Désobéissance & Insubordination dans la Waffen-SS
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Désobéissance & Insubordination dans la Waffen-SS
Bonjour à tous ;
Un regard sur la tendance à l’insubordination et à la désobéissance au sein de la Waffen-SS. J’ai, bien entendu, énormément condensé afin de proposer une vue d’ensemble car, comme vous le savez tous, le sujet de la Waffen-SS est extrêmement complexe pour des tas de raisons, et il ne s’agit pas ici de faire une thèse ; seulement de proposer quelques pistes de discussion…
Tout d’abord, qui sont les hommes de l’« Armée nationale-socialiste » ? Au cours du mois de mars 1942, le RSHA soumet à Himmler un sondage sur l’opinion publique allemande par rapport à la Waffen-SS : « Il convient de souligner que, dans l’ensemble, la Waffen-SS jouit d’une réputation de tout premier ordre. On insiste surtout sur la qualité de ses performances, l’esprit de camaraderie qui y règne et, dans le même ordre d’idée, sur les excellents rapports entre officiers et hommes de troupe ». Des conclusions édifiantes qui ne peuvent que ravir le Reichsführer-SS. Pourtant, il y a une ombre au tableau ; plusieurs même… Le rapport ajoute qu’il existe aussi des « avis plus mitigés, moins favorables »… Des « ragots » circulent, propageant la rumeur que les officiers Waffen-SS ne sont pas suffisamment formés, que les hommes de troupe sont souvent sacrifiés inutilement, que l’organisation s’est arrogée le rôle de « police » de la Wehrmacht, et qu’elle témoigne d’une grande brutalité dans toutes ses interventions… Pour résumer, le SD souligne que les allemands ressentent pour la Waffen-SS une admiration mêlée de crainte – un élément qui, aux yeux d’Himmler, ne peut que contribuer à la légende de l’Ordre Noir.
Conçue, au milieu des années 30, pour devenir une troupe d’élite dévouée à la sécurité de la Dictature, la Verfügungstruppe-SS (VT), future Waffen-SS, est d’abord formée et structurée par le Brigadeführer-SS (plus tard Gruppenführer) Paul Hausser, un transfuge de la Reichswehr choisi par Himmler, et séduit lui aussi par le concept d’élite propagé par le Reichsführer. Dès sa nomination, Hausser fonde une école militaire au château de Brunswick – la seconde école SS après Bad-Tölz (créée en octobre 1934 par le Hauptsturmführer-SS Paul Lettow). Archétype de l’officier prussien, intelligent, élégant, cultivé, Hausser est aussi un brillant instructeur. La qualité de sa prestation attire d’ailleurs vers la VT un nombre conséquent d’anciens gradés de la Reichswehr, d’anciens officiers de Polizei, et de jeunes tentés par la carrière militaire. Un des seuls à ignorer Hausser sera l’Obergruppenführer-SS Sepp Dietrich qui estime, quant à lui, n’avoir nul besoin d’instruction militaire.
Paul Hausser
Mais très vite, les méthodes classiques de Hausser sont contestées par la VT elle-même. D’autres instructeurs talentueux – et plus jeunes – comme le Sturmbannführer-SS Felix Steiner, un ancien de la Reichswehr lui aussi, se proposent de rompre avec les schémas traditionnels de combat de position, et d’instaurer une armée composée de commandos surentraînés et ultramobiles. Enthousiaste, Himmler accorde à Steiner le commandement du régiment VT-Deutschland. Steiner en profite pour mettre immédiatement ses théories en pratique : le drill traditionnel est tout simplement supprimé et, afin de transformer le soldat « en athlète, en grimpeur, en chasseur », le sport devient l’élément central de sa formation. Comme le précise Steiner aux cadres de la Wehrmacht : « La guerre totale nécessite certes des armées de masse, mais la décision appartient à des corps d’élite opérationnels de faible importance numérique, qui créent des brèches foudroyantes dans le corps de l’adversaire, le divisent, puis se retirent cédant la place à l’armée traditionnelle ».
Felix Steiner
Les compétitions sportives, qui font partie intégrante de la formation, et où les officiers et hommes de troupe s’affrontent d’égal à égal, encouragent un climat de camaraderie, et modère les différences hiérarchiques. D’ailleurs, contrairement à la Wehrmacht, les officiers VT ne sont pas recrutés en fonction de leur créneau social ou de leur niveau d’étude. Les aspirants officiers doivent, avant d’entrer dans les Junkerschulen, servir 2 ans comme simple soldat… Le privilège du rang n’existe pas à la VT. Sous l’égide de Felix Steiner et de quelques autres comme le Standartenführer-SS Fritz Klingenberg et le Brigadeführer-SS Kurt « Panzer » Meyer, les hommes sont entrainés au combat à outrance, au corps à corps, et adoptent des techniques innovantes – et révolutionnaires aux yeux de la vieille école Prussienne.
Fritz Klingenberg
Kurt Meyer
Mais ce n’est pas tout… La VT, et plus tard la Waffen-SS, devient, au fur et à mesure, de plus en plus imperméable à l’univers étouffant de l’Ordre, et plus particulièrement aux chimères romantico-Teutoniques d’Himmler… Pendant le conflit, la réalité de la guerre, l’horreur du front et l’âpreté des conditions, auront tendance à tempérer leur « millénarisme », et transformeront les légionnaires SS en simples combattants. Certes, au fil des campagnes, un nombre impressionnant d’exactions indescriptibles sont commises, et peu de divisions Waffen-SS peuvent se targuer de ne pas avoir eues en leur sein des éléments y ayant participé d’une façon ou d’une autre… Mais il convient toutefois de noter, qu’au mépris de la réalité, les procès de Nuremberg tinrent l’ensemble de la Waffen-SS pour un ramassis d’assassins fanatisés, identifiant tous les soldats, sans égard de rang, aux meutes de tueurs du RSHA et aux exterminateurs des camps et ghettos polonais. Les hauts gradés de la Wehrmacht auraient pu, lors des procès, rectifier cette fausse image. Mais, « oubliant » le soulagement pour eux qu’était de savoir la Waffen-SS à leur côté sur le champ de bataille, ils choisirent de ne pas le faire. Sans doute – et nous le savons maintenant avec certitude – n’avaient-ils rien à gagner à s’engager sur ce terrain…
1935… Malgré la création des nouvelles écoles de Bad-Tölz et Brunswick, les cadres supérieurs de la Wehrmacht n’affichent que mépris pour la Verfügungstruppe ; à leurs yeux, cette « armée SS » manque cruellement d’officiers expérimentés et d’hommes au parchemin militaire adéquat. En effet, si 49% des officiers de la Wehrmacht proviennent de familles où l’on est soldat de père en fils, la VT ne dispose que de 5% d’officiers de cette sorte. Seuls 2% des officiers de la Wehrmacht sont issus de la campagne alors que 90% des führers VT sont des paysans. On imagine aisément le dédain exprimé par cette caste militariste d’aristocrates prussiens pour ce qu’elle ne considère que de la « piétaille ». Et, de fait, la Waffen-SS ne bénéficiera jamais réellement de l’adhésion de la bourgeoisie ; elle restera une armée d’agriculteurs et d’ouvriers.
Pour remédier à cette absence de tradition militaire qui nuit incontestablement à son prestige, la VT adopte le « Culte du Führer » ; elle se considère désormais comme la seule véritable armée nationale-socialiste, celle dont la mission est de matérialiser la « vision du Führer », et n’affiche à son tour que mépris pour la Wehrmacht qu’elle estime vieux jeu et « réactionnaire ». De façon prévisible, les généraux de la Wehrmacht refusent systématiquement de considérer les soldats SS comme de véritables militaires et, secrètement soucieux d’une rivalité potentielle, font tout ce qu’ils peuvent pour freiner le développement de la VT.
Le Generaloberst Werner Von Fritsch, commandant en chef de l’armée, ouvertement hostile au nazisme et particulièrement à la SS, se plaint directement à Hitler. Et il n’est pas le seul ; d’autres suivent. Dans un premier temps, toujours manipulateur, mais surtout soucieux de ne pas froisser ses généraux avant le moment propice, le Führer refuse de conférer un statut militaire officiel à la VT : cette dernière ne saurait disposer d’artillerie, n’aura pas le droit de recruter par voie de presse et, surtout, devra se soumettre aux commissions de contrôle périodiques de la Wehrmacht – une situation humiliante et mal vécue par ces gardiens du Graal national-socialiste...
Suite...
Un regard sur la tendance à l’insubordination et à la désobéissance au sein de la Waffen-SS. J’ai, bien entendu, énormément condensé afin de proposer une vue d’ensemble car, comme vous le savez tous, le sujet de la Waffen-SS est extrêmement complexe pour des tas de raisons, et il ne s’agit pas ici de faire une thèse ; seulement de proposer quelques pistes de discussion…
Tout d’abord, qui sont les hommes de l’« Armée nationale-socialiste » ? Au cours du mois de mars 1942, le RSHA soumet à Himmler un sondage sur l’opinion publique allemande par rapport à la Waffen-SS : « Il convient de souligner que, dans l’ensemble, la Waffen-SS jouit d’une réputation de tout premier ordre. On insiste surtout sur la qualité de ses performances, l’esprit de camaraderie qui y règne et, dans le même ordre d’idée, sur les excellents rapports entre officiers et hommes de troupe ». Des conclusions édifiantes qui ne peuvent que ravir le Reichsführer-SS. Pourtant, il y a une ombre au tableau ; plusieurs même… Le rapport ajoute qu’il existe aussi des « avis plus mitigés, moins favorables »… Des « ragots » circulent, propageant la rumeur que les officiers Waffen-SS ne sont pas suffisamment formés, que les hommes de troupe sont souvent sacrifiés inutilement, que l’organisation s’est arrogée le rôle de « police » de la Wehrmacht, et qu’elle témoigne d’une grande brutalité dans toutes ses interventions… Pour résumer, le SD souligne que les allemands ressentent pour la Waffen-SS une admiration mêlée de crainte – un élément qui, aux yeux d’Himmler, ne peut que contribuer à la légende de l’Ordre Noir.
Conçue, au milieu des années 30, pour devenir une troupe d’élite dévouée à la sécurité de la Dictature, la Verfügungstruppe-SS (VT), future Waffen-SS, est d’abord formée et structurée par le Brigadeführer-SS (plus tard Gruppenführer) Paul Hausser, un transfuge de la Reichswehr choisi par Himmler, et séduit lui aussi par le concept d’élite propagé par le Reichsführer. Dès sa nomination, Hausser fonde une école militaire au château de Brunswick – la seconde école SS après Bad-Tölz (créée en octobre 1934 par le Hauptsturmführer-SS Paul Lettow). Archétype de l’officier prussien, intelligent, élégant, cultivé, Hausser est aussi un brillant instructeur. La qualité de sa prestation attire d’ailleurs vers la VT un nombre conséquent d’anciens gradés de la Reichswehr, d’anciens officiers de Polizei, et de jeunes tentés par la carrière militaire. Un des seuls à ignorer Hausser sera l’Obergruppenführer-SS Sepp Dietrich qui estime, quant à lui, n’avoir nul besoin d’instruction militaire.
Paul Hausser
Mais très vite, les méthodes classiques de Hausser sont contestées par la VT elle-même. D’autres instructeurs talentueux – et plus jeunes – comme le Sturmbannführer-SS Felix Steiner, un ancien de la Reichswehr lui aussi, se proposent de rompre avec les schémas traditionnels de combat de position, et d’instaurer une armée composée de commandos surentraînés et ultramobiles. Enthousiaste, Himmler accorde à Steiner le commandement du régiment VT-Deutschland. Steiner en profite pour mettre immédiatement ses théories en pratique : le drill traditionnel est tout simplement supprimé et, afin de transformer le soldat « en athlète, en grimpeur, en chasseur », le sport devient l’élément central de sa formation. Comme le précise Steiner aux cadres de la Wehrmacht : « La guerre totale nécessite certes des armées de masse, mais la décision appartient à des corps d’élite opérationnels de faible importance numérique, qui créent des brèches foudroyantes dans le corps de l’adversaire, le divisent, puis se retirent cédant la place à l’armée traditionnelle ».
Felix Steiner
Les compétitions sportives, qui font partie intégrante de la formation, et où les officiers et hommes de troupe s’affrontent d’égal à égal, encouragent un climat de camaraderie, et modère les différences hiérarchiques. D’ailleurs, contrairement à la Wehrmacht, les officiers VT ne sont pas recrutés en fonction de leur créneau social ou de leur niveau d’étude. Les aspirants officiers doivent, avant d’entrer dans les Junkerschulen, servir 2 ans comme simple soldat… Le privilège du rang n’existe pas à la VT. Sous l’égide de Felix Steiner et de quelques autres comme le Standartenführer-SS Fritz Klingenberg et le Brigadeführer-SS Kurt « Panzer » Meyer, les hommes sont entrainés au combat à outrance, au corps à corps, et adoptent des techniques innovantes – et révolutionnaires aux yeux de la vieille école Prussienne.
Fritz Klingenberg
Kurt Meyer
Mais ce n’est pas tout… La VT, et plus tard la Waffen-SS, devient, au fur et à mesure, de plus en plus imperméable à l’univers étouffant de l’Ordre, et plus particulièrement aux chimères romantico-Teutoniques d’Himmler… Pendant le conflit, la réalité de la guerre, l’horreur du front et l’âpreté des conditions, auront tendance à tempérer leur « millénarisme », et transformeront les légionnaires SS en simples combattants. Certes, au fil des campagnes, un nombre impressionnant d’exactions indescriptibles sont commises, et peu de divisions Waffen-SS peuvent se targuer de ne pas avoir eues en leur sein des éléments y ayant participé d’une façon ou d’une autre… Mais il convient toutefois de noter, qu’au mépris de la réalité, les procès de Nuremberg tinrent l’ensemble de la Waffen-SS pour un ramassis d’assassins fanatisés, identifiant tous les soldats, sans égard de rang, aux meutes de tueurs du RSHA et aux exterminateurs des camps et ghettos polonais. Les hauts gradés de la Wehrmacht auraient pu, lors des procès, rectifier cette fausse image. Mais, « oubliant » le soulagement pour eux qu’était de savoir la Waffen-SS à leur côté sur le champ de bataille, ils choisirent de ne pas le faire. Sans doute – et nous le savons maintenant avec certitude – n’avaient-ils rien à gagner à s’engager sur ce terrain…
1935… Malgré la création des nouvelles écoles de Bad-Tölz et Brunswick, les cadres supérieurs de la Wehrmacht n’affichent que mépris pour la Verfügungstruppe ; à leurs yeux, cette « armée SS » manque cruellement d’officiers expérimentés et d’hommes au parchemin militaire adéquat. En effet, si 49% des officiers de la Wehrmacht proviennent de familles où l’on est soldat de père en fils, la VT ne dispose que de 5% d’officiers de cette sorte. Seuls 2% des officiers de la Wehrmacht sont issus de la campagne alors que 90% des führers VT sont des paysans. On imagine aisément le dédain exprimé par cette caste militariste d’aristocrates prussiens pour ce qu’elle ne considère que de la « piétaille ». Et, de fait, la Waffen-SS ne bénéficiera jamais réellement de l’adhésion de la bourgeoisie ; elle restera une armée d’agriculteurs et d’ouvriers.
Pour remédier à cette absence de tradition militaire qui nuit incontestablement à son prestige, la VT adopte le « Culte du Führer » ; elle se considère désormais comme la seule véritable armée nationale-socialiste, celle dont la mission est de matérialiser la « vision du Führer », et n’affiche à son tour que mépris pour la Wehrmacht qu’elle estime vieux jeu et « réactionnaire ». De façon prévisible, les généraux de la Wehrmacht refusent systématiquement de considérer les soldats SS comme de véritables militaires et, secrètement soucieux d’une rivalité potentielle, font tout ce qu’ils peuvent pour freiner le développement de la VT.
Le Generaloberst Werner Von Fritsch, commandant en chef de l’armée, ouvertement hostile au nazisme et particulièrement à la SS, se plaint directement à Hitler. Et il n’est pas le seul ; d’autres suivent. Dans un premier temps, toujours manipulateur, mais surtout soucieux de ne pas froisser ses généraux avant le moment propice, le Führer refuse de conférer un statut militaire officiel à la VT : cette dernière ne saurait disposer d’artillerie, n’aura pas le droit de recruter par voie de presse et, surtout, devra se soumettre aux commissions de contrôle périodiques de la Wehrmacht – une situation humiliante et mal vécue par ces gardiens du Graal national-socialiste...
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Dernière édition par eddy marz le 4/12/2011, 18:21, édité 2 fois
eddy marz- Membre légendaire
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Re: Désobéissance & Insubordination dans la Waffen-SS
Suite :
C’est en 1938 qu’une crise grave dans les cercles les plus élevés de la Wehrmacht, que la VT va pouvoir enfin prendre son envol. Au mois de février, Von Fritsch et le maréchal Von Blomberg sont forcés de quitter la scène suite à deux scandales d’ordre sexuel montés de toute pièce par Göring et Hitler. Sautant sur l’occasion, le Führer s’autoproclame commandant suprême de la Wehrmacht. Le 17 août, un arrêté de la Chancellerie consacre officiellement la Verfügungstruppe.
De gauche à droite : Von Rundstedt, Von Fritsch, et Von Blomberg
Transporté, le Brigadeführer-SS Leo Petri, de la direction générale SS, exulte : « La Wehrmacht a compris qu’il ne sert à rien de vouloir résister aux forces nouvelles qu’exige le IIIe Reich ! ». Mais déjà, rien ne va plus. Les chefs VT se méfient de l’arrêté du Führer dont certains alinéas bousculent leur sensibilité : « La Verfügungstruppe-SS ne fait partie ni de la Wehrmacht ni de la Police. C’est une formation armée à mon entière disposition. En tant que telle et en tant que groupement NSDAP, elle est soumise entièrement aux directives données par moi au Parti et à la Schutzstaffel ». Pour les militaires de carrière de la VT, les déclarations exubérantes de Leo Petri, et ses visions idéales de « l’armée du Parti », sont parfaitement ridicules et nauséabondes ; pour eux, rien n’est plus grotesque que les conceptions néo-païennes d’Heinrich Himmler qui se plaît à considérer la troupe SS comme un « maillon parmi d’autres dans la chaine d’acier » d’une entité parfaite chargée de la sécurité du Reich Millénaire – rien de tout cela ne convainc ces hommes aguerris et terre-à-terre ; ils sont soldats, et n’ont qu’une ambition : le rester.
Leo Petri
Les chefs VT s’emploient donc à tout tenter pour se dégager de l’emprise du haut commandement de l’Armée. Le 23 janvier 1939, Paul Hausser se plaint ouvertement : « La Verfügungstruppe-SS est la seule formation de la SS qui soit soumise, en dehors de l’autorité qu’exerce sur elle le Reichsführer, aux décisions d’une autorité étrangère à la SS, à savoir l’OBH (Oberbefehlshaber des Heeres) ». C’est la naissance d’un fossé qui, au fil des ans, va se creuser de plus en plus entre les cadres de la Waffen-SS et le Reichsführer…
Déjà, en 1937, au grand dam d’Himmler et contre sa volonté, la VT avait opté pour un uniforme feldgrau similaire à la Wehrmacht, et voici maintenant que ses officiers envisagent de supprimer les grades SS et introduire ceux en usage dans l’armée régulière. C’en est trop ! Furieux, le Reichsführer oppose son veto par l’entremise du Hauptamt Dienststelle en la personne du Gruppenführer-SS Heyssmeyer : « La VT ne connaît ni bataillons ni compagnies, mais uniquement des Stürme et des Sturmbanne. Les chefs VT ne sont pas des chefs de bataillons ou de compagnies, mais des Sturmführer et des Sturmbannführer ».
Dans tous ses états, Himmler se rend parfaitement compte que les officiers VT tentent de se distancier de lui ; il sait très bien aussi qu’ils rechignent de plus en plus à accomplir les « tâches policières » décidées par le régime, et qu’ils les considèrent dégradantes. Pour coiffer le tout, le Reichsführer n’arrive même plus à imposer la formation qu’il souhaite pour ces hommes (servir préalablement dans d’autres formations SS afin d’êtres « imprégnés » de leur appartenance à l’Ordre Noir), ni à imposer la présence d’instructeurs idéologiques issus du SS-Schulungsamt. Impuissant, il doit, à contre cœur, se résoudre à laisser le conditionnement mental de ses légionnaires aux mains des officiers supérieurs VT, or c’est là que le bas blesse :
La VT est partagée entre deux pôles opposés. D’une part des officiers de formation rigoureusement militaire ayant choisi de s’éloigner de l’idéologie du NSDAP et, d’autre part, des führers VT plus jeunes, totalement imprégnés du climat et de la pensée nazie dans lesquelles ils ont grandi. Ce sont ces derniers – investis du sentiment d’êtres les « gardiens de l’orthodoxie nationale-socialiste » – qui vont, du moins au début, dispenser un enseignement destiné à transformer l’engagé de base en nazi fanatique, aveugle, ne mettant jamais un ordre en doute. Cette formation est accompagnée d’une puissante propagande antichrétienne : Début 1939, 53,6% des hommes de la VT ne fréquentent plus leurs églises, dépassés seulement par les hommes des Totenkopfverbände où la baisse de fréquentation s’élève à environ 69%. Mais, si beaucoup ont cru y voir une volonté de renouer avec le germanisme païen idéalisé par Himmler, ils font fausse route… En abandonnant le Christianisme, la VT renonce à toute forme d’attachement religieux – devenant une sorte de bastion de « l’athéisme national-socialiste ».
La 2e Guerre Mondiale met un terme au rôle para-policier de la VT ; elle est maintenant propulsée au cœur de l’action, sur le champ des opérations aux côtés de la Wehrmacht. Un décret du 18 mai 1939 autorise Himmler à rassembler 50.000 hommes de l’Allgemeine-SS en qualité de renfort aux formations Totenkopf. Mais, le 19 août 1939, l’OKW transmet à l’inspection VT un ordre du KdF précisant que la Verfügungstruppe-SS est assujettie aux ordres du Haut Commandement des Armées.
C’est lors de la campagne de Pologne que la VT, forte de seulement 18.000 hommes, va s’illustrer pour la première fois, essentiellement grâce aux opérations menées par les troupes d’élite de Steiner. Mais ce n’est pas suffisamment concluant : les fantassins VT sont, de façon générale, peu aptes au combat, quant aux officiers, ils trahissent de graves lacunes au niveau de la complexité du commandement au sein d’une armée. Tout cela va, bien entendu, dans le sens souhaité par les vieux militaires prussiens, qui veulent à tout prix empêcher la VT d’obtenir l’autorisation de former une division. C’est finalement le Brigadeführer-SS Gottlob Berger (futur « protecteur » d’Oskar Dirlewanger) qui va briser l’emprise de la Wehrmacht sur la VT…
Gottlob Berger
Malgré l’avis de hauts gradés Waffen-SS comme Felix Steiner : « Berger ? Il n’a jamais eu rien à voir avec la Waffen-SS ! », ou de l’Obergruppenführer-SS Bittrich : « Berger ? Un mouchard ! », Gottlob Berger doit néanmoins être considéré comme le véritable « père » de la Waffen-SS. C’est un soldat compétant, engagé volontaire pendant la 1e Guerre Mondiale… pourtant, jamais les hommes de la VT ne le considèreront comme l’un deux ; ils méprisent ses bavardages et le haïssent pour son rôle de « souffleur » du Reichsführer-SS… Quoi qu’il en soit, Hitler autorise finalement le transfert des formations Totenkopf et des unités de l’Ordnungspolizei à la VT ; la Waffen-SS est née. En 1941, Himmler et Berger disposent de quatre divisions et d’une brigade…
Il reste encore un problème qui nuit non seulement à l’indépendance souhaitée par la Waffen-SS, mais aussi à son expansion : le recrutement de citoyens allemands est soumis à l’approbation du service de recrutement de l’OKW… Un obstacle qu’il s’agit maintenant de contourner. Pour cela, il convient de trouver des volontaires sur un territoire où l’OKW n’a aucune juridiction ; et ce territoire est tout trouvé : au-delà des frontières du Reich, vers le sud-est européen, où vivent environ 1,5 million de Volksdeutschen… Bientôt, avec ou sans l’accord des gouvernements concernés, des milliers d’individus sont abordés par les agents recruteurs de Berger. Cet aspect de volontariat ne durera qu’un temps ; plus tard la force et le chantage interviendront chaque fois que cela s’avèrera nécessaire. En 1943, les Volksdeutschen forment un quart des troupes d’une Waffen-SS forte de 540.000 hommes, mais s’avèrent des recrues de seconde catégorie ; à la fin de la guerre, ils seront 310.000 des quatre coins de l’Europe. Puis arrivent les Hollandais, les Belges, les Norvégiens – car il s’agit de ne pas rater l’avènement de l’Ordre Nouveau ; la mort de la « démocratie bourgeoise ». Paradoxalement, Himmler et Berger décident de passer outre les critères raciaux, fondements du nazisme, et de la SS en particulier ; plus rien ne freine leur ambition. Avec le temps, et au fur et à mesure des conquêtes, des Russes, des Ukrainiens, des Baltes, et même des Musulmans, rejoignent les rangs de la Waffen-SS.
Ces nouvelles recrues – aux mentalités on ne peut plus éloignées de la mentalité allemande – font bientôt parler d’elles, s’illustrant par d’innombrables massacres et exactions en tout genre… La politique consistant, par exemple, à incorporer des Musulmans Croates et Serbes dans les divisions Handschar, Kama, et Skanderberg pour combattre les Serbes Chrétiens (qui rejoindront Tito) est un désastre total. D’ailleurs, la Wehrmacht ne cesse de se plaindre en haut lieu d’avoir à ses côtés des sauvages, dérogeant constamment aux règles morales, violant, pillant, et massacrant indifféremment ennemis, prisonniers, et civils ; même Himmler et Berger sont contraints de l’admettre. Les trois divisions sont dissoutes. Bien entendu, il n’y a pas que la Waffen-SS à user de telles méthodes ; les directives officielles soviétiques précisent que l’Armée Rouge n’a pas à faire de prisonniers, et que ces directives concernent autant la Wehrmacht que la Waffen-SS. Et que dire des collaborateurs ultranationalistes, anticommunistes, et antisémites des pays conquis ? Quoi qu’il en soit, au fur et à mesure que la guerre se poursuit, les crimes monstrueux de la Waffen-SS ne font que se multiplier, en Serbie, en Grèce, en France, en Italie, en Pologne, en Ukraine, en Biélorussie, en Lettonie, dans mille lieux oubliés de l’Histoire… En acceptant de plus en plus d’hommes aux motivations diverses, originaires de tous les horizons (souvent les plus obscurs), peu ou pas entraînés et se battant du jour au lendemain aux côtés de soldats formés, la Waffen-SS provoque elle-même la dégradation de la mentalité de ses troupes déjà prédisposées au combat sans merci… Engagés souvent sous la contrainte, ces soudards n’ont pas la « foi » de leurs ainés allemands, ni leur sens de la discipline, ni même leur bravoure au combat. Pourtant, inlassablement, l’Armée NSDAP continue son expansion ; d’ici la fin de la guerre, elle comptera 910.000 hommes n’éprouvant que mépris pour la Wehrmacht…
Dès 1943, de nombreux volontaires demandent leur démobilisation ; les régiments Flamands, Norvégiens, et Hollandais, s’opposent de plus en plus aux méthodes d’instruction. Ému, Himmler reproche à ses officiers de « manquer de doigté » envers les « Germains étrangers ». La Guerre avance ; l’étau se resserre… Pour les généraux Waffen-SS, le rêve millénaire pour lequel ils livrent bataille se dissout autour d’eux. Le lien idéologique qui relie la Waffen-SS à l’Allgemeine-SS et à l’Ordre Noir s’effrite pour disparaître complètement. Voici maintenant qu’ils doutent de l’infaillibilité d’Adolf Hitler ; qu’ils doutent de la victoire. Inexorablement, la Waffen-SS se met à ressembler de plus en plus à un Corps Francs, ne se battant plus que pour ses propres couleurs sous le commandement d’officiers qui ne croient plus dans les valeurs de leur propre pays. Pour eux, la « patrie » c’est désormais la troupe : les combats livrés ensemble, le souvenir des morts – le lien qui unit tous ceux qui ont subit ensemble une épreuve terrible…
Février 1943, pour sauver ses hommes et permettre une contre-offensive, Paul Hausser ordonne le retrait des troupes massées à Kharkov, désobéissant ouvertement aux ordres d’Hitler. Le Führer grince des dents, mais aucune sanction n’est prise. Le Reichsführer, qui depuis 1942 a pris conscience du danger d’une éventuelle autonomie totale de la Waffen-SS au sein de la guerre, se voit maintenant de plus en plus souvent confronté à des épisodes de désobéissance flagrante :
- Les chefs Waffen-SS affichent une attitude « très réservée » vis-à-vis des autres formations SS, et ne collaborent que difficilement avec elles.
- Himmler doit continuer à se battre pour empêcher les grades SS d’être abandonnés pour les grades traditionnels.
- Les officiers Waffen-SS commencent à mettre leurs troupes à la disposition de la Wehrmacht malgré l’interdiction formelle d’Himmler.
- Himmler est obligé d’accepter que les chefs Waffen-SS de haut rang usent, parallèlement à leurs grades SS, des signes distinctifs d’usage dans la Wehrmacht.
La liste est longue… Anecdotique parfois : Himmler est constamment obligé de prier Felix Steiner de cesser de signer ses lettres « Général Steiner ». Bon prince, le Reichsführer cède sur les petits détails ; mais sûrement pas en matière d’idéologie : l’idée nationale-socialiste. Mais rien n’intéresse moins les hommes de la Waffen-SS. Dans plusieurs unités, les « cours idéologiques » d’Himmler sont tout simplement supprimés. Dans d’autres, les instructeurs idéologiques se font huer. Un informateur secret du Reichsführung-SS rapporte : « C’est à gerber ! On n’arrête pas de nous casser les oreilles avec l’esprit SS. L’esprit SS ? Qu’est-ce que c’est ?! ». Quels ingrats ! Oser abonder dans le sens de la Wehrmacht plutôt que dans celui de la SS ! Himmler s’en prend violemment à l’Obergruppenführer-SS Höfle (à ne pas confondre avec le Standartenführer-SS Höfle d’Aktion Reinhard), outré par sa collaboration ouverte avec la Wehrmacht : « Que cette lettre vous soit un avertissement ! Le dernier ! Vous êtes un subordonné aussi désobéissant qu’inapte à l’exécution des ordres. […] Vous voudrez bien me faire savoir par retour de courrier si oui ou non vous allez vous conformer à mes ordres plutôt qu’aux suggestions de votre état-major ! ». À son tour, l’Obergruppenführer-SS Wilhelm Bittrich se permet de faire des observations critiques. Il est immédiatement cassé par Himmler. Malgré cela, Bittrich – appuyé par le général Model (Armées Ouest) – ignore la sanction et reste en poste.
Himmler apprend ensuite que son Obergruppenführer-SS favori, Felix Steiner, l’aurait traité de « romantique vaseux » et, plus sérieusement, aurait ouvertement attaqué la propagande nazie consistant à définir le Slave comme untermensch… Le Reichsführer pique d’abord une crise d’hystérie : « Vous êtes mon général le plus désobéissant ! » ; puis tente tout pour se rabibocher avec lui : lui envoie des émissaires pour l’inciter à la discipline, en appelle à ses devoirs, à la reconnaissance, le flatte… En vain. Au sein de la troupe, le « Heil Hitler ! » traditionnel n’est plus vraiment d’actualité ; on ne dit plus guère que « Heil » maintenant.
En Juin 1943, dans un restaurant de Berlin, Felix Steiner déjeune avec un vieil ami, Fritz Dietlof, Comte Von Schulenburg. Ce dernier murmure à son ami : « Il faudra qu’on liquide Hitler, sinon il va réduire l’Allemagne à néant ». Déjà la Waffen-SS, gardienne du régime, n’existe plus… Un an plus tard, ce sera l’attentat du 20 juillet 1944 – et la mort annoncée du Reich Millénaire.
Merci de votre attention
Eddy
SOURCES :
- Reitlinger, Gerald. The SS, Alibi of a Nation 1922-1945 Arms & Armour Press, London, 1981
- Höhne, Heinz. L’Ordre Noir ; Histoire de la SS – Casterman, 1968
- Lumsden, Robin. The Black Corps – Ian Allan Publishing. Shepperton, 1992
- Quarrie, Bruce. Hitler’s Samurai ; the Waffen-SS in action – Patrick Stevens Ltd/Thorsons, 1986
- Rhodes, Richard. Masters of Death : The SS Einsatzgruppen and the Invention of the Holocaust – Vintage Books, USA (ré-édition août 2003)
- Padfield, Peter. Himmler ; Reichsführer SS – Papermac, 1995
C’est en 1938 qu’une crise grave dans les cercles les plus élevés de la Wehrmacht, que la VT va pouvoir enfin prendre son envol. Au mois de février, Von Fritsch et le maréchal Von Blomberg sont forcés de quitter la scène suite à deux scandales d’ordre sexuel montés de toute pièce par Göring et Hitler. Sautant sur l’occasion, le Führer s’autoproclame commandant suprême de la Wehrmacht. Le 17 août, un arrêté de la Chancellerie consacre officiellement la Verfügungstruppe.
De gauche à droite : Von Rundstedt, Von Fritsch, et Von Blomberg
Transporté, le Brigadeführer-SS Leo Petri, de la direction générale SS, exulte : « La Wehrmacht a compris qu’il ne sert à rien de vouloir résister aux forces nouvelles qu’exige le IIIe Reich ! ». Mais déjà, rien ne va plus. Les chefs VT se méfient de l’arrêté du Führer dont certains alinéas bousculent leur sensibilité : « La Verfügungstruppe-SS ne fait partie ni de la Wehrmacht ni de la Police. C’est une formation armée à mon entière disposition. En tant que telle et en tant que groupement NSDAP, elle est soumise entièrement aux directives données par moi au Parti et à la Schutzstaffel ». Pour les militaires de carrière de la VT, les déclarations exubérantes de Leo Petri, et ses visions idéales de « l’armée du Parti », sont parfaitement ridicules et nauséabondes ; pour eux, rien n’est plus grotesque que les conceptions néo-païennes d’Heinrich Himmler qui se plaît à considérer la troupe SS comme un « maillon parmi d’autres dans la chaine d’acier » d’une entité parfaite chargée de la sécurité du Reich Millénaire – rien de tout cela ne convainc ces hommes aguerris et terre-à-terre ; ils sont soldats, et n’ont qu’une ambition : le rester.
Leo Petri
Les chefs VT s’emploient donc à tout tenter pour se dégager de l’emprise du haut commandement de l’Armée. Le 23 janvier 1939, Paul Hausser se plaint ouvertement : « La Verfügungstruppe-SS est la seule formation de la SS qui soit soumise, en dehors de l’autorité qu’exerce sur elle le Reichsführer, aux décisions d’une autorité étrangère à la SS, à savoir l’OBH (Oberbefehlshaber des Heeres) ». C’est la naissance d’un fossé qui, au fil des ans, va se creuser de plus en plus entre les cadres de la Waffen-SS et le Reichsführer…
Déjà, en 1937, au grand dam d’Himmler et contre sa volonté, la VT avait opté pour un uniforme feldgrau similaire à la Wehrmacht, et voici maintenant que ses officiers envisagent de supprimer les grades SS et introduire ceux en usage dans l’armée régulière. C’en est trop ! Furieux, le Reichsführer oppose son veto par l’entremise du Hauptamt Dienststelle en la personne du Gruppenführer-SS Heyssmeyer : « La VT ne connaît ni bataillons ni compagnies, mais uniquement des Stürme et des Sturmbanne. Les chefs VT ne sont pas des chefs de bataillons ou de compagnies, mais des Sturmführer et des Sturmbannführer ».
Dans tous ses états, Himmler se rend parfaitement compte que les officiers VT tentent de se distancier de lui ; il sait très bien aussi qu’ils rechignent de plus en plus à accomplir les « tâches policières » décidées par le régime, et qu’ils les considèrent dégradantes. Pour coiffer le tout, le Reichsführer n’arrive même plus à imposer la formation qu’il souhaite pour ces hommes (servir préalablement dans d’autres formations SS afin d’êtres « imprégnés » de leur appartenance à l’Ordre Noir), ni à imposer la présence d’instructeurs idéologiques issus du SS-Schulungsamt. Impuissant, il doit, à contre cœur, se résoudre à laisser le conditionnement mental de ses légionnaires aux mains des officiers supérieurs VT, or c’est là que le bas blesse :
La VT est partagée entre deux pôles opposés. D’une part des officiers de formation rigoureusement militaire ayant choisi de s’éloigner de l’idéologie du NSDAP et, d’autre part, des führers VT plus jeunes, totalement imprégnés du climat et de la pensée nazie dans lesquelles ils ont grandi. Ce sont ces derniers – investis du sentiment d’êtres les « gardiens de l’orthodoxie nationale-socialiste » – qui vont, du moins au début, dispenser un enseignement destiné à transformer l’engagé de base en nazi fanatique, aveugle, ne mettant jamais un ordre en doute. Cette formation est accompagnée d’une puissante propagande antichrétienne : Début 1939, 53,6% des hommes de la VT ne fréquentent plus leurs églises, dépassés seulement par les hommes des Totenkopfverbände où la baisse de fréquentation s’élève à environ 69%. Mais, si beaucoup ont cru y voir une volonté de renouer avec le germanisme païen idéalisé par Himmler, ils font fausse route… En abandonnant le Christianisme, la VT renonce à toute forme d’attachement religieux – devenant une sorte de bastion de « l’athéisme national-socialiste ».
La 2e Guerre Mondiale met un terme au rôle para-policier de la VT ; elle est maintenant propulsée au cœur de l’action, sur le champ des opérations aux côtés de la Wehrmacht. Un décret du 18 mai 1939 autorise Himmler à rassembler 50.000 hommes de l’Allgemeine-SS en qualité de renfort aux formations Totenkopf. Mais, le 19 août 1939, l’OKW transmet à l’inspection VT un ordre du KdF précisant que la Verfügungstruppe-SS est assujettie aux ordres du Haut Commandement des Armées.
C’est lors de la campagne de Pologne que la VT, forte de seulement 18.000 hommes, va s’illustrer pour la première fois, essentiellement grâce aux opérations menées par les troupes d’élite de Steiner. Mais ce n’est pas suffisamment concluant : les fantassins VT sont, de façon générale, peu aptes au combat, quant aux officiers, ils trahissent de graves lacunes au niveau de la complexité du commandement au sein d’une armée. Tout cela va, bien entendu, dans le sens souhaité par les vieux militaires prussiens, qui veulent à tout prix empêcher la VT d’obtenir l’autorisation de former une division. C’est finalement le Brigadeführer-SS Gottlob Berger (futur « protecteur » d’Oskar Dirlewanger) qui va briser l’emprise de la Wehrmacht sur la VT…
Gottlob Berger
Malgré l’avis de hauts gradés Waffen-SS comme Felix Steiner : « Berger ? Il n’a jamais eu rien à voir avec la Waffen-SS ! », ou de l’Obergruppenführer-SS Bittrich : « Berger ? Un mouchard ! », Gottlob Berger doit néanmoins être considéré comme le véritable « père » de la Waffen-SS. C’est un soldat compétant, engagé volontaire pendant la 1e Guerre Mondiale… pourtant, jamais les hommes de la VT ne le considèreront comme l’un deux ; ils méprisent ses bavardages et le haïssent pour son rôle de « souffleur » du Reichsführer-SS… Quoi qu’il en soit, Hitler autorise finalement le transfert des formations Totenkopf et des unités de l’Ordnungspolizei à la VT ; la Waffen-SS est née. En 1941, Himmler et Berger disposent de quatre divisions et d’une brigade…
Il reste encore un problème qui nuit non seulement à l’indépendance souhaitée par la Waffen-SS, mais aussi à son expansion : le recrutement de citoyens allemands est soumis à l’approbation du service de recrutement de l’OKW… Un obstacle qu’il s’agit maintenant de contourner. Pour cela, il convient de trouver des volontaires sur un territoire où l’OKW n’a aucune juridiction ; et ce territoire est tout trouvé : au-delà des frontières du Reich, vers le sud-est européen, où vivent environ 1,5 million de Volksdeutschen… Bientôt, avec ou sans l’accord des gouvernements concernés, des milliers d’individus sont abordés par les agents recruteurs de Berger. Cet aspect de volontariat ne durera qu’un temps ; plus tard la force et le chantage interviendront chaque fois que cela s’avèrera nécessaire. En 1943, les Volksdeutschen forment un quart des troupes d’une Waffen-SS forte de 540.000 hommes, mais s’avèrent des recrues de seconde catégorie ; à la fin de la guerre, ils seront 310.000 des quatre coins de l’Europe. Puis arrivent les Hollandais, les Belges, les Norvégiens – car il s’agit de ne pas rater l’avènement de l’Ordre Nouveau ; la mort de la « démocratie bourgeoise ». Paradoxalement, Himmler et Berger décident de passer outre les critères raciaux, fondements du nazisme, et de la SS en particulier ; plus rien ne freine leur ambition. Avec le temps, et au fur et à mesure des conquêtes, des Russes, des Ukrainiens, des Baltes, et même des Musulmans, rejoignent les rangs de la Waffen-SS.
Ces nouvelles recrues – aux mentalités on ne peut plus éloignées de la mentalité allemande – font bientôt parler d’elles, s’illustrant par d’innombrables massacres et exactions en tout genre… La politique consistant, par exemple, à incorporer des Musulmans Croates et Serbes dans les divisions Handschar, Kama, et Skanderberg pour combattre les Serbes Chrétiens (qui rejoindront Tito) est un désastre total. D’ailleurs, la Wehrmacht ne cesse de se plaindre en haut lieu d’avoir à ses côtés des sauvages, dérogeant constamment aux règles morales, violant, pillant, et massacrant indifféremment ennemis, prisonniers, et civils ; même Himmler et Berger sont contraints de l’admettre. Les trois divisions sont dissoutes. Bien entendu, il n’y a pas que la Waffen-SS à user de telles méthodes ; les directives officielles soviétiques précisent que l’Armée Rouge n’a pas à faire de prisonniers, et que ces directives concernent autant la Wehrmacht que la Waffen-SS. Et que dire des collaborateurs ultranationalistes, anticommunistes, et antisémites des pays conquis ? Quoi qu’il en soit, au fur et à mesure que la guerre se poursuit, les crimes monstrueux de la Waffen-SS ne font que se multiplier, en Serbie, en Grèce, en France, en Italie, en Pologne, en Ukraine, en Biélorussie, en Lettonie, dans mille lieux oubliés de l’Histoire… En acceptant de plus en plus d’hommes aux motivations diverses, originaires de tous les horizons (souvent les plus obscurs), peu ou pas entraînés et se battant du jour au lendemain aux côtés de soldats formés, la Waffen-SS provoque elle-même la dégradation de la mentalité de ses troupes déjà prédisposées au combat sans merci… Engagés souvent sous la contrainte, ces soudards n’ont pas la « foi » de leurs ainés allemands, ni leur sens de la discipline, ni même leur bravoure au combat. Pourtant, inlassablement, l’Armée NSDAP continue son expansion ; d’ici la fin de la guerre, elle comptera 910.000 hommes n’éprouvant que mépris pour la Wehrmacht…
Dès 1943, de nombreux volontaires demandent leur démobilisation ; les régiments Flamands, Norvégiens, et Hollandais, s’opposent de plus en plus aux méthodes d’instruction. Ému, Himmler reproche à ses officiers de « manquer de doigté » envers les « Germains étrangers ». La Guerre avance ; l’étau se resserre… Pour les généraux Waffen-SS, le rêve millénaire pour lequel ils livrent bataille se dissout autour d’eux. Le lien idéologique qui relie la Waffen-SS à l’Allgemeine-SS et à l’Ordre Noir s’effrite pour disparaître complètement. Voici maintenant qu’ils doutent de l’infaillibilité d’Adolf Hitler ; qu’ils doutent de la victoire. Inexorablement, la Waffen-SS se met à ressembler de plus en plus à un Corps Francs, ne se battant plus que pour ses propres couleurs sous le commandement d’officiers qui ne croient plus dans les valeurs de leur propre pays. Pour eux, la « patrie » c’est désormais la troupe : les combats livrés ensemble, le souvenir des morts – le lien qui unit tous ceux qui ont subit ensemble une épreuve terrible…
Février 1943, pour sauver ses hommes et permettre une contre-offensive, Paul Hausser ordonne le retrait des troupes massées à Kharkov, désobéissant ouvertement aux ordres d’Hitler. Le Führer grince des dents, mais aucune sanction n’est prise. Le Reichsführer, qui depuis 1942 a pris conscience du danger d’une éventuelle autonomie totale de la Waffen-SS au sein de la guerre, se voit maintenant de plus en plus souvent confronté à des épisodes de désobéissance flagrante :
- Les chefs Waffen-SS affichent une attitude « très réservée » vis-à-vis des autres formations SS, et ne collaborent que difficilement avec elles.
- Himmler doit continuer à se battre pour empêcher les grades SS d’être abandonnés pour les grades traditionnels.
- Les officiers Waffen-SS commencent à mettre leurs troupes à la disposition de la Wehrmacht malgré l’interdiction formelle d’Himmler.
- Himmler est obligé d’accepter que les chefs Waffen-SS de haut rang usent, parallèlement à leurs grades SS, des signes distinctifs d’usage dans la Wehrmacht.
La liste est longue… Anecdotique parfois : Himmler est constamment obligé de prier Felix Steiner de cesser de signer ses lettres « Général Steiner ». Bon prince, le Reichsführer cède sur les petits détails ; mais sûrement pas en matière d’idéologie : l’idée nationale-socialiste. Mais rien n’intéresse moins les hommes de la Waffen-SS. Dans plusieurs unités, les « cours idéologiques » d’Himmler sont tout simplement supprimés. Dans d’autres, les instructeurs idéologiques se font huer. Un informateur secret du Reichsführung-SS rapporte : « C’est à gerber ! On n’arrête pas de nous casser les oreilles avec l’esprit SS. L’esprit SS ? Qu’est-ce que c’est ?! ». Quels ingrats ! Oser abonder dans le sens de la Wehrmacht plutôt que dans celui de la SS ! Himmler s’en prend violemment à l’Obergruppenführer-SS Höfle (à ne pas confondre avec le Standartenführer-SS Höfle d’Aktion Reinhard), outré par sa collaboration ouverte avec la Wehrmacht : « Que cette lettre vous soit un avertissement ! Le dernier ! Vous êtes un subordonné aussi désobéissant qu’inapte à l’exécution des ordres. […] Vous voudrez bien me faire savoir par retour de courrier si oui ou non vous allez vous conformer à mes ordres plutôt qu’aux suggestions de votre état-major ! ». À son tour, l’Obergruppenführer-SS Wilhelm Bittrich se permet de faire des observations critiques. Il est immédiatement cassé par Himmler. Malgré cela, Bittrich – appuyé par le général Model (Armées Ouest) – ignore la sanction et reste en poste.
Himmler apprend ensuite que son Obergruppenführer-SS favori, Felix Steiner, l’aurait traité de « romantique vaseux » et, plus sérieusement, aurait ouvertement attaqué la propagande nazie consistant à définir le Slave comme untermensch… Le Reichsführer pique d’abord une crise d’hystérie : « Vous êtes mon général le plus désobéissant ! » ; puis tente tout pour se rabibocher avec lui : lui envoie des émissaires pour l’inciter à la discipline, en appelle à ses devoirs, à la reconnaissance, le flatte… En vain. Au sein de la troupe, le « Heil Hitler ! » traditionnel n’est plus vraiment d’actualité ; on ne dit plus guère que « Heil » maintenant.
En Juin 1943, dans un restaurant de Berlin, Felix Steiner déjeune avec un vieil ami, Fritz Dietlof, Comte Von Schulenburg. Ce dernier murmure à son ami : « Il faudra qu’on liquide Hitler, sinon il va réduire l’Allemagne à néant ». Déjà la Waffen-SS, gardienne du régime, n’existe plus… Un an plus tard, ce sera l’attentat du 20 juillet 1944 – et la mort annoncée du Reich Millénaire.
Merci de votre attention
Eddy
SOURCES :
- Reitlinger, Gerald. The SS, Alibi of a Nation 1922-1945 Arms & Armour Press, London, 1981
- Höhne, Heinz. L’Ordre Noir ; Histoire de la SS – Casterman, 1968
- Lumsden, Robin. The Black Corps – Ian Allan Publishing. Shepperton, 1992
- Quarrie, Bruce. Hitler’s Samurai ; the Waffen-SS in action – Patrick Stevens Ltd/Thorsons, 1986
- Rhodes, Richard. Masters of Death : The SS Einsatzgruppen and the Invention of the Holocaust – Vintage Books, USA (ré-édition août 2003)
- Padfield, Peter. Himmler ; Reichsführer SS – Papermac, 1995
Dernière édition par eddy marz le 4/12/2011, 18:21, édité 5 fois
eddy marz- Membre légendaire
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Re: Désobéissance & Insubordination dans la Waffen-SS
Bonjour, sujet très intéressant et bien condensé ce qui facilite la lecture de l'ensemble de ce récit sur la Waffen-SS . Hormis les troupes des premières années, il ressort que les "obligations" dues au conflit pour l'enrôlement , et surtout l'endoctrinement nazi des nouveaux arrivants, n'avaient plus la même résonance , la réalité des combats des dernières années de guerre montrait que le reich millénaire et les rêves d'Adolf ne se réaliseraient pas . Je pense que ceux qui ont servis sous l'étendard de cette troupe, l'ont fait pour l'aventure, et pour assouvir leur anti-communisme, et d'autres par haine pour certaines ethnies . Nous étions loin du grand blond , au regard d'acier .
Merci Eddy du boulot accomplit .Je me suis régalé .
Amicalement .
Le ronin.
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....La véritable personnalité d'un homme ne se dévoile qu'au feu, tout le reste n'est que littérature.....
Semper fidelis .
le ronin- Police militaire (Modérateur)
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Re: Désobéissance & Insubordination dans la Waffen-SS
You're welcome, Ronin.
eddy marz- Membre légendaire
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Re: Désobéissance & Insubordination dans la Waffen-SS
Thank you itou dear friend!
Finalement les comportements personnels et une "certaine morale" pervertissent un idéal.
Se sachant utilisés pour le sale boulot dans les massacres, comme bouches-trous lorsque la wh n'en peut plus ou cède doit finir par peser sur la patate.
L'idéal nsdap s'est envolé lors des premiers échecs et tous les oportunistes ont compris que le millénaire annoncé n'aurait pas lieu.
Ceci n'a pas empêché les pirates de faire moisson de richesses (vies et or) à tour de bras, se sachant de toute façon perdus.
Que ce soient les supplétifs ou les germains, l'objectif était identique: participer à une aventure qui permettrait de gagner un statut idéal dicté par quelques visionnaires en s'enrichissants ainsi au passage. Mais une fois le vent tourné, le repli sur soi-même est de mise. Sachant que les crîmes commis seront un jour dénoncés et probablement instruits, le sauf-qui peu compte plus que tout (repli sur soi de la w-ss).
On pourrait aussi parler des crîmes économiques dans un autre "thread", un chapitre immense!
Always a pleasure Ed'
Phil
Finalement les comportements personnels et une "certaine morale" pervertissent un idéal.
Se sachant utilisés pour le sale boulot dans les massacres, comme bouches-trous lorsque la wh n'en peut plus ou cède doit finir par peser sur la patate.
L'idéal nsdap s'est envolé lors des premiers échecs et tous les oportunistes ont compris que le millénaire annoncé n'aurait pas lieu.
Ceci n'a pas empêché les pirates de faire moisson de richesses (vies et or) à tour de bras, se sachant de toute façon perdus.
Que ce soient les supplétifs ou les germains, l'objectif était identique: participer à une aventure qui permettrait de gagner un statut idéal dicté par quelques visionnaires en s'enrichissants ainsi au passage. Mais une fois le vent tourné, le repli sur soi-même est de mise. Sachant que les crîmes commis seront un jour dénoncés et probablement instruits, le sauf-qui peu compte plus que tout (repli sur soi de la w-ss).
On pourrait aussi parler des crîmes économiques dans un autre "thread", un chapitre immense!
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Phil
Phil642- Général (Administrateur)
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Re: Désobéissance & Insubordination dans la Waffen-SS
Phil642 a écrit:
On pourrait aussi parler des crîmes économiques dans un autre "thread", un chapitre immense! Phil
Thanks Phil . En effet un sujet ahurissant... Si quelqu'un veut lancer...
Eddy
eddy marz- Membre légendaire
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Re: Désobéissance & Insubordination dans la Waffen-SS
Je vais essayer mais mes seules connaisances précises viennent du "Gang des Tractions Avant" et les mémoires de Jo Attia, ces livres donnent une très bonne idée du système en pays conquit.
Phil642- Général (Administrateur)
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Re: Désobéissance & Insubordination dans la Waffen-SS
Très intéressant. Je ne savais pas grand chose sur le sujet.
Merci eddy marz.
Merci eddy marz.
Re: Désobéissance & Insubordination dans la Waffen-SS
Merci, Eddy pour ce condensé brillant, passionnant à nouveau!
Somme toute, ces intrigues incessantes entre la 'noble' Wehrmacht et la 'campagnarde' VT/Waffen-SS auront quelque peu facilité la tâche (et la progression) des Alliés...
Somme toute, ces intrigues incessantes entre la 'noble' Wehrmacht et la 'campagnarde' VT/Waffen-SS auront quelque peu facilité la tâche (et la progression) des Alliés...
crocodile- Adjudant
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Re: Désobéissance & Insubordination dans la Waffen-SS
Phil642 a écrit:Je vais essayer mais mes seules connaisances précises viennent du "Gang des Tractions Avant" et les mémoires de Jo Attia, ces livres donnent une très bonne idée du système en pays conquit.
Moi j'ai deux trois choses sur le pillage et son organisation durant Aktion Reinhard... À deux on a déja un petit début...
Eddy
eddy marz- Membre légendaire
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Re: Désobéissance & Insubordination dans la Waffen-SS
Dans deux heures je ponds ce dont j'ai connaissance et explique le principe.
Go!
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Phil642- Général (Administrateur)
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Re: Désobéissance & Insubordination dans la Waffen-SS
Petite question, mais qui cadre bien avec la discipline au sein de la Waffen-SS. Quid du bataillon 500 ? ce bataillon, unité disciplinaire de la W-SS, n'était il pas destiné à punir les officiers qui avaient "failli" ?
elgor- Général de Division
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Re: Désobéissance & Insubordination dans la Waffen-SS
elgor a écrit:Petite question, mais qui cadre bien avec la discipline au sein de la Waffen-SS. Quid du bataillon 500 ? ce bataillon, unité disciplinaire de la W-SS, n'était il pas destiné à punir les officiers qui avaient "failli" ?
Salut Elgor;
Je n’ai pas énormément de doc sur cet aspect spécifique, mais mon article traitait en fait de la désobéissance paradoxale de la Waffen-SS en tant que bras armé du NSDAP et de la SS par rapport à l’État qu’elle était sensée servir ; pas de l’insubordination de membres de la Waffen-SS au sein de leur troupe…
En ce qui concerne cette dernière, et compte tenu de l’étendue du champ d’action Waffen-SS sur tous les fronts, il y avait plus d’un bataillon disciplinaire. De façon générale, qu’il s’agisse de questions disciplinaires au sein de la SS, de la Polizei, ou de la Waffen-SS, les affaires étaient traitées par la Cour Centrale de l’Office SS, assisté du Tribunal Ministériel pour les Juridictions Pénales Spéciales de la SS & Polizei, et du Tribunal de Polizei – appuyé par 30 tribunaux SS und Polizei affiliés. Dans la Waffen-SS, certains violeurs, pilleurs, ou assassins furent exécutés sur ordre de leurs propres officiers au terme de Cours Martiales tenues par des « Tribunaux SS Itinérants ». Nombre de contrevenants Waffen-SS furent également envoyés dans les Einzatsgruppen ou Einzatskommandos par mesure disciplinaire (une façon indirecte de reconnaître que ce qu’il s’y passait était loin d’être une partie de plaisir…).
Eddy
eddy marz- Membre légendaire
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Re: Désobéissance & Insubordination dans la Waffen-SS
Super boulot Eddy, como siempre
C'est donc ce même Steiner qui mettra Hitler dans une colère folle en refusant de "contre-attaquer" à la fin de la guerre ?
C'est donc ce même Steiner qui mettra Hitler dans une colère folle en refusant de "contre-attaquer" à la fin de la guerre ?
Jules- Général de Division
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Re: Désobéissance & Insubordination dans la Waffen-SS
Jules a écrit:
C'est donc ce même Steiner qui mettra Hitler dans une colère folle en refusant de "contre-attaquer" à la fin de la guerre ?
Salut Jules;
Absolument, c'est le même Felix Steiner. Il sera d'ailleurs acquitté lors de son procès.
Eddy
eddy marz- Membre légendaire
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Re: Désobéissance & Insubordination dans la Waffen-SS
eddy marz a écrit:Jules a écrit:
C'est donc ce même Steiner qui mettra Hitler dans une colère folle en refusant de "contre-attaquer" à la fin de la guerre ?
Salut Jules;
Absolument, c'est le même Felix Steiner. Il sera d'ailleurs acquitté lors de son procès.
Eddy
J'aimerai bien me procurer ses écrits post-war, j'espère qu'ils sont traduits en français. Mais je crois qu'il a écrit uniquement sur les stratégies de guerre.
Jules- Général de Division
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Re: Désobéissance & Insubordination dans la Waffen-SS
Jules a écrit:J'aimerai bien me procurer ses écrits post-war, j'espère qu'ils sont traduits en français. Mais je crois qu'il a écrit uniquement sur les stratégies de guerre.
Si mes souvenirs sont bons, Steiner a écrit ses "Mémoires" (dont je ne connais pas le titre) ainsi que 3 ou 4 livres sur la Waffen-SS et, effectivement, la stratégie...
eddy marz- Membre légendaire
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Re: Désobéissance & Insubordination dans la Waffen-SS
Excellent article comme d'habitude, qui permet également de découvrir beaucoup de choses... on imagine souvent la SS comme une troupe entièrement fanatisée, il semblerait bien que ce ne soit pas le cas.
Est-ce que tu sais si la Liebstandarte AH était dans le même cas ? Elle était censée être le bataillon du Führer...
Est-ce que tu sais si la Liebstandarte AH était dans le même cas ? Elle était censée être le bataillon du Führer...
Re: Désobéissance & Insubordination dans la Waffen-SS
Euh, moi, j'ai pas tout compris qui désirait quoi. Par exemple:
Par ailleurs, la W-SS méprisait la wermarcht, voulait s'en distinguer mais voulait les mêmes grades?
Je ne comprend pas trop.
Est-ce à dire que Himmler souhaitait que la VT reste sous l'emprise de l'armée?le quintuple vainqueur du Tour du forum a écrit:Les chefs VT s’emploient donc à tout tenter pour se dégager de l’emprise du haut commandement de l’Armée. Le 23 janvier 1939, Paul Hausser se plaint ouvertement : « La Verfügungstruppe-SS est la seule formation de la SS qui soit soumise, en dehors de l’autorité qu’exerce sur elle le Reichsführer, aux décisions d’une autorité étrangère à la SS, à savoir l’OBH (Oberbefehlshaber des Heeres) ». C’est la naissance d’un fossé qui, au fil des ans, va se creuser de plus en plus entre les cadres de la Waffen-SS et le Reichsführer…
Par ailleurs, la W-SS méprisait la wermarcht, voulait s'en distinguer mais voulait les mêmes grades?
Je ne comprend pas trop.
supertomate- Capitaine
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Localisation : sous les oliviers
Date d'inscription : 01/09/2009
Re: Désobéissance & Insubordination dans la Waffen-SS
Par ailleurs, la W-SS méprisait la wermarcht, voulait s'en distinguer mais voulait les mêmes grades?
Je ne comprend pas trop.
bien en fait , meprisé est un grand mot , car on a plusieur exemple qui prouve le contraire ... une sorte de ''super ego'' de la part de la Waffen a certe créer quelques ''discortes''
au fait , eddy , tu peux me dire ce que vaut le livre : Waffen SS par George H.Stein? ... je l'ai lue deux fois et les infos que j'y est trouver m'aide beaucoup a comprendre la Waffen SS ...
LeSieur- Général de Division
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Date d'inscription : 13/06/2007
Re: Désobéissance & Insubordination dans la Waffen-SS
supertomate a écrit:Euh, moi, j'ai pas tout compris qui désirait quoi. Par exemple:Est-ce à dire que Himmler souhaitait que la VT reste sous l'emprise de l'armée?le quintuple vainqueur du Tour du forum a écrit:Les chefs VT s’emploient donc à tout tenter pour se dégager de l’emprise du haut commandement de l’Armée. Le 23 janvier 1939, Paul Hausser se plaint ouvertement : « La Verfügungstruppe-SS est la seule formation de la SS qui soit soumise, en dehors de l’autorité qu’exerce sur elle le Reichsführer, aux décisions d’une autorité étrangère à la SS, à savoir l’OBH (Oberbefehlshaber des Heeres) ». C’est la naissance d’un fossé qui, au fil des ans, va se creuser de plus en plus entre les cadres de la Waffen-SS et le Reichsführer…
Par ailleurs, la W-SS méprisait la wermarcht, voulait s'en distinguer mais voulait les mêmes grades?
Je ne comprend pas trop.
Bonjour Supertomate;
- Himmler ne souhaitait pas que la VT reste sous l'emprise de l'Armée, au contraire. Depuis le début, il rêve d'une "SS armée au service exclusif du pouvoir" - mais, au début du moins, Hitler ne tient pas à s'aliéner les généraux de la Wehrmacht, ni à conférer trop d'indépendance à Himmler (de la même façon qu'il refusera toujours à Himmler l'autorisation de créer un "état SS" en Pologne); on appelle ça "diviser pour régner". Le Führer insiste donc pour que la VT reste, temporairement, sous contrôle OKW.
- La W-SS méprisait la Wehrmacht pour le snobisme que cette dernière affichait à leur encontre; parce qu'ils étaient fiers de l'instruction militaire qui les différenciaient... Les cadres W-SS sont à 90% des ex officiers de la Reichswehr; ils n'ont rien à faire du fatras idéologique, se considèrent avant tous des "soldats" et souhaitent - à ce titre - être reconnus comme identiques à la Wehrmacht; d'où le souhait de gommer les différences techniques.
Salut LeSieur;
au fait , eddy , tu peux me dire ce que vaut le livre : Waffen SS par George H.Stein? ... je l'ai lue deux fois et les infos que j'y est trouver m'aide beaucoup a comprendre la Waffen SS ...
Je suis navré, je n'ai pas lu ce livre - mais bon, on ne peut pas être partout non-plus
Eddy
eddy marz- Membre légendaire
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Re: Désobéissance & Insubordination dans la Waffen-SS
Merci Eddy pour ta réponse. Ton 2è paragraphe, ça va, mais le premier, je ne comprend toujours pas.
-Himmler ne souhaitait pas que la VT reste sous l'emprise de l'armée
-La VT ne souhaitait pas rester sous l'emprise de l'armée ("Les chefs VT s’emploient donc à tout tenter pour se dégager de l’emprise du haut commandement de l’Armée.")
-conclusion: "C’est la naissance d’un fossé qui, au fil des ans, va se creuser de plus en plus entre les cadres de la Waffen-SS et le Reichsführer…"
C'est cela que je ne comprends pas dans le paragraphe que j'ai cité. Sur ce point là, Himmler et les chefs de la VT étaient d'accord. Alors pourquoi est-ce la naissance d'un fossé?
Désolé, j'ai un peu l'impression de truqmucher les diptères comme on dit, mais je trouve toujours intéressant ces éléments qui brisent les idées monolithiques que l'on peut se faire d'un groupe, d'autant plus quand ce groupe est un des symboles de l'autorité, de l'uniformité et de l'ordre d'un régime autoritaire, uniforme et se disant ordonné.
-Himmler ne souhaitait pas que la VT reste sous l'emprise de l'armée
-La VT ne souhaitait pas rester sous l'emprise de l'armée ("Les chefs VT s’emploient donc à tout tenter pour se dégager de l’emprise du haut commandement de l’Armée.")
-conclusion: "C’est la naissance d’un fossé qui, au fil des ans, va se creuser de plus en plus entre les cadres de la Waffen-SS et le Reichsführer…"
C'est cela que je ne comprends pas dans le paragraphe que j'ai cité. Sur ce point là, Himmler et les chefs de la VT étaient d'accord. Alors pourquoi est-ce la naissance d'un fossé?
Désolé, j'ai un peu l'impression de truqmucher les diptères comme on dit, mais je trouve toujours intéressant ces éléments qui brisent les idées monolithiques que l'on peut se faire d'un groupe, d'autant plus quand ce groupe est un des symboles de l'autorité, de l'uniformité et de l'ordre d'un régime autoritaire, uniforme et se disant ordonné.
supertomate- Capitaine
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Re: Désobéissance & Insubordination dans la Waffen-SS
supertomate a écrit:
C'est cela que je ne comprends pas dans le paragraphe que j'ai cité. Sur ce point là, Himmler et les chefs de la VT étaient d'accord. Alors pourquoi est-ce la naissance d'un fossé?.
Salut Supertomate;
Oui, ils sont d'accord mais pas sur tout :
- Himmler et les chefs VT sont d'accord pour s'émanciper de la Wehrmacht, primo parce que Himmler ne tient pas à partager son emprise sur une formation exclusivement SS avec l'OKW, et secundo, les cadres VT ne veulent pas être sous le contrôle d'une entité qui les freine dans leur expension.
- Les VT de carrière (ex Reichswehr) n'adhèrent pas à la mystique SS, ce qui est un problème pour Himmler, et ne veulent pas non plus être une armée "du Parti", ce qui plait à Himmler qui veut, tout en servant le régime, garder le contrôle sur son organisation.
Comme tu le vois, plusieurs problèmes se superposent, souvent de façon paradoxale puisqu'une partie de la VT était fanatisée et l'autre pas. Au fil du temps, toutes ces différences s'accumuleront pour créer une ambiance de désobéissance et de retrait de l'idéologie au sein de la Waffen-SS - situation qu'Himmler ne pouvait cautionner au nom de son allégeance à Hitler, tout en faisant des pied et des mains pour maintenir la cohésion et la collaboration d'une troupe indispensable...
eddy marz- Membre légendaire
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Re: Désobéissance & Insubordination dans la Waffen-SS
Bonjour à tous,
Il existait en 1939 des officiers de la wehrmacht qui étaient aussi des membres de la SS ou des SA, HJ, RAD, NSKK etc. ?
Il me semble que sur le forum "axis" il y avait des exemples, le statut de militaire de la l'armée n'était pas incompatible avec l'appartenance à une formation paramilitaire du NSDAP ?
Il existait en 1939 des officiers de la wehrmacht qui étaient aussi des membres de la SS ou des SA, HJ, RAD, NSKK etc. ?
Il me semble que sur le forum "axis" il y avait des exemples, le statut de militaire de la l'armée n'était pas incompatible avec l'appartenance à une formation paramilitaire du NSDAP ?
navigant- Général de Brigade
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Date d'inscription : 17/12/2007
Re: Désobéissance & Insubordination dans la Waffen-SS
et bien concernant la désobéissance au sein de la SS j'apporte ma pierre à l'édiffice :
désobéissance au feu = mort
en dehors d'une faute directement faites au front les SS pouvait :
- se voir envoyer dans un camp de concentration "spécial" pour SS
- être envoyé dans une unité combattante de la Waffen SS (pas bon car les waffen ss surtout vers la fin du conflit faisait tout pour se démarquer de l'Alghemein SS)
- être envoyé dans un EinsatzGruppen
à noter à titre d'exemple que deux agent du SD affectés en "sous-marin" au sein de la sturmmbrigade Wallonie, se sont vus infliger 5 ans de forteresse pour désertion au feu...
désobéissance au feu = mort
en dehors d'une faute directement faites au front les SS pouvait :
- se voir envoyer dans un camp de concentration "spécial" pour SS
- être envoyé dans une unité combattante de la Waffen SS (pas bon car les waffen ss surtout vers la fin du conflit faisait tout pour se démarquer de l'Alghemein SS)
- être envoyé dans un EinsatzGruppen
à noter à titre d'exemple que deux agent du SD affectés en "sous-marin" au sein de la sturmmbrigade Wallonie, se sont vus infliger 5 ans de forteresse pour désertion au feu...
rebloch74- Adjudant-chef
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