucratique, également à la tête d’un poste médical au Ministère de l’Intérieur. Plus tard, l’Obersturmbannführer-SS Dr. Karl Brandt, plus jeune et issu d’universités plus distinguées, prend la relève et deviendra rapidement la personnalité médicale dominante.
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Leonardo CONTI (à gauche) et Karl BRANDT

Selon Joseph Göbbels, Ministre de la Propagande, la maladie à combattre à tout prix est « l’intellectualisme mollasson » – c’est à dire les « concepts désastreux de Liberté et d’Égalité », ou encore même l’idée néfaste d’une « autonomie et d’une liberté du corps enseignant ». À partir de maintenant, il n’est plus du ressort des médecins de « déterminer si une chose est vraie, mais si elle est conforme à l’esprit de la révolution nationale-socialiste ». Dorénavant, les universités du Reich – y compris les facultés de médecine – sont destinées à devenir les « forteresses de la frontière intellectuelle », et des « corps d’armées » au sein desquels la mission des professeurs est de développer une « coopération martiale ». Résultat : 960 professeurs Allemands de premier plan signent un serment public de soutenir le Führer et son régime (serment publié en automne 1933) ; parmi eux, le philosophe Martin Heidegger, et le chirurgien de renommée mondiale Ferdinand Sauerbruch, attaché à l’Université de l’Hôpital de la Charité de Berlin…

L’aspect coercitif de cette Gleischhaltung (« coordination »/« synchronisation ») se nomme le « Führerprinzip ». Presque du jour au lendemain, les universités – où désormais, des nazis confirmés, mais professionnellement douteux, sont nommés à des postes de recteurs ou de directeurs de recherches – sont réduites à de simples extensions d’un Ministère de l’Éducation nazi, lui-même dirigé par le même principe. Bien entendu, les mesures anti-Juives commencent très tôt en 1933. Les docteurs Juifs sont exclus des commissions d’assurances et de la Sécurité Sociale puis, petit à petit, de la pratique de la médecine tout court. Enfin, un 4e amendement est porté, en 1939, aux Lois de Nuremberg, excluant tous les Juifs de la profession médicale. Avant-goût de la mort qui les rattrapera bientôt, les médecins Juifs sont déclassés, officiellement destitués en présence de leurs collègues aryens, et ne sont plus nommés « docteur », mais « guérisseur de malade » ; quant aux chirurgiens, ils ne sont guère plus que des « techniciens spécialisés en chirurgie ». Par mesure d’orthodoxie supplémentaire, on déconseille aux médecins Allemands de citer des références ou sources Juives dans leurs travaux et études. S’il s’avère absolument nécessaire de citer de telles sources, on leur demande alors de préparer des listes séparées pour les « Sources Juives » afin que les « races soit nettement séparées », et que la médecine Aryenne soit protégée de toute souillure. Ainsi, le manque de docteurs qui sévira pendant toute cette période sera ignoré en vertu d’exigences idéologiques. Les mandarins médicaux nazis s’évertuent alors à propager le sentiment que seule une purification de leur profession pourrait la rendre apte à la réalisation de cette formidable vision biomédicale.

Dans le but d’encourager la fécondité des Aryens « supérieurs », et d’empêcher la reproduction d’individus considérés génétiquement inférieurs, indésirables, ou racialement impurs, un vaste programme de stérilisation obligatoire débute dés juillet 1933, et se poursuivra loin dans la guerre. Les arriérés mentaux, les diabétiques, les myopes, les aveugles, les sourds (voir : https://deuxiemeguerremondia.forumactif.com/t7886-le-iiie-reich-et-les-malentendants) les criminels, les homosexuels, les Juifs, les Tziganes, et les Noirs, sont systématiquement désignés ou trahis, parfois même par leurs propres médecins de famille. Les homosexuels on le choix : ou la castration volontaire, ou le camp de concentration…

Le 8 octobre 1935, Hitler introduit la « Loi pour la Prévention des Maladies Génétiques Héréditaires », et décrète la stérilisation obligatoire pour toute personne atteinte par l’une ou l’autre d’un éventail encore plus large de maladies. On estime qu’en 1939, entre 200.000 et 350.000 personnes ont déjà été stérilisées, dont plusieurs deviennent par la suite victimes du programme d’Euthanasie. De même, en cas de grossesses lorsqu’un des deux parents souffre de maladies congénitales, la nouvelle loi prévoit l’avortement. Toujours en 1935, le NSDAP fait voter une loi contre « les criminels dangereux », gommant la distinction entre le comportement criminel et les comportements sociaux inappropriés qui caractérisent souvent les personnes atteintes de handicaps mentaux. La loi prévoit que ces « criminels asociaux » (asozialen) soient internés dans des établissements d’État pendant des périodes indéterminées et, dans les cas de crimes sexuels, officiellement castrés. Les Lois Raciales de Nuremberg, instaurées la même année, bien qu’essentiellement dirigées contre les Juifs, régulent également les mariages entre individus souffrants de handicaps. Puis la « Loi pour la Santé Matrimoniale » interdit à tout couple de se marier si l’un des deux intéressés souffre d’une forme ou d’une autre de handicap mental, de « maladie héréditaire » (telles que définies par la loi), ou de maladie contagieuse comme la tuberculose ou la syphilis.

Déjà, le docteur n’est plus le personnage savant, accueillant, souvent presque intime, qui soulage les maux et les états d’âmes ; il n’est plus qu’un technicien froid et délateur au service d’une idéologie millénariste au cœur de laquelle l’Homme est réduit à l’état de terreau hors duquel doit croître l’Homme Nouveau. Il y a, certes, un grand cap à franchir pour un médecin entre ligaturer des trompes, des vésicules séminales, ou retirer un utérus, et tuer (ou désigner quelqu’un pour la mort). Mais la Gleischhaltung (« coordination » ou « synchronisation ») médicale nazie vient de rendre cette étape possible… Le 1er septembre 1939, Hitler signe l’ordre autorisant le Chef de la Chancellerie du Führer (KdF), le Reichsleiter Philip Bouhler, et le Dr. Karl Brandt, à « élargir le pouvoir décisionnaire de chaque docteur pour le but de leur permettre – après des examens les plus critiques possibles – d’administrer une mort miséricordieuse aux malades incurables » (l’ordre fut rétrodaté au 1er septembre afin de coïncider avec le début de la guerre). C’est à dire d’implémenter un « Programme d’Euthanasie ». Adolf Hitler ne tient pas à ce que son nom soit associé au programme. Il avertit Bouhler que : « la Chancellerie du Führer ne doit en aucune circonstance être perçue comme active dans cette affaire ». Les responsables de l’opération tentent tout de même de faire passer des décrets rendant l’euthanasie légale, mais leurs propositions sont refusées par Hitler qui sait très bien que cela fournirait aux Alliés un outil de propagande inacceptable. Il faut attendre la victoire totale avant de « légaliser ». Tenu de ne rendre de comptes qu’au Führer en personne, Bouhler obtient tout de même l’autorisation d’administrer le programme par le biais de son second : Viktor Brack.

Initié depuis 1936 sur les enfants handicapés, souffrant de malformations, ou de maladies mentales, le programme est rapidement étendu aux adultes. Fin octobre ou début novembre 1939, convoqué au KdF, le Kriminalkommissar/Obersturmführer-SS Christian Wirth est chargé d’organiser la bureaucratie de l’euthanasie : l’Opération « T4 ». Bientôt, l’éventail de malades à « écarter » s’élargit, jusqu’à inclure les dépressions nerveuses et l’alcoolisme. « Dans quelque maison que je rentre, j'y entrerai pour l'utilité des malades, me préservant de tout méfait volontaire et corrupteur » : le 4e article du serment d’Hippocrate vole en éclat ; au nom de l’idéologie et de l’ambition, le médecin s’est transformé en tueur. L’élément central de ce bouleversement est l’intense focalisation sur le corps organique du Volk. L’Allemagne est devenue un « organisme » dont la « vie » doit à tout prix être préservée, et dont la « mort » doit être combattue avec des moyens dépassant l’étroitesse des destins individuels.

La 2e Guerre Mondiale, et plus particulièrement à partir de l’opération Barbarossa (invasion de l’URSS), offre aux satrapes nazis et à leurs services l’opportunité de mettre à exécution le programme fondamental du Führer… Ce combat pour la « survie de l’Allemagne » revêt une forme multiple :

1. L’extermination des Untermenschen – c’est à dire les Juifs, les Slaves, les Tziganes, les « dégénérés », et tous les groupes considérés comme des « souilleurs de race ». Non seulement ces derniers sont-ils définitivement « écartés », mais leurs territoires, biens, et propriétés, sont annexés au Reich ; les territoires ainsi libérés ouvrant la voie à la colonisation dans le but de s’octroyer le Lebensraum tant désiré.

2. L’asservissement et la mise au travail, au profit de l’industrie allemande et de l’effort de guerre, de tout élément indésirable (prisonniers de guerre, opposants, socio-démocrates, objecteurs de conscience, communistes, homosexuels, asociaux, religieux divers, droits communs, intellectuels, émigrés, artistes etc.) en mesure de fournir une main d’œuvre. Internés dans les camps de concentrations, ou les camps de travail dépendants des camps d’extermination en Pologne, ces esclaves ne survivent qu’en fonction de leur rentabilité ; ils sont tués à la tâche, et perpétuellement renouvelés par de nouveaux arrivages.

3. Les expériences médicales, proposées par l’Institut d’Hygiène de la Waffen-SS, ou commanditées à ce dernier par les forces armées. S’y ajoutent les expériences proposées par certains médecins, et autorisées par le Reichsführer-SS Heinrich Himmler qui s’intéresse vivement aux questions médicales, et celles entreprises par le biais de la SS par divers groupes pharmaceutiques industriels tels IG Farben (le plus important donateur au NSDAP lors de l’élection d’Adolf Hitler), Behringwerke, et Bayer Leverkusen. Ces expériences visent plusieurs objectifs : résoudre les problèmes créés par la guerre, résoudre des énigmes médicales ou génétiques jusqu’ici insolubles et ainsi hisser la médecine allemande au 1er rang mondial, tester de nouveaux produits…

Les expériences médicales nazies sont toutes, d’une façon ou d’une autre, étroitement liées à la vision « biomédicale » du régime, qu’il s’agisse de génocide culturel (stérilisations), ou des travaux de tel ou tel médecin impliqué dans la « purification » biologique ou génétique ; et toutes expriment le concept nazi de la « vie indigne de vie » (Lebensunwertes Leben) où des sous-hommes sans existences juridiques sont manipulés, mutilés ou tués, dans le but ultime de refaçonner l’Humanité… Ces expériences sont conduites dans plusieurs camps ; les plus connues se déroulant à Auschwitz, Dachau, Buchenwald, Sachsenhausen, et Ravensbrück (le camp des femmes). Bien entendu, l’aspect économique y tient une part non négligeable :

Créé en 1925, IG Farben, n°1 mondial de la chimie, collabore avec la SS. Le groupe contrôle des centaines de sociétés et, plus tard, administrera directement le camp d’Auschwitz, employant environ 80.000 esclaves achetés 200 Reichsmark pièce à la SS, et contribuant ainsi à la politique d'extermination. Heinrich Bütefisch, chimiste et chef de production d’IG Farben à Auschwitz, et Erich Von der Heyde, tous deux des Ehrenführer-SS (grade SS honorifique), font partie du « Cercle des Amis du Reichsführer-SS » (voir : https://deuxiemeguerremondia.forumactif.com/t11542-le-freundeskreis-reichsfuhrer-ss). Il leur suffit dés lors d'utiliser des déportés comme cobayes pour tester un sérum, expérimenter un médicament contre le typhus pour les laboratoires Bayer, ou vérifier une hypothèse, pour déclencher une série d'expériences.
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Heinrich BÜTEFISCH

Le 14 avril 1941, à Ludwigshafen, Otto Armbrust, membre du comité IG Farben et responsable du « projet Auschwitz » déclare à ses collègues : « Notre nouvelle amitié avec la SS est une bénédiction. Nous avons déterminé toutes les mesures intégrant les camps de concentration au bénéfice de notre entreprise ». IG Auschwitz, projet principal du cartel IG Farben dans le camp, est le plus grand complexe industriel mondial pour la production d’essence et de caoutchouc synthétiques (utilisant une main d’œuvre esclave), mais possède également un département pharmaceutique. Ce dernier, toujours par le biais de la SS, fait procéder à des expériences sur cobayes humains afin de tester de nouveaux vaccins, médicaments, ou pesticides. Le Bloc 10, centre expérimental d’Auschwitz, est divisé en 3 sections de recherches séparées :

• Professeurs Carl Clauberg et Horst Schumann, tous deux stérilisateurs.
• Dr. Eduard Wirths (et son frère Helmut), études des états précancéreux du col de l’utérus.
• Section spéciale réservée à l’Institut d’Hygiène de la Waffen-SS
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Entrée du Block 10 à Auschwitz

Nombre de docteurs SS se livrèrent à des expériences criminelles à Auschwitz, mais nous n’en examinerons que 3, parmi les plus distinctifs : En 1942, le Gruppenführer-SS Dr. Carl Clauberg, Médecin-Chef du service de gynécologie de Haute-Silésie, propose à Himmler de conduire des expériences de stérilisation féminines en masse. Séduit par le projet, le Reichsführer-SS donne son accord. Pédant, imbu de son statut, obsédé par l’argent, complexé (par sa laideur et sa petite taille), colérique et impitoyable, Clauberg se lance dans la recherche d’une technique « bon marché ». Sans anesthésie préalable, il injecte de l’acide liquide dans les utérus de femmes Juives ou Tziganes, provoquant ainsi des dommages irréparables et des infections gravissimes. Leurs ovaires sont ensuite expédiés à Berlin pour étude. Parfois, les femmes sont irradiées aux rayons X. Plusieurs d’entre elles meurent des suites des expériences à proprement parler ; d’autres sont assassinées afin de les autopsier. Capturé par les Soviétiques, Clauberg est condamné à 25 ans de réclusion en 1948, mais sera libéré au bout de 7 ans au cours d’un échange de prisonniers. Arrêté à nouveau en Allemagne de l’Ouest en 1955, il meurt d’une crise cardiaque pendant l’instruction de son procès.
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Carl CLAUBERG

Médecin chef (SS-Standortarzt) d’Auschwitz, le Hauptsturmführer-SS Dr. Eduard Wirths est, quant à lui, un personnage tourmenté. Médecin brillant doté d’un haut sens moral, mais aussi nazi fanatique, Wirths conduit des expériences en gynécologie et, plus particulièrement, sur les états précancéreux du col de l’utérus. Également intéressé par la stérilisation, il procède aussi à l’ablation d’ovaires par chirurgie ou radiations. S’il ne participe pas lui-même aux expériences, se contentant de déléguer ses subordonnés, par contre il est contraint (comme la plupart des médecins du camp) de participer aux sélections de déportés sur la rampe lors des arrivées (les moins aptes étant bien entendu dirigés sur les chambres à gaz). Parallèlement à ce comportement criminel et/ou complice, Wirths tente de protéger les médecins déportés qui l’assistent. Poli, agréable, toujours correct, n’usant jamais de violence ou d’antisémitisme primaire, Wirths est décrit par quelques déportés survivants comme « bon » et « décent »… Capturé par les Anglais en 1945, il se suicide le 20 septembre, avant son procès.

Comme un bon nombre d’autres médecins nazis à des niveaux divers, Eduard Wirths souffrait peut-être de ce que Robert Jay Lifton définit comme un « doublement » de la personnalité (et non un « dédoublement » schizophrénique) ; c’est à dire la division du Soi en deux entités fonctionnelles et conscientes : l’une d’elle étant le « Moi Réel » et l’autre le « Moi Auschwitz ». La façon par laquelle ce « doublement » permet au médecin nazi d’échapper aux sentiments de culpabilité ne se réduit pas à une élimination de la conscience, mais plutôt à un transfert de la conscience. Cette conscience est transférée au « Moi Auschwitz » et à ses critères propres (sens du devoir, loyauté au groupe, nécessité des actions engagées, amélioration des conditions du camp etc.), libérant ainsi le « Moi réel » (être sensible, époux, père de famille, médecin honorable etc.) de toute responsabilité pour les crimes commis à Auschwitz ; le « Moi Réel » étant, de toute évidence, psychologiquement incompatible avec de telles actions, et donc dysfonctionnel à Auschwitz. Lors de ce « doublement », une partie du « Moi » désavoue l’autre. Ce qui est répudié n’est pas la réalité elle-même – le médecin nazi est parfaitement conscient des actes qu’il commet dans la peau du « Moi Auschwitz » –, mais la signification de cette réalité. Il commet des infanticides, mais ne les perçoit pas en tant que meurtres. Ce désaveu prend donc, d’une part, la forme d’une modification de la signification du meurtre par le « Moi Auschwitz » et, d’autre part, un rejet total de la part du « Moi Réel » de toutes choses commises par le « Moi Auschwitz ». Dés son arrivée à Auschwitz, le « Moi Réel » est tellement violé par l’univers inimaginable du camp qu’il nécessite presque viscéralement un désaveu permanent de sa propre situation – c’est à dire un « engourdissement » du Soi.
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Eduard WIRTHS

Archétype même du médecin nazi, le Dr Joseph Mengele doit sa réputation – malgré la légende – non pas à la nature particulière ou quantitative de ses crimes, mais plutôt à sa parfaite adaptation au « système Auschwitz ». En effet, contrairement à la plupart de ses collègues, le camp devient pour lui le vecteur de sa véritable vocation et de la réalisation de son potentiel. Ambitieux, intelligent mais pas vraiment intellectuel, narcissique, nazi fanatique quoiqu’adhérant peu aux « ambitions SS », antisémite convaincu, Mengele se « réalise » enfin à Auschwitz. Il y trouve une reconnaissance professionnelle tant souhaitée, mais allant bien au delà de son talent médical. Influencé par le Baron Otmar Von Verschuer, eugéniste et Directeur de l'Institut de biologie de l'hérédité et d'hygiène raciale de l'université de Francfort (qui fut son professeur, et lui rendra souvent visite au camp), Mengele se livre à des expériences sur les jumeaux (qu’il sélectionne patiemment au fur et à mesure des arrivées), dans l’espoir de « déterminer avec précision les relations entre la maladie, les types raciaux, et le métissage » ainsi que « l’étendue des dommages provoqués par une hérédité négative ».
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Le Baron Otmar Von VERSCHUER

Jouissant du droit de vie et de mort sur l’ensemble des déportés, affichant alternativement froideur et bonne humeur altière, hyperactif, agréable avec les enfants (surtout les jumeaux), témoignant d’une certaine bienveillance – voire parfois d’affection – à leur égard, et s’occupant plus ou moins de leur bien-être dans la mesure où ils sont nécessaires à ses recherches, il est néanmoins capable de les tuer froidement dans le même instant. En juillet 1948, déposant à Budapest devant la Commission pour le Secours aux Déportés Juifs Hongrois, le Docteur déporté, Miklos Nyiszli (contraint d’assister Mengele) déclare : « Dans la pièce à côté de la salle de dissection, quatorze jumeaux tziganes attendaient, gardés par des SS, et pleurants à chaudes larmes. Sans nous dire un mot, le Dr. Mengele prépara deux seringues ; une de 10 cc. et l’autre de 5 cc. D’une boîte, il sortit de l’Evipan, et d’une autre du chloroforme […] et plaça le tout sur la table d’opération. Après cela, le premier jumeau fut introduit dans la pièce… une fille de quatorze ans. Mengele m’ordonna de déshabiller la fille et de la placer sur la table de dissection. Puis, il lui injecta l’Evipan par intraveineuse. Lorsque l’enfant s’endormit, il tâta le ventricule gauche de son cœur et y injecta directement les 10 cc. de chloroforme. Un léger soubresaut, et la gamine était morte. Mengele la fit immédiatement transporter à la morgue. Les treize autres jumeaux périrent la même nuit ». Parfois, Mengele tue et dissèque tout simplement pour dissiper un différend de diagnostique avec un collègue…
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Joseph MENGELE (au centre), à Auschwitz, en compagnie de Richard BAER (à gauche) et de Rudolf HÖSS

Les témoignages contradictoires à son égard abondent : « Le docteur Mengele s’inquiétait pour moi et me rendait visite tous les jours […] Il donna des ordres afin que l’on me traite bien » ; « Jeune, élégant, il sentait l’eau de Cologne […] Il était très sensible aux mauvaises odeurs […] Avant son arrivée, il fallait ouvrir les fenêtres » ; « Manteau blanc par dessus l’uniforme – d’un blanc éclatant […] Propre, propre, propre… ». Mais il y a aussi l’autre aspect : « Il était parfaitement convaincu de faire la chose juste […] Tandis que les déportés défilaient devant lui [lors des sélections sur la rampe], il sifflotait d’un air détaché – du Wagner ou du Verdi. C’était un détachement maniéré […] comme un robot, un gentleman procédant à ses fonctions de façon totalement indifférente » ; « Il avait des yeux morts […] Il ne vous regardait jamais dans les yeux » ; « Il administrait les piqures sans dire un mot, comme s’il administrait un médicament normal… sans exprimer la moindre émotion ». Protecteur ou destructeur, le pouvoir de Mengele est sans frein ; et il fait « beaucoup de choses très vite » ; il est perpétuellement pressé, et injurie ses assistants (déportés ou non) à la moindre lenteur. Pourtant, d’après certains, ses recherches sont vues d’un mauvais œil par plusieurs officiels nazis ; si c’est le cas, son prestige à Auschwitz serait évidemment compromis « en l’absence de résultats probants ». Mais peut être sa « course contre la montre » n’est-elle que le reflet de l’urgence de son besoin d’être reconnu comme le grand biologiste et expert racial qu’il pense être.

Mis à part les jumeaux, Mengele s’intéresse aussi au Noma, une gangrène de la bouche et du visage. Il n’hésite pas à décapiter deux enfants atteints de la maladie afin de procéder à un examen post mortem. Il étudie également la couleur des yeux (pratiquant excisions, tests comparatifs, envois vers des laboratoires Berlinois) dans le but d’œuvrer vers la création d’yeux « aryens ». Dans le cadre de « l’anormalité Juive », Mengele se penche également sur le nanisme, « collectionnant » des familles entières de nains (Tziganes en particulier), les traitant de façon bienveillante, les étudiant, et pratiquant des séries de tests et d’analyses avant de les faire disparaître…

Les « yeux morts » de Mengele sont probablement un reflet de son dérèglement schizoïde. Il passe de la jovialité à la brutalité cynique en quelques secondes mais sans jamais être totalement à ce qu’il fait ; il semble toujours ailleurs. L’engourdissement du Soi – mentionné plus haut – est considérable chez les individus schizoïdes mais, chez Mengele, atteint des niveaux excessifs ; nous pourrions même argumenter qu’il symbolise un cas extrême. Une doctoresse déportée estime que : « dans son mépris des autres, il ne voyait jamais un individu en tant que personne […] Il n’avait donc aucun liens ». Le comportement erratique de Mengele – sa jovialité feinte, sa froideur, et surtout sa capacité à donner la mort sans rien ressentir pour ses victimes – ne peut être compris séparément de son « idéalisme » nazi. Contrairement à la plupart des médecins SS, Mengele comprend son rôle comme étant au service d’une vision plus large. À ses propres yeux, il fait partie de l’avant garde d’une noble mission où le « courage de la cruauté » envers les ennemis devient – dans le plus pur style idéologique nazi – une qualité, voire une vertu.

Une antenne de l’Institut d’Hygiène de la Waffen-SS occupe une section des laboratoires du Bloc 10 d’Auschwitz, mais sévit également dans les camps de Buchenwald, Dachau, et Sachsenhausen. Basé dans le quartier de Charlottenburg, à Berlin, l’Institut dépend en partie du WVHA mais aussi du Chef de Service de Santé de la SS (Reichsarzt SS und Polizei), le Gruppenführer-SS Ernst Grawitz, Président de la Croix-Rouge allemande. Employant 25 scientifiques et 200 laborantins et sous-ordres à plein temps, ses départements couvrent un éventail varié de recherches : chimie, bactériologie, hygiène, parasitologie etc. Comme pour les expériences menées par Clauberg, Wirths, et Mengele, les « travaux » sont coordonnées par deux services distincts sous contrôle d’Himmler : le Service de Santé de la SS de Grawitz, et l’Ahnenerbe (voir : https://deuxiemeguerremondia.forumactif.com/l-axe-f3/l-ahnenerbe-t5831.htm). Une fois approuvées, les expériences sont conduites sous la direction de l'Institut en collaboration avec le service chimie pharmaceutique d’IG Farben, des usines Behring, et d'autres firmes. Elles sont aussi conduites à la demande ou à l’intention de la Wehrmarcht, de la Luftwaffe, de la Kriegsmarine, ou de la Waffen-SS elle-même ; c’est le cas des expériences sur les gaz de combats (empoisonnements à l’ypérite et au Phosgène), les greffes osseuses, les poisons (blessures par balles infectées au phosphate d’aconitine, comprimés de cyanure, alcaloïdes dans la nourriture etc.), les maladies infectieuses (inoculation du typhus), la résistance aux hautes altitudes, au froid… La liste est longue.

À Buchenwald, le Block 46 est connecté au Block 50, où se poursuivent les recherches de sérothérapie et de vaccinothérapie. Le Block 46 est réservé à l'expérimentation sur cobayes humains à partir du 2 janvier 1942 sur l'ordre de l'Académie médico-militaire de la Wehrmacht. Le Block 50, « Hygien Institut des Waffen-SS », quant à lui, est fondé en 1943 par le Sturmbannführer-SS Dr. Erwin Ding-Schüler. L'ensemble est assujetti au Reichsführer-SS, auquel des rapports circonstanciés sont régulièrement adressés.

Ex membre du SD, conférencier à la Faculté de Médecine de Berlin, Médecin Chef pour la SS et la Police (Reichsarzt SS und Polizei), et Directeur de l’Institut d’Hygiène de la Waffen-SS, le Standartenführer-SS Dr. Joachim Mrugowsky encourage les médecins SS à « embaucher » des médecins déportés dans les laboratoires. Ces derniers participent alors à des travaux qui seront plus tard publiés sous son nom. Intelligent mais fanatique, extrêmement travailleur, extrêmement combatif, il pousse les expériences sur le typhus et la parasitologie jusqu’à leurs ultimes conséquences – les plus radicales. En tant que médecin, Mrugowsky se considère comme un « prêtre de la flamme sacrée de la vie » en « mission divine ». Capable d’emballements exagérés, froidement méchant et dangereux, il est une des figures clefs de la planification et de la pratique d’expériences médicales criminelles. Sous sa direction, l’Institut devient également responsable du stockage et de la distribution du Zyklon B. Ainsi, le gaz manufacturé par Degesch se transforme en « remède mortel », manipulé uniquement par un personnel médical SS impliqué dans la « guérison raciale ». Condamné à mort à Nuremberg, lors du « procès des Médecins », Joachim Mrugowsky est exécuté en 1948.
Médecine Criminelle Mrugow11
Joachim MRUGOWSKY

Pour conclure, attardons nous encore sur le Hauptsturmführer-SS Dr. August Hirt, Directeur de l’Institut d’Anatomie de la faculté de Médecine de Strasbourg. Aux environs de Noël 1941, soucieux de parfaire sa « collection anatomique de sous-humanité », Hirt écrit à Rudolf Brandt (adjudant d’Himmler) : « […] En nous procurant les crânes des commissaires judéo-bolchéviques, qui représentent le repoussant, quoique caractéristique, prototype du sous-homme, nous aurons une chance d’obtenir un matériel scientifique ». Mais Hirt ne veut pas de commissaires judéo-bolchéviques morts. Il propose de procéder à des mesures crâniennes alors que ces derniers sont encore vivants puis : « Suivant la mise à mort du Juif, dont la tête ne doit pas être endommagée, le médecin séparera la tête du corps du sujet et me la transmettra dans une boite métallique scellée »… Ravi, Himmler ordonne que l’on fournisse à Hirt « tout ce dont il a besoin ». Le fournisseur sera le Standartenführer-SS Wolfram Sievers, gérant de l’Ahnenerbe. En juin 1943, 115 « spécimens » (hommes et femmes) sont collectés à Auschwitz, mesurés par l’anthropologue SS Bruno Beger, puis gazés, et livrés au Dr. Hirt pour stockage en chambre froide et dépeçage.
Médecine Criminelle Hirt10
August HIRT

Mais, en septembre 1944, les Alliés convergent sur Belfort ; Hirt ordonne la crémation des cadavres conservés. Le travail sera bâclé – un mois plus tard, des cuves à moitié pleines de cadavres seront découvertes par une délégation Alliée de la 7e Armée US et de la 2e Division Blindée Française. Quant au Hauptsturmführer-SS Dr. August Hirt, il fuit Strasbourg et se réfugie en Autriche. Neuf mois plus tard, le 2 juin 1945, il se tirera une balle dans la tête, à Schönenbach…

À la fin de la guerre, et compte tenu de la grande complexité des dossiers "Médecine/Industrie", le « Procès des Médecins » - au terme duquel nombre de docteurs nazis sont condamnés à des peines d'emprisonnement variables, ou exécutés (Karl Brandt, Friedrich Entress, Karl Gebhardt, Waldemar Hoven, Joachim Mrugowsky, Fritz Klein, parmi d'autres) - ne réussira pas à distribuer une justice complète. Plusieurs médecins criminels réintègrent la société allemande – certains l'avaient déjà fait avant Nuremberg, continuant même à pratiquer avant d’être rattrapés sur le tard – tandis que d’autres, fortuitement identifiés, se suicident ou meurent en prison pendant l'instruction de leurs procès... Quant à IG Farben, le Tribunal International de Nuremberg condamne 24 membres du comité de direction et cadres pour meurtre, esclavage, et autres crimes contre l’Humanité. Malgré cela, tous sont relâché en 1951, et reprennent une activité professionnelle au sein des corporations allemandes.
Médecine Criminelle 62342410
IG FARBEN à Nuremberg...

Merci de votre attention
Eddy


Sources :

• Bracher, Karl Dietrich. The German Dictatorship : The Origins, Structure and Effect of National Socialism – New York ; Praeger, 1970

• Lifton, Robert Jay. The Nazi Doctors ; a study in the psychology of evil – Papermac, 1987

• Annas, G. J., Grodin, M. A. The Nazi Doctors and the Nuremberg Code : Human Rights in Human Experiments – Oxford University Press, 1992

• Gutman, Yisrael., Berenbaum, Michael. Anatomy of the Auschwitz Death Camp – Indiana University Press : Bloomington and Indianapolis, 1994

• Mosse, George L. Toward the Final Solution : A History of European Racism – New York ; Harper & Row, 1978

• Fleming, Gerald. Hitler and the Final Solution – University of California Press, Los Angeles, 1984)

• Mosse, George L. Nazi Culture ; Intellectual, Cultural and Social life in the Third Reich – W.H. Allen, London, 1966

• Black, Edwin. War Against the Weak : Eugenics and America's Campaign to Create a Master Race – New York: Four Walls Eight Windows, 2003

• Kershaw, Ian. Hitler 1936-1945 : Nemesis – Allen Lane, The penguin Press, 2000

• Arendt, Hannah. The Origins of Totalitarianism – Knopf Doubleday Publishing Group (réédition), 2004

• Kogon, Eugen. L’Etat SS ; le système des camps de concentration allemands – Seuil, Paris, 1970.

• Archiv zur Geschichte der Max-Planck-Gesellschaft, Berlin-Dahlem

• Bundesarchiv

• USHMM

• NARA

• Yad Vashem Photo Archive


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Message  riderdigeste 28/8/2011, 18:41

Formidable, cet exposé, merci beret
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Message  Karbychev 28/8/2011, 20:06

superbe travail...merci

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Message  Jules 28/8/2011, 20:46

Excellentissime Eddy ! pouce
Je ne savais pas que l'Ig Farben était à ce point "compromise". Peut-être la confondais-je avec la firme Degesch.
Comme quoi le nazisme était une véritable pieuvre : elle gangrenait tous les domaines, les sciences et même la Justice.

Concernant Mengele, j'ai lu quelques articles sur le "bonhomme" dont un témoignage qui fait froid dans le dos. Même avec les études de Lifton, il est difficile de "comprendre" l'attitude de ces monstres.
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Message  eddy marz 28/8/2011, 21:27

Salut Jules;
Merci. Il est difficile, dans notre monde (plus ou moins) rationnel d'expliquer certains comportements. Et pourtant, ils ne furent pas des cas isolés, loin de là, comme tu le sais... La réponse doit donc obligatoirement se trouver dans la nature humaine (et non hors d'elle), et dans la tendance de certains (sans doute beaucoup plus que l'on aimerait imaginer) à adhérer sans frein moral à des idéologies totalitaires, terroristes, mystico-criminelles etc. au nom d'un hypothétique "renouveau", en ayant l'impression d'être investi d'une mission, par ambition (quelle qu'elle soit), par revanche, ou par simple esprit de lucre. Nous avions déjà abordé ce problème dans un autre post : combien de personnes, de nos jours, et dans un contexte comparable, seraient-elles prêtes à agir de façon similaire ? Oui, IG Farben et ses nombreuses branches subsidiaires furent très profondément impliqué dans cette tragédie. Jusqu'à assez récemment (années 80-90), Bayer était encore en procès avec des survivants ou des enfants de survivants.

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Message  Mithridate 28/8/2011, 22:15

Un grand merci pour cette article qui mériterait comme les autres d'être publié en meme temps dans une revue scientifique ^^

Carl Clauberg [...] Arrêté à nouveau en Allemagne de l’Ouest en 1955, il meurt d’une crise cardiaque pendant l’instruction de son procès.
Pourquoi avait t'il été arrêter a nouveau en 1955 ?
Est-il vrai que certains de ces "médecins" nazi ont collaborés après guerre avec notre armée lors de la bataille d' Alger et aussi du côté des terroristes du FLN ?

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Message  eddy marz 29/8/2011, 07:47

[quote="Mithridate"]
Carl Clauberg [...] Arrêté à nouveau en Allemagne de l’Ouest en 1955, il meurt d’une crise cardiaque pendant l’instruction de son procès.
Pourquoi avait t'il été arrêter a nouveau en 1955 ?

Bonjour Mithridate;
Tout simplement, parce que la Justice Allemande le recherchait pour les mêmes raisons. Le fait d'avoir été condamné par les Russes en tant que criminel/prisonnier de guerre n'effaçait pas sa dette envers la société allemande.
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Message  Mithridate 29/8/2011, 08:03

[quote="eddy marz"]
Mithridate a écrit:
Carl Clauberg [...] Arrêté à nouveau en Allemagne de l’Ouest en 1955, il meurt d’une crise cardiaque pendant l’instruction de son procès.
Pourquoi avait t'il été arrêter a nouveau en 1955 ?

Bonjour Mithridate;
Tout simplement, parce que la Justice Allemande le recherchait pour les mêmes raisons. Le fait d'avoir été condamné par les Russes en tant que criminel/prisonnier de guerre n'effaçait pas sa dette envers la société allemande.

A daccord il ne reconaissaient donc pas la justice russe.

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Message  Dom 29/8/2011, 11:33

Bonjour

Oui, IG Farben et ses nombreuses branches subsidiaires furent très profondément impliqué dans cette tragédie.

Après la guerre , on a démantelé le groupe , pas les sociétés qui le composait ou très peu !
Tout ça sous le contrôle des Américains qui , il ne faut pas l'oublier avait des intérêts dans le Konzern IG Farben et cela avant guerre .

Brillant exposé Eddy pouce

On peut rajouter que certains médecins n'avaient guère envies de retourner faire un tour sur le front de l'Est pour y avoir déjà
goutter précédemment.

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