Himmler et la Politique Ethnique Orientale
+3
ickx43
Jules
eddy marz
7 participants
Page 1 sur 1
Himmler et la Politique Ethnique Orientale
Heinrich Himmler, Reichsführer-SS et Chef de toutes les polices d’Allemagne, entretient, parmi ses nombreuses lubies romantico-Teutoniques, l’obsession d’une « mission sacrée » : conduire les Allemands vers l’Est afin de déclencher la renaissance d’un peuple germanique de paysans… De retour d’un entretien privé avec le Führer, le grand maître de l’Ordre Noir, enjoué, révèle à Felix Kersten, son masseur finlandais et confident : « Vous ne pouvez pas savoir combien je suis heureux ! Je lui ai dit que dans le passé les Allemands ont été un peuple de paysans, et qu’ils doivent le redevenir. Je lui ai dit que l’Est nous permettra de renouer avec la terre. Je lui ai dit que la SS s’emploiera à créer là un réservoir de sang neuf. Le Führer m’a écouté et m’a donné son approbation ».
Felix Kersten et Himmler
Felix Kersten et Himmler
La 2e Guerre Mondiale offre enfin au Reichsführer-SS l’opportunité de réaliser son rêve de Volkstumspolitik orientale. Mais, dans l’immédiat, Himmler devra se contenter d’avancer à petit pas. Malgré son approbation initiale, le Führer ne s’intéresse pas vraiment à la « paysannerie germanique » ; seul compte le Lebensraum qui conditionne selon lui l’avenir du Grand Reich. Par conséquent, comme il l’annonce au fidèle Heinrich, la Pologne sera « effacée de la carte ». Il s’agit de ravaler la population polonaise au rang d’esclaves, supprimer ses dirigeants, et détruire l’identité nationale. Il est bien entendu hors de question de confier cette tâche politique à la Wehrmacht ; il faut des hommes idéologiquement sûrs, totalement dévoués à la cause. Choisi pour gérer les dispositions techniques de l’opération, Reinhard Heydrich forme rapidement six Einsatzgruppen constitués de 2.700 tueurs recrutés à la SIPO (Sicherheitspolizei). Cinq opèreront dans le sillage de la Wehrmacht sous couvert d’opérations de contre-espionnage et de saisie d’armes, mais une liste précise des cibles a déjà été secrètement dressée : les intellectuels, les fonctionnaires, le clergé, les médecins, les instituteurs, les propriétaires terriens et, bien sûr, les Juifs.
Le 22 août 1939, au Berghof, Hitler instruit ses généraux quant à l’imminence de l’invasion. Témoin de la conversation, le Generalfeldmarschall Fedor von Bock se souviendra avec exactitudes des décisions énoncées par le Führer : « Il se passera des choses qui risquent de ne pas rencontrer l’approbation des généraux. Aussi l’armée n’aura-t-elle pas à procéder à l ‘élimination des indésirables. Cette tâche sera confiée à la SS ».
Fedor von Bock
Le 1er septembre, à l’aube, un million et demi d’hommes et deux mille panzers déferlent en Pologne. À l’arrière des troupes régulières, les assassins d’Heydrich se livrent sans aucune retenue au massacre de la population. En moins de quatre semaines, 98% de l’intelligentsia Polonaise est exterminé… Mais l’état-major de la VIIIe Armée n’est pas dupe, et se rend compte des raisons véritables de la présence SS à ses côtés. Himmler et Heydrich ont bien du mal à justifier ces agissements ; ils ont beau invoquer les ordres du Führer, ils peinent à convaincre les militaires. Mais le Reichsführer-SS et le Chef du RSHA ne sont pas particulièrement inquiets ; de toute façon, les tueries sont largement appuyées par de nombreux allemands installés en Pologne car, irrités par la propagande anti polonaise d’Hitler, les Polonais avaient, dès le début de la guerre, procédés à l’emprisonnement et la déportation vers l’Est de dizaines de milliers dentre eux (dont 5.000 mourront) – pour ces derniers, c’est donc l’heure de la vengeance.
Le 22 août 1939, au Berghof, Hitler instruit ses généraux quant à l’imminence de l’invasion. Témoin de la conversation, le Generalfeldmarschall Fedor von Bock se souviendra avec exactitudes des décisions énoncées par le Führer : « Il se passera des choses qui risquent de ne pas rencontrer l’approbation des généraux. Aussi l’armée n’aura-t-elle pas à procéder à l ‘élimination des indésirables. Cette tâche sera confiée à la SS ».
Fedor von Bock
Le 1er septembre, à l’aube, un million et demi d’hommes et deux mille panzers déferlent en Pologne. À l’arrière des troupes régulières, les assassins d’Heydrich se livrent sans aucune retenue au massacre de la population. En moins de quatre semaines, 98% de l’intelligentsia Polonaise est exterminé… Mais l’état-major de la VIIIe Armée n’est pas dupe, et se rend compte des raisons véritables de la présence SS à ses côtés. Himmler et Heydrich ont bien du mal à justifier ces agissements ; ils ont beau invoquer les ordres du Führer, ils peinent à convaincre les militaires. Mais le Reichsführer-SS et le Chef du RSHA ne sont pas particulièrement inquiets ; de toute façon, les tueries sont largement appuyées par de nombreux allemands installés en Pologne car, irrités par la propagande anti polonaise d’Hitler, les Polonais avaient, dès le début de la guerre, procédés à l’emprisonnement et la déportation vers l’Est de dizaines de milliers dentre eux (dont 5.000 mourront) – pour ces derniers, c’est donc l’heure de la vengeance.
Profitant de cette rancœur, Albert Forster, Gauleiter de Danzig, organise une cohorte constituée de 17.667 extrémistes issus de la colonie allemande : la Selbstschutz. Immédiatement, la Prusse orientale devient le théâtre d’exactions atroces et sanglantes auxquelles se joignent, sous la férule de Forster, des unités de la police de Danzig, l’Einsatzkommando 16, et une unité spéciale du SD.
Albert Forster
Perturbé par l’importance croissante de Forster, en qui il voit un possible rival, Himmler charge le SS-Brigadeführer Gottlob Berger de rassembler tous les hommes de la colonie allemande de Pologne et de constituer une SS Est-Allemande… Berger met immédiatement sur pied quatre milices dont trois ne serviront que de police auxiliaire ; la quatrième passe sous les ordres du SS-Oberführer Ludolf von Alvensleben, nazi fanatique et tueur chevronné. L’ampleur des crimes commis sous ses ordres, avec l’appui de commandos du SD, est telle que même certains nazis s’émeuvent. Lily Jungblut, membre du NSDAP, et épouse d’un propriétaire terrien allemand en Pologne, écrit à Hermann Göring une lettre indignée dans laquelle elle dénonce les « milliers et milliers de meurtres de gens parfaitement innocents ». Bien entendu, Himmler promet de mener une enquête. Heydrich parle
« d’actes de vengeance individuels hélas incontrôlables »… Lily Jungblut, quant à elle, est arrêtée par la Gestapo. Himmler, lui, ne s’intéresse qu’au nombre de liquidations. Seul les résultats comptent.
« d’actes de vengeance individuels hélas incontrôlables »… Lily Jungblut, quant à elle, est arrêtée par la Gestapo. Himmler, lui, ne s’intéresse qu’au nombre de liquidations. Seul les résultats comptent.
Ludolf von Alvensleben
À la mi-septembre, le Reichsführer-SS dépêche en Pologne un commando SS supplémentaire sous les ordres du SS-Obergruppenführer Udo von Woyrsch. Sa mission : l’extermination des Juifs et des Polonais du secteur de Katowice. Cette opération servira d’introduction à un nouveau projet de politique SS au terme de laquelle Danzig, la Posnanie, la Prusse occidentale, et la Haute-Silésie, seront vidées – sous la forme d’un exode massif vers des ghettos - des 500.000 Juifs qui y résident. Malgré les explications d’Heydrich, la Wehrmacht n’a de cesse de signifier son mécontentement concernant l’action SS. Tenus responsables du maintien de l’ordre en Pologne, les militaires, sous les ordres du Generaloberst Gerd von Rundstedt, tentent de rassurer les Polonais, et déclarent que « la Wehrmacht ne considère pas la population civile comme son ennemie et qu’elle est là pour sauvegarder les biens des gens, et leur droit à disposer d’eux-mêmes ». Mais les promesses de l’armée sont contredites par la barbarie des commandos de Woyrsch, et le mécontentement des militaires s’aggrave. Malgré cela, aucune pétition ne sera adressée à Himmler. À son tour, le 5 octobre 1939, Forster se plaint amèrement à Hitler des perpétuelles récriminations de la Wehrmacht ; suivant sa logique implacable, le Führer retire aussitôt le contrôle de la Prusse occidentale à l’armée, et le confie à Forster. Puis, à la mi-octobre, il réunit Danzig et la Prusse occidentale en un Reichgau Wartheland ; la Haute-Silésie est rattachée à la Silésie gouvernée par le Gauleiter Josef Wagner (elle redeviendra autonome en 1941 sous l’autorité du Gauleiter Fritz Bracht), et le reste de la Pologne est transformée en Generalgouvernement sous la férule du Dr. Hans Frank, investi – en apparence – des pleins pouvoirs.
Udo von Woyrsch
Jusqu’à maintenant, et comme à son habitude, Himmler n’a rien divulgué de son projet de paysannerie Teutonique. Toutes les mesures sont prises pour préserver le mémoire secret qui synthétise son rêve chimérique de la curiosité des « fouineurs », y compris de celle des hauts fonctionnaires du NSDAP et de la SS. Le thème central du mémoire se résume à « La politique Allemande à l’égard des groupes humains non allemands dans les zones d’occupation orientales » et, hormis le Führer lui même, les seuls à en êtres informés seront les quelques chefs de directions centrales SS, et le Gouverneur Général de Pologne.
Hitler affranchit maintenant ses généraux quant à l’intensification des méthodes brutales pratiquées par la SS : « Notre combat ne peut s’embarrasser de notions de légalité ou d’illégalité […] Dans ce cas précis, nos méthodes doivent aller à l’encontre de nos principes […] Éviter qu’une nouvelle intelligentsia polonaise n’accède au pouvoir ; nettoyer le Reich de la racaille Juive et Polonaise… ». Apparemment horrifiés, les généraux se détournent humblement ; Von Rundstedt se retire avec l’ensemble de son administration militaire. Himmler s’emploie maintenant à déployer une administration SS parallèle sur l’ensemble de la Pologne. Avec l’appui de l’Ordnungspolizei, les commandos de tueurs se transforment en bases SD et Gestapo fixes et, tandis que les tueries redoublent de violence, les chefs de police (HSSPF) assument le contrôle total de toutes les antennes SD/SS/ORPO dans les zones occupées. Sans se préoccuper désormais de l’avis de la Wehrmacht, les commandos SS/SD se chargent d’exterminer le restant des troupes polonaises. Ces tueries sont d’une telle ampleur que la Wehrmacht recommence à ruer dans les brancards. Le Generaloberst Johannes Blaskowitz (commandant en chef du front de l’Est) s’attaque directement à la SS, et soumet un rapport à Hitler dénonçant les crimes, confiscations, et arrestations illégales commis par les sbires d’Himmler et d’Heydrich : une situation qui « compromet l’ordre et la discipline […] Il faut que les exécutions sommaires soient interdites sur le champ ». Hitler, bien évidemment, ignore ces scrupules enfantins, mais Blaskowitz, obstiné, remonte à la charge ; à tel point que même Von Reichenau, pourtant dévoué au Führer, s’insurge contre la SS. À Berlin, les militaires refusent de serrer la main aux chefs SS, et exigent leur mise à pied immédiate. C’est alors que Hans Frank se range du côté d’Himmler – une attitude qu’il regrettera amèrement plus tard – et, le 13 février 1940, demande à Hitler de limoger Blaskowitz ; trois mois plus tard, Blaskowitz est muté…
Johannes Blaskowitz
Le mémoire d’Himmler, relatif au projet de paysannerie Teutonique, est proposé à Hitler en mai 1940, et souligne que les populations de l’ancienne Pologne (Polonais, Biélorusses, Ukrainiens, Juifs) devront être « soigneusement triées » pour ensuite « repêcher de ce marécage les groupes ethniques valables, et laisser les autres se désagréger ». Himmler ajoute que « le Generalgouvernement ne disposera plus alors que d’une population de moindre valeur dont l’Allemagne pourra disposer pour effectuer certains travaux de longue haleine. Les populations de l’Est devront peu à peu disparaître : les Juifs seront déportés vers l’Afrique ou quelque autre colonie ; la notion de race ukrainienne s’éteindra à l’intérieur du territoire allemand […] Il en ira de même sur une échelle plus large de la race polonaise ». Toutefois, les choses sont plus compliquées qu’il n’y paraît. En effet, comment faire concrètement pour détruire ces populations ? Pour commencer, seraient éliminés les dirigeants puis « les jeunes seraient passés au tamis ». Les enfants de « bonne race » seront transférés en Allemagne afin d’y êtres germanisés ; les autres seront systématiquement abêtis. Pour y parvenir, les populations non allemandes de l’Est n’auront pas accès aux lycées, et les études des enfants seront limitées à quatre ans d’école primaire. On leur apprendra à écrire leur nom et à compter jusqu’à 500. On leur inculquera bien entendu à obéir aux Allemands comme s’il s’agissait d’un commandement Divin ; à être sages et consciencieux et, Himmler précise : « Je ne tiens pas pour utile qu’ils sachent lire »… En réalité, le projet d’Himmler, au delà de l’instauration d’une génération de colons guerriers-paysans, dissimule, pour l’instant, l’ambition d’une politique exclusivement SS dans les territoires de l’Est. Enthousiaste, Otto Hofmann, du RuSHA (Rasse und Siedlungshauptamt), la Direction SS pour la « Race et le Peuplement », exulte : « L’Est appartient à la Schutzstaffel ! »
Otto Hofmann
Les propagandistes SS parcourent maintenant la Pologne, prêchant la « voix du sang » et le « retour au Reich » des Allemands de la Baltique (120.000), de la Pologne orientale sous domination soviétique (136.000), de la Roumanie (200.000), de la Slovaquie, et de la Yougoslavie… Tout cela n’est que propagande de bas étage. Le cœur du problème est tout simplement qu’il n’y a pas assez de bras pour faire tourner l’industrie et l’agriculture du Reich. Hitler confie donc cette tâche à Himmler, et lui confère des pouvoirs exceptionnels pour l’accomplir. Aux anges, le Reichsführer-SS se pare du titre pompeux de Reichskommissar für die Festigung deutsche Volkstums, ou RKF, et lance sa grande opération orientale. Le service est baptisé « Direction RKF » et se charge de programmer l’installation des immigrants allemands en distribuant les biens Polonais et Juifs confisqués. Le VOMI (Volksdeutsche Mittelstelle), dirigé par le SS-Gruppenführer Werner Lorenz, a pour mission d’accueillir ces immigrants et de s’assurer de leur orthodoxie politique ; ils sont ensuite soumis à un examen racial rigoureux de la part du RuSHA tandis que le RSHA repousse les Polonais – les « ennemis du Reich » - vers le Generalgouvernement et place leurs biens sous séquestre.
Werner Lorenz
Toutefois, rien ne fonctionne comme prévu. Le Gauleiter Albert Forster – bien que SS-Gruppenführer – prétend, en sa qualité de maître du Reichsgau Danzig, ne pas avoir à recevoir d’ordres d’Himmler. Son opposition est tellement virulente qu’Himmler se résout à abandonner le projet d’installer les Allemands de la Baltique à Danzig mais, à la demande du Reichsfürer-SS, Forster consent à les installer provisoirement à Stettin. Obstruction de Forster et lenteur administrative du VOMI placent les immigrants dans une situation tellement aléatoire qu’Alfred Rosenberg accuse Himmler d’employer des « méthodes bolchéviques ». À son tour, profitant de la situation, Erich Koch, Gauleiter de Prusse, déclare qu’il refusera toute installation des immigrants. Réagissant, Himmler crée un « Bureau Central des Terres de Confiscation », immédiatement opposé par Hermann Göring qui, soucieux de freiner l’étendue du pouvoir d’Himmler, crée de son côté le Haupttreuehandstelle Ost (HTO), et prétend contrôler les confiscations et les redistributions… Dans cette situation, Himmler a de plus en plus de mal à réaliser ses plans, ou même à imposer son point de vue. Il y réussit tout de même, quoi que partiellement, et uniquement en raison de son réseau policier/SD.
Vers la mi-1941, plus de 2 millions d’immigrants sont installés sur les terrains confisqués – soit 9,22 millions d’hectares, sous la forme d’exploitations agricoles, sur 99,5 millions d’hectares. C’est le moment qu’Himmler choisit pour concrétiser son rêve de « germanisation » des « représentants nordiques » au sein de la population polonaise…
Vers la mi-1941, plus de 2 millions d’immigrants sont installés sur les terrains confisqués – soit 9,22 millions d’hectares, sous la forme d’exploitations agricoles, sur 99,5 millions d’hectares. C’est le moment qu’Himmler choisit pour concrétiser son rêve de « germanisation » des « représentants nordiques » au sein de la population polonaise…
Tout d’abord, les enfants : Les orphelinats polonais sont passés au crible par les experts raciaux de la SS. Ceux considérés « aptes » sont ensuite dirigés vers des orphelinats allemands. Puis, c’est le tour des enfants des familles polonaises. Himmler déclare au Gauleiter Arthur Greiser : « Les petits Polonais germanisables devront être transférés dans nos institutions spécialisées. Il suffira de dire aux parents qu’il y va de la santé de leurs enfants ». L’organisation SS Lebensborn prend la direction des opérations six mois plus tard ; des commandos de kidnappeurs SIPO parcourent le pays, arrachant les petits Polonais à leurs parents pour les confier aux couples SS sans enfants qui attendent en Allemagne. Le processus de « germanisation » des adultes débute presque simultanément. Plus de 100.000 Polonais sont contraint d’adopter la nationalité allemande, et 1 million d’individus sont déclarés Allemands de par leur appartenance aux groupes I et II de la Deutsche Volksliste ; 2 millions d’autres seront affectés aux sections III et IV de ce même registre.
Arthur Greiser
Un SS ou membre du SD dans une "réserve" d'enfants Polonais
Évidemment, tous les hiérarques nazis en Pologne – Koch, Wagner, Frank, Forster – sont excédés par les manigances d’Himmler, et le font savoir haut et fort. Le Reichsführer-SS craint de ne pas pouvoir poursuivre sa « mission » à moins d’un miracle – mais le miracle arrive… le 22 juin 1941, Adolf Hitler lance l’opération Barbarossa et envahit l’URSS ; un immense territoire s’offre maintenant au Reichsführer-SS et à ses collaborateurs. Cinq mois auparavant déjà, lors d’une réunion au Wewelsburg, Himmler confiait au SS-Gruppenführer Erich von dem Bach-Zelewski que l’expansion à l’Est nécessiterait la déportation de 30 millions de Slaves… La section III B du RSHA s’était alors penchée sur les contours éventuels d’un Reich oriental Allemand. Le Generalplan Ost – un fantasme du RSHA – prévoit désormais rien de moins que la colonisation allemande de l’Europe orientale (voir : https://deuxiemeguerremondia.forumactif.com/t9850-generalplan-ost-aktion-reinhard-les-hommes-de-lombre ). Sur les 20 millions de Polonais, 85% seront envoyés en Sibérie occidentale, de même que 65% des Ukrainiens. Selon les experts du RSHA, l’espace dégagé sera occupé par les immigrants Allemands dont le nombre, après une première vague de 840.000 colons, s’élèvera à 2,4 millions au bout de dix ans.
L’homme qui va aider Himmler à réaliser son « rêve Russe » est déjà sur place, à Lublin : le SS-Brigadeführer Odilo Globocnik. En automne 1941, Himmler lui donne le feu vert. Les débuts seront pourtant loin d’être faciles. Hans Frank, gouverneur général de Pologne, persuadé d’œuvrer selon le programme définit par Hitler, refuse catégoriquement de céder en quoi que ce soit, ni à qui que ce soit, la direction du Generalgouvernement. Il proteste avec véhémence, et accuse même Himmler d’avoir nommé Friedrich Wilhelm Krüger HSSPF de Cracovie uniquement « pour en finir avec Frank ! ». Au final, Frank sera tout de même contraint d’accepter Krüger comme secrétaire d’état, et de démettre de ses fonctions Zörner, gouverneur de Lublin et adversaire déclaré de la SS.
Odilo Globocnik
Immédiatement, et sans même solliciter l’avis du gouvernement de Cracovie, Globocnik exproprie et expulse les Polonais de Lublin, et les remplace par des colons Allemands. Hans Frank proteste énergiquement et publiquement contre la SS, mais rien n’y fait. Il finira, en août 1942, par présenter sa démission… Pour Himmler, le martyre des Polonais n’est que le prélude aux fonctions de bourreaux que Globocnik, Christian Wirth, Hermann Höfle, et lui même sont appelés à exercer… Il s’agit maintenant d’exterminer les Juifs européens.
Merci de votre attention.Sources :
• Buttar, Prit. Battleground Prussia : The Assault on Germany's Eastern Front 1944-45 - Osprey Publishing, 2012
• Padfield, Peter. Himmler ; Reichsführer SS – Papermac, 1995
• Aronson, Schlomo. Reinhard Heydrich und die Frügeschichte von Gestapo und SD - DVA, Stuttgart, 1971
• Höhne, Heinz. L’Ordre Noir ; Histoire de la SS – Casterman, 1968
• Bédarida, François. La politique nazie d’extermination (ouvrage collectif présenté par F. Bédarida) – Albin Michel, Paris, 1989
• Schmitz-Köster, Dorothee. Deutsche Mutter bist du bereit, Alltag im Lebensborn – Aufbau-Verlag, 1997, vergriffen.
• Hillel, Henry, Clarissa & Marc. Lebensborn: Children of the SS – Hutchinson, London, 1976.
• USHMM
• CAF – Archives Photographiques/Varsovie
• Yad-Vashem
• Bundesarchiv
• N.A.C
Dernière édition par eddy marz le 23/3/2013, 15:44, édité 1 fois
eddy marz- Membre légendaire
- Nombre de messages : 3953
Age : 69
Localisation : England/France/Italia
Date d'inscription : 24/03/2008
Re: Himmler et la Politique Ethnique Orientale
Excellent, merci Eddy.
Jules- Général de Division
- Nombre de messages : 2070
Age : 44
Localisation : ici
Date d'inscription : 04/01/2009
Re: Himmler et la Politique Ethnique Orientale
Thank you; you're welcome, Jules.
eddy marz- Membre légendaire
- Nombre de messages : 3953
Age : 69
Localisation : England/France/Italia
Date d'inscription : 24/03/2008
Re: Himmler et la Politique Ethnique Orientale
merci eddy, belle explication des rivalités intestines du parti nazi
pierre
pierre
ickx43- Soldat 1ère classe
- Nombre de messages : 9
Age : 65
Localisation : Hainaut Belgique
Date d'inscription : 30/09/2009
Re: Himmler et la Politique Ethnique Orientale
ickx43 a écrit:merci eddy, belle explication des rivalités intestines du parti nazi
pierre
Effectivement, et c'est ce qui ressort le plus souvent de ces opérations de grande ampleur : chacun veut devancer l'autre quitte à le discréditer (c'est la manière sympathique) ou à s'en débarrasser définitivement (les méthodes sont nombreuses).
Une chose est sûre : si vous faisiez parti du cercle intime du Führer, vous aviez une longueur d'avance sur les autres.
Jules- Général de Division
- Nombre de messages : 2070
Age : 44
Localisation : ici
Date d'inscription : 04/01/2009
Re: Himmler et la Politique Ethnique Orientale
Merci Eddy, toujours au"top" tes récits .
Oui, il y avait comme dans toute lutte de pouvoir, des dissensions entre les membres de cette infâme organisation, mais, cela ne se répercutait pas sur le (sous-homme) à éliminer, hélas .C'est un point où, ils étaient tous d'accord , et sur le front de l'Est, j'ai pu lire que des simples soldats n'appartenant pas à la ss, étaient volontaires pour participer , y compris des pilotes de chasse !!!!
Amicalement,
le ronin.
Oui, il y avait comme dans toute lutte de pouvoir, des dissensions entre les membres de cette infâme organisation, mais, cela ne se répercutait pas sur le (sous-homme) à éliminer, hélas .C'est un point où, ils étaient tous d'accord , et sur le front de l'Est, j'ai pu lire que des simples soldats n'appartenant pas à la ss, étaient volontaires pour participer , y compris des pilotes de chasse !!!!
Amicalement,
le ronin.
_________________
....La véritable personnalité d'un homme ne se dévoile qu'au feu, tout le reste n'est que littérature.....
Semper fidelis .
le ronin- Police militaire (Modérateur)
- Nombre de messages : 3529
Age : 72
Localisation : Dans l'Hérault, cong!
Date d'inscription : 25/06/2008
Re: Himmler et la Politique Ethnique Orientale
le ronin a écrit:Merci Eddy, toujours au"top" tes récits .
Oui, il y avait comme dans toute lutte de pouvoir, des dissensions entre les membres de cette infâme organisation, mais, cela ne se répercutait pas sur le (sous-homme) à éliminer, hélas .C'est un point où, ils étaient tous d'accord , et sur le front de l'Est, j'ai pu lire que des simples soldats n'appartenant pas à la ss, étaient volontaires pour participer , y compris des pilotes de chasse !!!!
Amicalement,
le ronin.
Oui, on parle bien de luttes intrinsèques. Les bases de l'idéologie étant bien solides, c'était la course à celui qui ferait le plus pour satisfaire l'ambition du Führer et la sienne par la même occasion.
Jules- Général de Division
- Nombre de messages : 2070
Age : 44
Localisation : ici
Date d'inscription : 04/01/2009
Re: Himmler et la Politique Ethnique Orientale
Jules a écrit:
Oui, on parle bien de luttes intrinsèques. Les bases de l'idéologie étant bien solides, c'était la course à celui qui ferait le plus pour satisfaire l'ambition du Führer et la sienne par la même occasion.
Et nous notons donc que Hitler, en permanence, divise pour régner, laissant à chacun le soin de se dépasser (et de dépasser les autres), tout en réalisant ses propres lubies ou ambitions (comme Himmler, par exemple), du moment que l'objectif visé est atteint.
eddy marz- Membre légendaire
- Nombre de messages : 3953
Age : 69
Localisation : England/France/Italia
Date d'inscription : 24/03/2008
Re: Himmler et la Politique Ethnique Orientale
eddy marz a écrit:
Et nous notons donc que Hitler, en permanence, divise pour régner, laissant à chacun le soin de se dépasser (et de dépasser les autres), tout en réalisant ses propres lubies ou ambitions (comme Himmler, par exemple), du moment que l'objectif visé est atteint.
Absolument Eddy, toujours aussi réactif.
Jules- Général de Division
- Nombre de messages : 2070
Age : 44
Localisation : ici
Date d'inscription : 04/01/2009
Re: Himmler et la Politique Ethnique Orientale
En rebondissant sur certains noms, on trouve vraiment de solides assassins dans la bande, c'est une invariable.
Phil642- Général (Administrateur)
- Nombre de messages : 7820
Age : 58
Localisation : La vie est Belge
Date d'inscription : 09/05/2006
Re: Himmler et la Politique Ethnique Orientale
Phil642 a écrit:En rebondissant sur certains noms, on trouve vraiment de solides assassins dans la bande, c'est une invariable.
Oui; Himmler a des plans spéciaux en tête qui nécessitent une équipe spéciale; et comme tout administrateur, il sait s'entourer. Fanatiques, racistes, ambitieux, animés d'un esprit de lucre ou d'une soif de domination ; tous dénués de scrupules, et justement choisis en fonctions de ces qualités négatives. En assurant leur protection ou leur immunité, il s'assure de leur fidélité...
eddy marz- Membre légendaire
- Nombre de messages : 3953
Age : 69
Localisation : England/France/Italia
Date d'inscription : 24/03/2008
Re: Himmler et la Politique Ethnique Orientale
Ces vrais que les haut-dignitaires SS avaient ce "don" pour recruter des types très spéciaux.
Jules- Général de Division
- Nombre de messages : 2070
Age : 44
Localisation : ici
Date d'inscription : 04/01/2009
crimes et guerre et contre l' humanité
Alors que l' on a du mal à les repérer, les fous ont un sixième sens, ils se reconnaissent très vite entre eux
breiz izel- Colonel
- Nombre de messages : 551
Age : 77
Localisation : France
Date d'inscription : 21/08/2009
Re: Himmler et la Politique Ethnique Orientale
breiz izel a écrit:Alors que l' on a du mal à les repérer, les fous ont un sixième sens, ils se reconnaissent très vite entre eux
Sans doute. Toutefois, les procès de Nuremberg, les procès Aktion Reinhard, les innombrables procès de dénazification, les études psychiatriques qui eurent lieu lors de ces procès et ensuite en thèses, nous démontrent que nous n'avons pas affaire à des "fous" (terme on ne peut plus vague, s'il en fut), mais à des êtres humains comme vous et moi, habités par des concepts radicalisés dont les racines sont enfouies dans la classe sociale, l'éducation, la perception religieuse, le climat social, l'angoisse de la vie, la xénophobie (elle aussi fruit de multiples facteurs), la haine etc. Les nazis ne furent pas les seuls à commettre des crimes insensés; les soviétiques et les Russes blancs le firent aussi, les Chinois, les Japonais, les Serbes, les Afrikaaners, les Américains... Et encore, nous n'avons pas abordé le moyen-âge ni l'Antiquité... Sommes nous tous fous ? Ou ne s'agit-il que de l'Humanité ?
Nous devons rester vigilants.
eddy marz- Membre légendaire
- Nombre de messages : 3953
Age : 69
Localisation : England/France/Italia
Date d'inscription : 24/03/2008
Re: Himmler et la Politique Ethnique Orientale
Erich von dem Bach-Zelewski à ma connaissance n'a pas payé de la corde
ses crimes avoués ? pourquoi ?
ses crimes avoués ? pourquoi ?
ours blanc- Sergent-chef
- Nombre de messages : 56
Age : 51
Localisation : Canada
Date d'inscription : 25/11/2012
Re: Himmler et la Politique Ethnique Orientale
ours blanc a écrit:Erich von dem Bach-Zelewski à ma connaissance n'a pas payé de la corde
ses crimes avoués ? pourquoi ?
Erich von dem Bach-Zelewski fut condamné à 10 ans de travaux forcés en 1951 pour son implication dans les meurtres d'opposants politiques dans les années 30, mais ne fut incarcéré qu'en 1958, puis accusé du meurtre d'Anton von Hohberg und Buchwald, un officier SA, pendant la Nuit des Longs Couteaux, ce qui lui valut quatre ans et demi supplémentaires. Il fut condamné à 10 ans de plus - aux arrêts domiciliaires - en 1961, pour les meurtres d'une dizaine de communistes allemands (également dans les années 30). Aucune des accusations ne prirent en compte ses activités Einsatzgruppen en Pologne et en URSS. Le fait qu'il témoigna à Nuremberg contre Himmler et ses propres collègues de la Polizei lui évita, selon un arrangement avec le tribunal, d'être extradé vers l'URSS où il était recherché pour ses crimes les plus odieux Il est mort dans la prison de Munich le 8 mars 1972.
eddy marz- Membre légendaire
- Nombre de messages : 3953
Age : 69
Localisation : England/France/Italia
Date d'inscription : 24/03/2008
Re: Himmler et la Politique Ethnique Orientale
Un arrangement avec le tribunal ??
ours blanc- Sergent-chef
- Nombre de messages : 56
Age : 51
Localisation : Canada
Date d'inscription : 25/11/2012
Re: Himmler et la Politique Ethnique Orientale
ours blanc a écrit:Un arrangement avec le tribunal ??
C'est monnaie courante dans pratiquement tous les tribunaux... Vous acceptez de témoigner sur certaines choses et le pire vous est évité pour avoir "collaboré avec la Justice"...
eddy marz- Membre légendaire
- Nombre de messages : 3953
Age : 69
Localisation : England/France/Italia
Date d'inscription : 24/03/2008
Re: Himmler et la Politique Ethnique Orientale
eddy marz a écrit:Sans doute. Toutefois, les procès de Nuremberg, les procès Aktion Reinhard, les innombrables procès de dénazification, les études psychiatriques qui eurent lieu lors de ces procès et ensuite en thèses, nous démontrent que nous n'avons pas affaire à des "fous" (terme on ne peut plus vague, s'il en fut), mais à des êtres humains comme vous et moi, habités par des concepts radicalisés dont les racines sont enfouies dans la classe sociale, l'éducation, la perception religieuse, le climat social, l'angoisse de la vie, la xénophobie (elle aussi fruit de multiples facteurs), la haine etc. Les nazis ne furent pas les seuls à commettre des crimes insensés; les soviétiques et les Russes blancs le firent aussi, les Chinois, les Japonais, les Serbes, les Afrikaaners, les Américains... Et encore, nous n'avons pas abordé le moyen-âge ni l'Antiquité... Sommes nous tous fous ? Ou ne s'agit-il que de l'Humanité ?Nous devons rester vigilants.
Eddy a vu juste.
On peut toutefois souligner (faut-il le rappeler sur ce forum ?) que le nazisme a industrialisé un processus de mise à mort "inédit" à l'échelle de l'Humanité.
Jules- Général de Division
- Nombre de messages : 2070
Age : 44
Localisation : ici
Date d'inscription : 04/01/2009
Re: Himmler et la Politique Ethnique Orientale
Exact .La mort voulue et préméditée de millions d'êtres humains, avec pour ce faire, la mise en place de véritables usines, assujetties aux "rendements industriels" comme n'importe quelle entreprise, et des "plannings" tenus à jour , avec des réunions de travail, la recherche pour améliorer la rentabilité, et à la fin, le "gommage" des traces; ce qui montre que les criminels, savaient parfaitement ce qu'ils faisaient, et n'étaient pas fous .Jamais au cours des siècles, une telle organisation de mort, n'avait existé , c'est pourquoi la deuxième guerre mondiale ne ressemble à aucune autre guerre, l'ampleur des victimes civils n'a aucune commune mesure avec par exemple la première guerre mondiale. Si l'enfer eut existé, je pense qu'il aurait ressemblé aux camps d'exterminations, et autres commandos de la mort . Pour moi, les armées allemandes "régulières" de même que les vrais nazis, étaient parfaitement au courant de tout ceci, des réguliers, ont parfois prêtés mains-fortes aux assassins de villages russes .
Amicalement,
le ronin.
Amicalement,
le ronin.
_________________
....La véritable personnalité d'un homme ne se dévoile qu'au feu, tout le reste n'est que littérature.....
Semper fidelis .
le ronin- Police militaire (Modérateur)
- Nombre de messages : 3529
Age : 72
Localisation : Dans l'Hérault, cong!
Date d'inscription : 25/06/2008
Sujets similaires
» Reinhold Von Mohrenschildt, nettoyeur ethnique itinérant
» A propos de l'Allemagne orientale
» La campagne d'afrique orientale
» Annexions Sovietiques-Destruction Allemagne Orientale
» Heinrich Himmler
» A propos de l'Allemagne orientale
» La campagne d'afrique orientale
» Annexions Sovietiques-Destruction Allemagne Orientale
» Heinrich Himmler
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum