Engagés *volontaires* alsaciens?

Bonjour,

On sait que l'écrasante majorité des Alsaciens "engagés" dans la Wehrmacht, pendant la 2GM, furent des "malgré-nous", à partir de 1942. Mais quelques milliers (<3000 je crois) se sont engagés *volontairement* par conviction. Je recherche des informations sur ces engagés là, les dates (1939 possible?) et circonstances (soldats français faits prisonniers, changeant de camp en 1940?) de leur engagement et leurs destins. Je crois savoir qu'il y a eu d'une part une interdiction début 1941, puis une campagne de recrutement (ratée) fin 1941, mais avant 1941? Souvent issus des milieux autonomistes alsaciens instrumentalisés par des agitateurs nazis, je n'ai pas encore trouvé de référence à leur sujet. Y-a-t'il des listes? Y-a-t'il eu des procès après-guerre (Oradour, hors sujet ici, je pense).

Merci pour vos pistes, réflexions & références.

Ça m'intéresse suffisamment pour que j'aille voir dans des archives, bien sûr...

Maxoufix

maxoufix a écrit:Bonjour,

On sait que l'écrasante majorité des Alsaciens "engagés" dans la Wehrmacht, pendant la 2GM, furent des "malgré-nous", à partir de 1942. Mais quelques milliers (<3000 je crois) se sont engagés *volontairement* par conviction. Je recherche des informations sur ces engagés là, les dates (1939 possible?) et circonstances (soldats français faits prisonniers, changeant de camp en 1940?) de leur engagement et leurs destins. Je crois savoir qu'il y a eu d'une part une interdiction début 1941, puis une campagne de recrutement (ratée) fin 1941, mais avant 1941? Souvent issus des milieux autonomistes alsaciens instrumentalisés par des agitateurs nazis, je n'ai pas encore trouvé de référence à leur sujet. Y-a-t'il des listes? Y-a-t'il eu des procès après-guerre (Oradour, hors sujet ici, je pense).

Merci pour vos pistes, réflexions & références.

Ça m'intéresse suffisamment pour que j'aille voir dans des archives, bien sûr...

Maxoufix

Pour ce que j'en sais, ce ne fut pas toujours avec autant de conviction que cela. Certains internés au camp de Schirmeck eurent le choix : s'engager et on "oubliait" les raisons de leur internement ou aller dans des camps plus sérieux. Il y a ensuite le cas des officiers de réserve alsaciens ayant servi dans l'armée française. 60 furent convoqués à Cernay. 59 s'y présentèrent. Là, on leur exposa qu'ils devraient servir dans l'armée allemande et ils refusèrent. Sauf un qui accepta de s'engager. On accepta que les médecins restent en Alsace. Les 52 autres furent déportés. Voici leur histoire : REFUS DES OFFICIERS DE RÉSERVE FRANÇAIS EN ALSACE DE SERVIR DANS LA WEHRMACHT

Bonjour Narduccio,

Merci pour le lien. Je connaissais ce cas là, mais pas les détails. Ce sont les *vrais* volontaires qui m'intéressent. Il y en eu. Je connais quelques cas. J'ai compris, qu'aussi peu nombreux qu'il aient pu être, en parler est douloureux car certains ont l'impression que cela relativise ou jette un doute sur le cas des malgré-nous. Je pense que c'est le contraire et que l'étude de leur cas permettrait notamment d'éclairer de façon originale la tragédie des malgré-nous.

Merci pour le lien Narduccio, très intéressant comme témoignages

maxoufix a écrit:Bonjour Narduccio,

Merci pour le lien. Je connaissais ce cas là, mais pas les détails. Ce sont les *vrais* volontaires qui m'intéressent. Il y en eu. Je connais quelques cas. J'ai compris, qu'aussi peu nombreux qu'il aient pu être, en parler est douloureux car certains ont l'impression que cela relativise ou jette un doute sur le cas des malgré-nous. Je pense que c'est le contraire et que l'étude de leur cas permettrait notamment d'éclairer de façon originale la tragédie des malgré-nous.

Disons que c'est très compliqué. Les vrais volontaires sont rarement rentrés chez eux. Ils savaient ce qui les attendaient. Après, il y a pas mal de "faux" volontaires. Des jeunes qui pour une raison ou une autre se sont retrouvés dans l'obligation de s'engager. Par exemple :

Cinq uniformes pour gagner une guerre. (in RODY, Germain Barembach juillet 1985, Gyss).


L'odyssée la plus singulière est celle de GERMAIN RODIGHIERO. Évadé en
février 1942, il fut repris à Arbois et transféré au camp de Schirmeck;
versé dans le RAD (Reicharbeitdienst— Travail Obligatoire en Allemagne)
et enfin dans la Wehrmacht. Fait prisonnier sur le front de l'Est après
avoir déserté, il fut interné dans le camp de prisonniers de Tambow et
fit ensuite partie des mille cinq cents Alsaciens Lorrains libérées par
les Russes en juillet 1944. Arrivé à Alger par Téhéran et le Proche
Orient, il s'engagea dans les armées alliées. A la fin de la guerre il
se trouve en Allemagne, devenu l'homme de cinq uniformes successifs.

Quand je lis la date, j'ai un doute. La directive qui ordonne l'enrôlement de force date du 25 août 1942. Donc, Germain Rodighiero est peut-être un engagé "volontaire". Une de ces personnes qui se trouvant à Schirmeck avec la perspective d'aller en prison ou en camp de concentration, accepte de s'enrôler. Alors... le pourcentage des 3000 volontaires ??? En fait, de nombreuses archives ont été détruites. Il n'y a parfois que la parole des survivants, ou le témoignage de camarades. Entre 1941 et août 1942, certains subirent de fortes pressions pour s'enrôler. Tout le monde n'est pas prêt de mourir en refusant d'endosser l'uniforme allemand. Surtout que parfois cela s'accompagnait avec des menaces de représailles ou de déportation pour la famille du futur "volontaire".

Il y a eu des vrais volontaires. Mais ceux qui revinrent chez eux avaient tout intérêt à se faire passer pour de faux volontaires. Il est donc pratiquement impossible de répondre à la question.

Je ne suis pas aussi pessimiste. Je pense qu'il faut trouver des critères permettant de déterminer qu'il s'agit, le plus probablement, de vrais volontaires. Par exemple avec des dates d'engagement très précoces, des appartenances préalables à des groupes d'autonomistes alsaciens, voire (je connais le cas) le fait que des fermes ou des biens pris à des français patriotes (ou même à des Juifs) auraient été donnés en "récompense" à la famille de l'engagé. Je sais par exemple qu'en m'intéressant aux listes de restitutions comme aux listes de spoliations, on peut tomber sur des cas probants (on ne récompense pas un "faux" volontaire). Il faut "juste" trouver les bons critères et les bonnes archives. J'ai l'impression que ce travail n'a pas encore été fait. Mais c'était l'objet de ma question initiale, à savoir si quelqu'un avait connaissance qu'une telle démarche avait déjà été entreprise...