Le choix de la défaite, d'Annie Lacroix-Riz.
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Le choix de la défaite, d'Annie Lacroix-Riz.
Je viens de le recevoir aujourd'hui, et l'introduction annonce déjà la couleur ...
Page 1, ALR fait référence à un article retentissant de de Jean Mamy dit Paul Riche, du 21 août 1941, dans L'Appel, hebdomadaire de la "Ligue Française" du nazi français Pierre Constantini dont le titre, Complot contre l'Etat ?, fait état d'une association mystérieuse de polytechniciens, d'inspecteurs des finances et de financiers s'est constituée depuis dix ans en France, pour prendre le pouvoir ...
Critique : Ca commence assez fort dès la première page, et il m'étonne qu'une historienne "communiste" comme ALR s'appuie sur un article d'un hebdomadaire ultra-collaborationniste, détestant ouvertement le gouvernement de Vichy et trouvant en son sein toutes les "crapules" de la Terre ! Cet article n'est en rien une analyse sérieuse, puisque la vocation de ce "canard" était avant tout purement idéologique, celle de stigmatiser la corruption des vichystes et de promouvoir un régime véritablement national-socialiste ! Que Mamy, cinéaste, franc-maçon, ancien militant gauchiste rallié à l'ultra-collaboration après la défaite de la France,
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Mamy
voit un complot de synarques dans la défaite de la France, c'est un peu normal, vu la veine conspirationniste de sa mouvance politique, mais qu'une historienne qui se dise "sérieuse", évoque cet article, c'est assez surprenant !!
Il est vrai qu'ALR, pour contrebalancer cette référence sulfureuse, la compense en citant un article de Marc Bloch, paru en Avril dans une revue clandestine en avril 1944 qui prédisait :
"Un jour viendra [...] et peut-être bientôt où il sera possible de faire la lumière sur les intrigues menées chez nous de 1933 à 1939 en faveur de l'Axe Rome-Berlin pour lui livrer la domination de l'Europe en détruisant de nos propres mains tout l'édifice de nos alliances et de nos amitiés. Les responsabilités des militaires français ne peuvent se séparer sur ce point de celles des politiciens comme Laval, des journalistes comme Brinon, des hommes d'affaires comme ceux du Creusot, des hommes de main comme les agitateurs du 6 février, mais si elles ne sont pas les seules elles n'en apparaissent que comme plus dangereuses et plus coupables pour s'être laissé entraîner dans ce vaste ensemble."
Ici c'est plutôt le résistant Marc Bloch qui parle, plutôt que l'historien, puisque engagé dans la Résistance après l'invasion de la Zone Sud, en devenant un des dirigeants de Franc-Tireur, dans la région lyonnaise puis dans le MUR, avant d'être arrêté le 8 m ars 1944 par la Gestapo et fusillé le 16 juin 1944. D'ailleurs, Bloch vise les hommes au pouvoir, à l'époque, Laval et de Brinon. Or, si de Brinon a oeuvré dans le Comité France-Allemagne, dès 1935, Laval a quand même fait signer le pacte franco-soviétique initié par Barthou et a été renversé en janvier 1936. Donc la responsabilité de Laval dans la défaite militaire française est quasi-nulle ...
D'ailleurs, l'Etrange Défaite de Bloch, a nourri beaucoup de mouvements conspirationnistes ... Mais il ne faut pas oublier que cette analyse a été écrite à chaud, sans recul historique nécessaire qui permet de refroidir les passions et de permettre l'exercice lucide de la raison ! La stature d'icône de Bloch qu'utilise ALR n'empêche pas d'apprécier le livre du célèbre historien comme un essai personnel, plus qu'une étude historique.
La toute puissance politique du grand patronat.
C'est par ce titre qu'ALR ouvre sa page 2. Elle embraye de suite sur les archives consultés, notamment F7 et F1 et Renseignements généraux de la Préfecture de police, BA et GA, libérés en 1999 par le délai légal ou accessibles par dérogation, qui décrivent un grand capital régissant la politique, tel ce rapport de guerre sur le "rôle du patronat dans la génèse et la conduite de la guerre actuelle" et "son plan d'action [...] pour la France" depuis 1920.
Tout ça fait évidemment très sérieux, et fait de l'historienne une experte des archives, ce qui sous-tend que ce qu'elle va dire est la "vraie vérité vraie" ! Elle annonce la couleur, avec des preuves prouvant le complot du "grand capital" et son plan d'action depuis les années 20... rien que ça !!
Et voilà qu'elle s'appuie un rapport de guerre, non daté, dont l'auteur est inconnu ... qui, miracle, à l'air d'aller dans le même sens que l'idéologie de l'historienne :
Les français n'ont pas été battus: ils ont été trahis […] par la haut patronat, par peur du socialisme et notamment sa forme ultime, le communisme. Toute la politique mondiale depuis 1917, s'explique par la lutte entre le grand capitalisme international et le socialisme. Le haut patronat international a sa capitale, tantôt dans un pays, tantôt dans un autre. Naguère c'était Londres, c'est aujourd'hui New-York. Les Etats sont, pour lui, de simples instruments de gestion1. Il est au-dessus de nos Patries. Sa Patrie à lui, ce sont les matières premières: l'or, le fer, cuivre, le charbon, le pétrole, etc . Il est contre Moscou, parce que Moscou lui a fermé l'accès des matières premières de l'URSS, et gère celles-ci sans patrons, avec de simples fonctionnaires. Pour cette raison, le haut patronat mondial veut abattre le communisme russe par la guerre, il lui fallait l'armée allemande pour battre l'armée russe. Il lui fallait la défaite de la France pour que l'armée allemand ait les mains libres en Russie. Il a organisé la défaite truquée de la France […]
[…] L'Etat d'aujourd'hui n'est rien devant les trusts. Ni l'Etat de Lebrun, de Daladier, de Paul Reynaud, ni l'Etat de Pétain ni de Laval, ni ceux de Mussolini, d'Hitler ou de Roosevelt.
Ce rapport de guerre d'un inconnu, n'a, évidemment, aucune valeur historique, c'est juste l'avis d'un fonctionnaire, certainement sympathisant communiste voire, sympathisant de Constantini (voir l'article de Jean Mamy stigmatisant le complot des synarques ...) qui aligne tous les poncifs anti-impérialistes que l'on retrouve d'ailleurs aujourd'hui ! Juste deux choses :
- Henry Ford, dont l'antisémitisme a inspiré Hitler, a aussi commercé avec l'URSS, par le biais de la société GAZ, dans les années 30, et les soviétiques construisirent sous licence des véhicules et des camions Ford ...Preuve que si certaines sociétés ont commercé avec les nazis, elles ont aussi commercé avec l'URSS ...
- Non, Roosevelt n'était pas à la solde des multinationales américaines, voir sa reconnaissance de l'URSS en 1933, et sa politique pro-alliée depuis la loi "Cash and Carry", voté dans le Neutrality Act, dès 1937.
Bon, j'arrête là, pour le moment ...je viens de lire simplement 2 pages !! Ca promet !
Page 1, ALR fait référence à un article retentissant de de Jean Mamy dit Paul Riche, du 21 août 1941, dans L'Appel, hebdomadaire de la "Ligue Française" du nazi français Pierre Constantini dont le titre, Complot contre l'Etat ?, fait état d'une association mystérieuse de polytechniciens, d'inspecteurs des finances et de financiers s'est constituée depuis dix ans en France, pour prendre le pouvoir ...
Critique : Ca commence assez fort dès la première page, et il m'étonne qu'une historienne "communiste" comme ALR s'appuie sur un article d'un hebdomadaire ultra-collaborationniste, détestant ouvertement le gouvernement de Vichy et trouvant en son sein toutes les "crapules" de la Terre ! Cet article n'est en rien une analyse sérieuse, puisque la vocation de ce "canard" était avant tout purement idéologique, celle de stigmatiser la corruption des vichystes et de promouvoir un régime véritablement national-socialiste ! Que Mamy, cinéaste, franc-maçon, ancien militant gauchiste rallié à l'ultra-collaboration après la défaite de la France,
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Mamy
voit un complot de synarques dans la défaite de la France, c'est un peu normal, vu la veine conspirationniste de sa mouvance politique, mais qu'une historienne qui se dise "sérieuse", évoque cet article, c'est assez surprenant !!
Il est vrai qu'ALR, pour contrebalancer cette référence sulfureuse, la compense en citant un article de Marc Bloch, paru en Avril dans une revue clandestine en avril 1944 qui prédisait :
"Un jour viendra [...] et peut-être bientôt où il sera possible de faire la lumière sur les intrigues menées chez nous de 1933 à 1939 en faveur de l'Axe Rome-Berlin pour lui livrer la domination de l'Europe en détruisant de nos propres mains tout l'édifice de nos alliances et de nos amitiés. Les responsabilités des militaires français ne peuvent se séparer sur ce point de celles des politiciens comme Laval, des journalistes comme Brinon, des hommes d'affaires comme ceux du Creusot, des hommes de main comme les agitateurs du 6 février, mais si elles ne sont pas les seules elles n'en apparaissent que comme plus dangereuses et plus coupables pour s'être laissé entraîner dans ce vaste ensemble."
Ici c'est plutôt le résistant Marc Bloch qui parle, plutôt que l'historien, puisque engagé dans la Résistance après l'invasion de la Zone Sud, en devenant un des dirigeants de Franc-Tireur, dans la région lyonnaise puis dans le MUR, avant d'être arrêté le 8 m ars 1944 par la Gestapo et fusillé le 16 juin 1944. D'ailleurs, Bloch vise les hommes au pouvoir, à l'époque, Laval et de Brinon. Or, si de Brinon a oeuvré dans le Comité France-Allemagne, dès 1935, Laval a quand même fait signer le pacte franco-soviétique initié par Barthou et a été renversé en janvier 1936. Donc la responsabilité de Laval dans la défaite militaire française est quasi-nulle ...
D'ailleurs, l'Etrange Défaite de Bloch, a nourri beaucoup de mouvements conspirationnistes ... Mais il ne faut pas oublier que cette analyse a été écrite à chaud, sans recul historique nécessaire qui permet de refroidir les passions et de permettre l'exercice lucide de la raison ! La stature d'icône de Bloch qu'utilise ALR n'empêche pas d'apprécier le livre du célèbre historien comme un essai personnel, plus qu'une étude historique.
La toute puissance politique du grand patronat.
C'est par ce titre qu'ALR ouvre sa page 2. Elle embraye de suite sur les archives consultés, notamment F7 et F1 et Renseignements généraux de la Préfecture de police, BA et GA, libérés en 1999 par le délai légal ou accessibles par dérogation, qui décrivent un grand capital régissant la politique, tel ce rapport de guerre sur le "rôle du patronat dans la génèse et la conduite de la guerre actuelle" et "son plan d'action [...] pour la France" depuis 1920.
Tout ça fait évidemment très sérieux, et fait de l'historienne une experte des archives, ce qui sous-tend que ce qu'elle va dire est la "vraie vérité vraie" ! Elle annonce la couleur, avec des preuves prouvant le complot du "grand capital" et son plan d'action depuis les années 20... rien que ça !!
Et voilà qu'elle s'appuie un rapport de guerre, non daté, dont l'auteur est inconnu ... qui, miracle, à l'air d'aller dans le même sens que l'idéologie de l'historienne :
Les français n'ont pas été battus: ils ont été trahis […] par la haut patronat, par peur du socialisme et notamment sa forme ultime, le communisme. Toute la politique mondiale depuis 1917, s'explique par la lutte entre le grand capitalisme international et le socialisme. Le haut patronat international a sa capitale, tantôt dans un pays, tantôt dans un autre. Naguère c'était Londres, c'est aujourd'hui New-York. Les Etats sont, pour lui, de simples instruments de gestion1. Il est au-dessus de nos Patries. Sa Patrie à lui, ce sont les matières premières: l'or, le fer, cuivre, le charbon, le pétrole, etc . Il est contre Moscou, parce que Moscou lui a fermé l'accès des matières premières de l'URSS, et gère celles-ci sans patrons, avec de simples fonctionnaires. Pour cette raison, le haut patronat mondial veut abattre le communisme russe par la guerre, il lui fallait l'armée allemande pour battre l'armée russe. Il lui fallait la défaite de la France pour que l'armée allemand ait les mains libres en Russie. Il a organisé la défaite truquée de la France […]
[…] L'Etat d'aujourd'hui n'est rien devant les trusts. Ni l'Etat de Lebrun, de Daladier, de Paul Reynaud, ni l'Etat de Pétain ni de Laval, ni ceux de Mussolini, d'Hitler ou de Roosevelt.
Ce rapport de guerre d'un inconnu, n'a, évidemment, aucune valeur historique, c'est juste l'avis d'un fonctionnaire, certainement sympathisant communiste voire, sympathisant de Constantini (voir l'article de Jean Mamy stigmatisant le complot des synarques ...) qui aligne tous les poncifs anti-impérialistes que l'on retrouve d'ailleurs aujourd'hui ! Juste deux choses :
- Henry Ford, dont l'antisémitisme a inspiré Hitler, a aussi commercé avec l'URSS, par le biais de la société GAZ, dans les années 30, et les soviétiques construisirent sous licence des véhicules et des camions Ford ...Preuve que si certaines sociétés ont commercé avec les nazis, elles ont aussi commercé avec l'URSS ...
- Non, Roosevelt n'était pas à la solde des multinationales américaines, voir sa reconnaissance de l'URSS en 1933, et sa politique pro-alliée depuis la loi "Cash and Carry", voté dans le Neutrality Act, dès 1937.
Bon, j'arrête là, pour le moment ...je viens de lire simplement 2 pages !! Ca promet !
Re: Le choix de la défaite, d'Annie Lacroix-Riz.
Je continue mes pérégrinations dans le bouquin d'ALR. Je trouve que la prose de l'historienne est assez pénible, mélangeant son écriture avec celle des sources, avec des phrases interminables et des guillemets de partout, avec un style peu élégant, qui nuit à la clarté du propos. Un passage intéressant pour la méthode ALR, concernant l'assassinat du roi de Yougoslavie, Alexandre Ier et de Barthou, en octobre 1935, acte qui d'après l'historienne a été commandité par les services allemands avec la complicité de Laval.
Page 207:
Le 25 septembre, Laval, ministre des Colonies du cabinet Doumergue offrit ses services au baron Friedrich von der Ropp, « chef du commando chrétien »: à l 'émissaire de Berlin venu à Paris, il « exprima sa préoccupation sur les développements politiques » en cours, son « désaccord sur la politique extérieure de Barthou » et sa hâte d' »un accord direct franco-allemand ». Cet entretien emplit dix pages d'un rapport divisé en « trois parties: La situation générale, Détails particuliers sur Pierre Laval et la conversation avec Laval.
L'importance évidente de ce rapport, que von der Ropp avait remis à Ribbentrop, rend choquante sa non-publication par l'équipe rédactrice des archives allemandes. Que dit, promit et fit Laval le 25 septembre pour que le 10 octobre, Barthou, à peine froid, von der Ropp se précipitât à l'Auswärtiges Amt voir Emil von Rintelen et demander « que l'Allemagne s'efforçât de faire nommer M.Laval au ministère des affaires étrangères »: il allait inviter à Berlin « son ami René (ou Jules) Vallet pour que cet « intime de Laval », fît à son retour « savoir à Paris à quel point nous tenions à ce que M.Laval devînt ministre des Affaires étrangères », Rintelen observa « qu'une tentative pour influencer » ainsi cette nomination [...]risquait de ne pas aboutir au résultat souhaité».
Critique:
Laval qui offre ses services à von der Ropp, l'expression sous-tend que l'auvergnant se vendrait aux allemands ...pour quelqu'un qui serait à la solde du Reich, on ne peut pas dire qu'en tant que Président du Conseil, entre 1935 et 1936, il rendit la pareille ...puisqu'il signa le Traité franco-russe initié par Barthou, en mai 1935, et décida, avec Londres, de sanctionner l'Italie, en octobre 1935, pour ses opérations en Ethiopie, ce qui favorisa le rapprochement entre Rome et Berlin. De plus, Laval n'initia aucune négociation avec les allemands ...
Curieusement, la conversation avec Van der Ropp n'est pas sourcée, et le fameux rapport dont parle ALR ne renvoie à aucune note ...Faudrait-il croire sur parole l'historienne ? En tout cas, comme je l'ai précisé plus haut, les offres de service de Laval aux allemands ont été sans suite, lorsque celui -ci fut président du Conseil, de 1935 à 1936, ce qui me ferait penser que ce fameux rapport introuvable pourrait être apocryphe, voir purement inventé !
De plus, un détail me fait tiquer ...il y est dit que l'émissaire berlinois Friederich von der Ropp remit un rapport à Ribbentrop. Or, à l'époque, Ribbentrop vient à peine, après le succès du traité naval anglo-allemand, de constituer son Burö personnel, sous la protection de Hess, dans le Parti, concurrençant l'Auswärtiges Amt (le ministère des affaires étrangères allemand) . Et comme le montre Michael Bloch, dans sa biographie sur Ribbentrop, l'Auswärtiges Amt, dirigé par von Neurath, ne pouvait souffrir Ribbentrop et sa clique, ce dernier leur rendant bien. Il aurait été fort étonnant qu'un émissaire de Ribbentrop vienne alors demander une quelconque faveur à l'Auswärtiges Amt, faveur qui lui aurait été automatiquement refusée vu l'animosité des diplomates de profession par rapport à l'amateur nazi. A noter, d'ailleurs, que Bloch ne parle pas de cette entrevue von der Ropp/Laval, dans sa biographie de Ribbentrop. Ca fait beaucoup de curiosités ...
p.208:
Le 6 octobre, un autre intime de Laval, François Piétri, ministre de la Marine, reçut d'un certain Lepage, auditeur involontaire la veille au soir « d'une conversation […] boulevard Barbès », le télégramme suivant, transmis par le capitaine de frégate Gabriel Auphan , chef adjoint de son cabinet militaire , au directeur de la Sûreté nationale le 7 (délai suprenant):
« M.le Ministre, comme vous devez aller à Marseille mardi, je vous demande de faire bien attention à vous car il doit y avoir un attentat ce jour-là contre vous par un inconnu. ». Cette lettre anonyme fut, aussi, le 7, communiquée à M.Sisteron », de la préfecture de police, qui assura la Sûreté Nationale, (le 9, après l'attentat) que son adjoint, « M.Dupin, parti pour Marseille, était chargé d'aviser le préfet des Bouches du Rhône ». J'ignore quand Dupin y arriva, mais cette information n'avait pas alerté davantage que les renseignements concordants tirés de « plusieurs mois de surveillance policière « sur l'activité des éléments révolutionnaires » (vocable groupant alors oustachis et communsites) « en prévision du voyage en France du roi Alexandre Ier » et ceux du Quai d'Orsay accumulés depuis 1933. « Les documents apportés par la presse et le cinéma sur le service de police de Marseille […] accablants pour les responsables directs, révélèrent « une carence gouvenrementale dans bien des domaines ».
Fin novembre, Laval exigea donc que fût « rigoureusement interdite la projection des scènes de l'attentat et de l'agonie du roi ainsi que de M.Barthou.
Critique:
La prose est assez confuse et on ne comprend pas bien ce qu'a entendu ce Lepage, Boulevard Barbès ...a-t-il entendu Gabriel Auphan lire le télégramme ? Une lettre anonyme ? Bref, personnellement, je n'y comprends rien !
Des carences à propos de la sécurité du Roi de Yougoslavie et de Barthou ? Certainement, puisqu'il y a eu un attentat et qu'ils ont été tués ...de là à conclure à un complot !! Les derniers attentats du 11 septembre ont montré, aussi, que même à l'ère de l'ordinateur, une super-agence comme la CIA n'a pu parer les attentats de Ben Laden ...alors en 1934 …
p.208 :
Si Laval, avec Piétri, fut complice, c'est le Reich qui organisa l'opération.
S'en suit une longue tirade mêlant Pavelitch, des séparatistes ukrainiens dont leur chef, Konovaletz, Röhm, le comte italien Anton Bossi-Fredegotti, avec Berlin qui financerait les groupes terroristes dans les Balkans et qui aurait commandité l'attentat de Marseille.
Critique:
Laval et Piétri complices des allemands ? L'affirmation est gratuite et ne repose sur rien ! Ce n'est pas parce que Laval a interdit de montrer le film de l'agonie de Barthou et du roi, qu'il serait complice de l'attentat !
Sur l'attentat en lui-même, il est fort possible qu'ALR ait raison, et que les allemands aient téléguidé la main du terroriste. Par contre, il est curieux qu'ALR ne dise pas le nom du terroriste, Vlado Tchernozemski, un bulgare qui entra, en 1922, dans l'Organisation Révolutionnaire Intérieure Macédonienne (VMRO) qui entretenait des relations avec le mouvement Oustachi, d'Ante Pavelic. En fait, l'hypothèse d'un complot allemand est fort ancien, et date des années 50, mais n'a jamais été formellement prouvé. D'ailleurs, le chef de la VRMO, Ivan Mihajlov a nié jusqu'à la fin de sa vie, en 1990, l'implication des services secrets allemands.
L'attentat était surtout destiné à tuer le roi, puisque Barthou, fut tué accidentellement par les coups de feu des policiers, tirant sur le terroriste ! Ce fait, qu'oublie de relater ALR, a son importance, puisque pour elle, c'est avant tout Barthou, promoteur du Pacte franco-soviétique que les allemands visaient ! Or, si c'est le roi que visait Tchernozemski, cela remet en cause son hypothèse ...à moins que la Police française soit dans le coup !!
On a donc ici des accusations de complicité de l'attentat, je pense à Laval et Piétri, qui ne sont pas prouvées, et une enquête orientée, à charge, contre les allemands ...puisque le témoignage de Mihajlov n'est pas évoqué, le nom du terroriste même pas cité, ainsi que le nom de son organisation, le VRMO ...Curieuse liberté qu'ALR prend avec les informations princpales, nous agonisant d'une ribambelle de noms étrangers, sans nous donner le nom du principal interessé ainsi que de son organisation !
Page 207:
Le 25 septembre, Laval, ministre des Colonies du cabinet Doumergue offrit ses services au baron Friedrich von der Ropp, « chef du commando chrétien »: à l 'émissaire de Berlin venu à Paris, il « exprima sa préoccupation sur les développements politiques » en cours, son « désaccord sur la politique extérieure de Barthou » et sa hâte d' »un accord direct franco-allemand ». Cet entretien emplit dix pages d'un rapport divisé en « trois parties: La situation générale, Détails particuliers sur Pierre Laval et la conversation avec Laval.
L'importance évidente de ce rapport, que von der Ropp avait remis à Ribbentrop, rend choquante sa non-publication par l'équipe rédactrice des archives allemandes. Que dit, promit et fit Laval le 25 septembre pour que le 10 octobre, Barthou, à peine froid, von der Ropp se précipitât à l'Auswärtiges Amt voir Emil von Rintelen et demander « que l'Allemagne s'efforçât de faire nommer M.Laval au ministère des affaires étrangères »: il allait inviter à Berlin « son ami René (ou Jules) Vallet pour que cet « intime de Laval », fît à son retour « savoir à Paris à quel point nous tenions à ce que M.Laval devînt ministre des Affaires étrangères », Rintelen observa « qu'une tentative pour influencer » ainsi cette nomination [...]risquait de ne pas aboutir au résultat souhaité».
Critique:
Laval qui offre ses services à von der Ropp, l'expression sous-tend que l'auvergnant se vendrait aux allemands ...pour quelqu'un qui serait à la solde du Reich, on ne peut pas dire qu'en tant que Président du Conseil, entre 1935 et 1936, il rendit la pareille ...puisqu'il signa le Traité franco-russe initié par Barthou, en mai 1935, et décida, avec Londres, de sanctionner l'Italie, en octobre 1935, pour ses opérations en Ethiopie, ce qui favorisa le rapprochement entre Rome et Berlin. De plus, Laval n'initia aucune négociation avec les allemands ...
Curieusement, la conversation avec Van der Ropp n'est pas sourcée, et le fameux rapport dont parle ALR ne renvoie à aucune note ...Faudrait-il croire sur parole l'historienne ? En tout cas, comme je l'ai précisé plus haut, les offres de service de Laval aux allemands ont été sans suite, lorsque celui -ci fut président du Conseil, de 1935 à 1936, ce qui me ferait penser que ce fameux rapport introuvable pourrait être apocryphe, voir purement inventé !
De plus, un détail me fait tiquer ...il y est dit que l'émissaire berlinois Friederich von der Ropp remit un rapport à Ribbentrop. Or, à l'époque, Ribbentrop vient à peine, après le succès du traité naval anglo-allemand, de constituer son Burö personnel, sous la protection de Hess, dans le Parti, concurrençant l'Auswärtiges Amt (le ministère des affaires étrangères allemand) . Et comme le montre Michael Bloch, dans sa biographie sur Ribbentrop, l'Auswärtiges Amt, dirigé par von Neurath, ne pouvait souffrir Ribbentrop et sa clique, ce dernier leur rendant bien. Il aurait été fort étonnant qu'un émissaire de Ribbentrop vienne alors demander une quelconque faveur à l'Auswärtiges Amt, faveur qui lui aurait été automatiquement refusée vu l'animosité des diplomates de profession par rapport à l'amateur nazi. A noter, d'ailleurs, que Bloch ne parle pas de cette entrevue von der Ropp/Laval, dans sa biographie de Ribbentrop. Ca fait beaucoup de curiosités ...
p.208:
Le 6 octobre, un autre intime de Laval, François Piétri, ministre de la Marine, reçut d'un certain Lepage, auditeur involontaire la veille au soir « d'une conversation […] boulevard Barbès », le télégramme suivant, transmis par le capitaine de frégate Gabriel Auphan , chef adjoint de son cabinet militaire , au directeur de la Sûreté nationale le 7 (délai suprenant):
« M.le Ministre, comme vous devez aller à Marseille mardi, je vous demande de faire bien attention à vous car il doit y avoir un attentat ce jour-là contre vous par un inconnu. ». Cette lettre anonyme fut, aussi, le 7, communiquée à M.Sisteron », de la préfecture de police, qui assura la Sûreté Nationale, (le 9, après l'attentat) que son adjoint, « M.Dupin, parti pour Marseille, était chargé d'aviser le préfet des Bouches du Rhône ». J'ignore quand Dupin y arriva, mais cette information n'avait pas alerté davantage que les renseignements concordants tirés de « plusieurs mois de surveillance policière « sur l'activité des éléments révolutionnaires » (vocable groupant alors oustachis et communsites) « en prévision du voyage en France du roi Alexandre Ier » et ceux du Quai d'Orsay accumulés depuis 1933. « Les documents apportés par la presse et le cinéma sur le service de police de Marseille […] accablants pour les responsables directs, révélèrent « une carence gouvenrementale dans bien des domaines ».
Fin novembre, Laval exigea donc que fût « rigoureusement interdite la projection des scènes de l'attentat et de l'agonie du roi ainsi que de M.Barthou.
Critique:
La prose est assez confuse et on ne comprend pas bien ce qu'a entendu ce Lepage, Boulevard Barbès ...a-t-il entendu Gabriel Auphan lire le télégramme ? Une lettre anonyme ? Bref, personnellement, je n'y comprends rien !
Des carences à propos de la sécurité du Roi de Yougoslavie et de Barthou ? Certainement, puisqu'il y a eu un attentat et qu'ils ont été tués ...de là à conclure à un complot !! Les derniers attentats du 11 septembre ont montré, aussi, que même à l'ère de l'ordinateur, une super-agence comme la CIA n'a pu parer les attentats de Ben Laden ...alors en 1934 …
p.208 :
Si Laval, avec Piétri, fut complice, c'est le Reich qui organisa l'opération.
S'en suit une longue tirade mêlant Pavelitch, des séparatistes ukrainiens dont leur chef, Konovaletz, Röhm, le comte italien Anton Bossi-Fredegotti, avec Berlin qui financerait les groupes terroristes dans les Balkans et qui aurait commandité l'attentat de Marseille.
Critique:
Laval et Piétri complices des allemands ? L'affirmation est gratuite et ne repose sur rien ! Ce n'est pas parce que Laval a interdit de montrer le film de l'agonie de Barthou et du roi, qu'il serait complice de l'attentat !
Sur l'attentat en lui-même, il est fort possible qu'ALR ait raison, et que les allemands aient téléguidé la main du terroriste. Par contre, il est curieux qu'ALR ne dise pas le nom du terroriste, Vlado Tchernozemski, un bulgare qui entra, en 1922, dans l'Organisation Révolutionnaire Intérieure Macédonienne (VMRO) qui entretenait des relations avec le mouvement Oustachi, d'Ante Pavelic. En fait, l'hypothèse d'un complot allemand est fort ancien, et date des années 50, mais n'a jamais été formellement prouvé. D'ailleurs, le chef de la VRMO, Ivan Mihajlov a nié jusqu'à la fin de sa vie, en 1990, l'implication des services secrets allemands.
L'attentat était surtout destiné à tuer le roi, puisque Barthou, fut tué accidentellement par les coups de feu des policiers, tirant sur le terroriste ! Ce fait, qu'oublie de relater ALR, a son importance, puisque pour elle, c'est avant tout Barthou, promoteur du Pacte franco-soviétique que les allemands visaient ! Or, si c'est le roi que visait Tchernozemski, cela remet en cause son hypothèse ...à moins que la Police française soit dans le coup !!
On a donc ici des accusations de complicité de l'attentat, je pense à Laval et Piétri, qui ne sont pas prouvées, et une enquête orientée, à charge, contre les allemands ...puisque le témoignage de Mihajlov n'est pas évoqué, le nom du terroriste même pas cité, ainsi que le nom de son organisation, le VRMO ...Curieuse liberté qu'ALR prend avec les informations princpales, nous agonisant d'une ribambelle de noms étrangers, sans nous donner le nom du principal interessé ainsi que de son organisation !
Re: Le choix de la défaite, d'Annie Lacroix-Riz.
Je continue mon chemin dans les entrailles du livre d'ALR, ce qui n'est pas évident, car le style est incertain et la prose assez confuse. Sur l'affaire Toukhatchevski, voici les analyses de l'historienne, plus qu'orientées ...
L'état-major, le complot Toukhatchevski et ses suites françaises (p395-401).
Au Printemps avaient enflé sur les neufs officiers supérieurs impliqués et la disgrâce de Toukhatchevski de vieilles rumeurs. Nées du procès et de l'exécution de Zinoviev, Kamenev et consorts en août 1936, elles s'étaient nourries des poursuites contre le Centre parallèle trostkyste et, en janvier-février 1937, de son procès, marqué notamment par les aveux de Karl Radek (renvoi à la note 98: d'un informateur très bien placé : « la position du Maréchal Toukhatchevski serait menacée. On lui reprocherait de ne pas avoir obtenu de la France, l'alliance militaire avec les Soviets. A l'ambassade soviétique à Berlin on affirme la réalité des liens ayant existé entre l'opposition trotskyste et la Gestapo, collusion dénoncée par Radek !).
Critique:
Selon le bon vieux principe "il n'y a pas de fumée sans feu", ALR semble accréditer quelques véracités aux témoignages des accusés des procès notoirement truqués de Moscou !
En bonne anti-trotskyste, pour ne pas dire stalinienne (or le PRCR, le parti dans laquelle elle milite veut ouvertement réhabiliter la période stalinienne), elle fait allusion à la collusion entre l'opposition trotskyste et la Gestapo, veille lune stalinienne pour diaboliser le bon vieux Léon ...D'ailleurs, les archives auxquelles elle se réfère pour cette collusion, proviennent d'un informateur très bien placé ...De plus, l'accusé Radek, au cours de son procès, a prouvé cette alliance ...et tout le monde sait que les accusés des procès de Moscou avouaient la "vraie vérité vraie" sans aucune pression !
Il ne m'étonnerait pas que cet informateur "très bien placé" se situe dans l'entourage de Beria ...
L'état-major, le complot Toukhatchevski et ses suites françaises (p395-401).
Au Printemps avaient enflé sur les neufs officiers supérieurs impliqués et la disgrâce de Toukhatchevski de vieilles rumeurs. Nées du procès et de l'exécution de Zinoviev, Kamenev et consorts en août 1936, elles s'étaient nourries des poursuites contre le Centre parallèle trostkyste et, en janvier-février 1937, de son procès, marqué notamment par les aveux de Karl Radek (renvoi à la note 98: d'un informateur très bien placé : « la position du Maréchal Toukhatchevski serait menacée. On lui reprocherait de ne pas avoir obtenu de la France, l'alliance militaire avec les Soviets. A l'ambassade soviétique à Berlin on affirme la réalité des liens ayant existé entre l'opposition trotskyste et la Gestapo, collusion dénoncée par Radek !).
Critique:
Selon le bon vieux principe "il n'y a pas de fumée sans feu", ALR semble accréditer quelques véracités aux témoignages des accusés des procès notoirement truqués de Moscou !
En bonne anti-trotskyste, pour ne pas dire stalinienne (or le PRCR, le parti dans laquelle elle milite veut ouvertement réhabiliter la période stalinienne), elle fait allusion à la collusion entre l'opposition trotskyste et la Gestapo, veille lune stalinienne pour diaboliser le bon vieux Léon ...D'ailleurs, les archives auxquelles elle se réfère pour cette collusion, proviennent d'un informateur très bien placé ...De plus, l'accusé Radek, au cours de son procès, a prouvé cette alliance ...et tout le monde sait que les accusés des procès de Moscou avouaient la "vraie vérité vraie" sans aucune pression !
Il ne m'étonnerait pas que cet informateur "très bien placé" se situe dans l'entourage de Beria ...
Re: Le choix de la défaite, d'Annie Lacroix-Riz.
Ne m'étonnerait pas non plus ... il faut s'attendre à tout avec cet auteur dont mon estime est pour le moins assez "faible", surtout après la lecture de son torchon sur l'Holodomor (la "grande disette" sans aucune responsabilité du Kremin et du PCUS) !
Je n'achèterai aucun de ses bouquins, mais je te remercie vivement Tietie pour cette analyse très intéressante ! Ca remet des pendules à l'heure comme on dit !
Je n'achèterai aucun de ses bouquins, mais je te remercie vivement Tietie pour cette analyse très intéressante ! Ca remet des pendules à l'heure comme on dit !
Re: Le choix de la défaite, d'Annie Lacroix-Riz.
Goliath a écrit:Ne m'étonnerait pas non plus ... il faut s'attendre à tout avec cet auteur dont mon estime est pour le moins assez "faible", surtout après la lecture de son torchon sur l'Holodomor (la "grande disette" sans aucune responsabilité du Kremin et du PCUS) !
Je n'achèterai aucun de ses bouquins, mais je te remercie vivement Tietie pour cette analyse très intéressante ! Ca remet des pendules à l'heure comme on dit !
Ca m'ennuyait d'acheter ce bouquin (40 euros malgré tout ...), mais j'y étais bien obligé pour contrer ceux qui n'avaient pas lu le bouquin mais qui en parlaient tout le temps ! Depuis, j'en ai fait taire certains ...
Concernant l'affaire Toukhatchevski (p.395-401) , ALR constate que les archives diplomatiques françaises et anglaises parlent de la culpabilité de Toukhachevstki (donc si les deux convergent dans leur analyse, c'est qu'il y a anguille sous roche ...) et elle ajoute que le compte-rendu du procès du Maréchal et de ses acolytes de 1937-1938, par leur cohérence rend improbable le "par coeur" ... et elle ajoute que les éventuelles tortures infligées aux accusés n'infirment pas les recoupements qui impressionnèrent les diplomates contemporains !
Là on est en plein cynisme et il faut bien le dire, dans un gros foutage de gueule !! Prêter une quelconque véracité aux auto-accusations des accusés qui ont été horriblement torturés et à qui on a fait entrevoir les pires malheurs pour leur famille si ils ne jouaient pas le jeu et si ils ne récitaient pas la version du NKVD, c'est se foutre de la gueule du monde et prendre les lecteurs pour des cons !
Re: Le choix de la défaite, d'Annie Lacroix-Riz.
En effet ! Je me demande si Mme Lacroix-Riz ne bénéficie pas de quelques contacts avantageux chez les archivistes du NKVD (pardon, du FSB) ! Mais cette hypocrisie n'est pas, et de loin, la première ; ayant lu les travaux de cette "historienne" sur l'Holodomor, le même registre/analyse sont utilisés, provoquant bien sur de très vives réactions chez les associations des victimes de l'Holodomor (bien sur financés par les gouvernements fascistes et par la CIA, précisons).
D'ailleurs, sais-tu s'il y a eu des réactions à ce livre dans les milieux historiens Tietie ?
j'ai déjà vu pas mal de revues de presse sur ce livre et son contenu, mais pas de réelle critique ; pourtant à ce que je vois, le livre en mérite !
D'ailleurs, sais-tu s'il y a eu des réactions à ce livre dans les milieux historiens Tietie ?
j'ai déjà vu pas mal de revues de presse sur ce livre et son contenu, mais pas de réelle critique ; pourtant à ce que je vois, le livre en mérite !
Re: Le choix de la défaite, d'Annie Lacroix-Riz.
Goliath a écrit:En effet ! Je me demande si Mme Lacroix-Riz ne bénéficie pas de quelques contacts avantageux chez les archivistes du NKVD (pardon, du FSB) ! Mais cette hypocrisie n'est pas, et de loin, la première ; ayant lu les travaux de cette "historienne" sur l'Holodomor, le même registre/analyse sont utilisés, provoquant bien sur de très vives réactions chez les associations des victimes de l'Holodomor (bien sur financés par les gouvernements fascistes et par la CIA, précisons).
D'ailleurs, sais-tu s'il y a eu des réactions à ce livre dans les milieux historiens Tietie ?
j'ai déjà vu pas mal de revues de presse sur ce livre et son contenu, mais pas de réelle critique ; pourtant à ce que je vois, le livre en mérite !
J'ai dernièrement assisté, dans le cadre des rencontres enseignants/chercheurs, à une conférence, à aix-en-provence :
http://www.mmsh.univ-aix.fr/Pages/default.aspx
à la Maison de Méditerranée, à Aix en Provence, dont le thème était la Collaboration en Provence. Et lorsque j'ai parlé d'ALR à l'organisateur de la conférence, Jean-Louis Guillon, il a éclaté de rire ...
Quant aux critiques du bouquin ...elles ont été quasi-inexistantes, car il faut bien dire que peu de monde l'a lu sérieusement...c'est pour ça que je m'y attache ...et pour le moment, je constate que ce bouquin est plus un livre de militant oeuvrant pour son idéologie, que recherchant la vérité historique !
Re: Le choix de la défaite, d'Annie Lacroix-Riz.
Un autre exemple de la logique d'ALR qui fait des rapprochements à partir de presque rien ...
Chapitre 4: L'Allemagne en France: les débuts glorieux de la 5eme Colonne, 1933-1936. (p.138)
Les classes dirigeantes ne se contentèrent pas de lorgner vers le modèle allemand économique et politique de règlement de la crise. Elles laissèrent certains des agents de ce règlement se maintenir ou affluer en France, s'y ménager des positions décisives dans la perspective de l'occupation.
Critique : ALR laisse croire que les élites françaises et les allemands pensaient déjà, en 1933, à l'occupation de la France par l'Allemagne ...totalement grotesque !
Qu'est ce qui lui permet de dire ça ?
Sous le titre, Le Reich à Paris, page 141, ALR argue du fait que le Reich envoya des agents espionner la France … et que « le jeune fonctionnaire du ministère de la Propagande du Reich », mari de l'ancienne secrétaire de Göbells, chef du réseau d'espionnage allemand français à Berlin, Arthur Schmoltz organisa « d'accord avec le général Erich von Kuehlenthal, attaché militaire allemand en France […] un service d'espionnage concernant notre pays. »
S'en suit une liste de noms et de missi dominici du régime nazi qui auraient vécu à Paris se livrant à l'espionnage industriel et militaire …preuve de la collaboration des élites françaises ...
Critique: Le fait qu'une puissance étatique se livre à l'espionnage sur un territoire étranger n'est pas une nouveauté et n'était nullement une spécifité du régime nazi ...tous les Etats du monde ont un service d'espionnage, et c'est certainement l'URSS qui avait le service le plus performant de renseignement, comme la guerre nous le montrera. L'argument d'ALR qui est de dire:
« Il y a des espions nazis en France, qu'on laisse travailler, ce qui est la preuve de la trahison des élites est donc un sophisme puissant qui relève de l'ineptie !!"
Chapitre 4: L'Allemagne en France: les débuts glorieux de la 5eme Colonne, 1933-1936. (p.138)
Les classes dirigeantes ne se contentèrent pas de lorgner vers le modèle allemand économique et politique de règlement de la crise. Elles laissèrent certains des agents de ce règlement se maintenir ou affluer en France, s'y ménager des positions décisives dans la perspective de l'occupation.
Critique : ALR laisse croire que les élites françaises et les allemands pensaient déjà, en 1933, à l'occupation de la France par l'Allemagne ...totalement grotesque !
Qu'est ce qui lui permet de dire ça ?
Sous le titre, Le Reich à Paris, page 141, ALR argue du fait que le Reich envoya des agents espionner la France … et que « le jeune fonctionnaire du ministère de la Propagande du Reich », mari de l'ancienne secrétaire de Göbells, chef du réseau d'espionnage allemand français à Berlin, Arthur Schmoltz organisa « d'accord avec le général Erich von Kuehlenthal, attaché militaire allemand en France […] un service d'espionnage concernant notre pays. »
S'en suit une liste de noms et de missi dominici du régime nazi qui auraient vécu à Paris se livrant à l'espionnage industriel et militaire …preuve de la collaboration des élites françaises ...
Critique: Le fait qu'une puissance étatique se livre à l'espionnage sur un territoire étranger n'est pas une nouveauté et n'était nullement une spécifité du régime nazi ...tous les Etats du monde ont un service d'espionnage, et c'est certainement l'URSS qui avait le service le plus performant de renseignement, comme la guerre nous le montrera. L'argument d'ALR qui est de dire:
« Il y a des espions nazis en France, qu'on laisse travailler, ce qui est la preuve de la trahison des élites est donc un sophisme puissant qui relève de l'ineptie !!"
Re: Le choix de la défaite, d'Annie Lacroix-Riz.
tietie007 a écrit:Je continue mon chemin dans les entrailles du livre d'ALR, ce qui n'est pas évident, car le style est incertain et la prose assez confuse. Sur l'affaire Toukhatchevski, voici les analyses de l'historienne, plus qu'orientées ...
L'état-major, le complot Toukhatchevski et ses suites françaises (p395-401).
Au Printemps avaient enflé sur les neufs officiers supérieurs impliqués et la disgrâce de Toukhatchevski de vieilles rumeurs. Nées du procès et de l'exécution de Zinoviev, Kamenev et consorts en août 1936, elles s'étaient nourries des poursuites contre le Centre parallèle trostkyste et, en janvier-février 1937, de son procès, marqué notamment par les aveux de Karl Radek (renvoi à la note 98: d'un informateur très bien placé : « la position du Maréchal Toukhatchevski serait menacée. On lui reprocherait de ne pas avoir obtenu de la France, l'alliance militaire avec les Soviets. A l'ambassade soviétique à Berlin on affirme la réalité des liens ayant existé entre l'opposition trotskyste et la Gestapo, collusion dénoncée par Radek !).
Critique:
Selon le bon vieux principe "il n'y a pas de fumée sans feu", ALR semble accréditer quelques véracités aux témoignages des accusés des procès notoirement truqués de Moscou !
En bonne anti-trotskyste, pour ne pas dire stalinienne (or le PRCR, le parti dans laquelle elle milite veut ouvertement réhabiliter la période stalinienne), elle fait allusion à la collusion entre l'opposition trotskyste et la Gestapo, veille lune stalinienne pour diaboliser le bon vieux Léon ...D'ailleurs, les archives auxquelles elle se réfère pour cette collusion, proviennent d'un informateur très bien placé ...De plus, l'accusé Radek, au cours de son procès, a prouvé cette alliance ...et tout le monde sait que les accusés des procès de Moscou avouaient la "vraie vérité vraie" sans aucune pression !
Il ne m'étonnerait pas que cet informateur "très bien placé" se situe dans l'entourage de Beria ...
Concernant l'affaire Toukhatchevski, ALR parle de l'avis de l'attaché militaire français à Londres, qui comme le correspondant diplomatique de l'Evening Standard, pensait que l'âme du complot contre Staline était le général August Kork, vieux révolutionnaire, commandant de la garnison de Léningrad, qui avec Toukhatchevski, auraient eu des liens avec Berlin. Le général Putna, attaché militaire à Berlin puis à Londres aurait été son agent de liaison. Pendant son séjour à Londres, Putna aurait été en relation étroite avec au moins un militaire allemand ...Peu de temps avant son arrestation Toukatchevski aurait écrit une lettre à son chef, le Commissaire du peuple à la Défense, Kliment Vorochilov et qui semblerait prouver que le compagnon de Staline à Tsaritsyne aurait, un moment, penché pour les putschistes avant de faire volte-face.
Critique: concernant Putna, Kork et compagnie, aucune source précise, à part des rapports faisant état de rumeurs ...D'ailleurs, le fait que Putna ait eu des contacts avec un homologue allemand, en 1937, à Londres, ne prouve en rien un complot, puisque jusqu'en 1933, les états-majors allemands et soviétiques travaillèrent de concert, et que beaucoup de militaires des deux camps se connaissaient très bien. De même les relations ne furent jamais totalement rompues entre allemands et soviétiques, voir la mission Kandelaki, dans les années 30, mission commerciale pour sonder la bonne volonté des nazis.
Quant à la fameuse lettre envoyé à Vorochilov par Toukhatchevski, en mai 1937, j'y crois très très moyennement, quand on sait que les deux hommes ne pouvaient se supporter, et que d'après Pavel Soudoplatov, c'est parce que le Maréchal avait demandé la tête de Vorochilov à Staline qu'il fut sacrifié par le tyran !
Bref, encore une fois, beaucoup de "rumeurs" et peu de faits avérés ...ainsi que des conclusions hâtives basés sur pas grand chose !
Re: Le choix de la défaite, d'Annie Lacroix-Riz.
tietie007 a écrit:tietie007 a écrit:Je continue mon chemin dans les entrailles du livre d'ALR, ce qui n'est pas évident, car le style est incertain et la prose assez confuse. Sur l'affaire Toukhatchevski, voici les analyses de l'historienne, plus qu'orientées ...
L'état-major, le complot Toukhatchevski et ses suites françaises (p395-401).
Au Printemps avaient enflé sur les neufs officiers supérieurs impliqués et la disgrâce de Toukhatchevski de vieilles rumeurs. Nées du procès et de l'exécution de Zinoviev, Kamenev et consorts en août 1936, elles s'étaient nourries des poursuites contre le Centre parallèle trostkyste et, en janvier-février 1937, de son procès, marqué notamment par les aveux de Karl Radek (renvoi à la note 98: d'un informateur très bien placé : « la position du Maréchal Toukhatchevski serait menacée. On lui reprocherait de ne pas avoir obtenu de la France, l'alliance militaire avec les Soviets. A l'ambassade soviétique à Berlin on affirme la réalité des liens ayant existé entre l'opposition trotskyste et la Gestapo, collusion dénoncée par Radek !).
Critique:
Selon le bon vieux principe "il n'y a pas de fumée sans feu", ALR semble accréditer quelques véracités aux témoignages des accusés des procès notoirement truqués de Moscou !
En bonne anti-trotskyste, pour ne pas dire stalinienne (or le PRCR, le parti dans laquelle elle milite veut ouvertement réhabiliter la période stalinienne), elle fait allusion à la collusion entre l'opposition trotskyste et la Gestapo, veille lune stalinienne pour diaboliser le bon vieux Léon ...D'ailleurs, les archives auxquelles elle se réfère pour cette collusion, proviennent d'un informateur très bien placé ...De plus, l'accusé Radek, au cours de son procès, a prouvé cette alliance ...et tout le monde sait que les accusés des procès de Moscou avouaient la "vraie vérité vraie" sans aucune pression !
Il ne m'étonnerait pas que cet informateur "très bien placé" se situe dans l'entourage de Beria ...
Concernant l'affaire Toukhatchevski, ALR parle de l'avis de l'attaché militaire français à Londres, qui comme le correspondant diplomatique de l'Evening Standard, pensait que l'âme du complot contre Staline était le général August Kork, vieux révolutionnaire, commandant de la garnison de Léningrad, qui avec Toukhatchevski, auraient eu des liens avec Berlin. Le général Putna, attaché militaire à Berlin puis à Londres aurait été son agent de liaison. Pendant son séjour à Londres, Putna aurait été en relation étroite avec au moins un militaire allemand ...Peu de temps avant son arrestation Toukatchevski aurait écrit une lettre à son chef, le Commissaire du peuple à la Défense, Kliment Vorochilov et qui semblerait prouver que le compagnon de Staline à Tsaritsyne aurait, un moment, penché pour les putschistes avant de faire volte-face.
Critique: concernant Putna, Kork et compagnie, aucune source précise, à part des rapports faisant état de rumeurs ...D'ailleurs, le fait que Putna ait eu des contacts avec un homologue allemand, en 1937, à Londres, ne prouve en rien un complot, puisque jusqu'en 1933, les états-majors allemands et soviétiques travaillèrent de concert, et que beaucoup de militaires des deux camps se connaissaient très bien. De même les relations ne furent jamais totalement rompues entre allemands et soviétiques, voir la mission Kandelaki, dans les années 30, mission commerciale pour sonder la bonne volonté des nazis.
Quant à la fameuse lettre envoyé à Vorochilov par Toukhatchevski, en mai 1937, j'y crois très très moyennement, quand on sait que les deux hommes ne pouvaient se supporter, et que d'après Pavel Soudoplatov, c'est parce que le Maréchal avait demandé la tête de Vorochilov à Staline qu'il fut sacrifié par le tyran !
Bref, encore une fois, beaucoup de "rumeurs" et peu de faits avérés ...ainsi que des conclusions hâtives basés sur pas grand chose !
Suite et fin de l'affaire Toukhatchevski dans le bouquin d'ALR ...Après les témoignages des accusés des procès de Moscou, que l'historienne juge comme "cohérents", des rumeurs reprises par les services de renseignement, français et anglais, voici le bouquet final:
Les renseignements venus de Moscou, d'origine soviétique ou non, étaient jugés fiables, selon une information du 15 juillet présentant trois versions de l'affaire Toukhatchevski émanant de trois sources différentes et dont chacune était considérée comme excellente:
a) une note envoyée le 21 juin par le ministre des affaires étrangères de Vienne à son ministre à Berlin;
b) les indications d'une personnalité soviétique, le 28 juin, riches sur la composante ukrainienne du complot découvert par le Guépéou;
c)celles du 10 juillet, de M.Potemkine, ambassadeur à Paris.
Les 3 étaient d'accord sur un point: conspiration militaire, plus ou moins avancée contre Staline.
Sur quoi s'appuie ALR pour énoncer que le complot des généraux contre Staline était une réalité ?
Sur une note d'un fonctionnaire allemand, sur les indications d'une personnalité soviétique inconnue (...sic) et sur les dires de Mr Potemkine, ambassadeur soviétique à Paris ...
On se demande bien, d'ailleurs, ce que ce dernier aurait pu dire d'autres, puisque dans l'URSS stalinienne, ne pas répéter, tel un perroquet, la version officielle du régime pouvait valoir un arrêt de mort !
Bref, ALR nous prend, encore une fois, pour des jambons !
Re: Le choix de la défaite, d'Annie Lacroix-Riz.
Je verrais bien un second ouvrage sur la famine de 1933 en Ukraine intitulé "le choix de la famine"
ALR est à Staline ce que Faurisson est aux chambres à gaz, une négation de l'histoire.
ALR est à Staline ce que Faurisson est aux chambres à gaz, une négation de l'histoire.
Re: Le choix de la défaite, d'Annie Lacroix-Riz.
stephane delogu a écrit:Je verrais bien un second ouvrage sur la famine de 1933 en Ukraine intitulé "le choix de la famine"
ALR est à Staline ce que Faurisson est aux chambres à gaz, une négation de l'histoire.
Oui, et c'est pour ça que j'ai acheté ce livre, pour démonter point par point la prose de cette dame, qui est militante avant d'être historienne ...et qui est souvent pris en référence par quelques frangres radicales de la population ou par quelques béotiens en manque de sensations fortes !
Re: Le choix de la défaite, d'Annie Lacroix-Riz.
tietie007 a écrit:Je viens de le recevoir aujourd'hui, et l'introduction annonce déjà la couleur ...
Page 1, ALR fait référence à un article retentissant de de Jean Mamy dit Paul Riche, du 21 août 1941, dans L'Appel, hebdomadaire de la "Ligue Française" du nazi français Pierre Constantini dont le titre, Complot contre l'Etat ?, fait état d'une association mystérieuse de polytechniciens, d'inspecteurs des finances et de financiers s'est constituée depuis dix ans en France, pour prendre le pouvoir ...
Critique : Ca commence assez fort dès la première page, et il m'étonne qu'une historienne "communiste" comme ALR s'appuie sur un article d'un hebdomadaire ultra-collaborationniste, détestant ouvertement le gouvernement de Vichy et trouvant en son sein toutes les "crapules" de la Terre ! Cet article n'est en rien une analyse sérieuse, puisque la vocation de ce "canard" était avant tout purement idéologique, celle de stigmatiser la corruption des vichystes et de promouvoir un régime véritablement national-socialiste ! Que Mamy, cinéaste, franc-maçon, ancien militant gauchiste rallié à l'ultra-collaboration après la défaite de la France,
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Mamy
voit un complot de synarques dans la défaite de la France, c'est un peu normal, vu la veine conspirationniste de sa mouvance politique, mais qu'une historienne qui se dise "sérieuse", évoque cet article, c'est assez surprenant !!
Il est vrai qu'ALR, pour contrebalancer cette référence sulfureuse, la compense en citant un article de Marc Bloch, paru en Avril dans une revue clandestine en avril 1944 qui prédisait :
"Un jour viendra [...] et peut-être bientôt où il sera possible de faire la lumière sur les intrigues menées chez nous de 1933 à 1939 en faveur de l'Axe Rome-Berlin pour lui livrer la domination de l'Europe en détruisant de nos propres mains tout l'édifice de nos alliances et de nos amitiés. Les responsabilités des militaires français ne peuvent se séparer sur ce point de celles des politiciens comme Laval, des journalistes comme Brinon, des hommes d'affaires comme ceux du Creusot, des hommes de main comme les agitateurs du 6 février, mais si elles ne sont pas les seules elles n'en apparaissent que comme plus dangereuses et plus coupables pour s'être laissé entraîner dans ce vaste ensemble."
Ici c'est plutôt le résistant Marc Bloch qui parle, plutôt que l'historien, puisque engagé dans la Résistance après l'invasion de la Zone Sud, en devenant un des dirigeants de Franc-Tireur, dans la région lyonnaise puis dans le MUR, avant d'être arrêté le 8 m ars 1944 par la Gestapo et fusillé le 16 juin 1944. D'ailleurs, Bloch vise les hommes au pouvoir, à l'époque, Laval et de Brinon. Or, si de Brinon a oeuvré dans le Comité France-Allemagne, dès 1935, Laval a quand même fait signer le pacte franco-soviétique initié par Barthou et a été renversé en janvier 1936. Donc la responsabilité de Laval dans la défaite militaire française est quasi-nulle ...
D'ailleurs, l'Etrange Défaite de Bloch, a nourri beaucoup de mouvements conspirationnistes ... Mais il ne faut pas oublier que cette analyse a été écrite à chaud, sans recul historique nécessaire qui permet de refroidir les passions et de permettre l'exercice lucide de la raison ! La stature d'icône de Bloch qu'utilise ALR n'empêche pas d'apprécier le livre du célèbre historien comme un essai personnel, plus qu'une étude historique.
La toute puissance politique du grand patronat.
C'est par ce titre qu'ALR ouvre sa page 2. Elle embraye de suite sur les archives consultés, notamment F7 et F1 et Renseignements généraux de la Préfecture de police, BA et GA, libérés en 1999 par le délai légal ou accessibles par dérogation, qui décrivent un grand capital régissant la politique, tel ce rapport de guerre sur le "rôle du patronat dans la génèse et la conduite de la guerre actuelle" et "son plan d'action [...] pour la France" depuis 1920.
Tout ça fait évidemment très sérieux, et fait de l'historienne une experte des archives, ce qui sous-tend que ce qu'elle va dire est la "vraie vérité vraie" ! Elle annonce la couleur, avec des preuves prouvant le complot du "grand capital" et son plan d'action depuis les années 20... rien que ça !!
Et voilà qu'elle s'appuie un rapport de guerre, non daté, dont l'auteur est inconnu ... qui, miracle, à l'air d'aller dans le même sens que l'idéologie de l'historienne :
Les français n'ont pas été battus: ils ont été trahis […] par la haut patronat, par peur du socialisme et notamment sa forme ultime, le communisme. Toute la politique mondiale depuis 1917, s'explique par la lutte entre le grand capitalisme international et le socialisme. Le haut patronat international a sa capitale, tantôt dans un pays, tantôt dans un autre. Naguère c'était Londres, c'est aujourd'hui New-York. Les Etats sont, pour lui, de simples instruments de gestion1. Il est au-dessus de nos Patries. Sa Patrie à lui, ce sont les matières premières: l'or, le fer, cuivre, le charbon, le pétrole, etc . Il est contre Moscou, parce que Moscou lui a fermé l'accès des matières premières de l'URSS, et gère celles-ci sans patrons, avec de simples fonctionnaires. Pour cette raison, le haut patronat mondial veut abattre le communisme russe par la guerre, il lui fallait l'armée allemande pour battre l'armée russe. Il lui fallait la défaite de la France pour que l'armée allemand ait les mains libres en Russie. Il a organisé la défaite truquée de la France […]
[…] L'Etat d'aujourd'hui n'est rien devant les trusts. Ni l'Etat de Lebrun, de Daladier, de Paul Reynaud, ni l'Etat de Pétain ni de Laval, ni ceux de Mussolini, d'Hitler ou de Roosevelt.
Ce rapport de guerre d'un inconnu, n'a, évidemment, aucune valeur historique, c'est juste l'avis d'un fonctionnaire, certainement sympathisant communiste voire, sympathisant de Constantini (voir l'article de Jean Mamy stigmatisant le complot des synarques ...) qui aligne tous les poncifs anti-impérialistes que l'on retrouve d'ailleurs aujourd'hui ! Juste deux choses :
- Henry Ford, dont l'antisémitisme a inspiré Hitler, a aussi commercé avec l'URSS, par le biais de la société GAZ, dans les années 30, et les soviétiques construisirent sous licence des véhicules et des camions Ford ...Preuve que si certaines sociétés ont commercé avec les nazis, elles ont aussi commercé avec l'URSS ...
- Non, Roosevelt n'était pas à la solde des multinationales américaines, voir sa reconnaissance de l'URSS en 1933, et sa politique pro-alliée depuis la loi "Cash and Carry", voté dans le Neutrality Act, dès 1937.
Bon, j'arrête là, pour le moment ...je viens de lire simplement 2 pages !! Ca promet !
Concernant la fameuse synarchie, citée par l'ultra-collaborationniste Mamy, et concept abondamment utilisé par Annie Lacroix-Riz, l'historienne, page 526, intitule un sous-chapitre:
"Vichy avant Vichy: synarques et cagoulards sous Daladier et Reynaud", parlant de l'association de Daladier avec les synarques et de la "longue intimité de Reynaud avec les chefs bancaires de la synarchie" et désignant sous le sobriquet de "synarque" de nombreux hommes politiques et chef d'entreprise ...
ALR définit-elle les contours et les buts de cette organisation ? Non ...à part l'article de Mamy, rien de rien sur la description de ce groupe de "synarques" conspirateurs ...
Sur quelles archives s'appuient-elles pour désigner les synarques ? Vérification faite, page 641, le fond, F7 des Archives Nationales, volume 15343 qui évoque "Synarchie: études, rapports, coupures de presse, 1941-1948".
ALR s'appuie donc, entre autres, sur les ragots de la presse ultra-collaborationniste, de 1941 à 1944, pour donner une réalité à cette "synarchie", qu'elle ne définit d'ailleurs nullement dans son livre ...
On a donc bien la confirmation qu'ALR sélectionne ses "archives" qui l'intéressent, et qui vont dans son sens, même si elles sont fournies par des groupes collabos d'extrême-droite, qui ont inventé le concept de "synarchie" !
On est donc dans l'idéologie conspirationniste basique, où l'on stigmatise des organisations secrètes sur la foi d'articles fantaisistes et idéologiquement très orientés !
Re: Le choix de la défaite, d'Annie Lacroix-Riz.
tietie007 a écrit:
Concernant la fameuse synarchie, citée par l'ultra-collaborationniste Mamy, et concept abondamment utilisé par Annie Lacroix-Riz, l'historienne, page 526, intitule un sous-chapitre:
"Vichy avant Vichy: synarques et cagoulards sous Daladier et Reynaud", parlant de l'association de Daladier avec les synarques et de la "longue intimité de Reynaud avec les chefs bancaires de la synarchie" et désignant sous le sobriquet de "synarque" de nombreux hommes politiques et chef d'entreprise ...
ALR définit-elle les contours et les buts de cette organisation ? Non ...à part l'article de Mamy, rien de rien sur la description de ce groupe de "synarques" conspirateurs ...
Sur quelles archives s'appuient-elles pour désigner les synarques ? Vérification faite, page 641, le fond, F7 des Archives Nationales, volume 15343 qui évoque "Synarchie: études, rapports, coupures de presse, 1941-1948".
ALR s'appuie donc, entre autres, sur les ragots de la presse ultra-collaborationniste, de 1941 à 1944, pour donner une réalité à cette "synarchie", qu'elle ne définit d'ailleurs nullement dans son livre ...
On a donc bien la confirmation qu'ALR sélectionne ses "archives" qui l'intéressent, et qui vont dans son sens, même si elles sont fournies par des groupes collabos d'extrême-droite, qui ont inventé le concept de "synarchie" !
On est donc dans l'idéologie conspirationniste basique, où l'on stigmatise des organisations secrètes sur la foi d'articles fantaisistes et idéologiquement très orientés !
Toujours dans ce chapitre Lacroix-Riz indique :
« Daladier s'associa autant de synarques que Reynaud, initiative qu'il esquiva au procès Pétain en évoquant « des hommes de la synarchie, dont quelques-uns se sont glissés au gouvernement »: parmi eux, par lui nommés, figuraient Raoul Dautry et le banquier Daniel Serruys. Son rival, Reynaud, ami avoué de Paul Baudouin et de Gabriel Le Roy Ladurie, n'avait été ministre qu'entouré de synarques. Il l'avait, on l'a dit, continué depuis le 1er novembre 1938, aux Finances, où son équipe permanente tuteurée par le haut patronnat synarcho-cagoulard avait mis à bas tous les acquis ouvriers de 1936.
La longue intimité de Reynaud avec les chefs bancaires de la synarche et la découverte de l'inspecteur Vilatte sur les synarques ou personnalités en rapport avec eux atténuent la responsabilité imputée par Pertinax à celle qui était sa maîtresse depuis les années 20 : Hélène de Portes, fille du synarque Charles Rebuffel et maître de Gabriel Le Roy Ladurie".
Sur quoi, entre autres, l'historienne s'appuie-t-elle pour cette liste de synarques ? Sur le rapport Chavin, inspecteur de la Sûreté Nationale Vichyste, nommé en septembre 1940 qui écrira un rapport confidentiel sur la société polytechnicienne dite Mouvement Synarchique d’Empire ou Convention Synarchique Révolutionnaire, en juin 1941, listant des "membres présumés de la synarchie" !
Bref des sources très sérieuses .
Re: Le choix de la défaite, d'Annie Lacroix-Riz.
Le positionnement idéologique d'un historien ne peut qu'impacter sa lecture de l'histoire et dans le cas d'Anne Lacroix-Riz, qui je le rappelle est une militante du PRCF,
http://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%B4le_de_renaissance_communiste_en_France
Mais au-delà de ses idées politiques, communiste tendance stalinienne, qui sont "respectables", ce sont les collusions de cette historienne qui me gênent, comme sa participation au colloque d'Axis for Peace, en novembre 2005, avec le conspirationniste Thierry Meyssan, des négationnistes comme Claude Karnoouh ou des soraliens comme Alain Benajam !
http://forum.hardware.fr/hfr/Discussions/Actualite/attentats-septembre-pentagone-sujet_4281_1880.htm#t25969109
http://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%B4le_de_renaissance_communiste_en_France
Mais au-delà de ses idées politiques, communiste tendance stalinienne, qui sont "respectables", ce sont les collusions de cette historienne qui me gênent, comme sa participation au colloque d'Axis for Peace, en novembre 2005, avec le conspirationniste Thierry Meyssan, des négationnistes comme Claude Karnoouh ou des soraliens comme Alain Benajam !
http://forum.hardware.fr/hfr/Discussions/Actualite/attentats-septembre-pentagone-sujet_4281_1880.htm#t25969109
Re: Le choix de la défaite, d'Annie Lacroix-Riz.
Abordons un nouveau chapitre titré :
L'URSS, une alliée traitée en ennemi principal: des fantasmes finlandais au délire du bombardement de Bakou. (p.509-519)
La fermeté intérieure contre les rouges eut pour corollaire la frénésie contre l'Union Soviétique, qui fut contre toute vraisemblance militaire érigée en ennemi principal.
Palasse, Naggiar, et l'URSS alliée: une inacceptable position « britannique .
La correspondance de Palasse et de Naggiar postérieure à la déclaration de guerre vient à l'appui de la thèse de Roberts1 prêtant à l 'URSS une longue hésitation sur la position à prendre à propos de la Pologne et imputant à « l'improvisation sa ligne d'incorporation des Etats baltes non pas dans le système soviétique mais dans la sphère d'influence soviétique. »
[…] « L'URSS exerce actuellement une certaine pression sur les Etats Baltes dans le seul but de s'octroyer des points stratégiques de premier ordre pour contrecarrer la poussée allemande vers l'Ouest2. La Russie soviétique se rangera bientôt aux côtés de démocraties pour abattre l'hitlérisme et son attitude actuelle est une préparation d'une action future contre le Reich.3 »
[…]
L'ambassadeur Naggiar tire du discours de Mr Molotov, au Soviet Suprême, le 31 octobre, créditant l'URSS « d'avoir empêché l'extension de la guerre à l'Europe danubienne et balkanique », les conclusions suivantes:
«1°) Les pronostics faits par Mr Ribbentrop lors de son dernier séjour à Moscou, au mois de septembre, quant à un nouveau développement des relations germano-soviétiques, ne se sont pas réalisés. L'URSS reste dans la neutralité;c'est dans le domaine économique que les relations avec l'Allemagne se développent.
2°) L'URSS considère que l'acquisition de l'Ukraine et de la Russie blanche est définitive. Pour les dirigeants soviétiques, c'est la question essentielle qui déterminera l'attitude de l'URSS dans l'avenir.
3°) Tout en s'irritant des résistances de certains pays voisins, qu'elle voudrait traiter en vassaux (la Finlande et la Turquie), l'URSS évitera de recourir à la force, ne pas compromettre la position de puissance pacifique où elle s'est installée.
4°) L'URSS est prête à faire l'effort nécessaire pour avoir la paix en Extrême-Orient4.
Bref l'attaché militaire et l'ambassadeur à Moscou défendirent, à l'automne 1939, une ligne proche de la ligne officielle britannique décrite par Charles Corbin, mais plus sincère. Car l'association City-Cabinet ne renonça pas à la politique des deux fers au feu, de « guerre limitée et de recherche d'une paix de compromis » avec le Reich, malgré l'énergie anti-allemande affichée par le cabinet de guerre cosmétique incluant Churchill.
Critique:
1°) Déjà le titre du paragraphe : L'URSS, une alliée traitée en ennemi principal ...
Le chapitre traitant des débuts de la guerre, donc de la période post-pacte germano-soviétique d'août 1939, sa formulation est paradoxale ...comment un pays ayant signé un pacte de non-agression (et bien plus en fait !) avec le Reich hitlérien pourrait être considéré comme un allié par les franco-anglais ? Déjà, avant la guerre, l'URSS n'était pas dans les petits papiers des démocraties occidentales, alors après la signature du pacte germano-soviétique … Ici, bien sûr, on peut voir, clairement, la militante Annie Lacroix-Riz qui joue avec les mots pour faire apparaître l'URSS comme une victime, signataire du pacte germano-soviétique mais encore alliée des puissances occidentales ! Hilarant !
2°) Concernant les Etats baltes, la politique de l'URSS relève de tout, sauf de l'improvisation, les faits sont plutôt clairs !
A part la Lituanie, la Lettonie et l'Estonie avaient été expressément définis comme pays faisant partie de la sphère d'influence soviétique, lors du Pacte germano-soviétique. Quant à la Lituanie, ce pays fut l'objet d'une négociation entre Staline et Ribbentrop. Le 27 septembre 1939, le Ministre des Affaires Etrangères allemand vint à Moscou pour régler la partition de la Pologne. Les soviétiques exigèrent alors qu'il n'y ait aucune reconstitution de l'Etat Polonais, ce que l'allemand accepta, bien que cela privât l'Allemagne d'un atout majeur pour de future négociations avec les alliés en vue d'une paix (Paix qui aurait été le souhait d'Hitler, notamment avec la Grande-Bretagne. Mais ces derniers auraient de toute façon demandés la reconstitution de la Pologne, ce qui fut leur leitmotiv durant toute la guerre), et ils demandèrent au Ministre teuton la cession de la Lituanie à la sphère soviétique en échange d'une grande partie de la Pologne centrale qui avait été attributée aux soviétiques par le pacte du 23 août. Si Hitler fut choquée par la demande, puisque des minorités allemandes habitaient la Lituanie, il accepta pour ne pas se quereller avec les soviétiques alors qu'il devait désormais concentrer ses troupes sur le front Ouest.(source Ribbentrop, par Michael Bloch, p.440)
Le traité de bon voisinage et d'amitié germano-soviétique, accompagné d'une carte détaillée et de trois protocoles secrets, fut signé à 5 heures du matin, le 29 septembre 1939.
3°) Quant au fait de dire que l'URSS préparait une guerre contre le Reich, rien, dans les faits, ne va dans ce sens, le nouveau traité signé avec l'Allemagne, le 29 septembre 1939 prouvait bien le contraire ! D'ailleurs, jusqu'en juin 41, l'URSS n'avait montré aucune velléité contre le Reich, se concentrant, surtout, de signer de nouveaux traités de commerce avec l'Allemagne, comme début 1941 et d'annexer les anciennes provinces russes de l'Empire tsariste perdues lors de la révolution (A part la Bukovine du Nord, qui n'avait jamais fait partie de l'Empire). La thèse de Suvorov, alias Rezun, dans son Brise-Glace, comme quoi Staline s'apprêtait, en 1941, à attaquer le Reich, si elle est intéressante sur le papier, ne repose que sur des hypothèses et des spéculations de l'auteur, voire des déformations mises en valeur par de nombreux historiens, mais la thèse renaît souvent de ses cendres, dernièrement avec Albert L. Weeks, auteur de Stalin’s Other War. Soviet Grand Strategy, 1939-1941, Rowman & Littlefield Publishers (2001 et 2003) .
4°) Quant au discours de Molotov, Annie Lacroix-Riz reprend les morceaux qui l'arrangent, en insistant sur la phrase comme quoi l'attitude de l'URSS aurait évité l'expansion de la guerre à l'Europe danubienne et balkanique, ce qui est une foutaise, vu qu'Hitler, de toute façon, la Pologne battue, voulait se concentrer contre la France !! D'ailleurs, à part la Yougoslavie et la Grèce, toute l'Europe danubienne et balkanique est désormais dans l'orbite du Reich.
Par contre, dans ce fameux discours, du 31 octobre 1939, le commissaire du Peuple aux Affaires étrangères se réjouissait de la disparition de la Pologne, rejeton monstrueux du Traité de Versailles ...et faisait l'éloge de l'Allemagne ...deux passages occultés par Annie Lacroix-Riz ...
5°) L'association City-Cabinet dont parle Annie Lacroix-Riz est typique du discours conspirationniste, qui consiste à créer des expressions reliant deux entités, pour créer un effet de collusion, sans, évidemment, rien prouver, mais créant un doute ! Quant à la fameuse paix de compromis recherché par les anglais dès octobre 1939, l'historienne n'approfondit pas et ne source rien, une hypothèse de plus lancée à blanc aux lecteurs ...juste pour diaboliser les démocraties.
Conclusion: On a ici une méthode digne de 1984, où on inverse les rôles de manière astucieuse ...l'URSS, qui a signé le pacte germano-soviétique, en août 1939, pacte renforcé par un nouveau Traité germano-soviétique du 29 septembre 1939, serait en fait l'alliée naturel des démocraties et aurait évité une extension de la guerre en Europe danubienne et balkanique alors que les Franco-Anglais, en guerre contre le Reich, seraient en fait pas très clairs et voudraient, avec l'aide de la City, faire une paix de compromis avec les allemands ...
L'URSS, une alliée traitée en ennemi principal: des fantasmes finlandais au délire du bombardement de Bakou. (p.509-519)
La fermeté intérieure contre les rouges eut pour corollaire la frénésie contre l'Union Soviétique, qui fut contre toute vraisemblance militaire érigée en ennemi principal.
Palasse, Naggiar, et l'URSS alliée: une inacceptable position « britannique .
La correspondance de Palasse et de Naggiar postérieure à la déclaration de guerre vient à l'appui de la thèse de Roberts1 prêtant à l 'URSS une longue hésitation sur la position à prendre à propos de la Pologne et imputant à « l'improvisation sa ligne d'incorporation des Etats baltes non pas dans le système soviétique mais dans la sphère d'influence soviétique. »
[…] « L'URSS exerce actuellement une certaine pression sur les Etats Baltes dans le seul but de s'octroyer des points stratégiques de premier ordre pour contrecarrer la poussée allemande vers l'Ouest2. La Russie soviétique se rangera bientôt aux côtés de démocraties pour abattre l'hitlérisme et son attitude actuelle est une préparation d'une action future contre le Reich.3 »
[…]
L'ambassadeur Naggiar tire du discours de Mr Molotov, au Soviet Suprême, le 31 octobre, créditant l'URSS « d'avoir empêché l'extension de la guerre à l'Europe danubienne et balkanique », les conclusions suivantes:
«1°) Les pronostics faits par Mr Ribbentrop lors de son dernier séjour à Moscou, au mois de septembre, quant à un nouveau développement des relations germano-soviétiques, ne se sont pas réalisés. L'URSS reste dans la neutralité;c'est dans le domaine économique que les relations avec l'Allemagne se développent.
2°) L'URSS considère que l'acquisition de l'Ukraine et de la Russie blanche est définitive. Pour les dirigeants soviétiques, c'est la question essentielle qui déterminera l'attitude de l'URSS dans l'avenir.
3°) Tout en s'irritant des résistances de certains pays voisins, qu'elle voudrait traiter en vassaux (la Finlande et la Turquie), l'URSS évitera de recourir à la force, ne pas compromettre la position de puissance pacifique où elle s'est installée.
4°) L'URSS est prête à faire l'effort nécessaire pour avoir la paix en Extrême-Orient4.
Bref l'attaché militaire et l'ambassadeur à Moscou défendirent, à l'automne 1939, une ligne proche de la ligne officielle britannique décrite par Charles Corbin, mais plus sincère. Car l'association City-Cabinet ne renonça pas à la politique des deux fers au feu, de « guerre limitée et de recherche d'une paix de compromis » avec le Reich, malgré l'énergie anti-allemande affichée par le cabinet de guerre cosmétique incluant Churchill.
Critique:
1°) Déjà le titre du paragraphe : L'URSS, une alliée traitée en ennemi principal ...
Le chapitre traitant des débuts de la guerre, donc de la période post-pacte germano-soviétique d'août 1939, sa formulation est paradoxale ...comment un pays ayant signé un pacte de non-agression (et bien plus en fait !) avec le Reich hitlérien pourrait être considéré comme un allié par les franco-anglais ? Déjà, avant la guerre, l'URSS n'était pas dans les petits papiers des démocraties occidentales, alors après la signature du pacte germano-soviétique … Ici, bien sûr, on peut voir, clairement, la militante Annie Lacroix-Riz qui joue avec les mots pour faire apparaître l'URSS comme une victime, signataire du pacte germano-soviétique mais encore alliée des puissances occidentales ! Hilarant !
2°) Concernant les Etats baltes, la politique de l'URSS relève de tout, sauf de l'improvisation, les faits sont plutôt clairs !
A part la Lituanie, la Lettonie et l'Estonie avaient été expressément définis comme pays faisant partie de la sphère d'influence soviétique, lors du Pacte germano-soviétique. Quant à la Lituanie, ce pays fut l'objet d'une négociation entre Staline et Ribbentrop. Le 27 septembre 1939, le Ministre des Affaires Etrangères allemand vint à Moscou pour régler la partition de la Pologne. Les soviétiques exigèrent alors qu'il n'y ait aucune reconstitution de l'Etat Polonais, ce que l'allemand accepta, bien que cela privât l'Allemagne d'un atout majeur pour de future négociations avec les alliés en vue d'une paix (Paix qui aurait été le souhait d'Hitler, notamment avec la Grande-Bretagne. Mais ces derniers auraient de toute façon demandés la reconstitution de la Pologne, ce qui fut leur leitmotiv durant toute la guerre), et ils demandèrent au Ministre teuton la cession de la Lituanie à la sphère soviétique en échange d'une grande partie de la Pologne centrale qui avait été attributée aux soviétiques par le pacte du 23 août. Si Hitler fut choquée par la demande, puisque des minorités allemandes habitaient la Lituanie, il accepta pour ne pas se quereller avec les soviétiques alors qu'il devait désormais concentrer ses troupes sur le front Ouest.(source Ribbentrop, par Michael Bloch, p.440)
Le traité de bon voisinage et d'amitié germano-soviétique, accompagné d'une carte détaillée et de trois protocoles secrets, fut signé à 5 heures du matin, le 29 septembre 1939.
3°) Quant au fait de dire que l'URSS préparait une guerre contre le Reich, rien, dans les faits, ne va dans ce sens, le nouveau traité signé avec l'Allemagne, le 29 septembre 1939 prouvait bien le contraire ! D'ailleurs, jusqu'en juin 41, l'URSS n'avait montré aucune velléité contre le Reich, se concentrant, surtout, de signer de nouveaux traités de commerce avec l'Allemagne, comme début 1941 et d'annexer les anciennes provinces russes de l'Empire tsariste perdues lors de la révolution (A part la Bukovine du Nord, qui n'avait jamais fait partie de l'Empire). La thèse de Suvorov, alias Rezun, dans son Brise-Glace, comme quoi Staline s'apprêtait, en 1941, à attaquer le Reich, si elle est intéressante sur le papier, ne repose que sur des hypothèses et des spéculations de l'auteur, voire des déformations mises en valeur par de nombreux historiens, mais la thèse renaît souvent de ses cendres, dernièrement avec Albert L. Weeks, auteur de Stalin’s Other War. Soviet Grand Strategy, 1939-1941, Rowman & Littlefield Publishers (2001 et 2003) .
4°) Quant au discours de Molotov, Annie Lacroix-Riz reprend les morceaux qui l'arrangent, en insistant sur la phrase comme quoi l'attitude de l'URSS aurait évité l'expansion de la guerre à l'Europe danubienne et balkanique, ce qui est une foutaise, vu qu'Hitler, de toute façon, la Pologne battue, voulait se concentrer contre la France !! D'ailleurs, à part la Yougoslavie et la Grèce, toute l'Europe danubienne et balkanique est désormais dans l'orbite du Reich.
Par contre, dans ce fameux discours, du 31 octobre 1939, le commissaire du Peuple aux Affaires étrangères se réjouissait de la disparition de la Pologne, rejeton monstrueux du Traité de Versailles ...et faisait l'éloge de l'Allemagne ...deux passages occultés par Annie Lacroix-Riz ...
5°) L'association City-Cabinet dont parle Annie Lacroix-Riz est typique du discours conspirationniste, qui consiste à créer des expressions reliant deux entités, pour créer un effet de collusion, sans, évidemment, rien prouver, mais créant un doute ! Quant à la fameuse paix de compromis recherché par les anglais dès octobre 1939, l'historienne n'approfondit pas et ne source rien, une hypothèse de plus lancée à blanc aux lecteurs ...juste pour diaboliser les démocraties.
Conclusion: On a ici une méthode digne de 1984, où on inverse les rôles de manière astucieuse ...l'URSS, qui a signé le pacte germano-soviétique, en août 1939, pacte renforcé par un nouveau Traité germano-soviétique du 29 septembre 1939, serait en fait l'alliée naturel des démocraties et aurait évité une extension de la guerre en Europe danubienne et balkanique alors que les Franco-Anglais, en guerre contre le Reich, seraient en fait pas très clairs et voudraient, avec l'aide de la City, faire une paix de compromis avec les allemands ...
Re: Le choix de la défaite, d'Annie Lacroix-Riz.
Une nouvelle fois merci pour cette analyse !
Autre exemple d'inversement de "rôles" , le "fantasme finlandais" ... quels fantasmes ? De mémoire ce sont les bombardiers soviétiques qui ont franchis les premiers la frontières et pas l'inverse ! A moins que, dans un souci total d'objectivité bien sur, Lacroix-Riz prenne en compte les prétendus rapports sur des "bombardements finlandais" visant des installations soviétiques ...
Autre exemple d'inversement de "rôles" , le "fantasme finlandais" ... quels fantasmes ? De mémoire ce sont les bombardiers soviétiques qui ont franchis les premiers la frontières et pas l'inverse ! A moins que, dans un souci total d'objectivité bien sur, Lacroix-Riz prenne en compte les prétendus rapports sur des "bombardements finlandais" visant des installations soviétiques ...
Dernière édition par Goliath le 31/8/2011, 13:34, édité 1 fois
Re: Le choix de la défaite, d'Annie Lacroix-Riz.
On continue sur le fantasme finlandais et la furia antisoviétique ...
Des fantasmes finlandais au délire du bombardement de Bakou.(p.512-519)
Gamelin avait le 21 septembre osé une suggestion à Palasse: « action auprès de l'URSS pour l'amener à se tourner contre l'Allemagne. La Turquie pourrait sans doute servir d'intermédiaire ».
Annie Lacroix-Riz parle de « furie française » qui fut décuplée par la « guerre d'hiver ». Les tambours de la propagande battirent des records dans l'exaltation, aussi hystérique en France qu'au Vatican, de l'héroïque petite nation résistante, triomphant d'une Armée rouge inepte1. Les croisés franquistes de l'Axe se réengagèrent, tel le PPF, Jean Fontenoy, qui « servi en qulaité de lieutenant d'assaut sur ses skis ». Les hitlériens français flagornant encore leur idole républicaine, exultaient:
« Rompre avec les Soviets, c'est bien, mais venir en aide à la Finlande, ce serait mieux », clama le 21 décembre la commission exécutive du parti de Taittinger », « faisant appel au patriotisme vigilant et éclairé du Président du Conseil, M.Daladier, pourqu'une barrière effective fût oppsée aux envahissements bolchevico-nazis pendant qu'il en était encore temps ».
Critique:
1°) Annie Lacroix-Riz parle de l'affaire finlandaise mais n'éclaire pas le lecteur sur les faits ayant fait débuté ce théâtre d'opérations. Oubli curieux lorsqu'on développe tout un paragraphe sur les « délires finlandais antisoviétiques du gouvernement français », sans en expliquer les raisons premières. Or, il ne faut pas oublier que le 30 novembre 1939, c'est bien l'armée rouge qui agressa la Finlande et non le contraire !! Cette attaque fut jugée illégale par la SDN dont l'URSS fut exclue le 14 décembre 1939. Toujours cette amnésie historique lorsqu'il s'agit de parler des « agressions » de l'URSS, durant l'année 1939-1940 !
2°) L'invasion soviétique de la Finlande a ému l'opinion publique internationale et il est vrai que des plans pour aider la petite Finlande furent ébauchés par les états-majors. Mais pourquoi associer ces plans plutôt généreux à l'action individuelle de militants d'extrême-droite français ? Comme si Annie Lacroix-Riz, astucieusement, voulait faire passer ceux qui voulaient aider la Finlande comme des nazillons … Toujours ce renversement des « référents », pour brouiller les pistes, et on en viendrait à croire que c'est plutôt l'URSS qui s'est défendue contre l'action de la Finlande et de ses mercenaires nazillons français !
3°) On se demande bien ce que le Vatican vient faire encore dans l'affaire finlandaise ...
« La fièvre française n'épargnait ni Londres, ni Washington: nul ne résistait à l'aubaine idéologique « de tomber à bras raccourcis sur la Russie soviétique complètement isolée » ! On parle déjà, avait triomphé le consul italien à Genève, le 5 décembre, de la constitution d'une Sainte-Alliance anticommuniste sous le haut patronage du Duce qui pourrait représenter le point de départ d'un règlement possible du conflit européen.
Critique:
1°) Si fièvre il y a eue, elle ne fut pas très puissante, puisqu'aucune opération ne fut entreprise contre l'URSS.
2°) L'URSS complètement isolée ? Il me semblait qu'elle avait signé un pacte avec les allemands ...voilà un isolement bien curieux !
3°) Sainte-Alliance contre l'URSS ? L'idée a pu germer dans l'esprit de quelques diplomates, mais ne fut jamais une réalité, toujours ce renversement des « référents », qui veut nous faire prendre des vessies pour des lanternes, comme si l'URSS, en janvier 1940, était la victime d'une coalition contre elle ..
« L'Etat-Major n'avait jamais tenu pour « alliée » la Finlande: le danger russe et bolchevique primait le danger allemand » (rapport militaire de 1935).
[…]
La « note sur la conduite stratégique de la guerre » du 30 décembre 1939 est un des chef d'oeuvre précoce du dossier, elle faisait de l'URSS, du Nord au Sud, le siège des « théâtres d'opérations de diversion intéressant des points sensibles » à mener « avant d'entreprendre une offensive générale sur le front du Nord-Est ».
a) l'attaque via la Finlande et la Scandinavie priverait le Reich du « fer suédois ».
b) paragraphe sur le Caucase, rêve de Weygand dans la lignée des plans de 1918 étudiés par Carley, était également digne du reste de l'Etat-Major et de Daladier. « Les pétroles russes du Caucase servent actuellement au ravitaillement allemand. Il y aurait le plus grand intérêt à détruire le pipeline Bakou-Batoum et si possible les exploitations de Bakou, d'où proviennent les ¾ du pétrole russe.[...] Or le pipeline de Batoum, est à 25 kms de la frontière turque. Il y a donc là des possibilités de raids à buts précis sans nécessairement viser à l 'occupation des pays conquis. Il semble possible d'obtenir du gouvernement d'Ankara qu'il ferme les yeux sur l'existence des bandes armées qui auraient mission de couper le pipeline et de détruire quelques stations de pompage. Ces bandes pourraient être à base de Tcherkesse ou de kurdes, réfugiés en Syrie et dont le pays d'origine est précisément le Caucase. Si on voulait monter des opérations de plus grande envergure, on pourrait y intéresser les turcs en leur promettant la Transcaucasie qui fut, récemment encore, ottomane.
c)l'action dans les Balkans, monopole de Weygand, consisterait à empêcher les Germano-russes de progresser en direction générale du sud-est, via une action par Salonique ou par la Thrace. Mais peut-être vaudrait-il mieux provoquer une offensive ennemie sur la Roumanie, dont on prévoyait l'invasion russe.
La volonté de Weygand « de promouvoir une action directe contre la Russie en utilisant la Roumanie, dont les champs de pétrole alimentent la guerre allemande « comme théâtre de guerre, rapporta Weizsäcker fin janvier, a suscité l'approbation de MM.de Monzie et Sarraut et du général Georges. Mais les autres membres du Cabinet, le général Gamelin et tout le cabinet britannique, ne veulent pas entendre parler d'un tel plan. Paris savait que le Reich ne guerroyait pas avec le pétrole soviétique: L'exploitation allemande des ressources éventuellement russes ne peut être considéré que comme un appoint hypothétique à échéance lointaine, admit en octobre 1939 le général Décamp, chef du cabinet militaire de Daladier. Double aveu majeur d'un des présumés fous ou aveugles, « fort munichois » et lié de près à la synarchie.
Critique:
Curieux rapport militaire, cité par Annie Lacroix-Riz, qui, à l'insu de son plein gré, réfute son hypothèse d'actions menées contre la seule URSS !
1°) L'URSS plus dangereuse que l'Allemagne nazie ? En 1935, c'était fort possible, en 1940, certainement pas !! Un rapport de 1935 ne peut présumer de l'état d'esprit d'un état-major, 5 ans plus tard !
2°) La note militaire de fin décembre 1939 indexe, systématiquement, les actions contre les soviétiques, à des objectifs contribuant à affaiblir l'Allemagne. Que ça soit l'action contre la Norvège, destinée à couper la route du fer suédois à l'Allemagne, ou les opérations pour saboter le pipeline Bakou-Batoum, d'où proviennt les ¾ du pétrole russe qui ravitaille, entre autres, la Wehrmacht !
3°) Quant à l'action de Weygand, dans les Balkans, vieux souvenirs du Front Balkanique de la 1ere guerre mondiale, elle est refusée par les alliés, mais ne manquait pas de justesse quant à la future action de l'URSS contre la Roumanie, avec l'annexion par les soviétiques, cet été 1940, de la Bessarabie et de la Bukovine du Nord.
4°) Quant à Paris qui pensait que les pétroles russes ne ravitaillaient pas l'armée allemande, les français et Annie Lacroix-Riz se trompent complètement, en vertu de l'accord commercial signé par Ribbentrop, à Moscou, le 29 septembre 1939, et qui prévoyait prestement la livraison de matières premières soviétiques au Reich, dont du pétrole !
http://fr.wikipedia.org/wiki/Relations_%C3%A9conomiques_entre_l'Union_sovi%C3%A9tique_et_l'Allemagne_nazie
5°) Et toujours ces mystérieux synarques qui tirent les ficelles, organisation secrète qu'avait démasqué Henri Chavin, commissaire vichyssois, qui avait écrit un rapport démasquant la synarchie, en 1941 !! Ici la référence ramène à André Géraud, dit Pertinax, qui écrira, en 1943, Les fossoyeurs, sur les responsables de la défaite ...encore un essai écrit à chaud, sans recul historique, datant de 1943 !
Des fantasmes finlandais au délire du bombardement de Bakou.(p.512-519)
Gamelin avait le 21 septembre osé une suggestion à Palasse: « action auprès de l'URSS pour l'amener à se tourner contre l'Allemagne. La Turquie pourrait sans doute servir d'intermédiaire ».
Annie Lacroix-Riz parle de « furie française » qui fut décuplée par la « guerre d'hiver ». Les tambours de la propagande battirent des records dans l'exaltation, aussi hystérique en France qu'au Vatican, de l'héroïque petite nation résistante, triomphant d'une Armée rouge inepte1. Les croisés franquistes de l'Axe se réengagèrent, tel le PPF, Jean Fontenoy, qui « servi en qulaité de lieutenant d'assaut sur ses skis ». Les hitlériens français flagornant encore leur idole républicaine, exultaient:
« Rompre avec les Soviets, c'est bien, mais venir en aide à la Finlande, ce serait mieux », clama le 21 décembre la commission exécutive du parti de Taittinger », « faisant appel au patriotisme vigilant et éclairé du Président du Conseil, M.Daladier, pourqu'une barrière effective fût oppsée aux envahissements bolchevico-nazis pendant qu'il en était encore temps ».
Critique:
1°) Annie Lacroix-Riz parle de l'affaire finlandaise mais n'éclaire pas le lecteur sur les faits ayant fait débuté ce théâtre d'opérations. Oubli curieux lorsqu'on développe tout un paragraphe sur les « délires finlandais antisoviétiques du gouvernement français », sans en expliquer les raisons premières. Or, il ne faut pas oublier que le 30 novembre 1939, c'est bien l'armée rouge qui agressa la Finlande et non le contraire !! Cette attaque fut jugée illégale par la SDN dont l'URSS fut exclue le 14 décembre 1939. Toujours cette amnésie historique lorsqu'il s'agit de parler des « agressions » de l'URSS, durant l'année 1939-1940 !
2°) L'invasion soviétique de la Finlande a ému l'opinion publique internationale et il est vrai que des plans pour aider la petite Finlande furent ébauchés par les états-majors. Mais pourquoi associer ces plans plutôt généreux à l'action individuelle de militants d'extrême-droite français ? Comme si Annie Lacroix-Riz, astucieusement, voulait faire passer ceux qui voulaient aider la Finlande comme des nazillons … Toujours ce renversement des « référents », pour brouiller les pistes, et on en viendrait à croire que c'est plutôt l'URSS qui s'est défendue contre l'action de la Finlande et de ses mercenaires nazillons français !
3°) On se demande bien ce que le Vatican vient faire encore dans l'affaire finlandaise ...
« La fièvre française n'épargnait ni Londres, ni Washington: nul ne résistait à l'aubaine idéologique « de tomber à bras raccourcis sur la Russie soviétique complètement isolée » ! On parle déjà, avait triomphé le consul italien à Genève, le 5 décembre, de la constitution d'une Sainte-Alliance anticommuniste sous le haut patronage du Duce qui pourrait représenter le point de départ d'un règlement possible du conflit européen.
Critique:
1°) Si fièvre il y a eue, elle ne fut pas très puissante, puisqu'aucune opération ne fut entreprise contre l'URSS.
2°) L'URSS complètement isolée ? Il me semblait qu'elle avait signé un pacte avec les allemands ...voilà un isolement bien curieux !
3°) Sainte-Alliance contre l'URSS ? L'idée a pu germer dans l'esprit de quelques diplomates, mais ne fut jamais une réalité, toujours ce renversement des « référents », qui veut nous faire prendre des vessies pour des lanternes, comme si l'URSS, en janvier 1940, était la victime d'une coalition contre elle ..
« L'Etat-Major n'avait jamais tenu pour « alliée » la Finlande: le danger russe et bolchevique primait le danger allemand » (rapport militaire de 1935).
[…]
La « note sur la conduite stratégique de la guerre » du 30 décembre 1939 est un des chef d'oeuvre précoce du dossier, elle faisait de l'URSS, du Nord au Sud, le siège des « théâtres d'opérations de diversion intéressant des points sensibles » à mener « avant d'entreprendre une offensive générale sur le front du Nord-Est ».
a) l'attaque via la Finlande et la Scandinavie priverait le Reich du « fer suédois ».
b) paragraphe sur le Caucase, rêve de Weygand dans la lignée des plans de 1918 étudiés par Carley, était également digne du reste de l'Etat-Major et de Daladier. « Les pétroles russes du Caucase servent actuellement au ravitaillement allemand. Il y aurait le plus grand intérêt à détruire le pipeline Bakou-Batoum et si possible les exploitations de Bakou, d'où proviennent les ¾ du pétrole russe.[...] Or le pipeline de Batoum, est à 25 kms de la frontière turque. Il y a donc là des possibilités de raids à buts précis sans nécessairement viser à l 'occupation des pays conquis. Il semble possible d'obtenir du gouvernement d'Ankara qu'il ferme les yeux sur l'existence des bandes armées qui auraient mission de couper le pipeline et de détruire quelques stations de pompage. Ces bandes pourraient être à base de Tcherkesse ou de kurdes, réfugiés en Syrie et dont le pays d'origine est précisément le Caucase. Si on voulait monter des opérations de plus grande envergure, on pourrait y intéresser les turcs en leur promettant la Transcaucasie qui fut, récemment encore, ottomane.
c)l'action dans les Balkans, monopole de Weygand, consisterait à empêcher les Germano-russes de progresser en direction générale du sud-est, via une action par Salonique ou par la Thrace. Mais peut-être vaudrait-il mieux provoquer une offensive ennemie sur la Roumanie, dont on prévoyait l'invasion russe.
La volonté de Weygand « de promouvoir une action directe contre la Russie en utilisant la Roumanie, dont les champs de pétrole alimentent la guerre allemande « comme théâtre de guerre, rapporta Weizsäcker fin janvier, a suscité l'approbation de MM.de Monzie et Sarraut et du général Georges. Mais les autres membres du Cabinet, le général Gamelin et tout le cabinet britannique, ne veulent pas entendre parler d'un tel plan. Paris savait que le Reich ne guerroyait pas avec le pétrole soviétique: L'exploitation allemande des ressources éventuellement russes ne peut être considéré que comme un appoint hypothétique à échéance lointaine, admit en octobre 1939 le général Décamp, chef du cabinet militaire de Daladier. Double aveu majeur d'un des présumés fous ou aveugles, « fort munichois » et lié de près à la synarchie.
Critique:
Curieux rapport militaire, cité par Annie Lacroix-Riz, qui, à l'insu de son plein gré, réfute son hypothèse d'actions menées contre la seule URSS !
1°) L'URSS plus dangereuse que l'Allemagne nazie ? En 1935, c'était fort possible, en 1940, certainement pas !! Un rapport de 1935 ne peut présumer de l'état d'esprit d'un état-major, 5 ans plus tard !
2°) La note militaire de fin décembre 1939 indexe, systématiquement, les actions contre les soviétiques, à des objectifs contribuant à affaiblir l'Allemagne. Que ça soit l'action contre la Norvège, destinée à couper la route du fer suédois à l'Allemagne, ou les opérations pour saboter le pipeline Bakou-Batoum, d'où proviennt les ¾ du pétrole russe qui ravitaille, entre autres, la Wehrmacht !
3°) Quant à l'action de Weygand, dans les Balkans, vieux souvenirs du Front Balkanique de la 1ere guerre mondiale, elle est refusée par les alliés, mais ne manquait pas de justesse quant à la future action de l'URSS contre la Roumanie, avec l'annexion par les soviétiques, cet été 1940, de la Bessarabie et de la Bukovine du Nord.
4°) Quant à Paris qui pensait que les pétroles russes ne ravitaillaient pas l'armée allemande, les français et Annie Lacroix-Riz se trompent complètement, en vertu de l'accord commercial signé par Ribbentrop, à Moscou, le 29 septembre 1939, et qui prévoyait prestement la livraison de matières premières soviétiques au Reich, dont du pétrole !
http://fr.wikipedia.org/wiki/Relations_%C3%A9conomiques_entre_l'Union_sovi%C3%A9tique_et_l'Allemagne_nazie
5°) Et toujours ces mystérieux synarques qui tirent les ficelles, organisation secrète qu'avait démasqué Henri Chavin, commissaire vichyssois, qui avait écrit un rapport démasquant la synarchie, en 1941 !! Ici la référence ramène à André Géraud, dit Pertinax, qui écrira, en 1943, Les fossoyeurs, sur les responsables de la défaite ...encore un essai écrit à chaud, sans recul historique, datant de 1943 !
Re: Le choix de la défaite, d'Annie Lacroix-Riz.
Oui, un véritable délire ... le soutien international au profit de la Finlande fut quasi-unanime ... du Royaume de Roumanie à l'Italie fasciste, en passant par la France, le RU, les voisins suédois et danois ... etc ! Des milliers d'hommes s'engagèrent aux côtés des finlandais (en fait presque aucun ne fut envoyé au combat .. seuls quelques volontaires suédois parvinrent effectivement au front), non pas par convictions politiques (par exemple, des centaines d'ouvriers américains d'origine finlandaise se tournèrent vers l'engagement volontaire) mais par réaction légitime, un "soutien" à une nation agressée par son aggressif voisin (n'utilisons pas le terme "impérialiste", ça ferait faire Lacroix-Riz sauter au plafond ! ) ! Une totale hypocrisie de l'auteur, complétée comme l'a dit Tietie par une amnésie sélective - une généreuse et pratique omission des RAISONS du conflit russo-finlandais, son caractère lâche, qui aboutira à l'exclusion de l'URSS de la SDN (avec toute les conséquences sur l'image déjà peu reluisante du régime stalinien bien évidement). Les plans de Daladier misaient non seulement sur la résistance des forces finlandaises, mais aussi sur la passivité des forces suédoises et norvégiennes, ce qui aurait permit de bloquer l'approvisionnement en matières premières de l'Allemagne par la Scandinavie (notamment le bassin de Petsamo à l'extrême-nord finlandais ... territoire très riche immédiatement confisqué par l'URSS lors de l'armistice !L'invasion soviétique de la Finlande a ému l'opinion publique
internationale et il est vrai que des plans pour aider la petite
Finlande furent ébauchés par les états-majors. Mais pourquoi associer
ces plans plutôt généreux à l'action individuelle de militants
d'extrême-droite français ? Comme si Annie Lacroix-Riz, astucieusement, voulait faire passer ceux qui voulaient aider la Finlande comme
des nazillons … Toujours ce renversement des « référents », pour
brouiller les pistes, et on en viendrait à croire que c'est plutôt
l'URSS qui s'est défendue contre l'action de la Finlande et de ses
mercenaires nazillons français !
D'autant plus que les finlandais sont protestants et non catholiques ...On se demande bien ce que le Vatican vient faire encore dans l'affaire finlandaise ...
Ironiquement, c'est l'Allemagne nazie qui a montré la plus forte passivité lors du conflit russo-finlandais ... bloquant d'ailleurs des chargements d'armes dans ses ports sur pression de l'URSS, des chargements envoyés par la Roumanie et l'Italie entre autres !ses mercenaires nazillons français
Pourquoi ? Ah, Lacroix-Riz a surement omit de l'indiquer ... depuis août 39, l'Allemagne et l'URSS sont de très bons amis ... bien involontairement, bien entendu !
Re: Le choix de la défaite, d'Annie Lacroix-Riz.
tietie007 a écrit:tietie007 a écrit:
Concernant la fameuse synarchie, citée par l'ultra-collaborationniste Mamy, et concept abondamment utilisé par Annie Lacroix-Riz, l'historienne, page 526, intitule un sous-chapitre:
"Vichy avant Vichy: synarques et cagoulards sous Daladier et Reynaud", parlant de l'association de Daladier avec les synarques et de la "longue intimité de Reynaud avec les chefs bancaires de la synarchie" et désignant sous le sobriquet de "synarque" de nombreux hommes politiques et chef d'entreprise ...
ALR définit-elle les contours et les buts de cette organisation ? Non ...à part l'article de Mamy, rien de rien sur la description de ce groupe de "synarques" conspirateurs ...
Sur quelles archives s'appuient-elles pour désigner les synarques ? Vérification faite, page 641, le fond, F7 des Archives Nationales, volume 15343 qui évoque "Synarchie: études, rapports, coupures de presse, 1941-1948".
ALR s'appuie donc, entre autres, sur les ragots de la presse ultra-collaborationniste, de 1941 à 1944, pour donner une réalité à cette "synarchie", qu'elle ne définit d'ailleurs nullement dans son livre ...
On a donc bien la confirmation qu'ALR sélectionne ses "archives" qui l'intéressent, et qui vont dans son sens, même si elles sont fournies par des groupes collabos d'extrême-droite, qui ont inventé le concept de "synarchie" !
On est donc dans l'idéologie conspirationniste basique, où l'on stigmatise des organisations secrètes sur la foi d'articles fantaisistes et idéologiquement très orientés !
Toujours dans ce chapitre Lacroix-Riz indique :
« Daladier s'associa autant de synarques que Reynaud, initiative qu'il esquiva au procès Pétain en évoquant « des hommes de la synarchie, dont quelques-uns se sont glissés au gouvernement »: parmi eux, par lui nommés, figuraient Raoul Dautry et le banquier Daniel Serruys. Son rival, Reynaud, ami avoué de Paul Baudouin et de Gabriel Le Roy Ladurie, n'avait été ministre qu'entouré de synarques. Il l'avait, on l'a dit, continué depuis le 1er novembre 1938, aux Finances, où son équipe permanente tuteurée par le haut patronnat synarcho-cagoulard avait mis à bas tous les acquis ouvriers de 1936.
La longue intimité de Reynaud avec les chefs bancaires de la synarche et la découverte de l'inspecteur Vilatte sur les synarques ou personnalités en rapport avec eux atténuent la responsabilité imputée par Pertinax à celle qui était sa maîtresse depuis les années 20 : Hélène de Portes, fille du synarque Charles Rebuffel et maître de Gabriel Le Roy Ladurie".
Sur quoi, entre autres, l'historienne s'appuie-t-elle pour cette liste de synarques ? Sur le rapport Chavin, inspecteur de la Sûreté Nationale Vichyste, nommé en septembre 1940 qui écrira un rapport confidentiel sur la société polytechnicienne dite Mouvement Synarchique d’Empire ou Convention Synarchique Révolutionnaire, en juin 1941, listant des "membres présumés de la synarchie" !
Bref des sources très sérieuses .
Annie Lacroix-Riz est donc obsédée par les synarques ...ça continue page 527 où elle affirme :
"La plupart des membres de la synarchie » se firent à partir de septembre 1939 « mettre en affectation spéciale, dans les ministères techniques : Armemement, Economie Nationale, Finances, Travaux Publics, Défense Nationale, etc ...Presque tous, d'ailleurs, [avaie]nt une tâche précise à effectuer dans le grand sabotage de la machine de guerre française qui d[evai]t conduire à une défaite rapide."
S'en suit un festival de sobriquets, tel le « grand synarque Monzie », la « promotion synarchique », et enfin:
« Le rapport Chavin désigna le futur ministre de la Reconstruction du général de Gaulle comme le grand pourvoyeur des administrations en synarques « en 1939, pendant la guerre ». Un dossier ultérieur sur la synarchie classant Dautry dans le secteur « Mines et Métallurgie » avec Jean Bichelonne, Jacques Lente, Robert Loustau, Jacques de Nervo, Maurice Olivier, Henri de Peyerimhoff, Pierre Pucheu et Pierre Waline (secrétaire général de la l'UIMM), confirma les découvertes d'Henri Chavin : « Le ministère de l'Armement [tomba] entièrement entre les mains […] des membres de la Synarchie […] aux côtés de Bichelonne et sous l'autorité de Dautry »
Dautry aurait gâté autant la Cagoule « Toute l'administration fut infestée de cagoulards » !
Critique : quelles sont les sources de Lacroix-Riz ? Le fond F7 des Archives Nationales, 15343, "Synarchie, 1941-1948", avec principalement, le rapport Chavin ...vous savez, le commissaire vichyste qui avait découvert le complot synarchique dans son rapport !! On est, ici, il faut bien le dire, en plein délire conspirationniste qui repose sur les élucubrations d'Henri Chavin, dans son rapport éponyme, qui fût, d'ailleurs, un éphémère Secrétaire Général honoraire de la Police du 11 au 18 septembre 1941 !
http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Chavin
Re: Le choix de la défaite, d'Annie Lacroix-Riz.
tietie007 a écrit:tietie007 a écrit:tietie007 a écrit:
Concernant la fameuse synarchie, citée par l'ultra-collaborationniste Mamy, et concept abondamment utilisé par Annie Lacroix-Riz, l'historienne, page 526, intitule un sous-chapitre:
"Vichy avant Vichy: synarques et cagoulards sous Daladier et Reynaud", parlant de l'association de Daladier avec les synarques et de la "longue intimité de Reynaud avec les chefs bancaires de la synarchie" et désignant sous le sobriquet de "synarque" de nombreux hommes politiques et chef d'entreprise ...
ALR définit-elle les contours et les buts de cette organisation ? Non ...à part l'article de Mamy, rien de rien sur la description de ce groupe de "synarques" conspirateurs ...
Sur quelles archives s'appuient-elles pour désigner les synarques ? Vérification faite, page 641, le fond, F7 des Archives Nationales, volume 15343 qui évoque "Synarchie: études, rapports, coupures de presse, 1941-1948".
ALR s'appuie donc, entre autres, sur les ragots de la presse ultra-collaborationniste, de 1941 à 1944, pour donner une réalité à cette "synarchie", qu'elle ne définit d'ailleurs nullement dans son livre ...
On a donc bien la confirmation qu'ALR sélectionne ses "archives" qui l'intéressent, et qui vont dans son sens, même si elles sont fournies par des groupes collabos d'extrême-droite, qui ont inventé le concept de "synarchie" !
On est donc dans l'idéologie conspirationniste basique, où l'on stigmatise des organisations secrètes sur la foi d'articles fantaisistes et idéologiquement très orientés !
Toujours dans ce chapitre Lacroix-Riz indique :
« Daladier s'associa autant de synarques que Reynaud, initiative qu'il esquiva au procès Pétain en évoquant « des hommes de la synarchie, dont quelques-uns se sont glissés au gouvernement »: parmi eux, par lui nommés, figuraient Raoul Dautry et le banquier Daniel Serruys. Son rival, Reynaud, ami avoué de Paul Baudouin et de Gabriel Le Roy Ladurie, n'avait été ministre qu'entouré de synarques. Il l'avait, on l'a dit, continué depuis le 1er novembre 1938, aux Finances, où son équipe permanente tuteurée par le haut patronnat synarcho-cagoulard avait mis à bas tous les acquis ouvriers de 1936.
La longue intimité de Reynaud avec les chefs bancaires de la synarche et la découverte de l'inspecteur Vilatte sur les synarques ou personnalités en rapport avec eux atténuent la responsabilité imputée par Pertinax à celle qui était sa maîtresse depuis les années 20 : Hélène de Portes, fille du synarque Charles Rebuffel et maître de Gabriel Le Roy Ladurie".
Sur quoi, entre autres, l'historienne s'appuie-t-elle pour cette liste de synarques ? Sur le rapport Chavin, inspecteur de la Sûreté Nationale Vichyste, nommé en septembre 1940 qui écrira un rapport confidentiel sur la société polytechnicienne dite Mouvement Synarchique d’Empire ou Convention Synarchique Révolutionnaire, en juin 1941, listant des "membres présumés de la synarchie" !
Bref des sources très sérieuses .
Annie Lacroix-Riz est donc obsédée par les synarques ...ça continue page 527 où elle affirme :
"La plupart des membres de la synarchie » se firent à partir de septembre 1939 « mettre en affectation spéciale, dans les ministères techniques : Armemement, Economie Nationale, Finances, Travaux Publics, Défense Nationale, etc ...Presque tous, d'ailleurs, [avaie]nt une tâche précise à effectuer dans le grand sabotage de la machine de guerre française qui d[evai]t conduire à une défaite rapide."
S'en suit un festival de sobriquets, tel le « grand synarque Monzie », la « promotion synarchique », et enfin:
« Le rapport Chavin désigna le futur ministre de la Reconstruction du général de Gaulle comme le grand pourvoyeur des administrations en synarques « en 1939, pendant la guerre ». Un dossier ultérieur sur la synarchie classant Dautry dans le secteur « Mines et Métallurgie » avec Jean Bichelonne, Jacques Lente, Robert Loustau, Jacques de Nervo, Maurice Olivier, Henri de Peyerimhoff, Pierre Pucheu et Pierre Waline (secrétaire général de la l'UIMM), confirma les découvertes d'Henri Chavin : « Le ministère de l'Armement [tomba] entièrement entre les mains […] des membres de la Synarchie […] aux côtés de Bichelonne et sous l'autorité de Dautry »
Dautry aurait gâté autant la Cagoule « Toute l'administration fut infestée de cagoulards » !
Critique : quelles sont les sources de Lacroix-Riz ? Le fond F7 des Archives Nationales, 15343, "Synarchie, 1941-1948", avec principalement, le rapport Chavin ...vous savez, le commissaire vichyste qui avait découvert le complot synarchique dans son rapport !! On est, ici, il faut bien le dire, en plein délire conspirationniste qui repose sur les élucubrations d'Henri Chavin, dans son rapport éponyme, qui fût, d'ailleurs, un éphémère Secrétaire Général honoraire de la Police du 11 au 18 septembre 1941 !
http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Chavin
On continue dans le délire synarchique d'Annie Lacroix Riz, avec la page 528-529, où elle dresse un portrait de Jean Bichelonne, le "chouchou de la synarchie" :
"Jean Bichelonne, ingénieur en chef des Mines « sorti major de polytechnique » et « d'une ambition sans bornes » avait été promu fort jeune directeur général de « la Société métallurgique Senelle-Maubeuge » où il côtoyait « le baron Jean Seillière », et il administrait diverses sociétés sidérurgiques. Le chouchou de la synarchie ignoré du public fit à 34 ans son « entrée dans la vie politique en 1939 comme chef de cabinet du ministre de l'armement ». Intégré à la délégation française à la commission franco allemande d'armistice fin juin 1940, il fut, mi-juillet, le premier nommé des « secrétaires généraux » à la Production Industrielle, affectation qui dévoila sa liaison avec Dautry et […] ses amitiés avec Lambert-Ribot. »
Critique: le fait que Bichelonne soit nommé Secrétaire d'Etat à la Production Industrielle, en avril 1942, puis pris le Ministère du Travail, en 1943, pour être un des pères du STO et des accords économiques avec Speer, ne signifie nullement que ledit Bichelonne soit le "chouchou des synarques", selon l'expression d'ALR !! Si Bichelonne, avant-guerre, aurait été un fervent zélateur de l'entente avec le Reich, préparant, par une action sous-terraine, la future collaboration, on se demande bien pourquoi, avec Raoul Dautry, il s'efforça de mettre hors de portée, en Grande-Bretagne, les stocks d'eau lourde norvégienne de la rapacité allemande ! Bichelonne, brillant haut-fonctionnaire, n'est pas spécialement connu pour ses écrits politiques fascistes et pro-nazis, comme certains collabos, je pense à Drieu ou Doriot, il est, comme Pucheu, un technicien ambitieux qui assouvit sa soif de pouvoir en entrant au cabinet Laval , en 1942.
Page 531, Annie Lacroix-Riz continue son festival synarchique :
« On fermera la liste par deux niches synarchiques, transition directe vers le Haut comité de la population et ministère du Blocus. Tous deux furent placés sous la houlette du sénateur du Doubs, Georges Pernot, porte-parole d'une « obsession nataliste » munichoise aggravée encore depuis la déclaration de guerre et amorçant la « propagande cache-misère » nataliste sous Pétain. Cette panique alléguée de 1938 devant « une France mal préparée à la guerre », muée en 1939 en hantise des berceaux, a troublé son historien-démographe : priorité en effet curieuse en phase d'urgence militaire absolue. Concernant la première de ces créations, Paul-André Rosental s'est fait le décrypteur involontaire de la synarchie, club de nombre de ses héros : Alfred Sauvy au premier chef, qui, par une ironie de l'histoire plus frappante que pour les 40 heures, sur lesquelles sa croisade d'expert économiste respecta la continuité, devint, après-guerre, le pourfendeur malthusien de la démographie mondiale galopante.
Le Haut comité de la population, créé en février 1939, par Daladier ne groupa que 5 hommes : son président, Georges Pernot, un chef de la droite catholique et patronale, féal de Tardieu, ancien ministre de la Justice de Flandin, vice-président de la Fédération nationale des familles nombreuses, premier ministre de la famille de Pétain et membre de son Conseil National ; Adolphe Landry, Philippe Serre, Frédéric Roujou et Fernand Boverat. Ledit comité fut complété en avril 1940 par le futur directeur de cabinet de Jean Bichelonne, le fort jeune Pierre de Calan et par Alfred Sauvy : 3 synarques avérés, présents sur toutes les listes depuis le rapport Chavin (Serre, Roujou, Sauvy) et un collaborateur intime de synarque avéré, Pierre de Calan, lui-même titulaire de la francisque n°1638 du juillet 1942, avec pour premier parrain Bichelonne. Le jour où il nomma Dautry au ministère de l'armement, Daladier offrit à Pernot la tête du « comité du blocus ». La cohorte de synarques et cagoulards qui le peupla suffirait à définir le « blocus".
Critique: Pour Annie Lacroix-Riz, l'Etat est investi par les synarques, qui complotent contre la République, notamment le démographe Alfred Sauvy ...Sur quoi s'appuie-t-elle pour accuser tout ce beau monde ? Encore sur le rapport Chavin, fonctionnaire vichyste obsédé par la synarchie ! Bref, l'historienne qui va chercher l'information dans les Archives, s'appuie encore sur ce rapport "bidon", fait par un conspirationniste paranoïaque qui voyait des synarques partout !
Et, bien sûr, toujours pas de définition de la synarchie ni d'analyse de cette organisation secrète ... Tout ça est en fait assez affligeant !
Re: Le choix de la défaite, d'Annie Lacroix-Riz.
L'Humanité Dimanche, n°273, du 4 au 17 août 2011, consacre une partie de ses pages à "Ceux qui ont choisi de collaborer, en 1941", avec notamment une interview d'Annie Lacroix-Riz, pages 40 à 43. La militante du PRCF désigne le grand capital français comme oeuvrant pour le renversement du régime républicain, dès les années 20, et s'étant allié, en sous-main, avec le Reich ... On retrouve ses chers synarques, issus tout droit de la presse ultra-collaborationniste ! Le grand capital français a-t-il collaboré avec le Reich ? Oui, mais cette "collaboration" n'est en rien le fruit d'un complot ourdi depuis 20 ans, alors que les nazis n'existaient même pas, mais le résultat de la défaite française et d'une "collaboration" initiée par le Maréchal Pétain et entraînant, derrière lui, une partie du monde des affaires.
ALR, à juste titre, parle de la soviétophobie des élites économiques françaises, qui ont abouti à l'interdiction du PCF ...Mais curieusement, elle ne dit mot sur le pacte germano-soviétique ...Annie Lacroix-Riz ou l'histoire hémiplégique ...
ALR, à juste titre, parle de la soviétophobie des élites économiques françaises, qui ont abouti à l'interdiction du PCF ...Mais curieusement, elle ne dit mot sur le pacte germano-soviétique ...Annie Lacroix-Riz ou l'histoire hémiplégique ...
Re: Le choix de la défaite, d'Annie Lacroix-Riz.
Autre exemple des petits "délires" de Mme Lacroix-Riz, cet article, on-ne-peut-plus révélateur, sur la "renaissance" du Reich et de sa Wehrmacht :
http://www.historiographie.info/franmilwde.pdf
Lacroix-Riz reprend ainsi la propagande soviétique d'après-guerre, sur cette "renaissance" de la Wehrmacht et de ses généraux, incarnés dans une nouvelle Bundeswehr qui n'a pour but que d’anéantir la bonne et "nouvelle" RDA. Cette "phobie" de l'Ouest, tout particulièrement des élites allemandes, françaises et américaines, est rendue synonyme de la fin de la dénazification, comme le dit si bien ALR :
Si les lois d’amnistie de 1951 sont réelles, combien de dignitaires nazis furent bel et bien remis au premier plan de la politique allemande ? De l'autre côté de la frontière par contre, force est de constater que la future NVA, qui prépare sont réarmement avec soin, en "recyclant" un bon nombre d'anciens militaires de la Wehrmacht, et ce, sous les bons hospices d'Ulbricht, spécialiste des purges internes, comme on le sait !
De "l'autre côté", il est surprenant de voir une description pour le moins "Führerienne" d'Adenauer (comme en témoigne la propagande soviétique de l'époque), alors que celui-ci fut opposant au nazisme dès ses débuts politiques !
ALT fait preuve d'une rare hypocrisie, en "piochant" visiblement dans les éléments qui l'intéresse, et en "omettant" d'autres ... plus "gênants" ! Bel exemple de manipulation historique, sur fond de propagande politique digne de la Pravda ! Moi qui était tenté par une thèse sur la naissance de la Bundeswehr, me voilà prévenu !
http://www.historiographie.info/franmilwde.pdf
Lacroix-Riz reprend ainsi la propagande soviétique d'après-guerre, sur cette "renaissance" de la Wehrmacht et de ses généraux, incarnés dans une nouvelle Bundeswehr qui n'a pour but que d’anéantir la bonne et "nouvelle" RDA. Cette "phobie" de l'Ouest, tout particulièrement des élites allemandes, françaises et américaines, est rendue synonyme de la fin de la dénazification, comme le dit si bien ALR :
Parmi les signes de cette poussée nazie dont l'année 1951 fut prodigue - assez pour que
l'imprimé officieux devînt cet égard presque aussi explicite que la correspondance (66) -, le thème
du nécessaire pardon aux criminels de guerre occupa une place essentielle.
Si les lois d’amnistie de 1951 sont réelles, combien de dignitaires nazis furent bel et bien remis au premier plan de la politique allemande ? De l'autre côté de la frontière par contre, force est de constater que la future NVA, qui prépare sont réarmement avec soin, en "recyclant" un bon nombre d'anciens militaires de la Wehrmacht, et ce, sous les bons hospices d'Ulbricht, spécialiste des purges internes, comme on le sait !
De "l'autre côté", il est surprenant de voir une description pour le moins "Führerienne" d'Adenauer (comme en témoigne la propagande soviétique de l'époque), alors que celui-ci fut opposant au nazisme dès ses débuts politiques !
Et voici que l'on commence dans cette "continuité" du Reich, pendant occidental de la nouvelle RDA, si loin de son passé nazi ... pourtant plus proche que les dirigeants est-allemands le dise ! C'est donc bien la "renaissance" de cette bureaucratie prussienne à la sauce nazie qui forme ce nouveau "Reich" de la RFA, soutenu par les USA et les promesses de son organe militaire qu'est l'OTAN !La revendication du retour aux frontières de 1937 - thème
permanent des représentants d'un État qui se proclamait le seul "héritier du Reich" - connut, au
moment où les vigoureux effectifs allemands étaient priés d'assurer la part essentielle du fardeau
dans la croisade contre l'Est
ALT fait preuve d'une rare hypocrisie, en "piochant" visiblement dans les éléments qui l'intéresse, et en "omettant" d'autres ... plus "gênants" ! Bel exemple de manipulation historique, sur fond de propagande politique digne de la Pravda ! Moi qui était tenté par une thèse sur la naissance de la Bundeswehr, me voilà prévenu !
Re: Le choix de la défaite, d'Annie Lacroix-Riz.
Sur la fameuse synarchie, grand dada d'Annie Lacroix-Riz, qui puise ses sources dans le marigot de l'ultra-collaborationnisme (c'est bien d'aller voir les archives, mais c'est bien aussi de ne pas prendre n'importe quel délire pour argent comptant ! sur laquelle ALR reste bien mystérieuse, on pourrait plutôt associer cette expression au réseau des grandes écoles de la République. Si on prend l'exemple de Pierre Pucheu, par exemple (source: Morts pour Vichy, d'Alain Decaux, Perrin, 2000, puis en Poche, pp 129 à 189), qui devrait incarner la fameuse Synarchie, l'homme est issu d'un milieu populaire et sera un produit de la méritocratie à la Française, puisqu'il intégrera Normale Sup. Rallié à De La Roque puis au PPF de Doriot, il quittera le grand Jacques en apprenant que celui-ci va gratter des subsides à Mussolini ! D'ailleurs, cet épisode fera scandale au sein du mouvement, et plusieurs figures du mouvement quitteront le PPF après que ce financement soit connu, preuve que l'on pouvait être fasciste français et nationaliste ! Ce qui remet en cause, d'ailleurs, la thèse d'ALR, sur l'alliance implicite entre le patronat et les régimes fascistes. Car Pucheu, depuis 1925, travaille pour le Comptoir de l'Industrie Sidérurgique et, à ce titre, représente les magnats de l'acier français.
Les années 30 sont l'époque d'une remise en question du capitalisme, avec la terrible crise de 29. Le plan quinquennal soviétique fascine ceux qui voudraient mettre de l'ordre dans l'économie nationale et mondiale, Henri de Man, développera son planisme qui s'inscrivait dans cette logique et les régimes fascistes pratiquent une politique économique volontariste. C'est dans ce cadre que le normalien Pucheu s'associe à l'esprit des Nouveaux Cahiers, lancés par Jacques Barnaud, polytechnicien, qui travaille à la banque Worms, et qui se mettra au service de Vichy. Dans ce cercle de réflexion, on retrouvera les Gabriel Leroy-Ladurie, Paul Baudouin, Jacques Maritain, Jacques Copeau, Jean Giono, Robert Lacoste, René Cassin, Raoul Dautry, etc ...Une grande partie du groupe ralliera Vichy, d'autres entreront dans la Résistance.
Ce qu'ALR désigne comme un groupe secret et complotiste, la Synarchie, se résumerait plutôt à un cercle de réflexion ralliant de nombreux jeunes techniciens, diplômés, pour beaucoup, dans les grandes écoles de la République, des réseaux comme on en trouve aujourd'hui, à l'ENA, à X, etc ...qui sont unis par une même ambition et un même projet. Mais c'est un groupe qui est loin d'être homogène, et si certains collaboreront, d'autres résisteront.
Les années 30 sont l'époque d'une remise en question du capitalisme, avec la terrible crise de 29. Le plan quinquennal soviétique fascine ceux qui voudraient mettre de l'ordre dans l'économie nationale et mondiale, Henri de Man, développera son planisme qui s'inscrivait dans cette logique et les régimes fascistes pratiquent une politique économique volontariste. C'est dans ce cadre que le normalien Pucheu s'associe à l'esprit des Nouveaux Cahiers, lancés par Jacques Barnaud, polytechnicien, qui travaille à la banque Worms, et qui se mettra au service de Vichy. Dans ce cercle de réflexion, on retrouvera les Gabriel Leroy-Ladurie, Paul Baudouin, Jacques Maritain, Jacques Copeau, Jean Giono, Robert Lacoste, René Cassin, Raoul Dautry, etc ...Une grande partie du groupe ralliera Vichy, d'autres entreront dans la Résistance.
Ce qu'ALR désigne comme un groupe secret et complotiste, la Synarchie, se résumerait plutôt à un cercle de réflexion ralliant de nombreux jeunes techniciens, diplômés, pour beaucoup, dans les grandes écoles de la République, des réseaux comme on en trouve aujourd'hui, à l'ENA, à X, etc ...qui sont unis par une même ambition et un même projet. Mais c'est un groupe qui est loin d'être homogène, et si certains collaboreront, d'autres résisteront.
Re: Le choix de la défaite, d'Annie Lacroix-Riz.
Je suis assez étonné, du nombre de personnes qui invoque l'historienne pour affirmer le complot de nos élites contre la République, en 1940, sans avoir lu le livre, notamment à la gauche du PS. Il faut dire que l'historienne fait beaucoup de conférences, dont certaines sont sur Youtube,
https://www.youtube.com/watch?v=IU3FZlKmTQA
et que l'image a un pouvoir de fascination que l'écrit n'a pas. On me sort que cette dame travaille, elle, dans les archives, comme si les autres historiens passaient leur temps à glander, et que le terme "archive" est comme un mot magique pour valider ses thèses. Mais, des archives, on en fait ce qu'on veut, et on peut soigneusement choisir des actes ou des faits pour les faire entrer dans une construction idéologique.
Le documentaire de William Karel, sur Opération Lune, démontre fort bien qu'on peut aisément déformer la réalité avec des archives réelles.
https://www.youtube.com/watch?v=dgE-itSYdJ0
Par contre, lorsqu'on lit le livre d'ALR, on est assez décontenancé par le manque total de méthodologie historique, puisque comme font tous les conspirationnistes, elle surinterprète, en permanence, des faits parfois dérisoires, tire des conclusions péremptoires à partir de simples analogies, et source ses dires sur des écrits parfois délirants.
https://www.youtube.com/watch?v=IU3FZlKmTQA
et que l'image a un pouvoir de fascination que l'écrit n'a pas. On me sort que cette dame travaille, elle, dans les archives, comme si les autres historiens passaient leur temps à glander, et que le terme "archive" est comme un mot magique pour valider ses thèses. Mais, des archives, on en fait ce qu'on veut, et on peut soigneusement choisir des actes ou des faits pour les faire entrer dans une construction idéologique.
Le documentaire de William Karel, sur Opération Lune, démontre fort bien qu'on peut aisément déformer la réalité avec des archives réelles.
https://www.youtube.com/watch?v=dgE-itSYdJ0
Par contre, lorsqu'on lit le livre d'ALR, on est assez décontenancé par le manque total de méthodologie historique, puisque comme font tous les conspirationnistes, elle surinterprète, en permanence, des faits parfois dérisoires, tire des conclusions péremptoires à partir de simples analogies, et source ses dires sur des écrits parfois délirants.
Dernière édition par tietie007 le 25/7/2012, 21:37, édité 1 fois
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