Georg Wippern : Trésorier d’Aktion Reinhard
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Georg Wippern : Trésorier d’Aktion Reinhard
Bonjour à tous...
Encore un personnage mal connu et sous-estimé... L'intérêt de cette mini-bio est qu'elle nous dévoile, mis à part le sujet central, un peu de l'ambiance et des rapports au sein de l'opération, autre que l'image créée par les seuls centres d'extermination qui y sont liés pour l'éternité...
Georg Wippern fut l’un des responsables majeurs du pillage systématique des biens des victimes d’Aktion Reinhard. Pourtant, malgré son rôle important dans l’aspect économique de l’opération, et ses relations rapprochées avec Odilo Globocnik, le SSPF de Lublin, Wippern est absent de l’Histoire généraliste, et mentionné de façon imprécise dans les ouvrages plus spécialisés sur la Solution Finale en Pologne. Comme Ernst Lerch (voir : https://deuxiemeguerremondia.forumactif.com/t12486-ernst-lerch-l-eminence-grise), et quelques autres, la présence et les activités de Georg Wippern à Lublin ne furent perçues et comprises que tardivement. D’une part parce que les enquêtes sur Aktion Reinhard ne débutèrent réellement qu’à la fin des années 40 (certaines instructions durèrent des années) et que les membres les plus obscurs de l’opération avaient, grâce à leur anonymat, réintégrés la société allemande et, d’autre part, qu’en raison du secret initial entourant l’opération, et du poste administratif de Wippern à l’écart des centres d’extermination eux-mêmes, il résulta un manque quasi total de témoignages et de documents.
Nous ne savons donc pas grand-chose sur Georg Wippern… Il naît le 26 mai 1909, à Hildesheim (Basse Saxe), et son dossier nazi confirme son inscription au NSDAP en 1933, et son entrée dans la SS la même année (n° : 118.449). Bien que des renseignements plus étayés doivent nécessairement (ou sans doute) êtres archivés à la Zentrale Stelle de Ludwigsburg, nous ne possédons pas non plus d’indications précises et facilement accessibles sur ses activités ou son cursus au sein de la SS pendant les années précédant la 2e Guerre Mondiale. C’est à Lublin, où il arrive – semble-t-il – fin 1941 ou début 1942, que le Sturmbannführer-SS Georg Wippern va prendre sa dimension historique…
Tout d’abord, quelles sont ses responsabilités officielles en Pologne ? Comme il l’expliquera dans les années 60 à la Commission du Landesjustizverwaltungen de Ludwigsburg : « En qualité de Sturmbannführer et Standortverwaltung, j’étais chef de la garnison administrative de Lublin. En cette capacité, j’étais responsable des unités Waffen-SS du Distrikt Lublin de façon générale, pour l’administration des troupes ainsi que celle des troupes en transit ; articles vestimentaires, logements, et défraiements. J’étais sous l’autorité du WVHA [SS-Wirtschafts-Verwaltungshauptamt/Office Économique central de la SS] de la Waffen-SS à Berlin. En 1942, je ne me souviens plus de la date, […] je me suis présenté au SSPF Globocnik car de nouvelles missions avaient été ajoutées, comme la Communauté Économique des Colons de Zamosc, et la tâche de représenter le Reichsführer-SS pour l’implémentation de bastions SS et Polizei dans les Nouveaux Territoires de l’Est gouvernés par Globocnik. En plus, je fus nommé responsable de l’administration de diverses sociétés du Distrikt Lublin. Dans tous ces établissements, je n’ai tenu que des fonctions administratives ».
En mai 1942, le Reichsleiter Dr. Hans Frank, Gouverneur Général de Pologne, en visite officielle à Lublin, se rend personnellement au chevet de Georg Wippern, hospitalisé en raison d’une blessure grave dont nous ne connaissons ni la nature ni les circonstances qui la provoquèrent. Certaines sources affirment que Wippern fut blessé lors d’une tentative d’assassinat sur Globocnik. L’origine de cette information est le Samo Obronia
(« autodéfense »), un journal polonais clandestin. D’après l’article, les responsables de l’attentat manqué ne seraient ni des Polonais, ni des Juifs, ni des Ukrainiens, mais des Allemands, et peut être même des Autrichiens, installés (ou en poste) à Lublin, à la fois paniqués et révoltés par les agissements du SSPF (violences, mainmise sur le monde des affaires, pillage etc.). Comparaissant dans la rubrique permanente, « La Semaine à la Campagne », du journal, l’article mentionne brièvement : « L’attentat perpétré contre Globocnik a échoué. Le chauffeur et son escorte SS furent tués. Globocnik souffre d’une dépression nerveuse [dépression avérée] et n’a pas quitté sa maison pendant plusieurs jours. Une enquête prouve que l’attentat fut organisé par des Allemands. Sept officiers de la Gestapo ont été arrêtés ». Or cet article ne parut qu’en juillet 1943, c’est-à-dire peu de temps avant le départ de Globocnik et de son équipe pour l’Italie dans le cadre d’OZAK… La blessure de Wippern ne peut donc correspondre à cet incident. Autre détail bizarre, seul le journal Samo Obronia rapporte cet attentat pour le moins important ; aucun autre journal résistant/clandestin n’en fait mention – sans parler de la presse officielle. Finalement, et probablement grâce aux rumeurs, un mince filet apparaît en Angleterre un mois plus tard dans le Daily Telegraph du 31 août 1943 : « Nazi Gauleiter executed. – Gen. Glovocnik [sic] Vienna’s first Gauleiter has been executed by Polish guerillas for murdering Poles »… Si l’épisode de la dépression nerveuse d’Odilo Globocnik est parfaitement véridique, en revanche l’histoire de l’attentat n’est qu’une fabrication journalistique…
La visite de Hans Frank à Georg Wippern en mai 1942 n’a donc rien à voir avec un quelconque attentat contre Globocnik, et nous n’en saurons sans doute jamais plus. Mais le fait qu’un Sturmbannführer-SS parmi tant d’autres reçoive la visite du Gouverneur Général de Pologne en personne semble plutôt inhabituel. Cette visite ne peut alors signifier qu’une seule chose : que Hans Frank considérait Wippern suffisamment important pour se fendre du déplacement. Frank est-il venu en raison de liens financiers entre lui (ou ses services) et Wippern, le complice de Globocnik ? Bien que des fonds conséquents semblent avoir, pendant un temps, transité entre Lublin et Cracovie par l’intermédiaire d’un obscur Standartenführer-SS Schellin, nous ne le saurons sans doute jamais. Ce même mois de mai 1942, alors que Wippern récupère de sa blessure, les convois de déportés vers le camp d’extermination de Belzec (en fonction depuis le 17 mars 1942) sont momentanément interrompus afin de procéder aux transformations du camp (agrandissement, nouvelles chambres à gaz etc.).
Que se passe-t-il ensuite (ou simultanément) ? En 1967, devant une commission d’enquête, Georg Wippern révèle que : « Pendant le printemps 1942, je reçu l’ordre d’Oswald Pohl, chef du WVHA à Berlin, de superviser et trier les bijoux, les valeurs, les devises étrangères, et toutes autres monnaies confisquées aux Juifs, et d’en assurer la correcte livraison ». Donc, à un moment donné entre mars et juin 1942 – par conséquent presque certainement avant la visite de Hans Frank à l’hôpital - l’Obergruppenführer-SS Oswald Pohl a chargé Georg Wippern de prendre en main la gestion des richesses volées aux Juifs assassinés…
Début juillet, un renfort de personnel T4 (voir : https://deuxiemeguerremondia.forumactif.com/t5874-euthanasie-route-vers-le-genocide) est acheminé au centre d’extermination de Belzec, juste à temps pour "reprendre le travail" à partir du 15 juillet. Mais ce Sonderkommando d’hommes de T4 sont des civils, inexpérimentés militairement parlant. Ils sont donc envoyés au camp d’entraînement de Trawniki pendant deux semaines afin d’y suivre une formation rudimentaire avant d’intégrer les unités SS chargées de l’extermination. À Belzec, pendant la première période du camp, la plupart des membres du personnel portaient leurs vêtements civils. À présent, et certainement sur ordre d’Himmler, Globocnik charge le Standartenführer-SS und Standortverwaltung Georg Wippern de procurer des uniformes Waffen-SS à l’ensemble des nouvelles recrues. Tout d’abord, Wippern refuse ; après tout, ces hommes sont non seulement extérieurs à son administration SS, mais ce ne sont pas des SS du tout ! Têtu, Wippern décide de se renseigner auprès des services de Cracovie, et même de Berlin. Mais, le 1er août, date à laquelle l’extermination des Juifs Européens et du district de Lublin est nettement accélérée, un nouveau poste est créé pour superviser l’ensemble des opérations (Belzec, Sobibor, Treblinka). Seul capable d’en assumer la direction, le Kriminalkommissar/Hauptsturführer-SS Christian Wirth est dépêché, accompagné de son second, Josef Oberhauser, au QG de Globocnik, en qualité d’Inspekteur der SS-Sonderkommandos Aktion Reinhard. Georg Wippern, quant à lui, ne tarde pas à recevoir sa réponse : on lui conseille tout simplement de se « mettre au travail et de faire tout ce que Wirth demandera sans discuter et sans faire d’histoires »…
Les bureaux de WIPPERN à Lublin
Après-guerre, Wippern soutiendra toujours avoir tout ignoré de la provenance des richesses qu’il manipulait jusqu’à l’ordre d’Oswald Pohl. Selon lui, il aurait alors tenté de refuser la mission, mais sans succès. Au terme d’une sérieuse altercation, Pohl aurait brandi le Décret d’Urgence Brüning (selon lequel les monnaies étrangères non enregistrées ainsi que les métaux étaient sujets à confiscation). Le respect de cette loi étant une obligation pour l’autorité financière du Reich, Wippern capitule. Wippern raconte aussi que lors de cette réunion avec Pohl, « […] j’entendis pour la première fois le nom de Wirth. Dorénavant, et parce que depuis le début Wirth livrait les richesses et bijoux à la Reichsbank de Berlin de façon désordonnée, ce travail serait accompli par moi, en qualité d’administrateur spécialiste. […] À partir de cet instant, Wirth fut sous l’obligation de me livrer les valeurs personnellement. C’est comme ça que je l’ai rencontré. Je tiens à préciser que les bijoux et valeurs qui m’étaient livrés ne provenaient pas uniquement des camps d’extermination mais aussi des SSPF de Varsovie et d’autres lieux ». Wippern se met donc au travail, à la tête de deux unités (Triage et Traitement) dénommées Abteilung Reinhard et Abteilung 1Va, et secondé par deux assistants, les Unterscharführer-SS Eicholz et Dorl. Trois autres assistants – des experts bancaires – lui sont également attachés : l’Obersturmführer-SS Huber, les Oberscharführer-SS Teichelmann et Rzepa, et l’Untersturmführer-SS Pflanzer. Quant au triage et stockage des biens, il est assuré par un sonderkommando d’environ 20-30 travailleurs Juifs étroitement surveillés.
Comme il l’a avoué, Georg Wippern est parfaitement au courant pour les camps d’extermination. Bien sûr. Obligatoirement. Comment pourrait-il en être autrement ? S’y est-il rendu ? Il semble que oui. Selon les recherches de Michael Tregenza (l’expert mondial sur Christian Wirth), en décembre 1942, Wippern envoie son comptable en chef, l’Unterscharführer-SS Wilhelm Schwartzkopf, à Belzec, pour s’entretenir avec le nouveau commandant (successeur et ami de Wirth), Gottlieb Hering. Mais, à son arrivée, Hering lui déclare « ne pas avoir besoin de fouines ici ». Schwartzkopf s’installe donc pendant deux semaines dans le village de Belzec, et attend une autorisation de pénétrer dans l’installation. Pendant cet intervalle, Georg Wippern se présente en personne à Belzec à plusieurs occasions, mais repart presque aussitôt. Wippern a-t-il assisté à un gazage ? Tout est possible, mais c’est peu probable car la politique de l’Aktion en matière de visibilité est stricte : ne pénètrent dans les camps que ceux qui ont une intervention spécifique à y accomplir. Toutefois, toujours en 1942 (dates exactes inconnues), Georg Wippern se rend également à plusieurs reprises au camp de Majdanek (dans quelles circonstances exactes, nous ne le savons pas non plus), et semble y avoir subi un choc. Il devient nerveux, déprimé, taciturne, et son teint vire au pâle de façon permanente. Son épouse ajoute qu’il fait très fréquemment des cauchemars – une preuve peut-être que l’emploi tenu par Wippern à Lublin était loin de correspondre à son caractère.
Aux environs de la fin décembre 1942 (donc après les multiples visites de Wippern à Belzec), Christian Wirth installe sa « Kommandantur » rue Chelmska, dans une petite villa de deux étages à la lisière de l’aérodrome désaffecté de Lublin, et proche de la ligne ferroviaire Varsovie-Lublin-Lvow. Son second, Josef Oberhauser, le Hauptcharführer-SS Willi Hausler (ex T4), et deux secrétaires, emménagent avec lui.
C’est ici, dans 3 hangars sur le terrain de l’aérodrome désaffecté, que les quantités phénoménales de vêtements, de biens, et de valeurs, volées aux victimes d’Aktion Reinhard sont temporairement entreposées. Deux mille détenus (surtout des femmes) sont contraints de procéder au triage. Les vêtements sont triés par sexe, ceux des enfants sont triés séparément. Puis, les vêtements sont à nouveau triés afin de séparer les sous-vêtements des vêtements externes, et les divers types de souliers. L’or, les montres, les diamants, les perles, l’argent (métal), etc. sont triés dans des caisses spécialement prévues et annotées à cet effet. En fin de journée, les caisses sont amenées à la Kommandantur (où un pourcentage important des valeurs est régulièrement dérobé). En 1963, lors de son procès pour ses activités meurtrières à Belzec, Josef Oberhauser se souviendra que : « Les bijoux et valeurs provenant de chaque camp de la mort étaient livrés au SS-Verwaltungsamt dont le chef était le Sturmbannführer-SS Georg Wippern. Personnellement, je n’avais rien à voir avec tout ça ».
Josef OBERHAUSER (à gau.), devant la poterne du camp d'extermination de Belzec
Le « Dépôt Spécial » de Wippern est situé dans un grand immeuble au 27 de la Chopin Strasse, proche du centre de Lublin. Une fois livrés, les biens et valeurs sont à nouveau triés par le petit Sonderkommando puis stockés sur d’immenses étagères. Les bijoux et richesses accumulés sont ensuite livrés au WVHA à Berlin et, de là, à la Reichsbank. Les bijoux, or ou argent, sont fondus en lingots (sauf si leur design et/ou marque représentent une valeur supplémentaire). Les sommes de monnaie locale (Zloty polonais) saisies sont transférées par les services de Wippern à l’Emissionsbank de Lublin, et de là à la Reichsbank.
Le dépôt de WIPPERN, au 27 de la Chopin Strasse de Lublin
Juin 1943, en raison de soupçons grandissants concernant des « irrégularités » au sein de la section financière SS de Lublin, le Gouverneur Général Hans Frank, juriste de formation, ordonne à l’Obersturmbannführer-SS Vogt de se rendre sur place et de contrôler les livres de comptes. Pendant son contrôle, Vogt tombe sur un compte « R » contenant une immense somme d’argent. Vogt se tourne vers Wippern et exige des explications. Mais Wippern lui oppose que c’est un secret qu’il n’est pas en droit de révéler. Tout ce que Vogt obtiendra, un peu plus tard, est l’admission que les sommes en jeu ont été confisquées aux Juifs ; Wippern va même jusqu’à lui montrer une partie de son stock. Avant de quitter Lublin, Vogt se rend chez Globocnik et se plaint amèrement que les relevés du compte « R » ne sont pas à jour, et que lui-même, Globocnik, ne détient pas les certificats adéquats identifiant les propriétaires des biens saisis. De retour à Berlin, Vogt dresse son rapport à Hans Frank, Oswald Pohl du WVHA, et à Knebel, représentant de la Cour Suprême des Comptes… Étrange situation que celle-ci, où le système nazi se bat contre lui-même par voie légale à l’intérieur d’une opération confidentielle commanditée par le KdF, rongée par la corruption, le meurtre, et les luttes d’influence. Quoi qu’il en soit, et comme c’était à prévoir, les démarches de Frank et de Vogt n’aboutissent à rien.
Aux environs de la fin août ou du début septembre 1943, Odilo Globocnik est promu HSSPF (Höherer SS und Polizeiführer) Küstenland, et muté avec toute son équipe dans le territoire annexé de Trieste, dans le cadre de l’OZAK (voir : https://deuxiemeguerremondia.forumactif.com/t9297-ozak-derniere-mission-des-tueurs-daktion-reinhard). Les camps de l’Aktion Reinhard ont été fermés. Officiellement les ghettos polonais sont « Judenrein » ; le reliquat de détenus Juifs encore présents dans les camps de travail sera exterminé deux mois plus tard, le 3 novembre (voir : https://deuxiemeguerremondia.forumactif.com/t9990-operation-erntefest). Mais qu’en est-il de Georg Wippern ? Suit-il le mouvement ? Remplit-il la même mission au sein de « Einsatz R », l’opération montée par Christian Wirth pour lutter contre les Juifs et les partisans Yougoslaves en Italie du nord ? Il semblerait que non, mais nous perdons ici sa trace…
Après la guerre, Georg Wippern occupe de petits postes de fonctionnaire en Allemagne, et déménage souvent avec sa famille : Saarbrücken, Hanovre, Aachen, Bad Durkheim, Homburg (Jägersburg) et Bonn… Ces déplacements fréquents semblent indiquer la prise de conscience de Wippern quant à l’intérêt croissant des autorités allemandes pour les crimes nazis – plus particulièrement pendant et après le procès d’Eichmann à Jérusalem. Ses enfants ne savent rien de ses activités à Lublin, pas plus que ses voisins et amis qui ne voient en lui qu’un homme instruit et bien élevé, mais souffrant d’une sorte de fracture intérieure… Repéré au début des années 60 par des enquêteurs ouest-allemands de Bonn travaillant conjointement avec la Zentrale Stelle Landesjustizverwaltungen de Ludwigsburg, Georg Wippern sera interrogé à plusieurs reprises, mais jamais jugé. Peut-être n’avait-il pas commis de crimes dans le sens étroit du terme… En l'absence de preuves supplémentaires, il reste, en tous cas, l’exemple type de « l’assassin de bureau ».
Georg Wippern s’éteint tranquillement à Bonn, en 1993 – emmenant ses secrets avec lui.
Merci de votre attention
Sources :
• Tregenza, Michael : « Christian Wirth: Inspekteur der SS-Sonderkommandos Aktion Reinhardt » dans « Zeszyty Majdanka » - Pantwowe Muzeum na Majdanka, Lublin 1993.
• Tregenza, Michael. Rapport non publié.
• TAL/ZStL, Belzec Case: Statement of George Wippern, 21 September 1967.
• Poprzeczny, Joseph. Odilo Globocnik ; Hitler’s man in the East – Mc Farland & Co., 2004
• ZStL [Zentrale Stelle Ludwigsburg], File No. 147 Js 7/72, vol. 73: Verfahren gegen Dr. Ludwig Hahn u. a. Testimony of August Miete, 23 April 1964, Düsseldorf, 14110-14119; Klee, 'Von der 'T4' zur Judenvernichtung'.
• Arad, Yitzhak. Belzec, Sobibor, Treblinka ; The Operation Reinhard Death Camps – Indiana University Press, 1987
• Marszalek, Josef. Majdanek – Interpress 1986
• Holocaust Historical Society
• USHMM
• Yad-Vashem
• Public Records Office (PRO–Kew)
Encore un personnage mal connu et sous-estimé... L'intérêt de cette mini-bio est qu'elle nous dévoile, mis à part le sujet central, un peu de l'ambiance et des rapports au sein de l'opération, autre que l'image créée par les seuls centres d'extermination qui y sont liés pour l'éternité...
Georg Wippern fut l’un des responsables majeurs du pillage systématique des biens des victimes d’Aktion Reinhard. Pourtant, malgré son rôle important dans l’aspect économique de l’opération, et ses relations rapprochées avec Odilo Globocnik, le SSPF de Lublin, Wippern est absent de l’Histoire généraliste, et mentionné de façon imprécise dans les ouvrages plus spécialisés sur la Solution Finale en Pologne. Comme Ernst Lerch (voir : https://deuxiemeguerremondia.forumactif.com/t12486-ernst-lerch-l-eminence-grise), et quelques autres, la présence et les activités de Georg Wippern à Lublin ne furent perçues et comprises que tardivement. D’une part parce que les enquêtes sur Aktion Reinhard ne débutèrent réellement qu’à la fin des années 40 (certaines instructions durèrent des années) et que les membres les plus obscurs de l’opération avaient, grâce à leur anonymat, réintégrés la société allemande et, d’autre part, qu’en raison du secret initial entourant l’opération, et du poste administratif de Wippern à l’écart des centres d’extermination eux-mêmes, il résulta un manque quasi total de témoignages et de documents.
Nous ne savons donc pas grand-chose sur Georg Wippern… Il naît le 26 mai 1909, à Hildesheim (Basse Saxe), et son dossier nazi confirme son inscription au NSDAP en 1933, et son entrée dans la SS la même année (n° : 118.449). Bien que des renseignements plus étayés doivent nécessairement (ou sans doute) êtres archivés à la Zentrale Stelle de Ludwigsburg, nous ne possédons pas non plus d’indications précises et facilement accessibles sur ses activités ou son cursus au sein de la SS pendant les années précédant la 2e Guerre Mondiale. C’est à Lublin, où il arrive – semble-t-il – fin 1941 ou début 1942, que le Sturmbannführer-SS Georg Wippern va prendre sa dimension historique…
Tout d’abord, quelles sont ses responsabilités officielles en Pologne ? Comme il l’expliquera dans les années 60 à la Commission du Landesjustizverwaltungen de Ludwigsburg : « En qualité de Sturmbannführer et Standortverwaltung, j’étais chef de la garnison administrative de Lublin. En cette capacité, j’étais responsable des unités Waffen-SS du Distrikt Lublin de façon générale, pour l’administration des troupes ainsi que celle des troupes en transit ; articles vestimentaires, logements, et défraiements. J’étais sous l’autorité du WVHA [SS-Wirtschafts-Verwaltungshauptamt/Office Économique central de la SS] de la Waffen-SS à Berlin. En 1942, je ne me souviens plus de la date, […] je me suis présenté au SSPF Globocnik car de nouvelles missions avaient été ajoutées, comme la Communauté Économique des Colons de Zamosc, et la tâche de représenter le Reichsführer-SS pour l’implémentation de bastions SS et Polizei dans les Nouveaux Territoires de l’Est gouvernés par Globocnik. En plus, je fus nommé responsable de l’administration de diverses sociétés du Distrikt Lublin. Dans tous ces établissements, je n’ai tenu que des fonctions administratives ».
En mai 1942, le Reichsleiter Dr. Hans Frank, Gouverneur Général de Pologne, en visite officielle à Lublin, se rend personnellement au chevet de Georg Wippern, hospitalisé en raison d’une blessure grave dont nous ne connaissons ni la nature ni les circonstances qui la provoquèrent. Certaines sources affirment que Wippern fut blessé lors d’une tentative d’assassinat sur Globocnik. L’origine de cette information est le Samo Obronia
(« autodéfense »), un journal polonais clandestin. D’après l’article, les responsables de l’attentat manqué ne seraient ni des Polonais, ni des Juifs, ni des Ukrainiens, mais des Allemands, et peut être même des Autrichiens, installés (ou en poste) à Lublin, à la fois paniqués et révoltés par les agissements du SSPF (violences, mainmise sur le monde des affaires, pillage etc.). Comparaissant dans la rubrique permanente, « La Semaine à la Campagne », du journal, l’article mentionne brièvement : « L’attentat perpétré contre Globocnik a échoué. Le chauffeur et son escorte SS furent tués. Globocnik souffre d’une dépression nerveuse [dépression avérée] et n’a pas quitté sa maison pendant plusieurs jours. Une enquête prouve que l’attentat fut organisé par des Allemands. Sept officiers de la Gestapo ont été arrêtés ». Or cet article ne parut qu’en juillet 1943, c’est-à-dire peu de temps avant le départ de Globocnik et de son équipe pour l’Italie dans le cadre d’OZAK… La blessure de Wippern ne peut donc correspondre à cet incident. Autre détail bizarre, seul le journal Samo Obronia rapporte cet attentat pour le moins important ; aucun autre journal résistant/clandestin n’en fait mention – sans parler de la presse officielle. Finalement, et probablement grâce aux rumeurs, un mince filet apparaît en Angleterre un mois plus tard dans le Daily Telegraph du 31 août 1943 : « Nazi Gauleiter executed. – Gen. Glovocnik [sic] Vienna’s first Gauleiter has been executed by Polish guerillas for murdering Poles »… Si l’épisode de la dépression nerveuse d’Odilo Globocnik est parfaitement véridique, en revanche l’histoire de l’attentat n’est qu’une fabrication journalistique…
La visite de Hans Frank à Georg Wippern en mai 1942 n’a donc rien à voir avec un quelconque attentat contre Globocnik, et nous n’en saurons sans doute jamais plus. Mais le fait qu’un Sturmbannführer-SS parmi tant d’autres reçoive la visite du Gouverneur Général de Pologne en personne semble plutôt inhabituel. Cette visite ne peut alors signifier qu’une seule chose : que Hans Frank considérait Wippern suffisamment important pour se fendre du déplacement. Frank est-il venu en raison de liens financiers entre lui (ou ses services) et Wippern, le complice de Globocnik ? Bien que des fonds conséquents semblent avoir, pendant un temps, transité entre Lublin et Cracovie par l’intermédiaire d’un obscur Standartenführer-SS Schellin, nous ne le saurons sans doute jamais. Ce même mois de mai 1942, alors que Wippern récupère de sa blessure, les convois de déportés vers le camp d’extermination de Belzec (en fonction depuis le 17 mars 1942) sont momentanément interrompus afin de procéder aux transformations du camp (agrandissement, nouvelles chambres à gaz etc.).
Que se passe-t-il ensuite (ou simultanément) ? En 1967, devant une commission d’enquête, Georg Wippern révèle que : « Pendant le printemps 1942, je reçu l’ordre d’Oswald Pohl, chef du WVHA à Berlin, de superviser et trier les bijoux, les valeurs, les devises étrangères, et toutes autres monnaies confisquées aux Juifs, et d’en assurer la correcte livraison ». Donc, à un moment donné entre mars et juin 1942 – par conséquent presque certainement avant la visite de Hans Frank à l’hôpital - l’Obergruppenführer-SS Oswald Pohl a chargé Georg Wippern de prendre en main la gestion des richesses volées aux Juifs assassinés…
Début juillet, un renfort de personnel T4 (voir : https://deuxiemeguerremondia.forumactif.com/t5874-euthanasie-route-vers-le-genocide) est acheminé au centre d’extermination de Belzec, juste à temps pour "reprendre le travail" à partir du 15 juillet. Mais ce Sonderkommando d’hommes de T4 sont des civils, inexpérimentés militairement parlant. Ils sont donc envoyés au camp d’entraînement de Trawniki pendant deux semaines afin d’y suivre une formation rudimentaire avant d’intégrer les unités SS chargées de l’extermination. À Belzec, pendant la première période du camp, la plupart des membres du personnel portaient leurs vêtements civils. À présent, et certainement sur ordre d’Himmler, Globocnik charge le Standartenführer-SS und Standortverwaltung Georg Wippern de procurer des uniformes Waffen-SS à l’ensemble des nouvelles recrues. Tout d’abord, Wippern refuse ; après tout, ces hommes sont non seulement extérieurs à son administration SS, mais ce ne sont pas des SS du tout ! Têtu, Wippern décide de se renseigner auprès des services de Cracovie, et même de Berlin. Mais, le 1er août, date à laquelle l’extermination des Juifs Européens et du district de Lublin est nettement accélérée, un nouveau poste est créé pour superviser l’ensemble des opérations (Belzec, Sobibor, Treblinka). Seul capable d’en assumer la direction, le Kriminalkommissar/Hauptsturführer-SS Christian Wirth est dépêché, accompagné de son second, Josef Oberhauser, au QG de Globocnik, en qualité d’Inspekteur der SS-Sonderkommandos Aktion Reinhard. Georg Wippern, quant à lui, ne tarde pas à recevoir sa réponse : on lui conseille tout simplement de se « mettre au travail et de faire tout ce que Wirth demandera sans discuter et sans faire d’histoires »…
Les bureaux de WIPPERN à Lublin
Après-guerre, Wippern soutiendra toujours avoir tout ignoré de la provenance des richesses qu’il manipulait jusqu’à l’ordre d’Oswald Pohl. Selon lui, il aurait alors tenté de refuser la mission, mais sans succès. Au terme d’une sérieuse altercation, Pohl aurait brandi le Décret d’Urgence Brüning (selon lequel les monnaies étrangères non enregistrées ainsi que les métaux étaient sujets à confiscation). Le respect de cette loi étant une obligation pour l’autorité financière du Reich, Wippern capitule. Wippern raconte aussi que lors de cette réunion avec Pohl, « […] j’entendis pour la première fois le nom de Wirth. Dorénavant, et parce que depuis le début Wirth livrait les richesses et bijoux à la Reichsbank de Berlin de façon désordonnée, ce travail serait accompli par moi, en qualité d’administrateur spécialiste. […] À partir de cet instant, Wirth fut sous l’obligation de me livrer les valeurs personnellement. C’est comme ça que je l’ai rencontré. Je tiens à préciser que les bijoux et valeurs qui m’étaient livrés ne provenaient pas uniquement des camps d’extermination mais aussi des SSPF de Varsovie et d’autres lieux ». Wippern se met donc au travail, à la tête de deux unités (Triage et Traitement) dénommées Abteilung Reinhard et Abteilung 1Va, et secondé par deux assistants, les Unterscharführer-SS Eicholz et Dorl. Trois autres assistants – des experts bancaires – lui sont également attachés : l’Obersturmführer-SS Huber, les Oberscharführer-SS Teichelmann et Rzepa, et l’Untersturmführer-SS Pflanzer. Quant au triage et stockage des biens, il est assuré par un sonderkommando d’environ 20-30 travailleurs Juifs étroitement surveillés.
Comme il l’a avoué, Georg Wippern est parfaitement au courant pour les camps d’extermination. Bien sûr. Obligatoirement. Comment pourrait-il en être autrement ? S’y est-il rendu ? Il semble que oui. Selon les recherches de Michael Tregenza (l’expert mondial sur Christian Wirth), en décembre 1942, Wippern envoie son comptable en chef, l’Unterscharführer-SS Wilhelm Schwartzkopf, à Belzec, pour s’entretenir avec le nouveau commandant (successeur et ami de Wirth), Gottlieb Hering. Mais, à son arrivée, Hering lui déclare « ne pas avoir besoin de fouines ici ». Schwartzkopf s’installe donc pendant deux semaines dans le village de Belzec, et attend une autorisation de pénétrer dans l’installation. Pendant cet intervalle, Georg Wippern se présente en personne à Belzec à plusieurs occasions, mais repart presque aussitôt. Wippern a-t-il assisté à un gazage ? Tout est possible, mais c’est peu probable car la politique de l’Aktion en matière de visibilité est stricte : ne pénètrent dans les camps que ceux qui ont une intervention spécifique à y accomplir. Toutefois, toujours en 1942 (dates exactes inconnues), Georg Wippern se rend également à plusieurs reprises au camp de Majdanek (dans quelles circonstances exactes, nous ne le savons pas non plus), et semble y avoir subi un choc. Il devient nerveux, déprimé, taciturne, et son teint vire au pâle de façon permanente. Son épouse ajoute qu’il fait très fréquemment des cauchemars – une preuve peut-être que l’emploi tenu par Wippern à Lublin était loin de correspondre à son caractère.
Aux environs de la fin décembre 1942 (donc après les multiples visites de Wippern à Belzec), Christian Wirth installe sa « Kommandantur » rue Chelmska, dans une petite villa de deux étages à la lisière de l’aérodrome désaffecté de Lublin, et proche de la ligne ferroviaire Varsovie-Lublin-Lvow. Son second, Josef Oberhauser, le Hauptcharführer-SS Willi Hausler (ex T4), et deux secrétaires, emménagent avec lui.
C’est ici, dans 3 hangars sur le terrain de l’aérodrome désaffecté, que les quantités phénoménales de vêtements, de biens, et de valeurs, volées aux victimes d’Aktion Reinhard sont temporairement entreposées. Deux mille détenus (surtout des femmes) sont contraints de procéder au triage. Les vêtements sont triés par sexe, ceux des enfants sont triés séparément. Puis, les vêtements sont à nouveau triés afin de séparer les sous-vêtements des vêtements externes, et les divers types de souliers. L’or, les montres, les diamants, les perles, l’argent (métal), etc. sont triés dans des caisses spécialement prévues et annotées à cet effet. En fin de journée, les caisses sont amenées à la Kommandantur (où un pourcentage important des valeurs est régulièrement dérobé). En 1963, lors de son procès pour ses activités meurtrières à Belzec, Josef Oberhauser se souviendra que : « Les bijoux et valeurs provenant de chaque camp de la mort étaient livrés au SS-Verwaltungsamt dont le chef était le Sturmbannführer-SS Georg Wippern. Personnellement, je n’avais rien à voir avec tout ça ».
Josef OBERHAUSER (à gau.), devant la poterne du camp d'extermination de Belzec
Le « Dépôt Spécial » de Wippern est situé dans un grand immeuble au 27 de la Chopin Strasse, proche du centre de Lublin. Une fois livrés, les biens et valeurs sont à nouveau triés par le petit Sonderkommando puis stockés sur d’immenses étagères. Les bijoux et richesses accumulés sont ensuite livrés au WVHA à Berlin et, de là, à la Reichsbank. Les bijoux, or ou argent, sont fondus en lingots (sauf si leur design et/ou marque représentent une valeur supplémentaire). Les sommes de monnaie locale (Zloty polonais) saisies sont transférées par les services de Wippern à l’Emissionsbank de Lublin, et de là à la Reichsbank.
Le dépôt de WIPPERN, au 27 de la Chopin Strasse de Lublin
Juin 1943, en raison de soupçons grandissants concernant des « irrégularités » au sein de la section financière SS de Lublin, le Gouverneur Général Hans Frank, juriste de formation, ordonne à l’Obersturmbannführer-SS Vogt de se rendre sur place et de contrôler les livres de comptes. Pendant son contrôle, Vogt tombe sur un compte « R » contenant une immense somme d’argent. Vogt se tourne vers Wippern et exige des explications. Mais Wippern lui oppose que c’est un secret qu’il n’est pas en droit de révéler. Tout ce que Vogt obtiendra, un peu plus tard, est l’admission que les sommes en jeu ont été confisquées aux Juifs ; Wippern va même jusqu’à lui montrer une partie de son stock. Avant de quitter Lublin, Vogt se rend chez Globocnik et se plaint amèrement que les relevés du compte « R » ne sont pas à jour, et que lui-même, Globocnik, ne détient pas les certificats adéquats identifiant les propriétaires des biens saisis. De retour à Berlin, Vogt dresse son rapport à Hans Frank, Oswald Pohl du WVHA, et à Knebel, représentant de la Cour Suprême des Comptes… Étrange situation que celle-ci, où le système nazi se bat contre lui-même par voie légale à l’intérieur d’une opération confidentielle commanditée par le KdF, rongée par la corruption, le meurtre, et les luttes d’influence. Quoi qu’il en soit, et comme c’était à prévoir, les démarches de Frank et de Vogt n’aboutissent à rien.
Aux environs de la fin août ou du début septembre 1943, Odilo Globocnik est promu HSSPF (Höherer SS und Polizeiführer) Küstenland, et muté avec toute son équipe dans le territoire annexé de Trieste, dans le cadre de l’OZAK (voir : https://deuxiemeguerremondia.forumactif.com/t9297-ozak-derniere-mission-des-tueurs-daktion-reinhard). Les camps de l’Aktion Reinhard ont été fermés. Officiellement les ghettos polonais sont « Judenrein » ; le reliquat de détenus Juifs encore présents dans les camps de travail sera exterminé deux mois plus tard, le 3 novembre (voir : https://deuxiemeguerremondia.forumactif.com/t9990-operation-erntefest). Mais qu’en est-il de Georg Wippern ? Suit-il le mouvement ? Remplit-il la même mission au sein de « Einsatz R », l’opération montée par Christian Wirth pour lutter contre les Juifs et les partisans Yougoslaves en Italie du nord ? Il semblerait que non, mais nous perdons ici sa trace…
Après la guerre, Georg Wippern occupe de petits postes de fonctionnaire en Allemagne, et déménage souvent avec sa famille : Saarbrücken, Hanovre, Aachen, Bad Durkheim, Homburg (Jägersburg) et Bonn… Ces déplacements fréquents semblent indiquer la prise de conscience de Wippern quant à l’intérêt croissant des autorités allemandes pour les crimes nazis – plus particulièrement pendant et après le procès d’Eichmann à Jérusalem. Ses enfants ne savent rien de ses activités à Lublin, pas plus que ses voisins et amis qui ne voient en lui qu’un homme instruit et bien élevé, mais souffrant d’une sorte de fracture intérieure… Repéré au début des années 60 par des enquêteurs ouest-allemands de Bonn travaillant conjointement avec la Zentrale Stelle Landesjustizverwaltungen de Ludwigsburg, Georg Wippern sera interrogé à plusieurs reprises, mais jamais jugé. Peut-être n’avait-il pas commis de crimes dans le sens étroit du terme… En l'absence de preuves supplémentaires, il reste, en tous cas, l’exemple type de « l’assassin de bureau ».
Georg Wippern s’éteint tranquillement à Bonn, en 1993 – emmenant ses secrets avec lui.
Merci de votre attention
Sources :
• Tregenza, Michael : « Christian Wirth: Inspekteur der SS-Sonderkommandos Aktion Reinhardt » dans « Zeszyty Majdanka » - Pantwowe Muzeum na Majdanka, Lublin 1993.
• Tregenza, Michael. Rapport non publié.
• TAL/ZStL, Belzec Case: Statement of George Wippern, 21 September 1967.
• Poprzeczny, Joseph. Odilo Globocnik ; Hitler’s man in the East – Mc Farland & Co., 2004
• ZStL [Zentrale Stelle Ludwigsburg], File No. 147 Js 7/72, vol. 73: Verfahren gegen Dr. Ludwig Hahn u. a. Testimony of August Miete, 23 April 1964, Düsseldorf, 14110-14119; Klee, 'Von der 'T4' zur Judenvernichtung'.
• Arad, Yitzhak. Belzec, Sobibor, Treblinka ; The Operation Reinhard Death Camps – Indiana University Press, 1987
• Marszalek, Josef. Majdanek – Interpress 1986
• Holocaust Historical Society
• USHMM
• Yad-Vashem
• Public Records Office (PRO–Kew)
eddy marz- Membre légendaire
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Re: Georg Wippern : Trésorier d’Aktion Reinhard
Bonsoir .On ne peut se rendre compte de l'immense fortune accumulée ainsi par les nazis , pour la "grande" Germanie, et les caisses du moustachu , pour la plus grande partie .Je pense néanmoins, qu'une partie non négligeable, a été détournée à des fins d'enrichissement personnel , pour le profit de certains , il était facile de soustraire aux déportés, les pièces intéressantes sans en faire référence, sans compter ce qui "s'envolait" sur le circuit de retour , j'en suis convaincu. Ce n'était ni plus ni moins que des gangsters sans scrupules, se cachant derrière un uniforme, quand on voit aussi les "auxiliaires" que ces bourreaux employaient, les scrupules ne les étouffaient pas , même aujourd'hui encore, ils ont beau dire qu'ils étaient obligés, le remord ils ne semblent pas connaître , au vu de certains reportages . Merci Eddy, encore une fois pour ces "topics" très recherchés, et agréables à lire .
Amicalement,
le ronin.
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le ronin- Police militaire (Modérateur)
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Re: Georg Wippern : Trésorier d’Aktion Reinhard
Merci Ronin. Tu as parfaitement raison - tous les prétextes idéologiques sont réduits en poussière par l'acte de vol crapuleux, à la fois banal et sordide. À titre indicatif, les estimations les plus basses du pillage perpétré en 21 mois par les 3 camps AR se situent aux environs de 178 millions de Reichsmarks.
eddy marz- Membre légendaire
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Re: Georg Wippern : Trésorier d’Aktion Reinhard
Très bel article-encore une fois-, mais j'arrête là mes louanges, je ne voudrais que tu aies les chevilles qui enflent...
Quelqu'un connait la valeur du Reichsmarks par rapport à la monnaie d'aujourd'hui ?
Quelqu'un connait la valeur du Reichsmarks par rapport à la monnaie d'aujourd'hui ?
Karbychev- Caporal-chef
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Re: Georg Wippern : Trésorier d’Aktion Reinhard
Salut Karbychev;Karbychev a écrit:
Quelqu'un connait la valeur du Reichsmarks par rapport à la monnaie d'aujourd'hui ?
Je peux me tromper, mais il me semble que, de 1940 à 1945, US$1 équivalait à 2,5 RM - puis les Alliés établirent un cours du change "militaire" où US$1 équivalait à 10 RM... après, je ne sais plus
eddy marz- Membre légendaire
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